mercredi 20 janvier 2016

adressé à l'Elysée - est-ce connu ? est-ce compris ?


Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

les Français ne sont pas d'accord avec les politiques et notamment avec le gouvernement, et même avec le Président, parce qu'ils ne sont pas gouvernés comme ils le souhaitent, c'est-à-dire en connaissance de cause. La cause n'étant pas l'exercice d'une fonction, voire même la science des grandes orientations pour la France en ce siècle et dans ce monde. La cause n'est pas davantage les rituelles gestions de la fiscalité, des charges sociales et des différentes difficultés des multiples professions et corporations. Elle est ce qu'ils vivent... eux, les Français, les citoyens, leurs familles respectives.

1° travail, entreprise et vie quotidienne. Santé de la nation en chacun de ses individus.
Ce ne sont pas les chômeurs qui sont mal dans leur peau, mais ceux qui sont dans l'entreprise. L'entreprise est un lieu de stress et de mal-être. La menace du renvoi, de la perte du travail, de l'exclusion est constante, moralement, psychologiquement harassante. Toutes les branches de la médecine et du para-médical l'attestent : les Français sont moralement épuisés par leur vie au travail. Nulle paresse, mais disparition d'un droit du travail, arbitraire et exigence chaque année plus pressante et pour des objectifs toujours plus élevés : exigence pour le profit, la rentabilité. Inquiétude et fatigue. Le chantage à l'emploi est intense, cruel

En focalisant tout sur une diminution statistique du chômage - et en se mettant en dépendance constante des chiffres, donc du commentaire des médias - le Président et son gouvernement, surtout l'actuel, font doublement fausse route. Il n'y aura pas diminution. Ce n'est pas cela, pas le chômage, qui ronge la France, mais l'état de vie et ce constat désespérant pour tout un chacun que les questions vraies de chacun ne sont pas traitées, pas même perçues par les gouvernants.

Le recul de la longévité est tout simplement la traduction de la mal-portance des Français. S'ajoutant à leur mal-gouvernance, dont ils ont parfaitement conscience, qui n'est plus sujet de critique mais de honte. Nous pouvons tellement faire mieux, nous méritons tellement mieux.

Conséquences probables : recul de la natalité. La famille est en crise, ce n'est pas assez analysé. La "recomposition" devient majoritaire statistiquement et dans la vie quotidienne. C'est un facteur évidemment corrosif pour la société française. Les repères se perdent et les initiatives gouvernementales de ces dernières années, au doigt mouillé, sans aucune nécessité - de la nouvelle présentation des plaques minéralogiques au nouveau "découpage" des régions - effacent cette sorte de géographie apprise par la vie quotidienne. Politique et ses abstractions, vie et son immédiat, son concret.

2° la banque. On approche du drame de beaucoup de personnes et de l'effondrement de toute capacité étatique pour financer quoi que ce soit. La relation quotidienne du Français et de la banque par plateforme téléphonique et interrogation internet pour les opérations et la vérification des comptes, fait fiasco sous cent prétextes de sécurité, de frais, de pénalisations, de code à recevoir pour tel plafond etc... Les publicités pour attirer le client sont mensongères, les "conseillers de clientèle" ne sont plus formés  Les banques ne conseillent plus, elles cumulent le plus de métiers possibles, la caution, l'assurance notamment, elles sous-traitent presque tout, les échelons de décision ne sont plus visibles quand il en existe encore. Les particuliers subissent. L'Etat qui se défausse déjà si indûment sur les collectivités locales, ne peut plus financer les appels de fonds et les investissements de ce qu'il reste du secteur public. Tous les avoirs patrimoniaux français sont en vente, les banques sont prospères mais les individus sont strangulés bien davantage par leurs relations avec le système bancaire que par la fiscalité.

Les relations de la France et des Français avec l'argent sont exécrables. L'endettement national n'a jamais expliqué : où est passé l'argent, quel trou bouchait-on ? Et le particulier  qui pourrait concourir au redressement national si l'emprunt public était comme antan proposé aux personnes physiques, vit autant de contraintes que l'Etat-même. La banque, sans que cela emporte forcément son statut, a une mission de service public. Elle ne la remplit plus, elle n'est qu'une activité plus que profitable au détriment des clients surfacturés de services et frais, livrés à eux-mêmes, et au détriment de l'Etat.

Le.s fichages à la Banque de France et les prises d'hypothèques judiciaires se font discrétionnairement, sans contradictoire.

L'implosion soviétique de 1990-1991 a été en bonne partie causée, sans que cela ait été remarqué dans le moment puis analysé ensuite par l'incapacité dès le milieu des années 1980 du pouvoir central de continuer d'investir dans le secteur industriel. J'ai vu au Kazakhstan en 1992 cet encan (dont nous n'avons pas su "profiter"). La vie quotidienne était caractérisée et je ne crois pas que cela ait changé par la réduction au plus rudimentaire du service des banques aux particuliers. Nous allons arriver à ce stade.

Ces deux points sont décisifs pour la vie quotidienne.

Les problèmes de sécurité et de cohésion nationales sont aisés à résoudre sans la moindre retouche des textes. Du renseignement, de l'infiltration, une réelle collaboration entre Etats-membres et leurs "services". Le service militaire et civique, universel pour garçons et filles, avec une forte période transeuropéenne, fera du brassage social, un crible pour les orientations professionnelles et un patriotisme européen. C'est aisé. La restauration et l'expression de la mémoire nationale collective, à l'occasion-même des recompositions ethniques et sociales de notre démographie sont plus difficiles mais une autre approche du sécuritaire et renouer avec un service national de durée appréciable produiront l'ambiance favorable autant que l'outil.

En revanche, pénétrer dans ce qui ronge quotidiennement la physiologie-même des Français et leur autonomie suppose une mûe des dirigeants de l'Etat et des grandes entreprises. Les conditions pratiques de la vie doivent changer. La précarité n'est plus vivable. Or c'est ce que nationalement et individuellement, "on" nous fait vivre en bavardant à longueur d'années hors sujet.

Bonne fin de soirée si vous me lisez maintenant cher ami, et bonne journée si ce n'est que demain.

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