Le 17/03/2019 à
22:58, Bertrand Fessard de Foucault a écrit au secrétaire
général de l’Elysée : grand débat national et entrée dans
l'opinion et le jugement des Français
Monsieur le Secrétaire général,
permettez-moi, pour le Président grâce à vous, quelques réflexions en conclusion du grand débat national et de son contexte.
Là où j'habite, j'ai organisé faute que la mairie s'en charge, deux réunions pour le débat entre habitants de Surzur (Morbihan, "commune-dortoir" de Vannes, pas encore 5.000 personnes), et j'ai assisté en observateur muet aux deux réunions organisées par la mairie à Vannes et à celle de Theix. La bonne volonté est générale, les animateurs qui suscitent les interventions et les font noter sont décisifs (ainsi Jean-Marie Zeller - géomètre-expert et commissaire enquêteur). Il serait bien que le soir du 18 Mars - demain, clôture de l'exercice - félicite les Français et ces organisateurs pour leur assiduité et leur confiance.
Ci-joints, vous trouvez, s'il vous plaît, des réflexions collectives des Surzurois, auxquelles j'ajoute - si cela ne vous est parvenu - aussi bien la contribution du bureau des anciens élèves de l'E.N.A., affligeante de fadeur alors que l'Ecole, les "énarques" sont dans chaque réunion brocardés et méritent donc quelques illustration et défense, que le communiqué des "gilets jaunes", adopté à Commercy, avant la journée parisienne d'hier. Mais je vous donne, à vif, les réflexions suivantes, recueillies personnellement :
1° une hôtesse de caisse (la "grande surface" de mon village). Son souhait, je lui avais demandé si elle en a un = en finir avec le travail du dimanche matin, le Président en Novembre dernier a quelques jours de détente, chacun a besoin de vie familiale. Lui, très bien, mais moi ? mari et enfants... et nous ? la vie familiale.
2° un ami de vingt-cinq ans, russophone, officier général, maire d'une petite commune de la Corrèze, que je questionne = Oui , j'ai organisé un débat dans ma commune mais peu de gens se sont déplacés. Cela n'a pas été suivi dans les communes voisines. Ici en zone rurale ce qui ressort surtout c'est le problème des faibles retraites des agriculteurs, l'isolement dû au problème du développement du numérique et la transition écologique . J'ai répondu au questionnaire internet . Je vois mal une sortie de crise rapide avant les élections européennes . Je pense qu'à défaut d'un changement de Président (car c'est lui qui est rejeté ) un changement radical de gouvernement s'imposera si l'on ne veut pas arriver à la "révolution" . Il est triste en effet de constater que nos gouvernants actuels opposent ceux qui travaillent dur (donc qui gagnent de l'argent) aux autres.
3° un ami d'enfance dans un collège jésuite, facilitateur dans une de nos premières banques du dialogue social, multibénévole : il habite l'ouest de Paris mais se multiplie en Seine-Saint-Denis, après avoir zélé une association pour l'aide à de jeunes filles immigrées et "paumées", retraitée = Pour le grand débat national, j’aurai cinq idées-force :
1. la civilité sur les réseaux sociaux et dans les médias (culture du débat et non épanchement viscéral en termes injurieux et haineux)
2. le service civique (militaire ou civil) pour tous
3. la poursuite de l’unité européenne avec au coeur la culture de chaque pays (à mieux faire connaître) et la solidarité entre nations européennes au nom d’un idéal de démocratie et de respect des droits de l’homme), et l’affirmation d’une grande ambition
4. la maîtrise de l’immigration, avec l’affirmation d’une grande politique européenne de solidarité avec les pays en voie de développement
5. la préservation et l’esthétique des paysages (revoir complètement l’environnement des villes, leur banlieue, la lutte contre la pollution des mers et des continents, le réchauffement climatique et le gaspillage...) –> la culture du beau, de l’harmonie, dans la diversité et le respect des biens rares (eau, air, paysages naturels (ex. : à proscrire des éoliennes en plein champ, sur des crêtes de montagne etc... ).
Il me semble que si le grand débat national devait n'être qu'un sondage testant la "faisabilité" de projets gouvernementaux, la militance implicite de celles et de ceux qui y ont participé, et qui seraient déçus... sera d'un effet imprévisible sauf de force et de contagion. Retourner l'opinion sur les "gilets jaunes" n'aboutira pas par la force d'images partielles ou de commentaires sur les "plateaux". Les Français veulent des changements très précis dont presqu'aucun ne sont évoqués officiellement, et ils souhaitent une tout autre manière de les diriger, en les faisant entrer dans le cycle des décisions. Prenant acte non seulement du grand débat mais aussi des novations qu'ont été les manifestations pour le climat, le samedi 16, celles surtout des jeunes le vendredi 15, le Président parce qu'il avait diagnostiqué la péremption de ce qui se faisait ou se tolérait avant lui, doit maintenant faire entrer toutes et tous dans ce "monde nouveau" qu'il évoquait il y a deux ans.
Enfin, il y a des présentations à changer : tous ces départs de l'Elysée et après l' "affaire Benalla" donnent l'impression que le Président n'a pas eu la main heureuse en composant son entourage le plus proche et ne fidélise pas non plus. Les rivalités de certains des secrétaires d'Etat pour candidater à la mairie de Paris sont très "ancien régime". Et des maladresses à ne plus commettre : les annonces hier soir de l'heure d'arrivée à Paris du Président (à Nairobi, les ministres des Affaires étrangères et de la Transition écologique auraient suffi) ou ce qui a été donné aujourd'hui aux médias pour que soit précisée qu'autour du palais de l'Elysée, douze compagnies de C.R.S. avaient été postées tout dimanche, et manquaient peut-être aux Champs-Elysées. Mai 68 a été l'excellence du commandement sur le terrain de chacune des forces de sécurité, et le rayonnement du préfet de police, Maurice Grimaud.
L'heure est devenue dangereuse pour le Président, le gouvernement n'a jamais vraiment apparu, le ministre de l'Intérieur laborieusement nommé n'est bon ni en parole ni en organisation. Il s'agit maintenant de psychologie. Non de tactique ou d'éléments de langage. Les Français sont en train de se reprendre. Tout a été vécu comme si cela devait ne jamais survenir.
Parisien les mercredi 20 et jeudi 21 prochains, je suis à la disposition du Président ou de la vôtre : 06 80 72 34 99.
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