Face au risque populiste, Emmanuel Macron veut « remuscler » l'Etat au plus près du terrain
Le chef de l'Etat a installé ce lundi à Château-Gontier, en Mayenne une nouvelle sous-préfecture. L'Etat va en créer ou recréer six d'ici à fin 2022. Il a défendu des budgets en hausse pour certains services publics et assuré qu'il souhaitait lancer un nouveau chapitre de « vraie décentralisation ».
Emmanuel Macron et le maire de Château-Gontier, Philippe Henry. (Ludovic Marin/Pool via REUTERS)
Par Isabelle Ficek
Publié le 10 oct. 2022 à 16:33Mis à jour le 10 oct. 2022 à 18:53
Ce lundi était un jour « spécial » pour Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat s'est déplacé à Château-Gontier, en Mayenne pour récréer la sous-préfecture de l'arrondissement. Il s'agissait pour lui de « rendre compte d'un engagement pris » avec le « renforcement de la présence locale de l'Etat ». Outre la recréation de la sous-préfecture de Château-Gontier, cinq autres sous-préfectures doivent en effet être créées ou réactivées d'ici fin 2022 dans le cadre de la loi de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) dont l'examen débute ce mardi en séance au Sénat.
Depuis le traumatisme de la crise des « gilets jaunes » et le grand débat national qui a suivi, Emmanuel Macron en est convaincu, il faut « une présence au plus près du terrain », « remettre du muscle, des capacités et des talents au plus près de la population » qui montrent que l'on peut « tenir, y compris quand les vents sont de face ». « Il en va de l'adhésion de nos concitoyens à la démocratie », selon le chef de l'Etat.
Sentiment d'abandon
Et de revenir sur la révision générale des politiques publiques (RGGP) ou les conséquences de la création des grandes régions, lesquelles ont « créé un sentiment et pas seulement un sentiment d'éloignement de la décision et de déresponsabilisation des agents de l'Etat. » Ce sentiment d'abandon « peut conduire au vote populiste », souligne l'entourage du chef de l'Etat.
Alors que le projet de loi de finances 2023 arrive en terrain miné à l'Assemblée, Emmanuel Macron défend une « politique d'investissements dans nos services publics. Ce ne sont pas seulement des mots, ce sont aussi des budgets qui augmentent de façon inédite », a-t-il insisté en Mayenne, en citant la sécurité, la justice, l'éducation et la santé. Mais Emmanuel Macron a redit que « si on veut investir plus dans nos services publics, il faut produire plus de richesses ». D'où sa volonté de poursuivre la réforme de l'assurance-chômage d'aboutir sur la réforme des retraites.
Stimuler les projets
Le chef de l'Etat a aussi rappelé les politiques mises en place avec Action coeur de villes, Petites villes de demain, Territoires d'industries… « Il n'y a pas de territoire avec un espoir et d'autres sans espoir, il y a des territoires avec des projets et d'autres sans, il faut les stimuler » a insisté Emmanuel Macron qui a promis de lancer, avec la commission transpartisane sur les institutions qu'il doit mettre en place « dans les prochaines semaines », un « nouveau chapitre de la décentralisation, d'une vraie décentralisation ».
« Cette sous-préfecture, c'est de l'affichage, de l'ordre du symbolique. Ce sera un interlocuteur supplémentaire pour les élus locaux mais pour la population, qu'est-ce que cela change ? », faisait mine de s'interroger sur place le député (apparenté PS) Guillaume Garot, qui soulignait la baisse des services postaux, de trésorerie et surtout, le manque de médecins.
Les déserts médicaux justement étaient au menu du conseil national de la refondation local tenu ensuite à Craon avec Emmanuel Macron, mitraillé de questions par des habitants sur la santé. Ce dernier a dit espérer, « dans ces temps un peu troublés où il y a beaucoup d'inquiétude dans le pays », avec « des solutions administratives, institutionnelles et concrètes via les CNR […] gagner la bataille de la confiance auprès de nos compatriotes ».
Isabelle Ficek (Envoyée spéciale à Château-Gontier et Craon)
*
* *
EXCLUSIF. Emmanuel Macron : « Il faut une politique massive pour réindustrialiser l'Europe »
Alors que le Mondial de l'Automobile s'ouvre ce lundi à Paris, le président de la République défend le passage au 100 % électrique dans une interview exclusive aux « Echos ». Il annonce un bonus amélioré pour la moitié des ménages et l'entrée en application du leasing social début 2024.
Emmanuel Macron au palais de l'Elysée, à Paris, le 14 octobre 2022. (Denis Allard/Leextra)
Par Nicolas Barré, David Barroux, Isabelle Ficek, Lionel Steinmann
Publié le 16 oct. 2022 à 21:30Mis à jour le 17 oct. 2022 à 07:00
LeSalon de l'automobile ouvre ce lundi dans un contexte particulier. Les industriels trouvent que le passage au tout-électrique menace des emplois en France. Le comprenez-vous ?
Nous assumons cet objectif de 100 % de véhicules électriques en 2035. Il est nécessaire pour tenir nos objectifs climatiques et est une opportunité pour réindustrialiser notre pays. Les difficultés de l'industrie automobile française existaient avant la transition vers l'électrique : il y a vingt ans, nous produisions 4 millions de véhicules. Cela a commencé à baisser très fort dans les années 2000 et nous sommes tombés à à peine plus de 2 millions en 2009, puis à 1,3-1,5 millions pendant et après la crise du Covid. La transition vers l'électrique n'est donc pas la cause des difficultés actuelles. C'est au contraire l'occasion de relancer une filière sur de nouveaux objectifs.
Cet article est réservé aux abonnés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire