mercredi 14 novembre 2018

suites du Centenare de l'Armistice et allocutions du Président


Le 14/11/2018 à 08:52, Bertrand Fessard de Foucault a écrit à Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence de la République : politique "extérieure" : faire l'Europe sans autre évocation qu'elle - politique intérieure : considérer les Français à égalité de leurs dirigeants en intelligence et en information
Cher Monsieur le Secrétaire général,
ces trois jours, j'ai interrogé autour de moi, une trentaine de personnes : autant dire qu'aucune n'a suivi le "film" de la journée de dimanche, sauf mon pharmacien, ses enfants de pas dix ans, attendaient et ont suivi.
Je n'ai encore connaissance de l'allocution du Président que par quelques extraits le dimanche soir, et notamment le parallèle patriotisme/nationalisme. Très juste dans son fond, mais circonstanciellement approprié ?
Pour cette journée, j'eusse préféré - rétrospectivement, mais dès dimanche soir - Rethondes et Angela Merkel particulièrement en vedette. Car Rethondes, c'est le "match nul" franco-allemand, d'un armistice, le 11 Novembre 1918, à l'autre le 26 Juin 1940, jusqu'au wagon, le même, tout est pareil, sauf la danse de joie de Hitler et sa présence devant le général Huntziger, aux côtés de de Maizières. Même les noms sont parlants pour cette symétrie, une inversion parfaite des rôles.... et le décor immédiat plus la forêt de Compiègne et le château favori de Napoléon III pour les agapes, auraient été bien plus beau que le tunnel translucide prolongeant la voûte de notre Arc de Triomphe et la séquence des fourgons noirs remontant nos Champs-Elysées?
Prise de parole. J'ai aimé celle des adolescents de partout. Les chefs d'Etat ou de gouvernement apprécient d'être invités, mais certainement pas d'être présidés. Le Président comme tous ses homologues, donc au silence. Et puisque la leçon d'époque et celle d'aujourd'hui sont le multilatéralisme (déjà mis à mal par le Congrès américain en 1919, refusant de ratifier un traité de Versailles dont beaucoup d'éléments nous avaient été imposés par Wilson), la parole aurait été donnée au secrétaire général des Nations Unies, Gutteres qui par fonction symbolise ce multilatéralisme, et que je trouve mieux que la moyenne de ses prédécesseurs. Il n'y aurait donc pas eu de propos dont Trump ne pouvait pas ne pas s'irriter, ni de twitts en salves de riposte.
Je suis en train de relire Mein Kampf - la traduction de 1933 par les Editions latines qu'interdisait Hitler au moins en français - dont le maréchal Lyautey recommanda la lecture aux Français... c'est bien écrit, fort intelligent, une géostratégie très conséquente : le concept d'Etat ethnique est bien exposé, c'est la source explicite ou implicite de tous les simplismes depuis vingt ans en Europe et qui triomphe maintenant avec le défi autant pratique qu'éthique des migrants. Hitler était intelligent, Trump l'est. Ses twitts vengeurs sont très ajustés. Notre propre intelligence nous dissuade absolument d'y répondre. Le mépris par le silence. On ne discute pas avec un autodidacte ou un autiste, c'est d'expérience commune. La réponse, notre réponse, c'est l'Europe, la reprise de son élan. Le Président ne doit pas prendre parti dans les rivalités chez nous pour des sièges (y compris de la République en marche) au prochain Parlement européen, mais au contraire à tous les Européens, en concertation initiale et discrète avec Angela Merkel, proposer les remèdes : l'élection au suffrage direct d'eux tous de la présidente ou du président de l'Union européenne (et pourquoi Merkel en commençant), avec des prérogatives référendaires, donc une réécriture de la loi fondamentale (appellation faisant plaisir aux Allemands) et une réécriture à tous, donc avec les Anglais ce qui périme le brexit. Vous le reconnaissez, que de fois je l'ai déjà suggéré au Président.
Politique intérieure : la rencontre des Français est mentale, elle se ressent par les Français. Ce qui suppose non de la pédagogie, impliquant quelqu'un qui sait et quelqu'un qui ne sait pas, ce qui est paternaliste et pas forcément fondé, mais de la considération. Et même le regret que la plaine soit rase de nos structures d'expression et de manifestations : partis et syndicats si faibles. La tâche du Président n'est pas de gouverner, encore moins d'incarner l'exécutif. Elle est d'établir, selon nos besoins criants, une démocratie pratique et sincère, une participation dont nous éloigne, s'il en était encore besoin, aussi bien les projets de révision constitutionnelle que "le tout numérique".
Du Charles-de-Gaulle - que d'ailleurs notre direction des constructions navales a raté - le Président parlera Europe, incarnée et nécessaire, l'Europe de la défense que raille Trump et qui, pour le nucléaire et la marine, précisément les porte-avions, a un "noyau dur" ou un coeur : le franco-britannique. Et il dira que les prochaines manifestations - dont chacun sait qu'elle n'aurait d'impact qu'en réunissant 1° un vrai blocus de nos autoroutes par les chauffeurs-routiers, 2° le blocage des raffineries et 3° la jeunesse dans la rue (possiblement rejointe par des éléments de la police, cf. ce significatif suicide) - sont une légitime prise de parole des Français. Qu'un cours nouveau s'ouvre dans le quinquennat. L'examen de tout, non à huis clos, mais par les instances et institutions qui nous portèrent pendant les "glorieuses" : planification souple à la française (les entreprises, les syndicats, les gouvernants projetant ensemble et décidant l' "ardente obligation du plan") et l'aménagement du territoire (nos collectivités, vraiment dotées en moyens propres, se donnant les compétences propres à chacune selon son histoire et sa géographie en les contractant avec l'Etat).
Quant à répondre à Trump, c'est la constatation qu'il n'est pas, selon notre expérience remontant à la guerre d'Indépendance, les Etats-Unis de toujours. C'est aussi les égards à sa venue en France que nous devons réserver à Michelle Obama, à l'évidence la candidate démocrate à la prochaine élection présidentielle américaine.
Chaleureusement, en vous priant de donner à lire ces suggestions au Président.

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