jeudi 30 avril 2009
journal d'il y a quarante ans - mercredi 30 avril 1969
+ Mercredi 30 Avril 1969
16 h
Candidature de Pompidou .
« continuité et ouverture » le meilleur langage de « politicien
radical » .
Il y a chez lui un sens aigu de l’opinion . et le souci
probable de la suivre .
Faire du gaullisme . sans le dire . mais en le réalisant .
Ou bien . compromettre à l’infini . et ne pas poursuivre
ce qui a été engagé .
De toutes façons . en période électorale . l’ambiguité est de règle
Egalement . maintenir à tout prix les institutions .
et le rôle du Président de la République :
ce que Pompidou et probablement Defferre feraient .
Mais sûrement pas Poher . ou une candidature Guy Mollet .
_
A voir la facilité avec laquelle l’opinion publique
Et la « classe » politique acceptent le départ du
Général de Gaulle .
On a l’impression que la chose est parfaitement naturelle
et va presque de soi .
(C’est peut-être pour cela qu’il a choisi de partir :
il n’y avait plus de « nécessité » à ce qu’il soit là)
On peut se demander si finalement il y a des habitudes
prises ?avec lui
Et pourtant . cette élection présidentielle en est bien une
que de Gaulle nous lègue . et elle est finalement
la clé de voûte de sa pensée et de son œuvre :
un Chef de l’Etat . élu et dépendant du peuple . et
du coup pouvant agir sur lui . avec lui .
et gouvernant .
L’œuvre est-elle terminée ?
Le terme est impropre . Pour le Général . c’est plutôt d’action
qu’il faut parler . Et une action n’est jamais terminée .
Aucune œuvre . historique . n’est achevée .
Il n’y a pas pour un peuple et un Etat .
un état de perfection et d’aboutissement mot illisible . où il n’y aurait
plus à faire . ni à défendre .
Ce n’est qu’une tranche de vie .
Mais ce qui manque déjà .
c’est l’allure . le style . le verbe . la hauteur de vues .
quel que soit le gagnant des présidentielles .
c’est le retour de Monsieur tout le monde .
avec le bon sens . le veston . et les mots usuels
et sans éclat . qui reviennent .
Pressentiment que ce qu’en politique extérieure
on va changer très vite . et peut-être de Gaulle y songeait-il
déjà . mais ne pouvait abandonner son idée et son rêve :
c’est vis-à-vis de l’Allemagne .
Les guerres et positions d’influence se gagnent maintenant
diplomatiquement et économiquement . et nous sommes en guerre
avec l’Allemagne .
mercredi 29 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - mercredi 29 avril 2009
Prier… le coucou, le jour indécis, un second oiseau, léger pépiement, rythme du coucou, silence de mes aimées, début de journée depuis longtemps pour les chiens. [1] Marthe et Marie : que de gloses sur la dialectique de leur couple, que je ne crois pas assimilable à un débat contemplation-action ou œuvre, et que ne résoudrait pas l’observation, psychiquement fondée, que la contemplation est le summum de l’activité humaine. Avec en sus le mystère sur cette Marie, est-elle la pécheresse, la Marie-Madeleine, amoureuse, amante, contemplative et prophétesse qui expérimente l’acmée de la vie spirituelle et mystique (que je n’ai pas encore connue : être si proche que l’on éprouve bien plus que la résistance de Dieu à nos projets et à nos vouloirs, on éprouverait qu’Il ne veut pas être étreint, ce qui est une merveilleuse indication qu’il est possible de l’étreindre, et que Dieu est au bord de se donner à étreindre…) : noli me tangere… le texte de Luc oppose les deux sœurs en un seul point : Marthe, la maîtresse de maison en titre était accaparée par les multiples occupations du service (la belle-mère de Pierre opportunément guérie de sa fièvre par Jésus, pour se mettre au « turbin »). Tandis que Marie, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. On pense vulgairement que les soins du ménage, c’est-à-dire probablement cuisine et mise de la table ne pouvaient se passer de quelqu’un qui le fasse. Jésus relève deux choses : la perspective. … bien des choses, une seule est nécessaire. Le discernement, la hiérarchie des valeurs et des priorités, sans doute. Plus observé, je crois, la notation que l’une écoutait sa parole et que l’autre était accaparée. L’une est libre ou libérée, l’autre est risonnière. Reste que c’est Marthe qui va « obtenir » la résurrection de son frère Lazare. Ces femmes sont vraiment attirantes et sympathiques. L’adultère et la Samaritaine aussi. Quant à la Vierge, disponible à la parole de l’ange et attentive à Cana… mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché. Mais, si l’un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père. Sans doute, le même mot que celui rendu pour le Paraclet de la dernière Cène. L’Esprit Saint donc, mais tout autant le Fils. Et le Père n’est-il pas que miséricorde. L’affectivité débordante du « disciple que Jésus aimait ». Conception certainement différente de celle d’aujourd’hui : le péché pour les contemporains du Christ, puis pour les premiers chrétiens. Evolution ou évolutivité ? de la conception du péché. Y a-t-il de la littérature là-dessus ? fonction aussi bien de la conception de Dieu que nous nous faisons par mise en regard de la Révélation avec notre vie concrète en notre sicèle et en notre civilisation, que de la société courante. Non pas du droit, je crois, mais du relationnel. Relation à Dieu, aux autres, à soi. Analyse donnée du premier « péché » : la Genèse. De la pomme, si pomme c’était, au meurtre et au fratricide. Réponse du texte d’aujourd’hui. Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui (voilà pour l’échange que j’ai avec mon ami sur les secrets d’Etat…) et confirmation d’une conception relationnelle du péché : si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout ce qui nous oppose à lui. Echo du psalmiste qui l’avait prophétisé, sept ou huit siècle auparavant. Expérience universelle de la miséricorde divine (ainsi l’Islam), autant que du mal (la shoah, tout génocide, l’organisation sociale si souvent pervertie dans sa pratique, notre cœur que nous connaissons et que nous ne nous pardonnons pas toujours à nous-mêmes, alors que Dieu… ou ceux/celles qui nous aiment) : les deux choses vont ensemble, dans la psychologie humaine. Il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. … Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière.
« Nicolas Sarkozy dévoile son plan de 35 milliards » et donne sa vision du « Grand-Paris » en 2030. Rien que cela. Depuis que « la crise » a éclaté que de chiffres, que de dépenses, on retient que l’unité de compte est la dizaine de milliards d’euros, soit sept plus en francs d’il y a dix ans, on ne sait pas en combien de temps ce sera « débloqué » (permanence de l’image d’une cassette ou d’une réserve venant d’où ou alimentée comment, dans laquelle par bon plaisir et condescendance les personnages régnants et leurs subdélégués puisent en comptant peu et en commentant beaucoup, vente au déballage…), les affectations ne sont pas claires, on ne sait au total si ce sont des récapitulations de chantiers ouverts ou des projets mis à la discussion. Le plan et ses administrations et ses procédures de consultations et de conciliations – qui étaient une des grandes trouvailles françaises des années 1930 mises en application à la Libération, période initiée sinon même « permise » par de Gaulle et valant revanche du Front populaire contre des droites qui lui préféraient les totalitarismes d’outre-Alpes et outre-Pyrénées – le plan et les résolutions d’aménagement du territoire n’existent plus et ne sont pas même envisagées ou évoquées alors que toutes les circonstances internationales françaises les suggèrent, alors les licenciements, des délocalisations, les conflits sociaux réclament ces programmations, ces négociations et arbitrages nationaux pour le long terme, alors que tout demande des hiérarchies, des choix mais dans une ambiance de réelles participations aux examens et aux décisions. La monocratie s’accentue et fait des lacunes du prince – pas de sens des hiérrachies, des calendriers, des perspectives – nos défauts d’Etat.
Mouvement social. Saccage de la sous-préfecture de Compiègne, chronique des séquestrations de dirigeants, rythme des journées nationales de manifestations et de l’entrée des Français en chômage (au mieux, ce mois-ci, seulement 60.000 mais l’autre mois c’étaient 90.000).
journal d'il y a quarante ans - mardi 29 avril 1969
Mon Général,
je suis bouleversé par votre départ
et me sens profondément triste et vide
jusqu’à l’âme .
La France . et chacun de ceux qui
croient vraiment en elle . et partagent
du fond de leur esprit et de leur cœur
l’idée si noble et exaltante que
vous avez d’elle . se sentent seuls
et ramenés à de minuscules dimensions
et à de bien pauvres possibilités
et visions d’avenir .
Nous voilà profondément divisés
et démunis . Car vous seul
pouviez et vouliez rendre aux Français
confiance dans leur pays et dans son avenir
et élever le débat . pour en faire
une ambition et une vie nationales .
qui font que l’on se sent fier d’être
Français . Fierté que j’ai vêcu de
tout mon être depuis que vous êtes
à la tête de l’Etat .
Au sortir de l’Ecole Nationale d’Administration .
je suis à la veille d’entrer dans le service public .
et je me sens – avec votre départ –
sans raison de servir et de me dévouer .
sinon l’espérance que votre œuvre va être
continuée sur tous les plans . et strictement
et que nous ne nous abandonnerons pas à
nouveau .
Je pense à vous . à votre exemple .
à votre action . et à tout ce que
vous nous avez dit et montré sur
notre pays . sur la façon de le voir .
de l’aimer . de le faire rayonner
au maximum .
Mais votre action est-elle vraiment
terminée ? je refuse de penser
à vous . au passé . mais ne peux
dominer ma tristesse . devant l’issue présente .
Veuillez agréer . mon Général .
l’expression de ma profonde et très
respectueuse affection et l’hommage
de mon fidèle et total dévouement .
Je souhaiterai pouvoir vous exprimer
tout cela . de vive voix . si cela était
possible . et surtout recueillir
directement votre pensée et votre
espérance .
A ces fins . je sollicite l’immense
honneur d’être reçu par vous .
quand vous le voudrez
Bertrand Fessard de Foucault
2 av. Hoche 75 . Paris 8°
+ Mardi 29 Avril 1969
22 h 45
De Gaulle :
– tout ce qui était en cours est tranché net .
toutes les actions diplomatiques . les rendez-vous . les anniversaires
ce qui est cruel . et aussi toute la vision d’une œuvre
institutionnelle
– sur tout cela . il ne sera pas remplacé
déjà . on loue la « simplicité » de Poher . que j’exècre
et plus d’un est tenté par le retour au Président bonhomme et potiche
Quant à Pompidou . il se servira du nom de de Gaulle .
et encore … « Il est candidat d’ouverture et de continuité »
du meilleur style III° .
– comme le règne aura été court !
Il semble que de Gaulle n’a fait que passer .
_
mardi 28 avril 2009
journal d'il y a quarante ans - lundi 28 avril 1969
23 h 45
Immense tristesse : de Gaulle n’est plus là .
La France . l’Etat . la politique paraissent complètement vides .
Cela me touche profondément .
Il n’y a pas de successeur possible .
C’est lui ou rien .
A moins . qu’il ne soit clairement convenu qu’il continue de
gouverner par personne interposée .
je vais m’abstenir aux prochaines élections présidentielles .
Et s’il était candidat ?
Le fait qu’il ne soit plus à la tête des affaires .
me paraît une monstrueuse anomalie .
_
journal d'il y a quarante ans - dimanche 27 avril 1969
23 h 30
Le referendum est négatif .
De Gaulle a perdu
sur 24 . Mons . 19 Mons de votants
52 % non . 46,9 % oui
Pourquoi a-t-il mis son mandat en jeu ?
Et fait-il appel des élections du 30 Juin ?
Et mis en cause toute son œuvre ?
_
Agenda prévisionnel du Général de Gaulle tel qu'arrêté le 25 Avril 1969
(selon les semainiers de ses aide-de-camp)
vendredi 25 Avril
11 heures enregistrement allocution
15 heures A. Peyrefitte
15 heures 30 Lambroschini
16 heures Pierre de Boisdeffre
LaBoulaye Amb. de Fce au Brésil (secrétariat de M. Jurgensen pour confirmer) Manac'h BAG 62 22 ; Lambroschini Amb. France Bolivie
samedi 26 Avril
10 heures départ
-- en fait RDVs du vendredi après-midi annulés et départ après 13 heures le vendredi 25
lundi 28 Avril
17 heures Couve de Murville
mardi 29 Avril déjeuner réservé
15 heures BT DDV
15 heures 30 Ortoli, Couve, Wormser
mercredi 30 Avril
10 heures Cons. des ministres
15 heures 30 Messmer
ces trois soirs : 18 à 19 heures "maison"
jeudi 1er Mai
11 heures réception des travailleurs des Halles (3/4 heures)
vendredi 2 Mai
12 heures 15 Lee Kwan Yen 1er Min. Singapour
13 heures 15 déj. Murat
15 heures 30 conseil de défense
18 heures "maison"
samedi 3 Mai
10 heures conseil sur les affaires algériennes : Couve, debré, Ortoli, Boulin, DDV, Couture
12 heures Debré
notes 2/5 1er Min. Singapour interprête :
mardi 6 Mai
10 heures Conseil restreint sur l'aménagement de Paris
13 heures 15 déj. Général de Brébisson
15 heures 15 BT DDV
15 heures 30 Galo Plaza ancien Pdt Equateur, SG org. Etats américains
mercredi 7 Mai
10 heures Conseil des Min.
jeudi 8 Mai
TF
18 heures Etoile
vendredi 9
13 heures 15 déjeuner ministres ou préfets en région parisienne
15 heures 30 cardinal Daniélou
mardi 13 Mai
10 heures 30 1er Min. Pays-Bas et Mr. Luns
13 heures 15 déj. 1er Min. Pays Bas
mercredi 14 Mai
10 heures Conseil des ministres
vendredi 16 Mai
10 heures conseil restreint sur affaires industrielles
lundi 19 mai
16 heures Taverny
mardi 20 mai
12 heures DDV BT
14 heures 30 à 15 heures Suharto
20 heures dîner-réception
Suharto 20.21.22 Mai
mercredi 21 Mai
10 heures Cons. des Ministres
jeudi 22 Mai
dîner au Quai d'Orsay, Opéra
vendredi 23 Mai
10 heures cérémonie de départ
mardi 27 Mai
15 heures 30 min. Industrie espagnol Lopez Bravo
mercredi 28 Mai
10 heures Cons. des ministres
jeudi 29 Mai
TF
Sessonnes
17 heures retour Elysée
vendredi 30 Mai
9 à 10 heures salon du Bourget
samedi 31 Mai
fête des mères
29 ou 30 manoeuvres Sessonnes
Mardi 10 Juin
20 heures dîner corps diplomatique
mercredi 18 Juin
Mt Valérien
mardi 24 Juin
Général au Quai Conti (Napoléon)
mercredi 25 Juin
17 heures réception du Conseil Constitutionnel
1er - 4 Juillet Président Inde
mardi 8 Juillet
13 heures 15 déjeuner U Thant
dimanche 26 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - dimanche 26 avril 2009
Dimanche 26 Avril 2009
Prier [1] les disciples qui rentraient d’Emmaüs, racontaient … ce qu’il s’était passé sur la route et comment ils avaient reconnu le Seigneur… Le témoignage type, non pas du moi-moi-moi ou de la morale sexuelle. L’insistance, de chacun des évagélistes mais à sa manière sur les sacrements laissés, institués par le Christ : comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. Dans mon enfance, l’expérience de la rencontre par le sacrement : la consécration, le mon Seigneur et mon Dieu que partout à cette époque (les années 50 après les années 10 ou 20 selon mon cher Denis M.) on nous enseignait à murmurer, la communion, l’action de grâces la tête dans les bras ou dans les mains – l’illumination du sacrement de pénitence ou de la confession (on dit aujourd’hui autrement : aucun des mots n’est vrai, mais l’expérience, c’est-à-dire celle d’une présence puisqu’il y a rencontre, est vraie, objective). Enfin, dans l’instant de l’échange de nos consentements, il y aura dans quelques semaines cinq ans, la chapelle magnifique du Val-de-Grâce, la perception infailliblement nette du changement d’essence de notre relation devenue et bénie conjugale. Comme ils en parlaient encore, lui-même était au milieu d’eux… il leur montra ses mains et ses pieds. Le pain, cette fois, n’est plus le sacrement du divin, mais le signe de l’humain : ‘Avez-vous ici quelque chose à manger ? …Touchez-moi, regardez-moi.’ Et ce sont ses mains et ses pieds transpercés que Jésus montre à ses disciples : mort et résurrection vont de pair. C’est à Thomas qu’il propose, non pas l’ultime blessure, il était mort avant le coup de lance, mais le signe le plus spectaculaire. Le moment se clot – comme une messe – par l’appel à la mémoire : rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous, puis par le sens et enfin par l’envoi en mission. L’ensemble des évangiles, et tant de passages dans l’Ancien Testament, sont structurés par ce rythme ternaire : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. Ce qui remet à sa place toutes les repentances, celles des souverains pontifes comme celles des politiques… quelle outrecuidance que nos demandes de pardon… à qui ? … notre mémoire implore le pardon d’une autre mémoire ? sans cependant rien apporter au présent et au futur qui seraient la conciliation et l’amour. En celui qui garde fidèlement sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection. Jean affirme qu’il n’y a donc de pardon comme il ne peut y avoir de défense que selon le Christ, par lui et en lui. Pierre poursuit l’évangile de Luc : Dieu qui par la bouche de tous les prophètes, avait annoncé que son Messie souffrirait, accomplissait ainsi sa parole. Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés. La Pentecôte nous ramène à la Genèse, au péché originel et à notre rédemption. Ainsi accomplis en ce lever du jour, nous pouvons dire et vivre, et je vis avec mes aimées encore endormies : dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors : car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance. Ce qui est précurseur de notre ultime sommeil et signifie bien notre espérance-certitude de la résurrection. Pourquoi seul ? sans doute pour affirmer notre liberté, notre individualité à partir de laquelle se vivent et bâtissent notre communion à tous et notre remise en Dieu. Le psaume, comme la plupart, alterne le nous et le je : Qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage. Soleil levant – j’en suis encore loin – et reflet de la lumière venant sur tout ce qui s’y prête : nos visages, aussi. La beauté reflet ou transparence, dans les deux cas – que fait vivre l’amour humain quand il dévisage et se réjouit de la beauté de qui il aime – il y a la lumière. Pierre, le renégat, avait tout de même suivi tout le procès de Jésus : devant Pilate, qui était d’avis de le relâcher, vous l’aviez rejeté. Communion dans la responsabilité, communion dans cet immense mouvement dont le Christ nous prend. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Peut-être, sans doute, notre arrivée à l’orée – si l’on peut ainsi écrire – de la vie éternelle, aurons-nous cette extraordinaire sensation … Il ne reste plus qu’Altaïr et l’étoile du Berger, ou est-ce Jupiter ? les nuages sont devenus noirs et le ciel est presque clair.
matin
[1] - Actes des Apôtres III 13 à 19 passim ; psaume IV ; 1ère lettre de saint Jean II 1 à 5 ; évangile selon saint Luc XXIV 35 à 48
samedi 25 avril 2009
journal d'il y a quarante ans - vendredi 25 avril 1969
Minuit
Quinze jours que je n’ai pris aucune note .
Et je suis passé à un nouveau cahier . sans achever le
précédent . et en changeant la couleur …
L’essentiel et la raison de tout cela : petites choses de détail
en vérité –
et mes fiançailles avec Sylvie . le mardi 8 avril .
Depuis . à Valescure . temps de détente et de paix .
de certitude et de confiance .
et pas le temps d’écrire .
Et depuis mon retour à Paris .
pas le temps non plus . entre Sylvie . mes T P . et l’E N A .
Et puis surtout toute une crise . qui – je crois – s’achève .
qui m’a fait douter profondément de ma décision
et que j’ai préféré vivre .
sans m’envoûter moi-même à longueur de pages .
j’en ferai le point à tête reposée .
Ce que je peux déjà écrire .
car je l’expérimente profondément . c’est
– le mariage est un immense changement
de vie . d’échelle d’affection et de confiance . d’horizon .
de liberté . Extraordinaire pari sur l’autre et sur soi .
– l’amour est sûrement à la racine
une intense confiance en l’autre . en sa capacité de
vous comprendre et de vous rendre heureux
– tout cela se vit seul
ma décision . ma conviction . ma joie ou mon angoisse
personne n’y peut rien .
Mais – confiance en l’autre
– confiance en Dieu .
*
* *
Ce qui me remplit aussi beaucoup l’esprit . tous ces temps-ci
c’est bien sûr le referendum du 27 Avril .
Mon opinion politique fondamentale est formée depuis l’automne 1962 [1]
et depuis que je vote – présidentielle de 1965 –
je vote suivant la stricte obédience dès le premier tour et
sans hésitation .
Cette fois-ci . il n’y a pas de problème . et peut-être moins que
jamais s’il y en eut
– le projet est un progrès considérable et très ouvert sur l’avenir
– le referendum est un excellent procédé . dans la mesure où il
est éducatif . et fait participer concrètement à la décision .
Ceci posé . à l’échelon national . le problème a pris une toute
autre gravité .
. le combat s’est placé sur le terrain politique et du régime .
Ce que voulait ou a – au moins – nettement accepté le
Général de Gaulle
. on a glissé – dans le calme . et c’est profondément étonnant –
vers l’hypothèse du succès du ‘non’ . et du départ du Général
Cela s’est fait progressivement . et sans panique .
C’est devenu une éventualité pour la majorité dès samedi dernier
suivant les sondages : 50% . et un peu plus . au non [2]
Puis officiellement . annonce par Defferre à la TV mercredi
se fondant sur un sondage publié par le Figaro jeudi : 53% pour le non
Et aujourd’hui . France Soir : 51% pour le non .
. l’enjeu du débat a été modifié par la remarquable intervention
de Defferre (toujours très opposition dynastique depuis son discours
du 12 Janvier 1964) : occasion extraordinaire . de départ
du Général dans le calme et la paix .
et ce soir . allocution du Général . donnant l’alternative : maintenant ou
dans 3 ans .
Autour de ces faits .
comment s’ordonnent les positions
. leaders centristes n’ont pas pris position au départ .
n’ont fait que suivre ce qu’ils ont cru être le courant dominant .
au moins à terme : Duhamel et Giscard .
. Pompidou a été relativement ambigu
et n’a vraiment coupé court aux insinuations qu’aujourd’hui à Lyon .
a fait campagne pour la fidélité
. électorat indécis pour un tiers jusqu’à ces derniers jours
crédibilité du départ du Général : 65% . qui y croient
. argument du départ joue moins fort
car – Pompidou est là
– de toutes façons . même si on le voulait . de Gaulle
n’est pas éternel : et dans 3 ans . ou maintenant .
quelle différence .
Ce soir . rediffusé deux fois . discours du Général
clôturant la campagne .
– le départ est absolument certain si le non l’emporte
– appel à l’émotion populaire . en découvrant le futur départ –
celui qu’il demande – à la fin du mandat
– soutien très net à ceux qui de toutes façons représentent l’avenir de
la patrie .
Mon impression ce soir est la suivante
– la prise de conscience de l’électeur va vraiment s’opérer
et il va y avoir effectivement un vote de fidélité
– le oui l’emportera dimanche .
pas de beaucoup . mais nettement tout de même .
Ce que j’espère . c’est que le Général retrouve
sa majorité présidentielle de 55%
ce qui étant donné la tournure actuelle des événements –
serait un beau succès .
Sur le plan de l’échiquier politique . la situation ne semble
pas avoir été assez analysée
– le referendum . du seul fait qu’il existe et de sa date
(et c’était sûrement un des calculs du Chef de l’Etat)
exorcisait le rendez-vous de Mars . et l’anniversaire de Mai
C’est beaucoup
– de Gaulle est seul sur le podium .
et victoire ou défaite . ce sera la sienne
– Pompidou maintient ses chances . et Couve a manqué
son baptême du feu .
(Il est vrai que Pompidou n’a eu le sien finalement . qu’au bout de 6 ans)
– la gauche existe moins que jamais
le parti socialiste est plus petit que feu la Fédération . puisqu’il ne
comprend pas le parti radical . Mitterrand est hors jeu
– si succès du non .
candidature Poher serait typiquement celle d’un PR style
IV° République : Coty en moins honnête .
et ce serait bel et bien la catastrophe pour les institutions .
qqn se ferait élire pour émasculer les pouvoirs présidentiels .
De Gaulle est à Colombey depuis cet après-midi
Au fond . actuellement le parti de l’ordre victorieux en Juin 1968
relève son masque . ce que voulait de Gaulle :
une bonne part reflue vers le non .
C’est bien la clarification des électeurs que voulait de Gaulle
– veut-on de Gaulle ?
– veut-on les réformes ?
Et si le oui l’emporte . ce sera un % nettement plus substantiel
qu’aux élections : d’au moins 9 à 10 points .
J’espère .
[1] - j’étais à la Muette
[2] - écrit en plus petit que le reste de ma page …
jeudi 23 avril 2009
mardi 21 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - mercredi 22 avril 2009
Dans cette angoisse, prier… [1] Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Soit en sens général du monde et de l’Histoire, en théologie parfaitement claire et explicite, mais l’effet dans nos vies particulières, immédiatement ? pour que, par lui, le monde soit sauvé. … Belle promesse et perspective nécessaire, certes, mais déjà la menace, qui est autrement précise : celui qui ne veut pas croire est déjà jugé. Je réponds que je crois, mais que j’ai les pieds dans le béton et la corde au cou. On m’objecte, non moi-même mais la généralité : les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Crainte d’être découverts si le jour arrive sur eux ? ou théologie de la lumière, les ténèbres ayant leur contagion et tout s’en trouvant endommagé ? celui qui agit selon la vérité vient à la lumière ce qui ne se comprend que si je considère que la lumière est le Christ-même et que je vais à lui, trébuchant à bout de souffle et de ressources, perdant sang et eau, mais que m’importe la suite ? afin que ses oeuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. Quelles œuvres ? minables… je n’ai, toute ma vie, fait que me débattre en demande et en défense. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. De fait, mis en prison, les Apôtres en sont miraculeusement extraits : pendant la nuit, l’ange du Seigneur ouvrit les portes de la cellule et les fit sortir … pas pour eux-mêmes mais pour continuer à témoigner : « Partez d’ici, tenez-vous dans le Temple et là, annoncez au peuple toutes les paroles de vie ». Et la vie recommence, l’arrestation aussi : le commandant partit avec les gardes, pour ramener les Apôtres, mais sans violence, parce qu’ils redoutaient que le peuple ne leur jette des pierres. Ainsi la « lumière » commençait d’être accueillie. Nous en arrivons. L’ange du Seigneur campe alentour pour libérer ceux qui le craignent. Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! ainsi soit-il. Prier…
matin
Censément un discours présidentiel sur la jeunesse ou sur le sort des jeunes, ou un énième plan jeunesse… rectifications progressives ces derniers jours, la mise en valeur du Haut-Commissaire à la Jeunesse, Martin Hirsch, en diminution et le président de la République plus en valeur. Hier, on laissait pressentir un discours répressif. Ce matin, est-ce déjà fait, mais c’est le concours au parterre : Eric Besson et Xavier Bertrand font chorus sur les voyous… Tous les régimes totalitaires condamnent les hooligans, mais notre démocratie – elle – depuis qu’elle a été baptisée « démocratie irréprochable » à Versailles par la révision constitutionnelle au pesant exposé des motifs… n’est pas de ce genre. Des camps pour sans-papiers au maintien en rétention des personnes jugées dangereuses, quoique leur peine ait été purgée jusqu’aux tentatives (sans doute effectives en douce) de ficher la population : santé, ethnie, appartenances diverses, suivi depuis la scolarisation… etc… le juge d’instruction, la procédure civile et pénale par vidéo-conférence… etc… les maintiens en détention des soi-disant coupables de déprédation sur les voies ferrées… le procès Colonna, ouvert en appel sur une appréciation du président de la République.
[1] - Actes des Apôtres V 17 à 26 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean III 16 à 21
lundi 20 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - lundi 20 avril 2009
Lundi 20 Avril 2009
samedi 18 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - dimanche 19 avril 2009
Prier… [1] je ne suis pas au dernier jour de ma vie, mais devant ma mort possible. Elle m’inquiète et m’angoisse, non par crainte de l’au-delà, ou d’une quelconque souffrance (ce ne serait qu’un accident pour une réanimation manquée, un réveil qui ne se produit pas, alors qu’il doit être de routine, Jean Chapelle) ; ce dont j’ai peur, c’est de manquer aux miens, à mes deux aimées, leur devenir psychologique, la pauvreté et le dénuement dans lesquels je les laisse si je dois partir, et puis tout ce que j’ai à écrire et donc à donner… personne ne se disait propriétaire de ce qu’il possédait, mais on mettait tout en commun. Régime social de la chrétienté naissante, qui a été l’idéal communiste, développé par Paul et qui frappa tant les juristes soviétiques. Mes entretiens avec le ministre kazakh de la Justice, quasiment converti de la sorte et allant à Chartres demander d’être guéri d’un cancer (le regretté Chaïkenov, mon ami) – ce qui malheureusement ne lui fut pas donné. Aucun d’entre eux n’était dans la misère, car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient et ils en apportaient le prix pour le mettre à la disposition des Apôtres. On en distribuait une part à chacun des frères au fur et à mesure de ses besoins. Tout y est. Le régime des biens et des personnes (l’esclavage-même) n’est pas modifié, mais c’est l’usage de tout qui a changé, et plus encore le rapport entre les personnes. Au lieu de construire son acquiescement (parfois empressé) aux dogmes contemporains du libéralisme et du mondialisme, auxquels personne « dans les hautes sphères » n’a manifestement renoncé (éloge de la titrisation par Sarkozy lors de son déjeuner de têtes du 15 Avril dernier, que personne n’a contesté en doctrine et au vu de nos catastrophes), l’Eglise pourrait méditer, creuser, mettre à l’étude pour sa transposition contemporaine un tel témoignage sur ses propres origines … et la puissance de la grâce était sur eux tous. Qui donc est vainqueur du monde ? Thomas, notre image à tous. Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Or, la dogmatique juive, le récri devant Dieu de tout l’Ancien Testament, était : voir Dieu c’est mourir. Voici que ces hommes et ces femmes pendant trois ans, ont vu Dieu, sans s’en rendre compte tout en étant inexplicablement pris par cette aventure et par cet homme, si concret et pourtant les dépassant infiniment. Ce qui nous a fait vaincre le monde, c’est notre foi.
Comme le président est en vacances dans sa belle-famille, il n’y a pas de vie politique. La vie sociale, elle, continue, elle va se faire de moins en moins selon un droit du travail dont l’Etat et le patronat depuis le retour de la gauche au pouvoir en 1997, se sont également évertués à ce qu’il devienne émollient, et de plus en plus selon des opérations « coup de poing » : les séquestrations qui vont créer un climat de peur chez les cadres dirigeants ou catalogués comme tels par les salariés, il y aura de plus en plus de « vignerons homicides » - les descentes comme chez Céline hier, boulevard Saint-Germain à Paris… - les rendez-vous de cabinets ministériels le dimanche (Caterpillar à Echirolles). Je note que le président ne va plus sur le carreau : Renault, Arcelor, beaucoup d’autres l’ont vu et entendu et cela n’a rien empêché.
[1] - Actes des Apôtres IV 32 à 35 ; psaume CXVIII ; 1ère lettre de Jean V 1 à 6 ; évangile selon saint Jean XX 19 à 31
Inquiétude & Certitudes - samedi de Pâques . 18 avril 2009
Samedi de Pâques 18 Avril 2009
… prier. [1] Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Ce que j’ai découvert en inhumant une chienne recueillie quelques jours, colonne vertébrale brisée par un automobiliste inattentionnée. C’est tout le créé, vivant ou inanimé qui est concerné par la rédemption, par l’éternité : pas seulement, l’espèce humaine. Argument pour l’écologie, l’environnement et les immenses péchés collectifs que commet l’espèce humaine depuis quelques décennies en toute conscience. Marc insiste dans la conclusion – semble-t-il surajoutée après une première réduction qui se finissait plus abruptement – sur l’incrédulité que constate Jésus et que le Christ reproche à ses disciples. Cela semble presque la parabole des vignerons homicides. Ce sont ces mêmes incrédules qui nous ont fondés et qui, dès la Pentecôte, deviennent inexpugnables dans leur foi et dans leur zèle : leur endurcissement et leur incrédulité parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité … à cause du peuple, on ne voyait pas comment les punir, car tout le monde rendait gloire à Dieu pour ce qu’il était arrivé… il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu. Propos et assurance, devant les plus hautes autorités du pays, de ceux qui, ayant vêcu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. … Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur.
matin
vendredi 17 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - vendredi de Pâques . 17 avril 2009
Vendredi de Pâques 17 Avril 2009
Prier… de la maison du Seigneur, nous vous bénissons ! commencer ainsi, la récapitulation de la veille, voire de la vie entière, que j’amène aux marches de l’autel, un autel qui est un moment du temps que je vis incliné d’âme, mais libre et palpitant de cœur. Oui, que le dise Israël : éternel est son amour. Cela vaut surtout quand on sait ses noirceurs (possibles), quand on vit des impasses et que coûte tout effort. Nous allons avec toi… Or, ils passèrent la nuit sans rien perndre. Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Il les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? ». Toute notre vie spirituelle (possible) est là. Dieu se repère à sa présence avant même que rien soit explicité ou que nous puissions en prendre conscience. Nos activités, mes activités, notre vie la plus banale et routnière mais avec ses amitiés, son travail, ses obligations – tout cela continue, c’est notre mode d’existence… au lever du jour, Jésus était là dans notre rythme, à nos lieux. Plus que méconnaissable car cela supposerait un rapport au connu, et déjà une identification. Il est inconnaissable, là pourtant. L’initiative, la prise de parole, la question – fondamentalement – c’est lui, ce n’est pas nous, et pourtant ce sont les nôtres, c’est la parfaite réponse que les questions de Dieu, à nous directement et personnellement adressées. C’est le Seigneur ! répartition des rôles, devenu millénaire, dans l’Eglise. Le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : « C’est le Seigneur ». L’autre, la spontanéité-même, dans la trahison comme dans la profession de foi, dans le doute (Jésus marchant sur les eaux et qu’il va rejoindre…), se jeta à l’eau. Or, Jésus, apparemment demandeur, donne tout, d’une part la pêche miraculeuse qui a quelque intérêt matériel pour les disciples mais qui est surtout le « déclencheur » de leur mémoire spirituelle, et d’autre part avait déjà préparé le repas, feu, poisson grillé, pain… En pleine communion et mutuelle présence, Dieu reste insaisissable, et Jésus – il faudrait trouver le mot : intimidant, ne convient pas… nous ne savons pas nous définir devant Dieu et encore moins pouvons-nous définir et même nommer Dieu, pourtant incarné, proche, présent… Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n’osait lui demander : »Qui es-tu ? ». Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson. Echo de la multiplication des pains, l’historien et mémorialiste. Expérience spirituelle, les étapes de l’entrée et de la demeurance en présence de Dieu. Je ne crois pas qu’il existe – dans la littérature humaine, se présentant comme une « révélation » ou un « message d’origine divine » - de page plus directement dans le sujet : la relation de l’homme avec Dieu, dont le christianisme et les « religions du livre » nous disent qu’en fait c’est l’inverse : la relation de Dieu à l’homme. Etonnante… l’agnostique fondamentalement admet la possibilité de Dieu mais ne conçoit pas que Dieu ait quelque souci de l’homme. C’est bien davantage que le « problème du mal », pourquoi s’il y a Dieu, le mal est-il « permis » ? et de discuter sur la liberté de l’homme et une compassion divine qui devrait la dépasser à la manière dont nous pardonnons toujours tout à notre enfant (jusqu’à ce qu’il soit devenu adulte)… réponse du christianisme, de ce legs depuis deux mille ans d’une expérience et d’une rencontre historiques : ce Jésus est devenu la pierre d’angle. En dehors de lui, il n’y a pas de salut. Et son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. C’est Pierre qui parle, comparaissant – après Jésus – devant Anne et Caïphe. Et il se jeta à l’eau. [1]
mercredi 15 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - mercredi de Pâques . 15 avril 2009
Mercredi de Pâques 15 Avril 2009
Prier… alors ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’évangéliste donne des noms de personnes, de lieux, il date. Le Christ ressuscité a sa manière propre : c’est désormais toujours Lui qui vient, qui approche, qui est là, la plénitude d’initiative, donc de présence. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux. La cécité, l’ensommeillement sont, en revanche, notre mode d’être et de vivre. Ce que nous savons de Dieu est donc très au-dessous de la réalité, et même, pour ces disciples (qu’on dirait aujourd’hui, l’Elysée sous François Mitterrand… du second cercle), très en-deçà de ce que le Christ avait tenté de « faire passer » aux siens : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et de tout le peuple. Et bien entendu, l’espérance est petite, à l’échelle… nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël. L’habituelle confusion humaine. L’insistance du Christ : mon royaume n’est pas de ce monde, le royaume des cieux… Or Jésus pour dessiller les yeux de ses disciples ne fait pas référence à lui-même, mais aux prophètes, en somme à la tradition religieuse de son temps et donc de ses compagnons… ceux-ci ne font pas le lien entre ce qu’ont rapporté les saintes femmes et ce qu’ont annoncé les prophètes, et leur maître lui-même. Lui, ils ne l’ont pas vu. Or, très précisément, ces deux hommes qui cheminent vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem (pensée pour cet homme qu’a été, complexe et exceptionnel, l’Abbé Pierre…), et que rejoint un inconnu, précisément ces deux hommes le voient… alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Jésus ne s’impose pas, ne « dure » pas mais il change tout, met en mouvement, les femmes se précipitent, les deux disciples rebroussent chemin. C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité. [1] Valeur d’entrainement, de pédagogie et de communion : l’édification mutuelle. A leur tour, ils racontaient ce qu’il s’était passé sur la route, sur la route, la conversation et l’enseignement du Christ, et non la halte et le début du repas. L’apparition décisive, qui n’est pas rapportée mais évoquée, est celle du Christ au chef des apôtres, au fondateur, et c’est lui qui opère la première guérison officielle dans l’Eglise : je n’ai pas d’or ni d’argent ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, le Nazaréen, lève-toi et marche. … Il entra avec eux dans le Temple : il marchait, bondissait, et louait Dieu. Tout bouge, est mouvement. Ceux qui prient, apparemment arrêtés. L’aîné de mes frères, je sais où quand il est au lieu d’accueil de ses enfants, ces moines, deux en particulier, qui cherchent, l’un en début encore d’itinéraire, l’autre en aboutissement de course, apparemment pas plus « avancés » l’un que l’autre, mais qu’importe qu’ils le sachent ou que je le sache, ils sont entre Jérusalem et Emmaüs, un lieu spirituel, un lieu quelconque, une route quelconque, le point n’est pas là, mais ce qu’il se passe sur la route : Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Leur chagrin, leur désarroi est tout humain, Dieu les en arrache avec douceur et les remet dans l’équilibre fondamental, celui de leur foi et de leur amour. Contrairement à mon correspondant devant LE tombeau, les deux disciples n’espéraient plus parce qu’ils n’avaient pas d’espace. Vue très juste de mon inconnu(e).
mardi 14 avril 2009
Inquiétude & Certitudes - mardi de Pâques . 14 avril 2009
Mardi de Pâques 14 Avril 2009
Prier… [1] la scène est tellement vêcue que son récit par Jean suppose une intimité de l’évangéliste avec la « pécheresse », l’hypothèse, dans le beau conte de Marguerite Yourcenar, de leur amour : elle la lui a racontée. Mais il y a également tant d’hypothèses, humaines, sur la relation aussi de Jésus avec Jean comme avec Marie-Madeleine. Le bain de l’amour. Les textes sont elliptiques, même le Cantique des Cantiques, ils ne donnent en général que les sentiments, l’évangile tranche. Il est factuel. L’abondance des événements explique le disparate des versions entre les quatre rédacteurs, sans compter les apocryphes. Le Christ est partout au matin de Pâques et spécialement, particulièrement, personnellement à chacun. Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père. Jésus, selon le texte (traduction française moderne), ne met pas le possessif pour son Père, pas aussitôt, mais le développe : l’adoption est explicite, depuis la Résurrection, nous sommes substantiellement, spirituellement attachés au Christ, emportés par lui. Mais le noli me tangere ? est-ce à dire (et à prier) que Jésus « remonté » aux cieux et assis à la droite du Père est enfin saisissable, se laisse enfin saisir, alors que ce n’était pas possible humainement, sauf à l’occasion de la Passion : que de fois les évangiles rapportent la vaine tentative de se saisir de lui, mais lui passait son chemin. De prise sur Dieu, pour nous les humains, que spirituelle … A Béthanie, Marie-Madeleine étreint les pieds du Christ, elle pleure déjà mais pour une autre raison, celle qui l’a convertie. Pierre, mû par l’Esprit saint, remporte son premier succès de prédicateur : ceux qui l’entendaient furent remués jusqu’au fond d’eux-mêmes. Jésus, lui, vaut par sa seule présence : « … je ne sais pas où on l’a mis. » Tout en disant cela, elle se retourne et aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Le mystère – simple – des apparences et des modes de présence du Christ ressuscité. Femme, pourquoi pleures-tu ? question des anges, que reprend le Seigneur. Dieu nous appelle chacun par notre nom, tous, sauf Adam (et Eve qui doit son nom à Adam), sans doute parce que celui-ci est nous tous. Nommés par Dieu, par ceux/celles aussi qui quotidiennement nous aiment, nous savons alors qui est présent. C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. Le début de la Passion : qui cherchez-vous ? c'est moi, et la conclusion par la Résurrection : qui cherches-tu ? et Jésus n'a pas à dire : c'est moi.
Tandis que je lis dans Le Monde (daté des 12-13 Avril) un entretien avec Manuel Valls. Ces personnages à qui l’on « donne » une circonscription, comme ces temps-ci, on dédommage des ministres qui n’en avaient pas et qu’on va débarquer en les « nommant » au Parlement européen, ce que permet le scrutin de liste. Venu des cabinets ministériels, la communication de Lionel Jospin (résultat, le premier tour de 2002…), il se voit candidat de son parti en 2012 ! genre Benoît Hamon arrivé lui du cabinet du Premier secrétaire rue de Solférino. L’un à gauche, l’autre à droite, tous deux dans une gauche ne traitant pas et n’étant pas l’essentiel. Les Français attendent l’espérance d’un changement, l’incarnation de l’opposition, une stratégie gagnante, unbe reprise du pouvoir confisqué par la droite. Du Mitterrand 1965 (et Dieu sait si j’aime de Gaulle autant aujourd’hui qu’à l’époque, mais comment ne pas comprendre une grande part des Français qui furent peut-être admiratifs du 18 Juin mais ne le furent pas de la suite, je le comprends quant à moi, il peut y avoir des unanimités, mais ni sur tout, ni tout le temps), du Mitterrand 1974 et du Mitterrand 1981. L’opposition qui peut gagner, qui doit gagner, dont on a envie qu’elle gagne. Si la gauche est Manuel Valls ce qui la différencierait de la droite version Sarkozy, la plus inculte et expéditive que la France ait jamais connue, ce serait la lutte contre l’échec scolaire, un pacte avec les syndicats, la réforme fiscale, tout cela est maigre. L’analyse des positionnements de Nicolas Sarkozy au centre de chaque débat (pour devenir) celui qui ose tout, n’est pas sotte, mais elle n’est pas celle des Français. La politique n’est pas un commentaire politique ni de la science politique, elle est une situation que l’on veut à toute force changer et sans attendre. La politique est impatiente. Manuel Valls ignore aussi les symboles, plus durables que du texte. Accueillir chez lui Eric Besson. Enfin, il n’a pas réfléchi à nos institutions : les Français ont réclamé une présidence actve pour rompre avec le sentiment d’impuissance de la politique. C’est rejoindre Henri Guaino (re-Jeune Afrique) imposer le retour de la politique est un combat de chaque instant. Cela ne veut rien dire puisque le pouvoir actuel ne tranche pas avec le libéralisme, n’entend pas nationaliser ni contrôler, même s’il met l’argent du contribuable et la solvabilité des générations futurs encore plus dans les caisses des grands groupes directement ou indirectement. La phrase et surtout la pratique devraient se dire : imposer la démocratie là où on l’a fait disparaître, là où l’on n’ose l’imaginer. Dans l’entreprise, au Parlement, dans le parti majoritaire… Manifestement, Valls et Guaino soutiennent ce que je considère comme notre handicap principal dans la crise actuelle : le dédain de la démocratie qu’ils jugent inefficace.
Tous deux ne voient la crise que comme un accident technique et des effets d’image : la spéculation, les rémunérations, les paradis fiscaux. Je la crois résultat d’un démantèlement systématique et intéressé de tous les « acquis sociaux » d’un siècle et demi de lutte consciente des classes et d’une reprise (tardive) de cette conscience, pas encore belliqueuse mais déjà catégorique sur les notions et la pratique de l’égalité et de la solidarité. La mporale avance, reprend ses droits mais les gouvernants ne le ressentent pas encore. Ils viennent d’une autre génération, celle du cynisme où l’on n’avait de culture que le possible, jamais le souhaitable. L’utopie seule change les choses parce qu’elle vient des gens.