La Tribune –
lundi 9 juillet 2018
Macron devant le Congrès : bâtir l'État-providence du 21e siècle
Par Grégoire Normand | 09/07/2018, 17:14 | 1213 motsDans un exercice très solennel, le chef de l'État a indiqué que "la priorité pour l'année à venir est de bâtir l'État-providence du 21e siècle." "Un État-providence émancipateur, universel, efficace, responsabilisant." Ce projet devrait passer par un certain nombre de réformes et mesures susceptibles de réveiller des tensions au sein de la majorité et dans l'opposition.
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Emmanuel Macron accompagné du Premier ministre Édouard Philippe, du président de l'Assemblée nationale François de Rugy et du président du Sénat Gérard Larcher à Versailles, ce lundi 9 juillet. Crédits : Reuters.
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Cette adresse intervient à un moment où la popularité du chef de l'Etat connaît des difficultés. Plus d'un an après son arrivée au pouvoir, la part des bonnes opinions en faveur du locataire de l'Élysée se stabilise autour de 40%. Emmanuel Macron a ainsi perdu 22 points de bonnes opinions et a gagné 21 points d'opinions défavorables selon les différentes enquêtes d'opinion menées par l'institut de sondage BVA.
Lire aussi : Un an de présidence Macron : les Français partagés
Bilan de la première année
Devant près de 900 parlementaires, il a mis l'accent sur l'investissement, la relance de l'épargne pour favoriser le financement des entreprises, l'implication des salariés dans l'entreprise par le développement de la participation et de l'intéressement. Il est revenu sur les enjeux de la loi Pacte qui a récemment été présentée en conseil des ministres. Ce texte, qui comporte environ 70 mesures, devrait être débattu à l'Assemblée nationale et au Sénat à l'automne prochain.Lire aussi : Avec la loi Pacte, Bruno Le Maire s'attaque aux seuils d'entreprise
Face aux parlementaires, Emmanuel Macron a affirmé qu'il n'aimait "ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges", assurant vouloir défendre par sa politique "les entreprises" et "non pas les riches".
"Une politique pour les entreprises, ce n'est pas une politique pour les riches. C'est une politique pour toute la nation, une politique pour l'emploi, une politique pour les services publics", a déclaré le chef de l'État français, accusé par ses opposants d'être "le président des riches"
Dépenses publiques
Le Premier ministre devrait présenter dans quelques semaines des mesures pour maîtriser la dépense publique, a annoncé le chef de l'État. "Des choix forts et courageux" seront faits par l'exécutif, a dit le président français. La Cour des comptes a estimé fin juin que les objectifs du gouvernement pour la trajectoire des finances publiques s'appuyaient sur une trajectoire de maîtrise des dépenses "peu documentée". Cette maîtrise des dépenses "s'accompagnera en particulier d'une réorganisation de l'État à travers plus de présence sur les territoires, plus de souplesse de gestion.""D'ici la fin de l'année, le Premier ministre présentera l'ensemble de ces décisions pour la transformation indispensable de l'action publique", a poursuivi Emmanuel Macron. Il s'agit à partir de 2019 "de repenser sur tous les territoires la présence de l'État et de ses services, de réouvrir de l'emprise", et d'aller contre des décennies d'économies par la réduction de cette présence.Lire aussi : Le déficit public au plus bas depuis 10 ans
Fiscalité des Gafa
Au niveau de la fiscalité, Emmanuel Macron a assuré que "la France soutiendra la Commission européenne dans sa proposition de taxer le chiffre d'affaires des géants du numérique". L'institution européenne envisage de taxer le chiffre d'affaires de ces firmes à hauteur de 3%. L'objectif est de limiter les pratiques de contournement fiscal opérées par les Google, Apple, Facebook et autres multinationales du numérique.Lire aussi : Fiscalité des GAFA : une taxe "entre 2% et 6%" selon Le Maire
Réforme de l'assurance chômage
Le chef de l'Etat a également mis l'accent sur la réforme de l'assurance chômage lors de sa prise de parole. "Les règles de l'assurance chômage ont pu involontairement encourager le développement de la précarité. C'est pourquoi je souhaite que les partenaires sociaux révisent les règles de l'assurance chômage afin que, dans cette période de reprise, nous puissions nous assurer qu'elles incitent à la création d'emplois de qualité"."Le projet de loi 'Avenir professionnel' sera modifié en ce sens dans les prochains jours. (...) Ces règles seront négociées dans les prochains mois par les partenaires sociaux afin qu'une telle réforme puisse entrer en vigueur au printemps 2019", a-t-il ajouté selon des propos rapportés par Reuters. Le projet de loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" qui réforme l'assurance chômage, la formation professionnelle et l'apprentissage doit être analysé en première lecture au Sénat le 10 juillet.Le rendez-vous avec les principales organisations patronales et syndicales, prévu le 17 juillet, doit permettre de "jeter les bases d'un nouveau contrat social, celui du siècle qui s'ouvre", a déclaré le président.
Apprentissage
Emmanuel Macron a annoncé qu'il recevrait courant juillet les 100 premières entreprises françaises "pour solliciter leur engagement" en matière d'apprentissage et d'embauches, notamment dans les quartiers en difficulté."J'attends d'elles qu'elles s'engagent en termes d'apprentissage, d'emplois dans les quartiers difficiles. Je ne leur demanderai pas de s'engager par la loi mais par des engagements actifs, immédiats, visibles, de créations d'emplois, d'embauche d'apprentis" avec "une mobilisation pour nos territoires des principales entreprises et des investisseurs".
Réforme des retraites
La future réforme des retraites promet des débats houleux. Lors de la campagne présidentielle, le candidat Macron avait annoncé une refonte des régimes de retraite prévoyant "les mêmes droits pour tous pour un euro cotisé." Il a ainsi précisé lors de son allocution :"Dès 2019, nous refondrons notre régime de retraite pour protéger mieux ceux dont les carrières sont hachées, instables, atypiques », ce qui concerne « bien souvent les carrières des femmes."
Plan pauvreté
Le plan pauvreté, reporté à la rentrée par le gouvernement, sera présenté "en septembre" et mis en oeuvre "en 2019", a confirmé Emmanuel Macron, en promettant "un accompagnement réel vers l'activité" pour les personnes "les plus fragiles"."La stratégie de lutte contre la pauvreté sera présentée en septembre et mise en oeuvre en 2019", a déclaré le chef de l'État devant le Congrès réuni à Versailles. "Elle ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d'investissement et d'accompagnement social", a-t-il ajouté.
Boycott de la France insoumise
Les députés de la France insoumise (LFI) emmenés par le député des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon ont décidé de boycotter le Congrès et ont appelé à participer une manifestation en ligne. Outre les élus de LFI, d'autres députés de droite LR comme Pierre Cordier ou Julien Dive ont fait savoir qu'ils n'assisteraient pas à l'allocution du président de la République. Enfin quelques élus communistes avaient organisé devant la salle du jeu de Paume, un nouveau serment qui faisait référence à la période révolutionnaire.Lire aussi : Réunion du congrès à Versailles: mode d'emploi
@gregoirenormand
Anne-Sophie a écrit le 10/07/2018 à
17:06 :
Triste de voir depuis 20 ans, chaque
Président abimer la Vème République de Charles De Gaulle et
Michel Debré, enviée par le monde entier. Le Congrès à
Versailles ne devrait servir qu'en état de Guerre : exemple
Hollande, juste après les attentats de fin 2015. L'an prochain il
y débattra avec les partis : contraire à tout l'esprit de nos
institutions. Quel pays au monde veut sa " réforme "
institutionnelle, pour la " gloire " de chaque président
: AUCUN. La Seule réforme institutionnelle à réaliser, consiste
à abolir presque toutes les précédentes depuis 20 ans
Fred plomb a écrit le 10/07/2018 à
15:01 :
Surtout une réussite dans l'art et la
manière d'utiliser les mots.. Il fait peur
Les futurs pauvres peuvent commencer à prier
Les futurs pauvres peuvent commencer à prier
henry a écrit le 10/07/2018 à 14:47
:
Je rêve d'une République apaisée
qui verrait le PIB assurer avec réalisme un confort de vie
convenable pour les actifs et les retraités, mais la fin de cet
Etat-Providence que notre Président nous promet et qui est la
source de notre esprit chagrin bien français. J'en appelle aux
lecteurs bien informés de La Tribune pour construire en chiffres
l'image de la France telle qu'elle pourrait être et faire la
comparaison avec les pays de notre continent qui cumulent des
comptes équilibrés et l'optimisme de leur population. Après tout,
n'est-ce pas ce à quoi nous aspirons après ces années grises
sinon noires?
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