vendredi 7 octobre 2022

lanceur d'alerte, s'il en fût et mort dans les mois de son cri d'alarme : ​Li Wenliang et l'identification de la covid-19 à Wu-Han

 


​Li Wenliang

Dans ce nom chinois, le nom de famille, Li, précède le nom personnel Wenliang.

Li Wenliang

Biographie

Naissance

12 octobre 1986


Beizhen

Décès

7 février 2020

(à 33 ans)
Hôpital central de Wuhan

Nationalité

Chinoise

Domiciles

Beizhen (1986-2004), Wuhan (2004-2011), Xiamen (2011-2014), Wuhan (2014-2020)

Formation

Wuhan University School of Medicine (en) (maîtrise) (2004-2011)

Activité

Médecin

Période d'activité

2011-7 février 2020

Conjoint

Fu Xuejie (d)

Autres informations

A travaillé pour

Hôpital central de Wuhan (2014 - 7 février 2020)

Parti politique

Parti communiste chinois (2005 - 7 février 2020)


Cheveux

Cheveux noirs


Yeux

Marron foncé (d)


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Li Wenliang (en chinois : 李文亮 ; pinyin : Lǐ Wénliàng), né le 12 octobre 1986 à Beizhen en Chine et mort le 7 février 2020 à Wuhan en Chine, à 33 ans, est un ophtalmologue hospitalier et lanceur d'alerte chinois.

Dès le 30 décembre 2019, il alerte ses collègues médecins sur le virus dont sont atteints plusieurs patients de son hôpital de Wuhan, qui lui semble être proche de celui du SRAS (le SARS-CoV). Ce virus a provoqué ultérieurement la pandémie de Covid-19.

​Biographie

Li Wenliang nait le 12 octobre 1986 à Beizhen1.

Il commence ses études de médecine en 2004, à l'université de Wuhan et obtient son diplôme de médecin en 2011. Il travaille ensuite à Xiamen pendant trois ans avant de retourner à Wuhan pour travailler en tant qu'ophtalmologiste à l'hôpital central de Wuhan2.

​Pandémie de coronavirus

​Découverte du virus

Le 30 décembre 2019, Li Wenliang prend connaissance d'un rapport de la Dresse Ai Fen concernant un patient qui montre un résultat positif avec un intervalle de confiance élevé pour les tests de dépistage du coronavirus du SRAS. À 17 h 43, il partage ses soupçons dans une conversation privée sur la messagerie chinoise WeChat avec ses collègues diplômés de l'école de médecine3. Il indique dans ce message qu'« il y a 7 cas confirmés de SRAS au marché de gros de fruits de mer de Huanan ». Il publie également le rapport et le résultat de la tomodensitométrie d'un patient. À 18 h 42, il ajoute, « les dernières nouvelles confirment qu'il s'agit d'infections au coronavirus, mais le virus exact reste à sous-typer ». Il explique également dans le message ce qu'est un coronavirus2.

Lettre d'avertissement émise par le département de police de Wuhan ordonnant à Li Wenliang de cesser de « répandre des rumeurs sur le SRAS, » signée par Li Wenliang et deux officiers (3 janvier 2020). Li Wenliang l'a téléversée sur son compte Sina Weibo.

Après que des captures d'écran de son message WeChat ont été publiées en ligne, les surintendants médicaux de son hôpital sont rapidement venus lui parler2. Le 3 janvier 2020, le commissariat de police de la rue Zhangnan du bureau de la sécurité publique de Wuhan le met en garde pour « avoir fait de faux commentaires sur Internet »4. Les policiers au poste lui demandent de signer une lettre d'avertissement « reconnaissant qu'il « perturbe l’ordre social ». » Selon le procès-verbal de cet interrogatoire que Li Wenliang publie ultérieurement, il lui est demandé de « cesser ces actions illégales » sous peine d'« être poursuivi par la loi »5.

Le 8 janvier 2020, il contracte le coronavirus à l’hôpital en soignant un patient infecté. Il développe une fièvre et une toux le 10 janvier qui s’aggravent rapidement. Le 12 janvier, il est admis aux soins intensifs où il est mis en quarantaine et soigné6. En raison d'une pénurie de kits de test pour le nouveau coronavirus, le diagnostic définitif de l'infection n'est posé que le 1er février. Beaucoup de ses collègues et membres de sa famille sont également infectés par le virus.

​Réactions

Li Wenliang a été sous le feu des projecteurs du public chinois et des médias parce qu'il est considéré comme l'un des huit internautes accusés de « transmettre des rumeurs » et arrêtés par la police de Wuhan début janvier7.

La Cour populaire suprême chinoise a déclaré que, « rétrospectivement », les huit citoyens de Wuhan n'auraient pas dû être punis car leurs propos n'étaient « pas entièrement faux »8.

La Cour suprême indique également sur son site que « cela aurait été une chance si le public avait cru aux « rumeurs  » à ce moment-là, et avait commencé à porter des masques, à prendre des mesures d'hygiène et à éviter le marché des animaux sauvages », le 4 février8.

Li Wenliang a déclaré au journal en ligne chinois Caixin qu'il craignait que l'hôpital ne le punisse pour avoir « répandu des rumeurs », mais qu'il s'est senti soulagé après que la Cour suprême ait publiquement critiqué la police. « Je pense qu'il devrait y avoir plus d'une voix dans une société saine, et je n'approuve pas l'utilisation du pouvoir public pour des interférences excessives », a déclaré Li Wenliang8.

​Décès

Le 6 février, les médias d'État chinois rapportent que Li Wenliang est mort à l'âge de 33 ans9. Selon China Newsweek (中國新聞周刊), son cœur s'est arrêté à 21 h 30 et pour le maintenir en vie, l'oxygénation par membrane extra-corporelle (ECMO) a été pratiquée10. Plusieurs sources, dont les collègues de Li Wenliang, confirment que l'ECMO a été utilisée pour le maintenir en vie pendant trois heures après l'arrêt de son cœur11.

L'Organisation mondiale de la santé publie sur Twitter qu'« elle était attristée par la mort du Dr Li Wenliang »12.

Cependant, l'hôpital central de Wuhan a initialement publié une déclaration contredisant les informations faisant état de sa mort : « Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, l'ophtalmologiste de notre hôpital Li Wenliang a malheureusement été infecté. Il est maintenant dans un état critique et nous faisons de notre mieux pour le sauver »13. L'hôpital confirme plus tard que Li Wenliang est mort le 7 février 2020 à 2 h 5814,15.

Sa mort provoque une vague d'indignation, le hashtag #NousVoulonsLaLibertédExpression est publié par millions sur les médias sociaux chinois malgré la censure. Cette colère s'exprime uniquement en ligne par crainte de l'infection16,17.

Il a été incinéré discrètement et on ignore où se trouvent ses cendres18.

​Vie privée

Li Wenliang et sa femme ont eu un enfant. Au moment de sa mort, son épouse attendait leur deuxième enfant19. Toutefois, le gouvernement s’est engagé à assurer leur avenir financier et scolaire, sous condition de ne pas s'exprimer sur les medias18.

​Références

  • (zh) « 新冠肺炎"吹哨人"李文亮:真相最重要 », Caixin,‎ 31 janvier 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 31 janvier 2020)

  • Yohan Blavignat, « Chine : confusion autour de la mort du Dr Li, le médecin qui a défié les autorités sur le coronavirus », Le Figaro,‎ 6 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 8 février 2020).

  • Frédéric Lemaître et Simon Leplâtre, « Emotion en Chine à l’annonce de la mort du docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte sur le coronavirus », Le Monde,‎ 6 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 8 février 2020).

  • (en) Qin Jianhang et Timmy Shen, « Rebuked coronavirus whistleblower vindicated by top Chinese court », Nikkei Asian Review,‎ 5 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 8 février 2020)

  • Plus précisément, ils indiquent 今年34, ce qui signifie « 34 ans cette année », qui est une façon d'indiquer les âges en Asie de l'Est et peut correspondre à un an de plus que dans les autres pays. On trouve ainsi l'âge de 34 ans dans les médias occidentaux, mais il s'agit d'une erreur de traduction.

  • (en) « Coronavirus: Whistleblower Dr Li Wenliang confirmed dead of the disease at 34, after hours of chaotic messaging from hospital », South China Morning Post,‎ 7 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 7 février 2020)

  • Simon Leplâtre, « Le martyre du Dr Li Wenliang enflamme l'internet chinois », Le Temps,‎ 7 février 2020 (ISSN 1423-3967, lire en ligne [archive], consulté le 18 mars 2020)

  • Dorian Malovic, « Covid-19 : il y a un an, l’alerte du jeune ophtalmologue de Wuhan, Li Wenliang », La Croix,‎ 31 décembre 2020

  1. « Chinese Doctor, Silenced After Warning of Outbreak, Dies From Coronavirus », The New York Times,‎ 6 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 7 février 2020)

​Voir aussi

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​Articles connexes

​Liens externes





  • La dernière modification de cette page a été faite le 22 mai 2022 à 23:02.



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Chine

​La vraie mort de Li Wenliang, le lanceur d’alerte du Covid-19

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Une enquête du «New York Times» retrace les derniers jours du médecin qui avait informé ses collègues de Wuhan sur la dangerosité du nouveau coronavirus. Le régime avait tenté de le faire taire avant de l’ériger en héros national.

A Hongkong, le 7 février, le jour de la confirmation officielle de la mort de Li Wenliang. (Anthony Wallace /AFP)

par Laurence Defranoux

publié le 6 octobre 2022 à 20h39

«Quand je l’ai vu, vers 21 heures le 6 février [2020], Li Wenliang était déjà mort. […] Nous devions le ressusciter, car les dirigeants de l’hôpital l’avaient demandé.» Dans son enquête «Les derniers jours du médecin que la Chine a essayé de faire taire», le New York Times retrace les dernières semaines de Li Wenliang, ophtalmologiste de 34 ans qui travaillait à l’hôpital central de Wuhan lorsque le Covid-19 a surgi en Chine. Le témoignage d’un de ses collègues et les documents obtenus par le quotidien américain jettent un nouvel éclairage accablant sur la gestion des débuts de la pandémie par les autorités chinoises.

Au début du mois de décembre 2019, la presse de Wuhan, grande ville universitaire et industrielle, signale que 27 personnes sont porteuses d’une infection pulmonaire inconnue. Le 30 décembre 2019, une médecin chevronnée, Ai Wen, reçoit des analyses de laboratoire qui concluent que cette maladie présente des caractéristiques semblables à celles du syndrome respiratoire aigu (Sras), une épidémie qui avait traumatisé le pays en 2003 et fait 800 morts dans le monde.

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