Extrême-droite au pouvoir en Autriche: L'ONU met en garde contre «l'exploitation de la peur» en Europe
AUTRICHE Un responsable
des Nations unies déplore plus généralement une « érosion » sur
le plan des droits de l’homme dans le monde…
Publié le 19/12/17 à 04h05 — Mis à jour le 19/12/17 à
04h05
Le futur chancelier autrichien Sebastian Kurz (à droite) a conclu un accord
de gouvernement avec Heinz-Christian Strache du parti d'extrême droite FPÖ, ici
le 16 décembre 2017 à Vienne (Autriche). — ALEX HALADAIl met en garde contre « l’exploitation de la peur » en Europe. L’entrée de l’extrême droite dans la nouvelle coalition au pouvoir en Autriche est un tournant « dangereux », a déclaré lundi le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. Dans un entretien avec l’AFP, Zeid Ra’ad Al Hussein a déploré une « érosion » générale sur le plan des droits de l’homme dans le monde.
Il a dénoncé l'« extrême barbarie » des conflits en Syrie et au Yémen et a accusé la Birmanie d’avoir planifié la sanglante répression contre la minorité musulmane des Rohingyas, qui selon lui pourrait s’apparenter à un « génocide ».
Le diplomate jordanien de 53 ans a exprimé son inquiétude au sujet des récents événements survenus en Autriche. Il a estimé que la décision du nouveau chancelier Sebastian Kurz de se rallier à des positions d’extrême droite, notamment sur l’immigration, pour gagner des voix marque « un dangereux développement (…) dans la vie politique en Europe ».
Un exemple de « total opportunisme » dangereux pour l’Europe
Le gouvernement conservateur, qui a été investi lundi, comprend six ministres issus du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite), notamment à l’Intérieur, à la Défense et aux Affaires étrangères. Sebastian Kurz, 31 ans, a remporté les élections législatives d’octobre à la tête du parti conservateur ÖVP, devenant le plus jeune dirigeant du monde.>> A lire aussi : «Millenial», anti-immigration... Qui est Sebastian Kurz, le futur chancelier du pays?
« Je suis perturbé par ce qui est arrivé en Autriche », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein, accusant le nouveau chancelier d’avoir basculé « vers l’extrême droite sur la question de l’immigration (…) afin d’attirer à lui des voix qui jusqu’alors se portaient sur le Parti de la Liberté et remporter la chancellerie ». Sebastian Kurz, a-t-il dit, a fait preuve d’un « total opportunisme » et représente un exemple dangereux pour d’autres responsables politiques en Europe. « C’est un développement dangereux ».
Un contexte qui rappelle l’avant-Première guerre mondiale
Le Haut-Commissaire a sévèrement critiqué les responsables politiques européens qui seraient tentés d'« exploiter la peur en tant que moyen d’arriver au pouvoir ». Il a mis en garde contre « une sorte d’ethno-nationalisme » en Europe, qui rappelle l’époque ayant précédé la Première guerre mondiale. « Nous n’avons qu’à revenir 104 ans en arrière et nous y sommes », a-t-il dit.L’Europe n’est pas la seule région séduite par la rhétorique populiste. Le responsable a de nouveau mis en garde contre les attaques répétées de Donald Trump visant les médias qui risquent de déclencher des violences contre les journalistes. Et il a relevé que les commentaires du président américain « semblent faire des émules dans d’autres pays ».
La Birmanie est l’un de ces pays où les « fake news » ont été brandies pour rejeter des informations gênantes sur la campagne de répression des musulmans Rohingyas, qui a fait des milliers de morts et poussé à l’exil plus de 655.000 personnes depuis le mois d’août.
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