dimanche 31 décembre 2017
Emmanuel Macron, président de la République Voeux pour l'année 2018 – radiotélévisés le 31 Décembre 2017
Mes chers compatriotes,
Alors que l’année s’achève, je suis heureux de vous retrouver pour vous présenter pour la première fois mes vœux pour l’année 2018. Je vous espère en famille, au milieu de vos proches, de celles et ceux qui vous aiment.
Je sais aussi que certains d’entre vous sont aujourd'hui au travail parce qu’ils font partie des forces armées ou des forces de l’ordre, parce qu’ils sont médecins ou personnels soignants, parce qu’ils sont en charge des transports ou de la continuité des services publics. Je veux ce soir les remercier pour cet engagement.
Je sais aussi que plusieurs d’entre vous ce soir sont seuls, souffrent ou sont malades et je sais que dans ces moments de fête et de retrouvailles, cette solitude et cette souffrance sont plus dures encore à supporter. Alors à nos concitoyens qui sont dans cette situation, je veux dire qu'ils appartiennent à une grande Nation et que les mille fils tendus qui nous tiennent, sont plus forts que leur solitude et je leur adresse une pensée fraternelle.
L'année 2017 s'achève et je ne veux pas passer trop de temps à revenir sur celle-ci ; ce fut l'année du choix : le choix du peuple français, votre choix par lequel vous m'avez attribué votre confiance et avec elle votre impatience, vos exigences, vos attentes ; j'en suis pleinement conscient. Aussi, depuis mon élection en mai dernier, je me suis attaché à simplement faire ce à quoi je m'étais engagé durant la campagne présidentielle. Le Premier ministre, son gouvernement sont à la tâche depuis le mois de mai dernier avec un Parlement profondément renouvelé, pour mettre en œuvre ses engagements. Par vos choix durant l'année 2017, vous avez profondément renouvelé notre vie politique et vous avez permis qu'une transformation en profondeur de notre pays advienne : à l'école pour nos enfants, au travail pour l'ensemble de nos concitoyens, pour le climat, pour le quotidien de chacune et chacun d'entre vous. Ces transformations profondes ont commencé et se poursuivront avec la même force, le même rythme, la même intensité pour l'année 2018.
L'année qui s'ouvre en effet est celle de nombreux défis et nous construisons là une bonne part de notre avenir. Pour nos territoires ruraux où nous devons construire l'accès à la téléphonie mobile et au numérique, aux transports et permettre plus d'innovations économiques et sociales, pour nos quartiers populaires, en permettant la mobilité économique et sociale et en luttant contre les discriminations ; pour nos agriculteurs en leur permettant de vivre dignement du prix payé ; pour nos Outre-mer qui ont beaucoup souffert ces derniers mois et auxquels je veux adresser un salut tout particulier ; en adaptant nos règles et en construisant des filières économiques fortes qui permettent davantage d'autonomie énergétique et de créations d'emplois ; pour l'égalité entre les hommes et les femmes qui nécessitera là aussi des changements de loi et un ressaisissement de toute notre société ; pour les indépendants et les entrepreneurs, avec des règles simplifiées ; un droit à l'erreur enfin réalisé ; pour les salariés, en permettant la formation tout au long de la vie et des sécurités nouvelles ; et pour nos fonctionnaires en clarifiant leurs missions et nos attentes et en récompensant leurs efforts. Vous le voyez, tous ces chantiers jalonneront l'année 2018 et impliqueront un engagement plein et entier du Premier ministre et de son gouvernement.
Je continuerai à faire ce pourquoi vous m’avez élu : rendre la France plus forte et plus juste ; permettre, non pas d'adapter notre pays aux changements du monde, mais lui permettre d'être ce qu'il est : un pays fort avec une exigence universelle qui, parce qu'il est plus fort, produit davantage, peut justement assurer la solidarité sur le sol national et avoir une exigence humaniste à l'international.
Je sais que plusieurs d'entre vous ne partagent pas la politique qui est conduite par le gouvernement aujourd'hui ; je les respecte et je les écouterai toujours ; je m'assurerai que tous les débats soient conduits et que toutes les voix y compris discordantes soient entendues mais pour autant, je n'arrêterai pas d'agir. Toujours j’écouterai, j'expliquerai notre situation et la réalité de celle-ci ; je respecterai et toujours à la fin, je ferai car c'est ce dont notre pays a besoin et c'est ce que vous attendez de moi.
En 2018, nous aurons à conduire d'abord sur le plan international plusieurs combats et des actions déterminées : la lutte contre le terrorisme islamiste au Levant, au Sahel et sur notre sol national et à ce titre, je veux ce soir avoir une pensée pour nos militaires qui sont en ce moment même sur ces théâtres de bataille ; je pense à leurs camarades tombés cette année. Nous gagnerons cette bataille contre le terrorisme. Je veux aussi rendre hommage aux policiers et aux gendarmes qui chaque jour luttent contre ce terrorisme islamiste et vous protègent au quotidien.
Mais c'est la paix qu'il nous faut aussi gagner à l'international, c'est-à-dire ce travail indispensable pour notre sécurité mais aussi parce qu'il est notre mission universelle, ce travail pour garantir la stabilité des Etats et assurer le respect de toutes les minorités. C'est ce que nous avons fait au Liban, c'est ce que nous faisons aujourd'hui au Sahel et ce que nous continuerons à faire en Syrie, au Proche-Orient comme en Afrique ; c'est une grammaire de la paix et de l'espérance qu'il nous faut aujourd'hui réinventer dans nombre de continents.
Sur le plan européen, l'année 2018 sera aussi décisive. Vous le savez, je me suis pleinement engagé dans cette bataille car je crois très profondément que l'Europe est bonne pour la France ; que la France ne peut pas réussir sans une Europe elle aussi plus forte. Mes chers concitoyens européens, 2018 est une année toute particulière et j'aurai besoin cette année de vous. Je souhaite en effet que par ces consultations citoyennes, vous puissiez vous exprimer, dire ce que vous voulez pour l'Europe quelques mois avant nos élections européennes et permettre à vos gouvernants de dessiner un grand projet ; nous avons besoin de retrouver l'ambition européenne, de retrouver une Europe plus souveraine, plus unie, plus démocratique parce que c'est bon pour notre peuple. Je crois très profondément que l'Europe peut devenir cette puissance économique, sociale, écologique et scientifique qui pourra faire face à la Chine, aux Etats-Unis en portant ces valeurs qui nous ont faits et qui sont notre histoire commune. J’ai besoin de votre détermination pour ce sursaut européen et j’ai besoin qu’ensemble nous ne cédions rien ni aux nationalistes ni aux sceptiques.
Pour ma part, je continuerai à travailler avec chacun de nos partenaires européens et tout particulièrement avec l'Allemagne. Ce colloque intime avec nos amis allemands est la condition nécessaire à toute avancée européenne ; elle n'exclut pas le dialogue avec tous nos autres partenaires mais elle est ce par quoi tout commence. J'ai besoin que nous allions plus loin sur ce plan-là aussi et que nous rompions avec les habitudes passées, que nous retrouvions ce goût en commun d'un avenir dont nous décidons pour nous-mêmes.
Enfin, sur le plan national, l'année 2018 sera à mes yeux celle de la cohésion de la Nation. Nous nous sommes trop longtemps, trop souvent divisés. Les débats sont nécessaires, les désaccords sont légitimes mais les divisions irréconciliables minent notre pays. Je veux plus de concorde pour la France en 2018. Pour cela, je veux avant toute chose miser sur l'intelligence française car nous avons cela en nous. L'école doit être le creuset de cette cohésion nationale et nous continuerons de la renforcer ; la formation tout au long de la vie est l'indispensable protection qui permettra à chacun de faire face aux grands changements et de mieux les comprendre, d'être formé à de nouveaux métiers. La science est un levier indispensable pour réussir à préparer notre avenir et c'est pourquoi notre recherche est déterminante et notre culture est ce socle commun de notre imaginaire, un imaginaire dont nous avons besoin, un imaginaire d'avenir où chacune et chacun doit pouvoir se retrouver.
Je veux ensuite miser sur le travail. Le travail est au cœur de notre société d'abord parce qu'il est ce qui permet à chacun de trouver sa place, de progresser dans la vie, de s'émanciper de son milieu d'origine si c’est la volonté que chacun porte mais c'est aussi par le travail que notre Nation sera plus forte parce qu'elle produira, parce qu'elle s'enrichira ; nous avons besoin du travail et je le défendrai sans relâche en permettant à chaque travailleur de gagner davantage par celui-ci, en formant nos concitoyens qui sont au chômage pour qu'ils puissent retrouver un travail et les compétences nécessaires pour cela, en formant nos jeunes par l'apprentissage ; le travail est le cœur de notre projet en commun.
Je veux aussi miser sur la fraternité. La fraternité, c'est ce qui nous unit, ce qui nous a fait un, ce qui nous tient ensemble. Je crois dans la réussite, dans les succès mais que valent ces succès s'ils ne sont en quelque sorte que les succès de quelques-uns ? Que s'ils nourrissent les égoïsmes ou les cynismes ? Rien de bien durable. Tant de Nations sont en train de se fracasser parce que seuls quelques-uns y réussissent ! Nous avons en effet besoin de repenser un grand projet social pour notre pays, c'est celui-ci que je déploierai durant l'année qui s'ouvre. C'est celui qui doit inspirer notre politique de santé, notre politique en faveur de celles et ceux qui vivent en situation de handicap, notre politique d'hébergement pour les sans-abri, notre politique sociale aidant les plus démunis. Sans cela, sans cette exigence humaniste, notre pays ne se tiendra pas uni. Cela implique des règles et de la rigueur aussi et je sais parfois quelques tensions éthiques que je ne sous-estime pas et que j'assume pleinement. Je veux que nous puissions apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont aujourd'hui sans abri. Le gouvernement s'est beaucoup engagé ces derniers mois en cette direction et a beaucoup amélioré les choses mais il y a encore des situations qui ne sont pas acceptables et que je n'accepte pas davantage que vous. Nous continuerons donc l'effort indispensable pour réussir à pleinement respecter l'engagement que j'ai moi-même pris devant vous.
Comptez sur ma détermination entière en la matière.
Nous devons aussi accueillir les femmes et les hommes qui fuient leur pays parce qu'ils y sont menacés en raison de leur origine, de leur religion, de leurs convictions politiques. C'est ce qu'on appelle le droit d'asile. C'est un devoir moral, politique et je ne cèderai rien. Nous respecterons celui-ci ; nous continuerons à accueillir ces femmes et ces hommes parce que la France est leur patrie mais pour autant, nous ne pouvons accueillir tout le monde et nous ne pouvons le faire sans qu'il y ait des règles. Il est aussi indispensable que nous puissions contrôler l'identité de chacune et chacun et lorsque quelqu'un qui arrive sur notre territoire ne relève pas du droit d'asile et n'a aucune chance d'obtenir la nationalité française, nous ne pouvons accepter qu'il reste des mois, des années dans une situation d'irrégularité qui n'est bonne ni pour lui ni pour le pays. Il faut donc là aussi des règles simples et des règles respectées et donc de la rigueur. Je m'attacherai à ce que notre pays se tienne à cette ligne d'humanité et d'efficacité.
Enfin, notre cohésion nationale dépend aussi de votre engagement. Oui, la cohésion de la Nation, ça n'est pas simplement le travail du président de la République, de son Premier ministre ou du gouvernement ; c'est le travail de chacune et chacun d'entre vous. Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays et au-delà de votre quotidien, de votre vie, parfois de ses difficultés, dites-vous toujours que vous appartenez à un collectif plus fort, plus grand que vous : la Nation française. C'est ce collectif qui vous a éduqué, qui vous soigne, qui quand vous tombez, vous aide à vous relever, qui vous aidera dans vos vieux jours et dites-vous à chaque instant que vous avez quelque chose à faire pour la Nation. J'ai besoin de cet engagement.
Chaque jour, depuis que je suis élu Président de la République, j'ai pu constater dans notre pays ces miracles de solidarité, d'engagement et d'enthousiasme ; c'est de cela dont j'ai besoin et c'est pour cela que j'ai besoin de vous. Le peuple français est un grand peuple qui parfois sous-estime ses propres ressorts intimes. Nous sommes capables de l'exceptionnel.
Alors, mes chers compatriotes, ce soir je m'adresse à vous avant qu'une nouvelle année ne s'ouvre. Il y aura des difficultés, il y aura sans doute des choses que nous n'avons pas prévues ; vous aurez peut-être dans vos vies personnelles des moments de doute, des drames, mais n'oubliez jamais que nous sommes la Nation française. Et ce soir, je veux vous dire que c'est avec cet esprit de conquête que nous avons en partage, avec cette détermination entière, cette ambition sincère pour notre pays et pour chacun d'entre vous, avec cette volonté de faire vivre notre Renaissance française que je vous présente tous mes vœux pour l'année 2018.
Vive la République et vive la France.
voeux du général de Gaulle aux Français, radiotélévisés le 28 décembre 1958
Général de Gaulle, encore président du conseil selon la IVème République, et président élu la Vème République (pour ne prendre ces fonctions que le 8 Janvier suivant)
Voeux pour l'année 1959 – radiotélévisés le 28 Décembre 1958
La transcription de l’enregistrement par l’I.N.A. ne correspond pas, mot pour mot, à la publication définitive des Discours et Messages publiés par Plon
28 décembre 1958
17m 04s
Réf. 00024
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Notice
Résumé :
Après son élection, le 21 décembre
1958, en tant que Président de la République et de la Communauté, le général de
Gaulle s'adresse pour la première fois à la Nation ; d'une part pour lui dire
qu'il accepte le mandat qui lui a été confié et d'autre part pour exposer la
façon dont il accomplira ce mandat ainsi que pour présenter la politique
financière de rigueur qu'il entend mettre en oeuvre.
Type de média :
Date de diffusion :
29 décembre 1958
Date d'événement :
28 décembre 1958
Petite(s) phrase(s)
:
- Fierté, courage, espérance !
- Quant au vieux franc français, si souvent mutilé à cause de nos vicissitudes.
- Dans le monde d'aujourd'hui, rien ne vaut que par comparaison
Éclairage
Le 21 décembre 1958, le collège d'électeurs institué par la constitution de 1958 a désigné le général de Gaulle comme président de la République par 62 394 voix sur 79 470 suffrages exprimés en métropole, dans les départements et territoires d'outre-mer, en Algérie et au Sahara. Le 28 décembre dans une allocution radiodiffusée et télévisée depuis l'Hôtel Matignon, siège de la présidence du Conseil, le général de Gaulle fait connaître aux Français qu'il accepte le mandat qui lui a été confié, y voyant la confirmation de la tâche nationale qu'il exerce "depuis dix-huit ans", c'est-à-dire depuis 1940, ce qui revient à nier l'action de la IV République entre 1946 et 1958.Mais le thème principal du discours consiste à annoncer aux Français les mesures de rigueur économique que, sous l'influence de son conseiller Jacques Rueff, il a imposé à son ministre des Finances Antoine Pinay. Rappelant l'état catastrophique des finances publiques mises à mal par la guerre d'Algérie qui a provoqué déficit budgétaire, déséquilibre de la balance des comptes, inflation et pénurie de devises, situation résumée par lui dans l'expression abrupte "J'ai trouvé les caisses vides", il annonce son intention de rétablir les équilibres compromis. Refusant de renoncer aux investissements économiques et sociaux, au développement de l'Algérie, à la mise en valeur des pays de la Communauté et aux dépenses militaires, il entend compenser ces sorties par des augmentations d'impôt, des taxes de consommation, la suppression de subventions, la suppression de la retraite des Anciens combattants ayant des revenus suffisants, l'abolition des indexations. En revanche, pour que ces sacrifices ne reposent pas sur les plus modestes, il annonce une augmentation du SMIG, un fonds spécial d'aide aux chômeurs, une augmentation de 4% du salaire des agents de l'Etat. Enfin, pour mettre la valeur du franc en rapport avec la réalité, il prévoit une dévaluation de la monnaie, assortie de la création d'un nouveau franc valant cent anciens francs, ce qui permettra de libérer 90% des échanges avec l'étranger.
Le "plan Pinay-Rueff" sert ainsi de socle au redressement économique et financier qui va caractériser à partir de 1959 la politique du général de Gaulle dans ce domaine.
Serge Berstein
Avant tout, Françaises, Français,
je veux vous dire que j'accepte le mandat que vous
m'avez confié. Votre résolution fut marquée lors de la crise nationale du mois
de mai, affirmée par le référendum, répétée par les élections, précisée par le
vote des élus dimanche dernier. La mission nationale qui m'incombe, depuis 18
ans, se trouve de ce fait confirmée : guide de la France, chef de l'état républicain,
j'exercerai le pouvoir suprême dans toute l'étendue qu'il comporte désormais,
et suivant l'esprit nouveau qui me l'a fait attribuer.
L'appel
qui m'est adressé par le pays exprime son instinct du salut. S'il me charge de
le conduire, c'est qu'il veut aller, non certainement vers la facilité, mais
vers l'effort et le renouveau. Depuis 7 mois, assez remplis, nous y allons, en
effet, et nous faisons quelques grands pas sur la route du redressement.
En vérité, il était temps. A la veille du démarrage, l'unité française se
trouvait sur le point de se briser, jetant tout à l'effondrement. Bien entendu,
le péril s'étendait également à nos finances et à notre économie. Dans les
derniers jours du mois de mai, nous étions à cet égard, au bord de la catastrophe.
La balance des comptes, entre ce qu'il nous fallait acheter au dehors, et ce
que nous pouvions y vendre, atteignait un déficit apparemment irréductible,
tandis que les crédits étrangers se trouvaient pratiquement épuisés. Et puis on
ne voyait plus, comment faire face à toutes les dépenses de l'état, les impôts
n'y suffisant point et le crédit semblant s'éteindre. Enfin, les prix ne
cessaient pas de monter, avec l'inquiétude sociale, brochant sur le tout, une
certaine récession se faisait déjà sentir. C'est à ce moment là que s'est
produit le grand mouvement du mois de mai. Il est apparu en Algérie, mais en
réalité, il procédait de la conviction générale que le pouvoir n'était pas en
mesure de faire face à la marée menaçante, en particulier au danger qui pesait
sur nos finances et notre économie. La confiance du pays nous a permis de
renverser la tendance et de parer au plus pressé. Cependant la situation
demeure précaire, c'est-à-dire dangereuse. Et puis, quand on mesure tout ce que
nous apporte d'espoir, la jeunesse nombreuse, venue au monde depuis la guerre,
le pétrole, le gaz, l'uranium découvert, le progrès de notre outillage, les
élites nouvelles qui sortent du fond du peuple, notre association avec la
Communauté, l'élargissement imminent du marché européen, on se sent saisi à la fois d'impatience et de résolution.
Avec mon gouvernement, j'ai
décidé de remettre les affaires en ordre réellement et profondément. Le budget
en est l'occasion, peut-être ultime, très bonne en tout cas. Nous avons pris un
ensemble de mesures, financières, économiques et sociales, propres à placer la
Nation, sur une base de vérité et de sévérité, la seule, sur laquelle elle
puisse bâtir sa prospérité. Je ne cache pas que notre pays va se trouver
quelque temps à l'épreuve, mais le rétablissement visé est tel qu'il peut nous
payer de tout.
En ce qui concerne les charges
publiques, rien ne doit être accepté qui conduise à l'inflation. Au contraire,
tout doit être fait, non seulement pour poursuivre mais pour accroître les investissements
qui commandent notre avenir. Et puis, nous sommes engagés à transformer
l'Algérie, tandis que s'avance la pacification. Encore, devons-nous concourir à
la mise en valeur des pays de la Communauté. Enfin, tant que le monde est ce
qu'il est, nous ne pouvons pas nous dispenser d'une force militaire importante.
Toutes ces obligations, jointes aux dépenses normales de l'Etat, nous
mèneraient, si nous laissions les choses aller, nous mèneraient à un déficit de
quelques 1200 milliards, soit deux fois plus que l'épargne n'est susceptible de
nous fournir. A moins de recourir à la ruineuse inflation ou de faillir à la
France, nous devons absolument réduire de moitié cette impasse menaçante, c'est
ce que nous avons décidé.
Tout à l'heure Monsieur Pinay, Ministre
des Finances et des Affaires Economiques, vous indiquera avec précision, les
dispositions qui sont prises. En voici l'essentiel : Accroître les impôts sur
les sociétés et sur les revenus élevés Taxer le vin, les alcools, le tabac
Supprimer, nombre de subventions accordées par le Trésor, en particulier à
certains produits de consommation Réduire la participation de l'Etat au
financement des entreprises nationalisées, notamment des chemins de fer Combler
le déficit dans le fonctionnement des assurances sociales, déficit qui vient à
la charge des fonds publics Inviter les anciens combattants qui sont pourvus du
nécessaire et qui ne sont pas invalides à renoncer à leur retraite ; les
pensions des veuves, des orphelins, des mutilés, restant bien entendu ce
qu'elles sont. Abolir une série de ces indexations qui sont, en réalité, autant
de proclamations de la méfiance envers la monnaie. Mais en revanche, accroître
de 245 milliards, c'est-à-dire de 25 %, le montant des investissements ou biens
sociaux, logements, écoles, hôpitaux ou biens économiques, énergie, équipement,
communication. Des investissements qui sont notre fortune future, et qui
ouvrent carrière à notre jeunesse. Voilà, de rudes dispositions. Je sais bien
que pour un temps, elles éprouveront beaucoup de français, mais je les crois
efficace, je les tiens pour nécessaire, et je suis sûr, qu'en définitive, tout
le monde tirera profit de l'équilibre ainsi réalisé.
Comme il faut s'attendre à ce que
cet ensemble provoque, au moins momentanément, quelques hausses du niveau des
prix, le gouvernement prend des mesures relatives au pouvoir d'achat, en
particulier, de celui des Français dont le revenu est le plus modeste. A partir
du 1er février, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti sera accru en
conséquence. Dès le 1er janvier, les vieilles gens verront leur retraite
majorée de 5200 francs. J'ajoute que va être fondé, institué, par coopération
entre le patronat et les syndicats, un fonds national destiné au maintien de
l'emploi et assurant au travailleur qui tomberait en chômage, un supplément
portant l'allocation aux environs du salaire minimum. Quant au personnel
dépendant directement de l'Etat : fonction publique, services, entreprises
nationalisées, à partir du 1er février, leur rémunération sera ne varietur
augmentée de 4 %.
Dans le monde d'aujourd'hui, rien
ne vaut que par comparaison. Or vis-à-vis de l'extérieur, notre situation
économique est franchement diminuée, empêchée d'importer et d'exporter
suffisamment, endettée, privée de crédit. Nous sommes loin d'atteindre à ce
large niveau d'échange qui développerait notre activité. Et puis, ce qu'il y a
d'artificiel, hélas, dans la valeur de notre monnaie, provient, sans doute, du
déséquilibre de nos affaires, mais c'est aussi pour nous une cause permanente
de notre difficulté.
C'est pourquoi, tout en remédiant
au désordre fondamental, nous devons placer notre franc sur une base où il soit
inébranlable. C'est ce que nous faisons, regrettant de diminuer son taux, mais
tirant à cet égard les conséquences de négligences prolongées. De ce coup,
notre monnaie devient, au dehors, convertible en toutes autres monnaies, en
même temps et au même titre que nombre de nos partenaires européens le font,
pour leur Livre, leur Mark, leur Lire, leur Florin, etc. Quant au vieux franc
français, si souvent mutilé à mesure de nos vicissitudes, nous voulons qu'il
reprenne une substance conforme au respect qui lui est dû. Dans le courant de
l'année 59, paraîtra le franc nouveau, valant 100 francs d'aujourd'hui. Pour
nos échanges avec l'étranger, nous avons décidé de les libérer à 90 %, ouvrant
les vannes au courant et replaçant décidément la France dans le domaine
économique, à son rang international.
Cet ensemble de mesures qui se
complète et qui s'appuie, cet ensemble est grave mais essentiel. Sans l'effort
de mise en ordre avec les sacrifices qu'il requiert et avec les espoirs qu'ils
suscitent, nous resterions un pays à la traîne, perpétuellement oscillant entre
le drame et la médiocrité. Au contraire, si nous réussissons
la grande entreprise nationale du redressement économique et financier, quelle
étape sur la route qui mène la France vers les sommets ! C'est le voeu
que je forme à l'adresse de toutes et de tous au moment où s'approche la
nouvelle année.
Peuple français, grand
peuple ! fierté, courage, espérance.
Vive la République ! Vive la
France !
derniers voeux du général de Gaulle aux Françaçs . 31 Décembre 1968
Général de Gaulle, président de la République
Voeux pour l'année 1969 – radiotélévisés le 31 Décembre 1968
La transcription de l’enregistrement par l’I.N.A. ne correspond pas, mot pour mot, à la publication définitive des Discours et Messages publiés par Plon
31 décembre 1968
14m 52s
Notice
Résumé :
Six mois après les événements de
mai 68, le Président présente ses voeux aux Français. Le principal thème abordé
est la situation intérieure de la France et la relance économique nécessaire
après la crise sociale du mois de mai. Néanmoins, le Général évoque aussi la
situation internationale : le Moyen-Orient, la guerre du Vietnam, le Québec, le
Biafra.
Type de média :
Date de diffusion :
31 décembre 1968
Type de parole :
Conditions de tournage :
Petite(s) phrase(s)
:
- Il faut que nous surmontions le malaise moral qui, chez nous plus que partout, à cause de notre individualisme, est inhérent à la civilisation mécanique et matérialiste moderne.
- Après son passage à vide, la nation française s'est ressaisie.
- Portons donc en terre les diables qui nous ont tourmentés pendant l'année qui se termine.
Éclairage
Pour la huitième et dernière fois depuis qu'il est à la tête de la Cinquième République, le général de Gaulle présente, par l'intermédiaire de la radio et de la télévision, ses voeux au peuple français pour la nouvelle année 1969.Le chef de l'État consacre une large part de son allocution aux événements de Mai 1968, dont il fait la chronique. Il évoque le " passage à vide " qui a ébranlé son autorité et secoué un pays tout à coup " saisi de vertige ", mais il insiste également sur les graves conséquences économiques qui résultèrent de cette crise. Pourtant, dit-il, " la nation française s'est ressaisie " : en effet, la grande manifestation de soutien au général de Gaulle du 30 mai 1968, ainsi que le raz-de-marée gaulliste aux élections législatives qui suivirent, prouvaient que les Français étaient très majoritairement en faveur d'un retour à l'ordre.
De Gaulle indique ensuite les directions dans lesquelles la France doit diriger ses efforts pour l'année 1969. Ainsi annonce-t-il le prochain référendum sur la participation, la création des régions et la réforme du Sénat : le résultat de cette consultation populaire, le 27 avril 1969, sera négatif, et comme il l'avait annoncé, le Général cessera aussitôt d'exercer ses fonctions, mettant un point final à la République gaullienne.
Le reste de cette allocution est consacré à la politique internationale : il évoque pêle-mêle le premier vol américain autour de la lune (l'année suivante, Neil Armstrong y marchera pour la première fois), l'Europe (le 24 août 1968, les Soviétiques pénétraient en Tchécoslovaquie ce que le général de Gaulle condamnait fermement), le Viêt-Nam (où le conflit Vietnamien se poursuit avec rage malgré le démarrage des accords de paix de Paris en mai 1968), le Moyen Orient (où il réprouve le raid de représailles du 28 décembre qu'Israël menait sur l'aéroport de Beyrouth après l'attentat perpétré à Athènes contre un avion d'El Al), le Biafra (la guerre civile au Nigeria fait alors des milliers de victimes), ou bien encore la Chine, l'aide aux pays sous-développés et le système monétaire international. Il achève son discours en souhaitant aux Français " la foi et l'espérance nationales " en cette nouvelle année 1969.
Aude Vassallo
Françaises, Français !
Mes meilleurs voeux de nouvelle
année, je vous les offre de tout mon coeur. Un coeur, que depuis longtemps, permettez-moi
de le dire, n'épargnent pas les soucis, au sujet du sort de la France. Mais
qui, je vous l'affirme, est aujourd'hui rempli d'espoir.
Certes, au printemps dernier, notre pays qui, depuis dix ans, gravit la pente du
renouveau s'est trouvé, dans son ascension, tout à coup, saisi de vertige. On a
même pu croire un moment qu'il s'abandonnait à l’attrait morbide de l'abîme, et
qu'il allait rouler jusqu'au plus bas. Par la suite, le grave
déséquilibre de notre économie, résultat inéluctable d'une paralysie de près de
deux mois, des charges énormes subitement consenties pour la faire cesser, et
des crédits massivement prodigués pour la reprise, nous a conduit, soudain, et
à chaud, à une crise monétaire, qui mettait en cause la valeur de notre franc,
et par là même, celle de nos avoirs et de nos rémunérations, risquait de nous
faire passer sous la dépendance de prêteurs étrangers et suscitait la joie
odieuse des spéculateurs de la finance, de la politique et de la presse qui
jouaient notre déconfiture.
Mais au bout du compte, que nous
est-il arrivé ? Ceci d'abord, qu'après son passage à vide, la Nation française
s'est ressaisie. Le 30 mai, elle a, d'un seul coup, montré, massivement,
qu'elle répondait à l'appel du Chef de l'Etat. Après quoi, par les élections,
elle a prouvé d'une manière éclatante sa volonté de voir assurer l'ordre,
maintenir les institutions et poursuivre la marche vers le progrès Ceci encore
nous est arrivé qu'au total et dans l'ensemble, le bons sens reprend ses droits
à l'intérieur de nos facultés. Il nous est arrivé ceci enfin, que notre
activité productrice, vigoureusement relancée, dépasse le taux le plus élevé
qu'elle ait encore jamais atteint. Que notre monnaie, ayant traversé l'ouragan
sans perdre sa parité, se tient ferme sur sa position. Et que tous ceux qui ont misé sur le recul de la France en
sont pour leur honte et pour leur frais.
Portons
donc en terre les diables qui nous ont tourmenté pendant l'année qui se
termine. Laissons à leurs complices et à leurs partisans la tristesse et la
déception. Car le fait que nous ayons, une fois de plus, heureusement surmonté
les épreuves nous donnent les meilleures raisons d'être confiant en nous-mêmes.
Cependant il est bien vrai que nous ne réparerons pas dans la pagaille et dans
la facilité les mauvais coups qui viennent d'être portés à notre pays. Pour
l'éducation nationale, le retour à l'anarchie ne doit pas être toléré, sous
peine que soit inapplicable, tout ce qui a été fait pour elle depuis dix ans.
Et tout ce qui est en voie de l'être grâce à la loi d'orientation. L'intérêt
public exige qu'indépendamment des mesures qui, là comme ailleurs, incombent
des services d'ordre, ils reviennent à ceux qui sont dans nos universités, nos
lycées, nos écoles, sont en fonction, c'est-à-dire : en charge et en
responsabilité d'y exercer leur autorité. Et aux enseignants, aux étudiants,
aux familles de les y aider activement. Pour l'économie, qu'il s'agisse des
prix et des salaires ou bien des dépenses publiques ou bien des changes et du
crédit, les limitations, les contrôles voulus, sont absolument nécessaires
jusqu'au retour complet à l'équilibre. Ceci pour que nous puissions sauvegarder
la balance de nos paiements, consolider dans la réalité, les accroissements de
rémunération qui ont été apparemment fixés dans les chiffres. Faire en sorte
que nous vendions au dehors au moins autant que nous y achetions. Bref,
empêcher, que la supercherie de l'inflation ne nous fasse glisser au gouffre de
la ruine et de la misère, comme jadis le chant des sirènes faisait tomber les
marins dans la mer.
Alors, nous étant remis d'aplomb,
nous franchirons certainement dans l'expansion et dans la règle, une étape
nouvelle de développement et de prospérité. Encore faut-il que nous surmontions
le malaise moral qui chez nous plus que partout à cause de notre individualisme
est inhérent à la civilisation mécanique et matérialiste moderne. Faute de quoi
les fanatiques de la destruction, les doctrinaires de la négation, et les
spécialistes de la démagogie auraient encore une fois beau jeu, de susciter
l'amertume pour provoquer l'agitation. Sans que d'ailleurs leur stérilité
qu'ils appellent insolemment et dérisoirement la révolution puissent tendre à
rien d'autre qu'à tout dissoudre dans le néant ou bien à tout pousser sous les
broyeuses totalitaires. Or à l'origine de ce trouble, il y a le sentiment
attristant, irritant qu'éprouvent les hommes d'à présent, d'être saisis et
entraînés par un engrenage économique et social sur lequel ils n'ont pas de
prise et qui fait d'eux des instruments à ce mal du siècle, qui est le mal des
âmes. Nous pouvons pour notre part, contribuer à remédier en organisant la
participation de tous à la marche de l'activité à laquelle ils contribuent. De
telle façon que chacun soit dignement associé à ce qui se passe à son propre
sujet, et qu'il assume des devoirs en même temps qu'il fait valoir des droits.
C'est cela que nous sommes en train de faire dans notre université. C'est cela
que nous allons développer après l'avoir commencé à l'intérieur de nos entreprises.
C'est cela que nous réaliserons en associant les collectivités territoriales de
notre pays et les catégories économiques et sociales. Soit au plan de la
région, aux mesures qui touchent la vie locale, soit au plan de la Nation, à la
préparation des lois. Voilà la réforme de la
condition des hommes, autrement dit : de leurs rapports, qui doit marquer l'an
de grâce 1969, et nous faire à la fois plus forts et plus fraternels. D'autant
mieux que si nous, Français, ne sommes pas actuellement une nation physiquement
gigantesque, si par exemple, il nous faut laisser à d'autres, l'admirable
mérite de réussir le tour de la lune, nous n'en avons pas moins à jouer dans le
monde, à l'avantage de tous les peuples, un rôle qui soit bien à nous.
Cela implique que sans nuire
aucunement à nos amitiés traditionnelles, nous restions solides et
indépendants. C'est parce que nous le sommes redevenus, depuis dix ans, après
une longue période où le malheur alternait avec l'inconsistance que nous nous
trouvons en mesure d'agir. Pour aider efficacement à la solution des problèmes
aigus de l'univers, lesquels, chacun peut les énumérer. Il s'agit de la détente
et de la coopération à pratiquer au lieu de la guerre froide avec le reste de
l'Europe qui d'ailleurs de ce fait, est en évolution. Soit aussi de l'affreux
conflit vietnamien auquel peuvent mettre un terme des négociations à Paris.
Soit de l'issue internationale au drame du Moyen-Orient. Issue qui est déjà
tracée, mais qui doit être absolument mise en oeuvre, ce dont les grandes
puissances ont les moyens, par l'évacuation des territoires conquis par la
force. La garantie accordée à chaque camp quant à une juste frontière et quant
à sa sécurité. Par la libre navigation attribuée partout et à tous et par un
sort acceptable assuré aux réfugiés. Il s'agit aussi de l'entrée de l'énorme
Chine dans le concert des grandes puissances et dans celui des Nations Unies
parce que, elle a sa place à y tenir et que l'isolement ne vaut rien. Soit
encore de la libre conduite de sa propre vie nationale par le peuple français
du Canada. Soit du droit de disposer de lui-même à reconnaître au vaillant
Biafra. Soit de l'aide qui doit être apportée par les nations bien pourvues, au
progrès de celles qui ne le sont pas. Soit de l'établissement d'un système
monétaire mondial qui soit fondé non pas sur le privilège d'une monnaie, mais
sur deux critères impartiaux. D'une part, la valeur de l'or, d'autre part, une
organisation du crédit, exclusive de la spéculation. Ces positions qui sont les
nôtres, qui ont été naguère âprement contestées, mais que les évènements
justifient à l'évidence, nous avons à les soutenir pour l'équilibre et pour la
paix du monde. Car cette action là, elle est de notre intérêt vital et elle
répond parfaitement bien à la nature et à la figure millénaire de la patrie.
Françaises, Français, au début de
l'année, pour la réussite de la France, je nous souhaite à tous, en son nom, la
foi et l'espérance nationale.
Vive la République !
Vive la France !
premiers voeux annuels de François Mitterrand aux Français
François Mitterrand, président de la République
présentation,
pour la première fois, de ses vœux pour la Nouvelle Année
31 Décembre
1981
Françaises, Français de métropole et d'outre-mer,
Je vous souhaite une bonne année et je souhaite, en votre nom, bonne année à la France |
Seule l'histoire pourra dire, avec le recul du temps, la trace laissée par l'année qui s'achève ; mais chacun sait déjà que 1981 aura été l'année du changement que la France a voulu et que son peuple, le 10 mai, m'a chargé de conduire, avec le -concours du gouvernement de la République et de l'Assemblée nationale issue des dernières élections.
Je vous avais promis d'entreprendre aussitôt les réformes qui permettraient ce changement. Nous l'avons fait. Le gouvernement a proposé et le Parlement a voté les nationalisations dont le pays avait besoin pour mener à bien sa politique économique.
Je vous avais promis de réduire la domination de l'Etat sur les individus, sur les collectivités locales, communes, départements, régions. Dans le respect de l'unité de la nation, vous disposerez du pouvoir et du droit à la différence, à la responsabilité, vous gèrerez plus largement vos propres affaires et vous ne verrez plus l'administration régenter de Paris votre vie quotidienne.
J'avais promis aux plus pauvres et aux plus démunis d'entre vous le moyen de vivre un peu mieux, tout en relançant la consommation populaire, si nécessaire à la croissance de notre économie. Nous l'avons fait, en attendant de pouvoir le faire davantage.| L'augmentation des bas salaires, du minimum vieillesse, des allocations pour les handicapés, de l'allocation logement, des allocations familiales, les aides apportées aux petits et moyens exploitants agricoles accablés pendant huit années successives par la baisse de leur pouvoir d'achat, les mesures de rattrapage prises pour certaines catégories comme les anciens combattants ou les rapatriés, tout cela sans oublier l'impôt sur les grandes fortunes, n'est encore que l'esquisse d'une société plus juste qu'il nous faudra bâtir.
Je vous avais promis d'étendre le champ des libertés publiques. Nous l'avons fait. Notre droit pénal est en voie d'être débarrassé des lois inutilement répressives. Mais, nous avons en même temps renforcé votre sécurité : 5 à 6 000 gardiens de la paix, 2 500 gendarmes actuellement recrutés iront grossir les rangs de la force publique et veiller à la tranquillité des villes et des campagnes.
Je vous avais promis des réformes sociales. Ce sera fait dans le courant du trimestre prochain et dès le mois de janvier, avec la réduction du temps de travail hebdomadaire, la cinquième semaine de congés, la retraite facultative à 60 ans, l'interdicion de certains cumuls d'emploi et de retraite, la formation professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans.
Déjà, nous avons garanti le droit des travailleurs immigrés. Nous voulons étendre, dans la réalité, le droit des femmes à l'égalité de condition et de salaire qui leur est reconnu par la loi. Nous voulons enfin réaliser les droits nouveaux des travailleurs dans l'entreprise, en généralisant les conventions collectives auxquelles échappent encore près de trois millions de salariés et en faisant de la politique contractuelle - information, négociation - la pierre angulaire de notre vie sociale.
Mais 1982 ne répondra à nos espoirs que si nous faisons reculer et le chômage et l'inflation.
Pour gagner la bataille de l'emploi, j'attends de tous les Français qu'ils mobilisent leurs facultés d'énergie d'initiative et d'-entreprise et j'attends du gouvernement qu'il leur en donne les moyens.
Produire plus, produire mieux, c'est une nécessité. Il y faudra l'effort de tous, de la constance, de la confiance en soi : il y faudra encore et toujours des réformes.
Réforme de la Sécurité sociale, qui doit cesser de peser sur les seules entreprises et sur les salariés.
Réforme de la fiscalité, qui doit cesser de freiner la volonté d'agir.
Réforme de nos structures industrielles, afin que nous soyons capables de reconquérir notre marché intérieur et de distancer sur leur propre terrain nos concurrents étrangers.
Réforme de la distribution. Ce sera aussi, croyez-moi, la meilleure façon de vaincre l'inflation.
En tout cas, la reprise est là. C'est la première réponse à nos efforts communs.
Au dehors, les périls s'accumulent. Un pays comme la France sait depuis plus de mille ans que l'histoire appartient aux peuples courageux et qu'habite l'amour sacré de la patrie. C'est pourquoi, dans-le-cadre de notre alliance, nous devons assurer nous-même notre défense.
C'est ce que j'ai fait en ordonnant la construction d'un septième sous-marin nucléaire et en fixant la stratégie de nos armées.
Mais le choix qui est le nôtre, c'est la paix, c'est le désarmement, c'est la sécurité collective. Pour que la paix l'emporte, et elle doit l'emporter, il faut que se maintienne l'équilire des forces entre les deux puissances qui dominent le monde. Cependant, il est également dangereux que les deux puissances dont je parle puissent coexister sur la base du partage de l'Europe d'il y aura bientot quarante ans.
Tout ce qui permettra de sortir de Yalta sera bon, à la condition de ne jamais confondre le désir que nous en avons et la réalité d'aujourd'hui.
Le drame polonais s'inscrit dans cette contradiction. Il n'est pas de plus grande solidarité que celle qui nous unit au peuple de Pologne. Prouvons-le en refusant le système qui l'opprime et la domination qu'il engendre, en défendant son droit, ses libertés, sa juste aspiration à vivre indépendant, et sachons mesurer les lenteurs de l'histoire.
Pour 1982, nos autres objectifs seront principalement de donner à la Communauté européenne des Dix une volonté politique et de faire entendre la voix de la France parmi les peuples du tiers monde. A cet égard, on doit dire que s'il est des pays plus forts et plus riches que le nôtre, il n'en est pas de plus écouté, tout simplement parce que nous n'avons pas cessé de répéter que la lutte contre la misère et la faim passe par un nouvel ordre monétaire mondial et par le soutien des cours des matières premières dont dépend le sort des pays les plus pauvres. J'étais heureux de compter à Paris, à la fin de l'année, trente-trois pays africains venus discuter en confiance avec nous, et de constater que la parole de la France s'identifiait à celle de la liberté.
Françaises, Français, avant de vous quitter, je pense à celles et à ceux d'entre vous qui connaissent le deuil, les chagrins, le poids de la maladie et de la solitude, qui souffrent du chômage. Je pense, bien entendu, aussi à celles et à ceux qui vont fêter joyeusement le Nouvel An en cercle de famille.
Tous ensemble, vous êtes la France, et je vous redis bonne année. Que l'espoir et la volonté inspirent notre action |
Vive la République |
Vive la France |
derniers voeux présidentiels de François Mitterrand aux Français
François Mitterrand, président de la République
pour la
dernière fois, présentation de ses vœux pour la Nouvelle Année
31 Décembre
1994
Mes chers compatriotes,
Parmi les événements qui marqueront l'année 94, le sauvetage de l'Airbus Alger - Paris, il y a seulement quelques jours, à l'aéroport de Marseille, résume mieux que tout autre les menaces et les risques qu'un grand pays comme le nôtre doit savoir affronter, la détermination, l'abnégation et le courage nécessaires pour les surmonter.
J'ai déjà remercié en votre nom les acteurs de ce drame. J'ai souligné la cohésion et la fermeté des pouvoirs publics et je dois redire l'admiration que m'inspire l'extraordinaire coup d'éclat du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, le GIGN. Les membres de ce groupe, et l'armée française dans son ensemble, qui a su les former, ont honoré la France. J'ajoute que beaucoup d'autres méritent d'être cités. Je pense, en particulier, à l'équipage d'Air-France dont le sang froid et la résistance à la fatigue physique et morale ont largement contribué au succès commun.
En dépit des difficultés actuelles, je trouve dans ces faits un véritable réconfort. Il est bon de pouvoir se dire, en cette nuit de Nouvel An, que les Français, si prompts à se quereller, sont également capables de s'unir et de montrer au monde ce qu'ils valent quand le danger est là.
Réservons également une pensée respectueuse et fraternelle aux familles des passagers en deuil et aux soldats blessés au combat, qui souffrent dans leur coeur et dans leur chair.
Ainsi se mêlent, dans toute communauté humaine, la joie et la douleur. Ce qui nous rappelle que nul n'est à l'abri du malheur et que le premier devoir de ceux qui ont la chance d'être épargnés, est de se montrer, plus encore, solidaires de ceux que frappe le destin.
Cette leçon vaut pour tout. Sur le plan international où de nombreux peuples sont soumis aux horreurs de la guerre civile et de l'oppression étrangère. J'observe à cet égard que la France s'est toujours placée au premier rang des forces de la paix. Sur le plan national où s'accroît le nombre des Français sans abri, victimes du chômage, de la pauvreté, de l'exclusion. C'est un discours, me direz-vous, que tout le monde tient aujourd'hui. Je constate seulement que les efforts accomplis par les uns et les autres n'ont pas guéri le mal. Le moment est donc venu de s'interroger sur les moyens que nous fournira la reprise économique si souvent annoncée, pour que le retour à l'expansion s'accompagne d'un véritable ajustement des conditions sociales, trop évidemment inégales.
Car la croissance n'est pas une fin en soi. Elle doit être l'instrument d'une répartition plus équitable des richesses créées par tous et pour tous. Dès maintenant et dans les années prochaines les gouvernements, quelles que soient leurs tendances, auront à répondre d'abord à cette question.
La lutte contre les injustices : j'y reviens toujours. Ceux qui portent le poids principal du travail et de la production, ceux qui peinent le plus, mais qui voient leur salaire augmenter faiblement, quand il augmente, les licenciements massifs se multiplier, et tout près d'eux ou dans leurs rangs, s'étendre l'exclusion, ceux-là ont bien le droit d'espérer un plus juste profit dans leur vie quotidienne. Mais on n'y parviendra que si employeurs et salariés parlent entre eux, que s'ils engagent le dialogue, que si le gouvernement les y encourage, que si tous se décident à négocier ensemble des choses de leur vie. Pourquoi la discussion sur un nouveau contrat social pour l'emploi est-elle ainsi bloquée ?
Mes chers compatriotes, c'est la dernière fois que je m'adresse à vous pour des voeux de nouvelle année en ma qualité de Président de la République. Aussi je me permettrai deux recommandations : la première : ne dissociez jamais la liberté et l'égalité. Ce sont les idéaux difficiles à atteindre, mais qui sont à la base de toute démocratie. La seconde : ne séparez jamais la grandeur de la France de la construction de l'Europe. C'est notre nouvelle dimension, et notre ambition pour le siècle prochain.
Sur l'Europe, deux échéances nous attendent : d'abord la mise en oeuvre du traité de l'Union européenne. Ensuite l'élargissement progressif de l'Union à l'ensemble des démocraties européennes. Que d'énergie et d'enthousiasme seront indispensables si l'on veut qu'aboutisse cette entreprise audacieuse | Elargir l'Europe, oui, mais sans l'affaiblir. Vous le voyez, nous avons du travail devant nous.
Or, dès demain 1er janvier, et pour six mois, c'est la France qui présidera l'Union. Cette situation ne se représentera plus avant longtemps. Le gouvernement a préparé avec moi les grandes lignes de cette présidence. J'ai demandé au Premier ministre d'accorder une importance particulière à la politique sociale trop souvent négligée. A cet effet, nous recevrons bientôt les grandes organisations professionnelles et syndicales qui ont à faire valoir leur point de vue. Je vous le dis avec la même passion que naguère. N'en doutez pas, l'avenir de la France passe par l'Europe. En servant l'une, nous servons l'autre.
Mes chers compatriotes,
Je n'apprendrai rien à personne en rappelant que dans quatre mois aura lieu l'élection présidentielle. C'est un rendez-vous important que la France se donne à elle-même. Je souhaite vivement que ce soit l'occasion d'un vrai, d'un grand débat et sur tous les sujets, y compris les règes morales de notre vie publique et le rôle et les limites des divers pouvoirs. Les problèmes que nous connaissons ne disparaîtront pas pour autant. Mais la France y trouvera un nouvel élan. L'an prochain, ce sera mon successeur qui vous exprimera ses voeux. Là où je serai, je l'écouterai le coeur plein de reconnaissance pour le peuple français qui m'aura si longtemps confié son destin et plein d'espoir en vous.
Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas. Je forme ce soir des voeux pour vous tous en m'adressant d'abord à ceux qui souffrent, à ceux qui sont seuls, à ceux qui sont loin de chez eux. Bonne année, mes chers compatriotes. Bonne année et longue vie.
Vive la République,
Vive la France.
samedi 30 décembre 2017
vendredi 29 décembre 2017
jeudi 28 décembre 2017
rétrospective : Emmanuel Macron promet de nouvelles ordonnances aux agriculteurs - Huffington Post
Le but? Trouver les moyens de mettre un terme à la paupérisation de la profession agricole.
11/10/2017 19:35 CEST
| Actualisé 11/10/2017
19:37 CEST
- Le HuffPost avec AFP
Reuters
Emmanuel Macron promet de nouvelles ordonnances aux
agriculteurs
POLITIQUE - Emmanuel Macron a annoncé mercredi 11 octobre qu'il
légiférerait par ordonnances pour rééquilibrer les contrats commerciaux entre agriculteurs
et distributeurs, à condition qu'ils réorganisent leurs filières de production,
dans un discours très attendu visant à augmenter le revenu des paysans en
crise. "Nous modifierons la loi pour inverser la formation du prix qui
partira du coût de production" a déclaré le chef de l'Etat à mi-parcours
des Etats généraux de l'alimentation, à Rungis.L'ambition du président est de trouver les moyens de mettre un terme à la paupérisation de la profession agricole, tout en répondant à la forte nécessité de transformation du secteur pour répondre aux attentes sociétales et environnementales des Français. "Nous devons repenser collectivement une nouvelle France agricole" a-t-il lancé aux agriculteurs, industriels, distributeurs et élus réunis sur le marché de gros de Rungis.
La loi devrait être présentée et adoptée via des ordonnances "au premier semestre 2018" a dit le président de la République, en souhaitant une "transformation profonde" du secteur, et en exigeant que chaque filière de production agricole (lait, viande, céréales, etc..) lui présente "d'ici la fin de l'année" sa "stratégie".
"Nous ne devons pas avoir une approche uniforme", il continuera d'y avoir une "pluralité productive", et des "dynamiques régionales" qui doivent rester fortes, a-t-il ajouté en citant le bio, les labels, les régions, et notamment les "territoires ultramarins", qui seront "accompagnés" dans cette transformation. "Je souhaite que la distribution et les industriels participent" à ce travail, a-t-il précisé.
"Arrêt" de certaines productions
Sur le plan technique, la décision de relever le seuil de revente à perte (SRP) de la grande distribution, très attendue par les agriculteurs, dépendra du bouclage des stratégies de chaque filière. Le seuil de revente à perte est le prix minimum en dessous duquel les distributeurs n'ont pas le droit de vendre.
Le président a réaffirmé son engagement de campagne d'atteindre "50% de produits bio ou locaux d'ici 2022 en restauration collective", un objectif qui va permettre de modeler, selon lui, les schémas de production en France et relancer l'agriculture et l'agroalimentaire. "Vous devez vous organiser dans les territoires pour changer les modèles productifs", a-t-il dit.
Ce changement de paradigme passe par un "arrêt" de certaines productions, qui ne correspondent plus au goût des consommateurs et ne s'inscrivent pas dans la concurrence internationale. Emmanuel Macron s'est engagé à clarifier le droit à la concurrence, les agriculteurs étant tétanisés par le risque d'être accusés d'entente commerciale comme c'est arrivé par exemple pour "le cartel des endives".
Il a aussi cherché à rassurer les éleveurs et producteurs de viande bovine, inquiets des négociations commerciales en cours avec les pays du Mercosur en Amérique Latine, en indiquant que selon lui cette négociation ne pouvait pas aboutir sur la base d'un mandat donné en 1999.
À l'adresse des associations de consommateurs, il s'est engagé à ce que le Ceta, l'accord de libre échange conclu entre l'UE et le Canada et entré provisoirement en application le 21 septembre, respecte les normes européennes de santé et d'environnement.
Sur l'herbicide glyphosate, il s'est engagé à ne pas laisser les agriculteurs "sans solution", mais a réaffirmé l'objectif de "transformer le modèle agricole dans lequel nous nous sommes enferrés" et qui "n'est pas durable".
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traitement du social par Emmanuel Macron - rétrospective d'Octobre dernier . Huffington Post
POLITIQUE
Assurance chômage, formation... les syndicats et le patronat à l'Élysée pour discuter des futures réformes sociales
L'exécutif reçoit à partir de ce jeudi les syndicats et le patronat pour le début des concertations.
12/10/2017 07:32 CEST
| Actualisé 12/10/2017
07:42 CEST
- Le HuffPost avec AFP
Philippe Wojazer / Reuters
Assurance chômage, formation... les syndicats et le patronat
à l'Élysée pour discuter des futures réformes sociales
POLITIQUE - Emmanuel Macron reçoit ce jeudi 12 et vendredi 13 octobre
patronat et syndicats pour attaquer la suite des réformes sociales -formation
professionnelle, apprentissage et assurance chômage- dans un climat social
alourdi par les premiers choix du quinquennat.Plus de quatre mois après les premières rencontres sur les ordonnances réformant le droit du travail, l'exécutif reprend la même méthode: le président ouvre le bal de la concertation, avant de passer le relais à Matignon et à la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Un projet de loi est attendu en avril.
Les "trois chantiers" sont "liés et "contribuent à protéger chacun", a vanté mercredi sur BFMTV Muriel Pénicaud.
"On est tous d'accord pour dire qu'il y a de l'inquiétude sur ce qui va être fait en termes de formation professionnelle et d'assurance chômage, qu'il y a beaucoup d'incertitudes", a indiqué Véronique Descacq (CFDT) à l'issue d'une intersyndicale lundi.
"On se demande ce qu'il y a de positif pour les salariés", résume le leader de FO, Jean-Claude Mailly, dans un entretien à Paris-Match, voyant "davantage de signes négatifs", comme la "suppression de l'ISF".
Pour autant, les syndicats peinent à se mettre d'accord sur une riposte. Ils ont d'ailleurs prévu de tous se revoir le 24 octobre, après avoir rencontré l'exécutif sur ces nouveaux chantiers. Jeudi, Jean-Claude Mailly débutera la journée à 9h et sera suivi par Philippe Martinez de la CGT à 10h, François Hommeril (CFE-CGC) à 11h, Alain Griset de l'U2P à midi, Pierre Gattaz pour le Medef à 15h, Philippe Louis (CFTC) à 16h et François Asselin (CPME) à 17h. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, indisponible jeudi, sera reçu vendredi à 09H00.
"Ouvrir l'assurance chômage à tous"
C'est la réforme de l'assurance chômage qui risque de cristalliser le plus l'attention. Il est prévu d'étendre le système aux indépendants et aux démissionnaires. "L'objectif, c'est d'ouvrir l'assurance chômage à tous et c'est aussi qu'elle puisse se réformer pour lutter contre la précarité", explique la ministre du travail. Car "les contrats précaires", c'est "ce qui coûte le plus cher à l'assurance chômage". Est prévu un "bonus-malus" pour les entreprises qui abusent des contrats courts.
Muriel Pénicaud a par ailleurs qualifié mercredi de "fantaisiste" le chiffre de 14 milliards d'euros avancé dans la presse comme coût des nouvelles indemnisations. Les syndicats, eux, craignent que ces nouveaux droits n'entraînent une baisse des allocations.
Autre sujet de friction: le financement et la gouvernance. Le régime ne serait plus uniquement financé par les cotisations, mais également par l'impôt (CSG), et il passerait d'une gestion paritaire par les partenaires sociaux à une gestion tripartite avec un pilotage de l'Etat.
S'agissant de la formation professionnelle, le gouvernement a déjà promis de mettre 15 milliards sur la table sur cinq ans dans le cadre du grand plan d'investissement, avec pour but de former un million de chômeurs de longue durée et un million de "décrocheurs". Comme d'autres avant lui, ce gouvernement veut simplifier un secteur difficilement lisible où se côtoient de nombreux acteurs.
Il compte ainsi réformer le CPF, compte personnel de formation. Dans un rapport publié mercredi soir, l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) juge que ce dispositif mis en place en 2015 "reste en-deçà des ambitions initiales" et ce "malgré un volontarisme incontestable dans son déploiement".
"Ce que je souhaite faire c'est que chaque Français, chaque salarié, puisse avoir sur une 'appli', facile d'accès à tous, ses droits à la formation, combien d'heures, ça coûte combien (...), quel est le taux d'insertion dans l'emploi après", promet la ministre. La réforme de l'apprentissage se fera, comme celle de la formation, en concertation avec les régions et devra rendre plus attractif ce dispositif.
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trahisons des prédécesseurs et résultats "significatifs" en matière d'emploi . Huffington Post
POLITIQUE
Chômage: Emmanuel Macron dénonce les "trahisons" de ses prédécesseurs et promet des "résultats significatifs" d'ici 2 ans
Ces trahisons qui ont "brisé la confiance des Français".
27/12/2017 13:11 CET
| Actualisé il y a 14
heures
341
- HuffPost avec AFP
POOL New / Reuters
Chômage: Macron dénonce les "trahisons" de ses
prédécesseurs et promet des "résultats significatifs" d'ici 2 ans.
CHÔMAGE - Promesses et trahisons. Emmanuel Macron attend sur le front du chômage
"des résultats significatifs au bout de 18 à 24 mois" après la réforme du code du travail, a-t-il déclaré ce mercredi
27 décembre au quotidien espagnol El Mundo,
dénonçant l'"agenda caché" et les "trahisons successives"
de ses prédécesseurs."La première année du mandat est cruciale: c'est là qu'on met en place les transformations qui produiront les vrais résultats, sur l'emploi avant tout, dans les deux ans". "C'est pour cela que j'ai voulu aller vite", a-t-il ajouté, selon ses propos originaux en français transmis par l'Elysée.
"La France bénéficie de l'embellie de l'économie mondiale, mais aussi des réformes des dernières années et d'un sentiment de confiance plus grand; notre croissance dépasse les prévisions" mais "notre économie souffre de freins persistants" avec "un modèle socialement injuste et économiquement inefficace, faute d'avoir su nous renouveler et surmonter les réticences au changement", a-t-il ajouté.
"Agenda caché et "trahisons successives"
Interrogé sur l'acceptation de sa réforme du code du travail, il a reconnu qu'il ne s'agissait pas d'"une réforme facile", ajoutant néanmoins que "c'est une réforme claire" car annoncée pendant sa campagne.
"Nous avons une grande tradition française: celle de l'agenda caché, ou des trahisons successives. On fait une campagne pour rassembler le cœur de ses militants pendant la primaire, puis on revoit son programme pour séduire un électorat plus large pendant la campagne et enfin on gouverne de manière encore différente. Cette méthode a brisé la confiance des Français", a-t-il insisté.
Ce mercredi, jour de publication des chiffres du chômage de novembre, Emmanuel Macron a par ailleurs été interrogé depuis les Pyrénées -où il passe quelques jours de vacances- sur la réforme de l'assurance chômage. "C'est normal, il n'y a rien de choquant. Il faut s'assurer que chacun recherche bien un emploi", a lancé le président alors que la volonté prêtée au gouvernement de durcir le contrôle des chômeurs fait polémique.
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renforcer le contrôle des chômeurs : Emmanuel Macron - Huffington Post
Sous la neige dans les Pyrénées, Emmanuel Macron confirme sa volonté de renforcer le contrôle des chômeurs
C'est "normal" et cela n'a "rien de choquant", a estimé le chef de l'État depuis Bagnères-de-Bigorre.
27/12/2017 21:25 CET
| Actualisé il y a 5 heures
- Rédaction du HuffPost
LCI
Sous la neige dans les Pyrénées, Macron confirme sa volonté
de renforcer le contrôle des chômeurs
CHÔMAGE - Même en vacances, le président n'a pas renoncé à défendre son
agenda politique. Emmanuel Macron a répondu aux questions de LCI mercredi 27
décembre, depuis une petite rue de Bagnères-de-Bigorre, dans les
Hautes-Pyrénées, où il passe quelques jours de vacances. Le chef de l'État a
confirmé son intention de durcir le contrôle des chômeurs, alors que le nombre
de demandeurs d'emploi a baissé de 0,8% en novembre.Le président a estimé que le contrôle des chômeurs était "normal" et ne présentait "rien de choquant" sans pour autant que ces règles signifient "poursuivre chacun". "Il y a une indemnisation, mais il faut s'assurer que chacun recherche l'emploi qui peut être offert et que quand un emploi correspond à ses compétences il le prend. C'est normal, il n'y a rien de choquant, c'est ce que font tous les pays qui nous entourent, je crois qu'il y a un fort consensus autour de ça", a-t-il expliqué, sous la neige.
"Mais il ne faut tomber dans aucun raccourci. Je n'accepte aucun discours qui consiste à réduire les femmes et hommes au chômage à des gens qui frauderaient, ce n'est pas vrai. Mais il faut des règles", a-t-il insisté.
[Exclu #LCI
#La26]
Réforme de l'assurance chômage : "C'est normal, il n'y a rien de choquant.
Il faut s'assurer que chacun recherche bien un emploi. S'il n'y a pas de
rigueur, on ne peut pas faire avancer le pays."@EmmanuelMacron,
au micro d'@AlisonTassin.
pic.twitter.com/j3QBJjYoQ6
— LCI Politique
(@LCIPolitique) 27
décembre 2017
Un "rapport d'activité mensuel" à remplirAprès les ordonnances réformant le code du travail, le gouvernement s'attaque à un nouveau dossier explosif, la réforme de l'indemnisation du chômage, promesse de campagne du candidat Macron. Le sujet a été renvoyé à la négociation entre partenaires sociaux, qui doivent faire des propositions au gouvernement à la mi-février. Mais d'après Le Canard Enchaîné, citant une note confidentielle du ministère du Travail, l'exécutif envisage de durcir certaines sanctions vis-à-vis des chômeurs ne recherchant pas assez activement un emploi.
Actuellement, en cas de recherche d'emploi insuffisante ou de refus de formation, un chômeur peut voir son allocation réduite de 20% pendant deux à six mois. En cas de manquement répété, l'allocation baisse de moitié pendant deux à six mois, voire est supprimée définitivement. En cas de refus à deux reprises d'une offre raisonnable d'emploi, l'allocation est suspendue pendant deux mois. Si le refus se répète, elle peut être supprimée pendant deux à six mois, voire définitivement.
Selon la note citée par l'hebdomadaire satirique, une recherche insuffisante, un refus de formation ou un refus de deux offres d'emploi jugées raisonnables, entraînerait une réduction des allocations de 50% pendant deux mois. En cas de récidive, elles seraient supprimées pour une durée de deux mois.
La Une du 27 décembre est à consulter
ici:https://t.co/DoWVcnT5SE
— @canardenchaine
(@canardenchaine) 26
décembre 2017
En outre, chaque demandeur d'emploi devra remplir un "rapport
d'activité mensuel", listant l'ensemble des démarches effectuées pour
favoriser son retour à l'emploi, selon cette note rédigée par Antoine Foucher,
directeur de cabinet de la ministre du Travail, Muriel
Pénicaud, et ancien cadre du Medef.Le projet fait bondir à gauche et au FN
Dans une interview au quotidien espagnol El Mundo mercredi, Emmanuel Macron a estimé que l'assouplissement du code du travail permettrait d'enregistrer des "résultats significatifs" sur la baisse du chômage "au bout de 18 à 24 mois".
L'hypothèse d'un durcissement des sanctions contre les chômeurs a fait bondir à gauche et au Front national. "Le PS demande au président de la République et au Premier ministre de ne pas laisser à Pierre #Gattaz le rôle de conseiller 'social' de l'exécutif", a tweeté le Parti socialiste. En octobre, le président du Medef, Pierre Gattaz, avait suggéré l'idée d'un contrôle "journalier", "hebdomadaire" ou "mensuel" des demandeurs d'emploi, suscitant à l'époque un tollé.
Le PS demande au président de la
République et au Premier ministre de ne pas laisser à Pierre #Gattaz
le rôle de conseiller « social » de l'Exécutif
— Parti socialiste
(@partisocialiste) 27
décembre 2017
Du côté de La France insoumise, le député de Seine-Saint-Denis Alexis
Corbière récuse une manœuvre pour "rayer" des chômeurs de Pôle emploi
et "pouvoir dire après 'regardez, grâce à nous, le chômage a
reculé'", a-t-il dit sur BFMTV, invoquant le dernier film de Ken Loach, "Moi, Daniel
Blake".Le Front national, par la voix de son porte-parole Jordan Bardella, rejette, lui aussi, cette "suspicion généralisée" sur "des victimes du chômage de masse", plaidant à la place pour "un ciblage des fraudeurs notoires".
Renforcement du contrôle des chômeurs
: plutôt que cette suspicion généralisée, commençons par cibler les fraudeurs
notoires, à commencer par les délinquants des cités qui roulent en berlines !
🖊 Mon communiqué : pic.twitter.com/Dh2uudVElw
🖊 Mon communiqué : pic.twitter.com/Dh2uudVElw
— Jordan Bardella (@J_Bardella)
27
décembre 2017
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ÉCONOMIE
Chiffres du chômage: baisse de 0,8% du nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en novembre
Après une baisse historique en septembre, le nombre de demandeurs d'emploi avait augmenté en octobre.
27/12/2017 18:04 CET
| Actualisé il y a 14
heures
- Le HuffPost avec AFP
POOL New / Reuters
Chiffres du chômage: baisse de 0,8% du nombre de chômeurs
inscrits à Pôle Emploi en novembre
EMPLOI - C'est une embellie bienvenue pour le gouvernement, à l'heure où le
projet de réforme de l'assurance chômage fait déjà parler de lui. Le nombre de chômeurs inscrits à
Pôle Emploi a baissé de 0,8% en novembre (-29.500), pour s'établir à 3,45
millions de personnes en métropole. Il s'agit du plus bas niveau de chômage
depuis octobre 2014, selon des chiffres publiés mercredi 27 décembre par le
ministère du Travail.Le chômage recule dans les mêmes proportions (-0,8%) en incluant l'outre-mer, pour un total de 3,71 millions de personnes inscrites en catégorie A (sans activité) sur les listes de l'opérateur public.
Dans le même temps, le nombre de demandeurs d'emploi ayant exercé une activité au cours du mois a augmenté de 24.900 (+1,2%). Par conséquent, avec ou sans activité, le nombre d'inscrits à Pôle emploi tenus de rechercher un emploi (catégories A, B et C) est quasiment stable (-4.600, -0,1%), à 5,61 millions.
Macron attend "des résultats significatifs au bout de 18 à 24 mois"
Après une baisse historique en septembre, le nombre de demandeurs d'emploi avait augmenté en octobre, de 0,2%. Depuis le début de l'année, l'indicateur alterne mois de baisse et de hausse, témoignant de la forte volatilité des statistiques de Pôle emploi. Pour cette raison, le ministère du Travail recommande de "toujours privilégier les évolutions en tendance plutôt qu'au mois le mois" et a décidé de changer la périodicité de sa publication. Elle passera en 2018 d'un rythme mensuel à un rythme trimestriel.
Sur trois mois, le nombre de chômeurs (catégorie A, sans activité) est en baisse de 2,4%. Mais seulement de 0,1% sur un an.
Dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo, Emmanuel Macron a dit mercredi attendre, sur le front du chômage, "des résultats significatifs au bout de 18 à 24 mois", après la réforme du code du travail.
Jeunes comme seniors profitent de la baisse
En catégorie A, la baisse de novembre a profité aux jeunes (-2,0%) et, dans une moindre mesure, aux seniors (-0,4%). Pour les "moins de 25 ans", la tendance est bonne également sur un an (-4,4%), tandis que pour les "50 ans ou plus", la baisse mensuelle cache une tendance de fond à la hausse (+2,5% sur un an).
Quant au chômage de longue durée, il a augmenté en novembre (+0,6%). À la fin du mois, 2,52 millions de demandeurs d'emploi, petite activité comprise, étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an en métropole.
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