Le 08/11/2018 à
12:06, Bertrand Fessard de Foucault a écrit à Alexis Kohler,
secrétaire général de la présidence de la République
Monsieur le Secrétaire général,
ce que doit dire le Président urbi et orbi dimanche doit racheter la semaine qu'il a fait vivre aux Français, et qui devait être la célébration de notre unité nationale et de notre cohésion sociale. Le mélange des genres a continué : à l'étranger, hôte de marque, il s'adresse aux Français en politique intérieure, c'est en tout cas ce qui est diffusé, et en périple "mémoriel", il discute "le coup" sur les carburants. Le Président doit rompre avec ces manières de paraître. Quoique ne le connaissant pas, n'étant pas reçu par lui, ne parvenant pas - d'intuition - à ressentir sa relation avec la France et les Français, avec la décisive cause européenne (la profession générale de foi, selon le tract distribué par les candidats de la République en marche ne mentionne pas l'Europe, le mot-même : six lettres, n'y figure pas), je suis convaincu qu'en cas de coup dur, de tempête, il sera à la hauteur, rassemblera, discernera et nous fera vaincre : coup dur, pas une manifestation ou des grèves durables, celles-ci sont de droit et face à un exercice beaucoup trop solitaire et autocratique du pouvoir, il faut un Parlement renforcé dans tous les aspects des procédures et par la liberté de vote en conscience sauf question de confiance posée par le gouvernement, et il faut le peuple. Subir et tolérer n'est pas la participation, et le "tout numérique" éloigne encore les Français de l'administration et du pouvoir. Une action grande et novatrice ne peut se fonder sur l'abstention du plus grand nombre.... Coup dur : un effondrement pour une catastrophe naturelle à l'échelle de notre Vieux Monde ou une agression caractérisée de nos adversaires potentiels, agression par les moyens militaires "classiques" ou cybernétiques (l'influence de l'ensemble des propositions et communications internet sur nos enfants).
Nous n'en sommes heureusement pas là. Mais le quotidien ne peut continuer à se rater.
Dimanche, tout simplement la parole d'un homme de bientôt quarante-et-un ans, mais pas davantage. Un homme dont l'enfance et la jeunesse ne sont pas encore loin. Que pense-t-il de la mémoire nationale, que pense-t-il de notre chanson de geste, maintenant que l'époque est aux gestions et aux comptes, que le patrimoine industriel national s'est tellement perdu, que toutes les images, tous les repères ont changé ? ou ont disparu. Quel est le rôle de la mémoire personnelle pour un homme jeune, pour un pays vieux et ne se sachant plus très bien ? Qu'est-ce qui retient l'attention et qu'est-ce qui parle au coeur dans ce qui est raconté et exposé de la Grande Guerre, de la guerre civile européenne ? Qu'est-ce que ces dates ? qu'est-ce que ces personnages politiques et militaires que les circonstances autant que leurs qualités ont placé hors du commun d'alors ? Qu'est-ce cela apporte à un quadragénaire que son pays, son peuple de naissance ait vécu cela, il y a deux fois plus d'années que celles de son âge ? Et qu'est-ce qu'un enfant d'aujourd'hui, de dix-douze ans ? un adolescent de toutes les origines et de toutes les mémoires familiales peut penser et méditer de ce qu'il se passa il y a cent ans. Sujet de la rédaction, cher Monsieur le Président, si votre Secrétaire général veut bien vous faire lire l'édition de ce message.
Je n'aime pas que nous ne soyons pas sur la bonne voie. A mes soixante-quinze ans et demi, je souffre de ce que nos grands héritages soient méconnus - et principalement celui laissé par le général de Gaulle, sa hantise de la participation du plus grand nombre, sa compréhension vécue de ce que la démocratie est le seul moteur d'envergure pour toute action politique grande, exemple : sa démission quand le referendum est négatif, exemple : ses recours au referendum sur nos grands sujets, de Gaulle homme de l'Histoire parce que de plein air.
J'espère cependant du Président un temps d'arrêt sur lui-même, un temps d'examen et de discernement et - selon son honnêteté intellectuelle et morale, dont je suis sûr - -une sorte de conversion se manifestant par sa mise intense à la disposition des Français.
Pensées chaleureuses pour lui et reconnaissantes pour votre amical intermédiaire, Monsieur le Secrétaire général.
N B Bien sûr, les soixante et quelques chefs d'ETat ou de gouvernement, archiblasés pour ce qui est des discours, du paraître, des drapeaux et des musiques. Qu'ils soient témoins de la relation humaine avec le bien commun qu'est l'Histoire, et particulièrement avec le vécu de la Grande Guerre. Sans parabole, sans allusion à quelques échéances de ces temps au présent ou au futur proche. L'adresse d'un jeune, saluant les ascendants, parlant pour les descendants, sans ton ni recherche qu'à partager la conscience du péril que serait l'oubli de notre humanité, de la planète que nous faisons souffrir et des existences dont nous ne tenons pas compte. Respirant.
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