lundi 18 janvier 2016

courriel à l'Elysée - décryptage au scalpel - Soir 3 . France 3

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
une politique peut ne pas réussir mais la communication ne doit pas se rater. Chaque intervention du Président a été, depuis au moins un an, systématiquement déflorée, plusieurs jours à l'avance et dans les heures la précédant, c'était si précis que tout paraissait redite. Sur un sujet important et dans une ambiance de précampagne enfermant les politiques et la politique dans le vase clos de professionnels sans prise sur la conscience nationale, il importait de surprendre, ou plus sûrement de ne rien dire. Simplement faire, et provoquer l'analyse de ce qui se fait. Quant à l'étranger - en presse et en pensée des milieux qui peuvent, dirigeants ou pas, regarder ailleurs que chez eux et donc parfois vers nous - il ne retient que la geste d'un candidat au redoublement de sa charge malgré son agonie personnelle. Dans ces deux registres, la scène intérieure et le reste du monde, la communication a été pitoyable et  le médiatique amoindrit plutôt qu'il ne le soutient, l'ensemble des mesures dont le commentaire n'était que de la compétence d'un ou deux ministres. S'il fallait absolument parler.

Et si le Président voulait - lui surtout - parler, il fallait d'abord une heure où les Français, le peuple, non la presse qui peut se convoquer jour et nuit, seraient à l'écoute. Il fallait aussi rebondir. Prendre acte des commentaires et quolibets, à l'avance.Soit, vous dites que ce plan est celui de ma réélection à mes propres conditions : l'inversion des courbes du chômage dûment vérifiée. Soit, ces cinq cent mille de nos compatriotes en déshérence sont notre souci et nous les aidons à se remettre en condition, etc... et vous dites que c'est autant de gagné en statistiques. Eh bien, réintégrez-les dans la statistique finale. Que l'effort, que le résultat soient nets de tout l'artifice que vous supposez. Je ne veux pas le visuel mais le réel, et vous le vivez - vous - chacun ayant dans son entourage, dans sa famille, parmi les amis, les camarades, les grands enfants des chômeurs qui désespèrent, qui sont lassés, qui s'abîment. C'est la reprise générale de notre économie que nous voulons tous, notre réindustrialisation, la planification de notre redressement sans échéance de date ni d'élection. Voilà ce que nous voulons, ensemble, moi parmi vous, vous avec moi, pour pousser à la roue, aidez-moi.

Mais mieux valait ne rien dire et commencer de mettre en place.

A faire reposer le financement en partie sur les régions rappelle malheureusement un autre tour de passe-passe. Avant 1958, c'était la débudgétisation. Aujourd'hui, c'est la défausse de l'Etat sur des institutions et des circonscriptions refaites sans consultation. La journée avec les responsables justement élus de nos régions aurait suffi pour justifier une prise de parole présidentielle, s'il en fallait une.

Le pouvoir ne doit plus se commettre avec les médias, les émissions ou les commentateurs à succès. Le Premier ministre, physiquement épuisé et roulé dans les cordes chez Ruquier. Toutes ces moqueries, tous ces commentaires seraient impossibles si les choses étaient sérieusement menées, planifiées, sans recherche de formules, de communication.

Quand un pays et le pouvoir qui doit l'animer et en répondre sont moqués, comment n'avoir pas nous-mêmes tellement de tristesse que nous nous sentons solidaires de ceux-mêmes qui nous font perdre toute substance, tout élan.

Pensées.


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