Li Wenliang
Dans ce nom chinois, le nom de famille, Li, précède le nom personnel Wenliang.
Li Wenliang
Biographie
Naissance |
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Décès |
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(à
33 ans)
Hôpital
central de Wuhan
Nationalité |
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Domiciles |
Beizhen (1986-2004), Wuhan (2004-2011), Xiamen (2011-2014), Wuhan (2014-2020) |
Formation |
Wuhan University School of Medicine (en) (maîtrise) (2004-2011) |
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Fu Xuejie (d) |
Autres informations
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Li Wenliang (en chinois : 李文亮 ; pinyin : Lǐ Wénliàng), né le 12 octobre 1986 à Beizhen en Chine et mort le 7 février 2020 à Wuhan en Chine, à 33 ans, est un ophtalmologue hospitalier et lanceur d'alerte chinois.
Dès le 30 décembre 2019, il alerte ses collègues médecins sur le virus dont sont atteints plusieurs patients de son hôpital de Wuhan, qui lui semble être proche de celui du SRAS (le SARS-CoV). Ce virus a provoqué ultérieurement la pandémie de Covid-19.
Biographie
Li Wenliang nait le 12 octobre 1986 à Beizhen1.
Il commence ses études de médecine en 2004, à l'université de Wuhan et obtient son diplôme de médecin en 2011. Il travaille ensuite à Xiamen pendant trois ans avant de retourner à Wuhan pour travailler en tant qu'ophtalmologiste à l'hôpital central de Wuhan2.
Pandémie de coronavirus
Découverte du virus
Le 30 décembre 2019, Li Wenliang prend connaissance d'un rapport de la Dresse Ai Fen concernant un patient qui montre un résultat positif avec un intervalle de confiance élevé pour les tests de dépistage du coronavirus du SRAS. À 17 h 43, il partage ses soupçons dans une conversation privée sur la messagerie chinoise WeChat avec ses collègues diplômés de l'école de médecine3. Il indique dans ce message qu'« il y a 7 cas confirmés de SRAS au marché de gros de fruits de mer de Huanan ». Il publie également le rapport et le résultat de la tomodensitométrie d'un patient. À 18 h 42, il ajoute, « les dernières nouvelles confirment qu'il s'agit d'infections au coronavirus, mais le virus exact reste à sous-typer ». Il explique également dans le message ce qu'est un coronavirus2.
Lettre d'avertissement émise par le département de police de Wuhan ordonnant à Li Wenliang de cesser de « répandre des rumeurs sur le SRAS, » signée par Li Wenliang et deux officiers (3 janvier 2020). Li Wenliang l'a téléversée sur son compte Sina Weibo.
Après que des captures d'écran de son message WeChat ont été publiées en ligne, les surintendants médicaux de son hôpital sont rapidement venus lui parler2. Le 3 janvier 2020, le commissariat de police de la rue Zhangnan du bureau de la sécurité publique de Wuhan le met en garde pour « avoir fait de faux commentaires sur Internet »4. Les policiers au poste lui demandent de signer une lettre d'avertissement « reconnaissant qu'il « perturbe l’ordre social ». » Selon le procès-verbal de cet interrogatoire que Li Wenliang publie ultérieurement, il lui est demandé de « cesser ces actions illégales » sous peine d'« être poursuivi par la loi »5.
Le 8 janvier 2020, il contracte le coronavirus à l’hôpital en soignant un patient infecté. Il développe une fièvre et une toux le 10 janvier qui s’aggravent rapidement. Le 12 janvier, il est admis aux soins intensifs où il est mis en quarantaine et soigné6. En raison d'une pénurie de kits de test pour le nouveau coronavirus, le diagnostic définitif de l'infection n'est posé que le 1er février. Beaucoup de ses collègues et membres de sa famille sont également infectés par le virus.
Réactions
Li Wenliang a été sous le feu des projecteurs du public chinois et des médias parce qu'il est considéré comme l'un des huit internautes accusés de « transmettre des rumeurs » et arrêtés par la police de Wuhan début janvier7.
La Cour populaire suprême chinoise a déclaré que, « rétrospectivement », les huit citoyens de Wuhan n'auraient pas dû être punis car leurs propos n'étaient « pas entièrement faux »8.
La Cour suprême indique également sur son site que « cela aurait été une chance si le public avait cru aux « rumeurs » à ce moment-là, et avait commencé à porter des masques, à prendre des mesures d'hygiène et à éviter le marché des animaux sauvages », le 4 février8.
Li Wenliang a déclaré au journal en ligne chinois Caixin qu'il craignait que l'hôpital ne le punisse pour avoir « répandu des rumeurs », mais qu'il s'est senti soulagé après que la Cour suprême ait publiquement critiqué la police. « Je pense qu'il devrait y avoir plus d'une voix dans une société saine, et je n'approuve pas l'utilisation du pouvoir public pour des interférences excessives », a déclaré Li Wenliang8.
Décès
Le 6 février, les médias d'État chinois rapportent que Li Wenliang est mort à l'âge de 33 ans9. Selon China Newsweek (中國新聞周刊), son cœur s'est arrêté à 21 h 30 et pour le maintenir en vie, l'oxygénation par membrane extra-corporelle (ECMO) a été pratiquée10. Plusieurs sources, dont les collègues de Li Wenliang, confirment que l'ECMO a été utilisée pour le maintenir en vie pendant trois heures après l'arrêt de son cœur11.
L'Organisation mondiale de la santé publie sur Twitter qu'« elle était attristée par la mort du Dr Li Wenliang »12.
Cependant, l'hôpital central de Wuhan a initialement publié une déclaration contredisant les informations faisant état de sa mort : « Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, l'ophtalmologiste de notre hôpital Li Wenliang a malheureusement été infecté. Il est maintenant dans un état critique et nous faisons de notre mieux pour le sauver »13. L'hôpital confirme plus tard que Li Wenliang est mort le 7 février 2020 à 2 h 5814,15.
Sa mort provoque une vague d'indignation, le hashtag #NousVoulonsLaLibertédExpression est publié par millions sur les médias sociaux chinois malgré la censure. Cette colère s'exprime uniquement en ligne par crainte de l'infection16,17.
Il a été incinéré discrètement et on ignore où se trouvent ses cendres18.
Vie privée
Li Wenliang et sa femme ont eu un enfant. Au moment de sa mort, son épouse attendait leur deuxième enfant19. Toutefois, le gouvernement s’est engagé à assurer leur avenir financier et scolaire, sous condition de ne pas s'exprimer sur les medias18.
Références
(zh) « 武汉市公安局吴昌分局中南路街派出所训诫书 » [archive], Zhongnanlu Street Police Station, Wuchang Division of Wuhan Police Bureau, 3 janvier 2020 (consulté le 7 février 2020)
(zh) « 新冠肺炎"吹哨人"李文亮:真相最重要 », Caixin, 31 janvier 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 31 janvier 2020)
Yohan Blavignat, « Chine : confusion autour de la mort du Dr Li, le médecin qui a défié les autorités sur le coronavirus », Le Figaro, 6 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 8 février 2020).
(zh) 林則宏, « 武漢肺炎「吹哨者」:三周前就知道可「人傳人」了 » [archive], 元气网 (consulté le 6 février 2020)
Frédéric Lemaître et Simon Leplâtre, « Emotion en Chine à l’annonce de la mort du docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte sur le coronavirus », Le Monde, 6 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 8 février 2020).
(zh) « 被训诫医生李文亮去世 » [archive], The Beijing News (consulté le 6 février 2020)
Marie Holzman, « Coronavirus : « En Chine, plus personne ne croit en la parole officielle » [archive], sur Le Monde, 29 janvier 2020
(en) Qin Jianhang et Timmy Shen, « Rebuked coronavirus whistleblower vindicated by top Chinese court », Nikkei Asian Review, 5 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 8 février 2020)
Plus précisément, ils indiquent 今年34岁, ce qui signifie « 34 ans cette année », qui est une façon d'indiquer les âges en Asie de l'Est et peut correspondre à un an de plus que dans les autres pays. On trouve ainsi l'âge de 34 ans dans les médias occidentaux, mais il s'agit d'une erreur de traduction.
(zh-HK) 張子傑, « 【武漢肺炎】敢言醫生李文亮傳死訊 院方稱仍搶救中 » [archive], HK01, 6 février 2020 (consulté le 6 février 2020)
(en) « Virus 'whistleblower' doctor in Wuhan dies from coronavirus » [archive du 6 février 2020], Global Times (consulté le 6 février 2020)
World Health Organization (WHO) (@WHO), « At today's #2019nCoV media briefing @DrMikeRyan is asked about reports that Dr Li Wenliang had passed away, and he expressed condolences. WHO has no information on the status of Dr Li. » [archive], sur Twitter, 6 février 2020
(en) Henry Austin, « Chinese doctor who raised alarm over coronavirus dies from disease, hospital confirms » [archive], NBC News, 6 février 2020 (consulté le 7 février 2020)
(en) « Coronavirus: Whistleblower Dr Li Wenliang confirmed dead of the disease at 34, after hours of chaotic messaging from hospital », South China Morning Post, 7 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 7 février 2020)
(en) « Chinese doctor who sounded Wuhan virus alarm is critically ill, hospital says, after state media reported he had died » [archive], CNN, 6 février 2020 (consulté le 6 février 2020)
Kai Strittmatter, Dictature 2.0: Quand la Chine surveille son peuple (et demain le monde), Tallandier, 27 août 2020 (ISBN 979-10-210-4319-0, lire en ligne [archive]), p. 118
Simon Leplâtre, « Le martyre du Dr Li Wenliang enflamme l'internet chinois », Le Temps, 7 février 2020 (ISSN 1423-3967, lire en ligne [archive], consulté le 18 mars 2020)
Dorian Malovic, « Covid-19 : il y a un an, l’alerte du jeune ophtalmologue de Wuhan, Li Wenliang », La Croix, 31 décembre 2020
« Chinese Doctor, Silenced After Warning of Outbreak, Dies From Coronavirus », The New York Times, 6 février 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 7 février 2020)
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Li Wenliang, sur Wikimedia Commons
Articles connexes
Carlo Urbani, médecin, le premier à mettre en garde contre le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et mort de cette maladie en 2003.
Autres victimes de disparitions forcées (provisoires ou permanentes) en République Populaire de Chine :
Liens externes
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Chine
La vraie mort de Li Wenliang, le lanceur d’alerte du Covid-19
Article réservé aux abonnés
Une enquête du «New York Times» retrace les derniers jours du médecin qui avait informé ses collègues de Wuhan sur la dangerosité du nouveau coronavirus. Le régime avait tenté de le faire taire avant de l’ériger en héros national.
A Hongkong, le 7 février, le jour de la confirmation officielle de la mort de Li Wenliang. (Anthony Wallace /AFP)
publié le 6 octobre 2022 à 20h39
«Quand je l’ai vu, vers 21 heures le 6 février [2020], Li Wenliang était déjà mort. […] Nous devions le ressusciter, car les dirigeants de l’hôpital l’avaient demandé.» Dans son enquête «Les derniers jours du médecin que la Chine a essayé de faire taire», le New York Times retrace les dernières semaines de Li Wenliang, ophtalmologiste de 34 ans qui travaillait à l’hôpital central de Wuhan lorsque le Covid-19 a surgi en Chine. Le témoignage d’un de ses collègues et les documents obtenus par le quotidien américain jettent un nouvel éclairage accablant sur la gestion des débuts de la pandémie par les autorités chinoises.
Au début du mois de décembre 2019, la presse de Wuhan, grande ville universitaire et industrielle, signale que 27 personnes sont porteuses d’une infection pulmonaire inconnue. Le 30 décembre 2019, une médecin chevronnée, Ai Wen, reçoit des analyses de laboratoire qui concluent que cette maladie présente des caractéristiques semblables à celles du syndrome respiratoire aigu (Sras), une épidémie qui avait traumatisé le pays en 2003 et fait 800 morts dans le monde.
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