À lire samedi 22 avril 2017 avant le premier tour de l’élection présidentielle
Écrit par le_pardem
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Catégorie : Présidentielle 2017
Par le
Parti de la démondialisation
Le 21
avril 2017.
Le Parti
de la démondialisation met à disposition de tous les citoyens intéressés une
réflexion théorique sur l’élection présidentielle et les élections législatives
de 2017 et leurs enjeux. Sa portée, outre le choix pour le premier tour de
l’élection présidentielle le 23 avril, va bien au-delà. Il s’agit d’une analyse
du blocage politique français et des voies et moyens pour en sortir.
Jusqu’à
présent, gauche et droite de gouvernement ont tenté de maintenir une bipolarité
vide de tout contenu et enjeu politique. D’accord avec la mondialisation
néolibérale et son chef d’œuvre continental, l’Union européenne, le principal
parti de la gauche et le principal parti de la droite ont tout fait pour
éliminer la souveraineté de la France, éliminant ainsi toute possibilité
politique, électorale, de remise en cause du néolibéralisme, protégé par des
traités internationaux inviolables, intransformables et inatteignables par les
citoyens. Face à l’épuisement de ce modèle et au brouillage de plus en plus
visible du clivage gauche-droite, la droite de la gauche et la gauche de la
droite, avec une partie du grand patronat, ont lancé un nouveau produit :
Emmanuel Macron. Ce dernier est la réponse française à la crise mondiale de la
social-démocratie. Celle-ci est en train de s’effondrer en Amérique du Sud.
Elle s’est déjà effondrée dans les pays scandinaves qui en étaient le modèle
emblématique. Elle s’est également effondrée dans les pays de l’Europe du Sud.
Partout
les mêmes causes sont à l’origine de cette déliquescence : absence d’analyse de
la mondialisation néolibérale, refus de s’attaquer sérieusement aux classes
dominantes quand elles exercent le pouvoir d’État (Amérique du Sud), alliances
gouvernementales avec la droite et mise en œuvre de politiques néolibérales
(Union européenne). L’usure des partis travaillistes, socialistes,
socio-démocrates, qui appartiennent à la catégorie des partis « réformistes »,
nécessitait une reconfiguration générale. Celle-ci est en cours. En Grèce,
c’est Syriza qui joue ce rôle. En Espagne, Podemos a failli être utilisé dans
ce but.
En France,
le discrédit du PS obligeait à réagir, d’où la fabrication de Monsieur Macron.
Propulsé par les grands médias, il est parvenu, selon les sondages, à capter
une partie des électeurs de gauche, du centre et de la droite. Messieurs
Hollande et Valls, entre autres, militent ouvertement pour cette recomposition
politique. Le Parti socialiste du congrès d’Épinay (1971), en effet, a accompli
son œuvre. Créé autour de François Mitterrand pour accéder au pouvoir en
captant les voix du Parti communiste français, il a atteint son but et permis
au Parti socialiste d’exercer trois mandatures présidentielles. Pour des
résultats lamentables pour le peuple, excellents pour les classes dominantes.
Si l’opération Macron échoue, l’oligarchie, avec Monsieur Mélenchon, aura un
deuxième choix. Contre mauvaise fortune elle fera bon cœur. Certes il a le
verbe haut et son petit caractère. Mais ce n’est pas cela qui compte. Ce qui
compte, c’est son programme. Et celui-ci est inoffensif pour les classes
dirigeantes.
D’autant
que le parcours de Monsieur Mélenchon a de quoi rassurer la caste. Membre du
Parti socialiste et mitterrandien pendant des décennies, il a compris qu’il
fallait parler « populaire » pour être élu, pour ensuite faire
une politique qui laisse en place le pouvoir des classes dominantes. Monsieur
Mélenchon a voté OUI au traité de Maastricht (1992) qui ouvrait la voie à la
monnaie unique. Il a été ministre de la « gauche plurielle »
de Lionel Jospin (1997-2002) qui détient le record des privatisations, et il
n’a pas jugé utile de démissionner. Il a soutenu jusqu’au bout l’échec
prévisible du Premier ministre grec Alexis Tsipras. La dynamique réelle qui
existe aujourd’hui en faveur de Monsieur Mélenchon annonce l’immense déception
de demain s’il était élu. Il ne resterait alors au peuple – sauf si le Pardem
se développe – que le FN pour incarner une rupture qui, elle non plus, n’aura
pas lieu avec ce parti démagogue et xénophobe.
Alors que
faire ? Il faut que les vainqueurs des élections, à la présidentielle
comme aux législatives, soient largement minoritaires. Autrement dit, il faut
que le total des abstentions, blancs et nuls (dont les cartons rouges) dépasse
le nombre de voix obtenu par les candidats. Dans ce cas, la légitimité aura
changé de camp. C’est le peuple, majoritaire, qui sera légitime pour agir, quel
que soient les élus. Seule sa mobilisation, du type Front populaire, pourra
permettre d’arracher au pouvoir, affaibli, les revendications d’emploi, de
salaire, de services publics, de Sécurité sociale… bloquées depuis si
longtemps.
I.- Tout a
commencé par le choix des primaires dans les deux camps principaux des partis
politiciens, symptôme du post-politique
En 2017,
innovation tristement révélatrice, les deux prétendants principaux de la gauche
et de la droite de gouvernement, à savoir les candidats du PS et de LR ont été
chacun désignés par le mécanisme d’une primaire ouverte. Pourquoi, plutôt que
de s’en féliciter, y voyant naïvement une avancée de l’introuvable « démocratie
participative », faut-il au contraire y voir un des nombreux symptômes de
la disparition de la nature politique de nos sociétés et des processus
démocratiques qui allaient avec ?
Le
véritable rôle démocratique des partis politiques s’est perdu, et bien des gens
ne comprennent pas pourquoi ni comment. Pour le comprendre, il faut revenir sur
leur moment de naissance, qui transforma complètement la signification du
Parlement. Le sens des institutions réputées « représentatives », et
leurs conséquences pratiques, avaient en effet changé du tout au tout lorsque
l’on inventa progressivement les partis politiques de masse (ouverts à tout le
monde et pas seulement aux élites et aux élus) organisés au niveau national
entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.
La théorie
originelle de la représentation politique était que les élus au parlement
forment en toute indépendance et sans esprit de parti la volonté générale de la
nation, supposée unanime. Cette conception a eu des conséquences
institutionnelles pensées par exemple par Sieyès, Constant et Thiers. Pendant
tout le XIXe siècle, elles ont servi à capter la souveraineté populaire au profit
de l’assemblée parlementaire uniquement composée de notables. Les
parlementaires se retrouvaient les seuls légitimes pour décider de tout sans
avoir de comptes à rendre à personne. En effet les décisions étaient censées
être prises au nom de la volonté générale de la nation. Celle-ci étant comprise
comme une entité abstraite et non comme la volonté majoritaire du corps des
électeurs présents. C’était, de fait, les « représentants »
qui se retrouvaient souverains, et non la nation.
Les
revendications sociales suscitées par le capitalisme triomphant lors de la
révolution industrielle n’avaient dans ce cadre tout simplement aucune chance
d’aboutir. C’est cette situation que renverse totalement la création des partis
politiques de masse organisés au niveau national, en commençant par les partis
sociaux-démocrates en Allemagne.
Ces
nouveaux partis imposent progressivement aux parlementaires rétifs, mais de
plus en plus dépendants de leur nouvelle réalité fondée sur le nombre pour
obtenir leur poste, une discipline de vote, une direction politique claire, en
amont des législatures. Ils créent de ce fait une responsabilité politique
lisible et contraignante en fin de mandat. L’alliance d’un programme politique
identifié et d’une stricte discipline de vote - pratiques jusque-là
radicalement contraires aux usages et à la théorie parlementaire -, se révèle
en effet beaucoup plus attractive pour les électeurs. Les parlementaires
« traditionnels » auraient donc été progressivement balayés s’ils
n’avaient pas compris à temps qu’il leur fallait à leur tour monter dans le
train, et s’organiser de la même manière, avec bien sûr d’autres orientations
et programmes que la naissante mais puissante social-démocratie.
Les débats
qui comptent deviennent ceux organisés publiquement en amont des législatures
(des élections), en dehors de l’enceinte parlementaire, reprenant les divisions
et conflits essentiels de la société. Dès lors, les revendications principales
des classes populaires, une fois celles-ci organisées en partis politiques de
masse, ne peuvent plus être ignorées. Et ce d’autant moins que le suffrage
universel s’impose partout progressivement.
L’enceinte
parlementaire, jusqu’alors autonome dans ses décisions, se voit contrainte de
l’extérieur. Ses débats principaux sont alors préemptés par le débat public en
aval et en amont des élections, et le sort politique des députés en dépend, volens
non volens. Grâce aux partis politiques ! C’est cette inversion du sens
donné à l’institution parlementaire (représenter les clivages politico-sociaux
internes à la nation et non plus les nier), et surtout la contrainte bien
réelle du suffrage universel couplé aux partis politiques de masse organisés
nationalement, qui donneront enfin un débouché
politique aux luttes sociales et syndicales (les syndicats
s’organisant aussi nationalement au même moment).
Cette
nouvelle réalité rendra possible le processus qui arrachera toutes les
conquêtes sociales et démocratiques majeures. C’est ce qui permettra de bâtir
ce que l’on nommera plus tard l’État social (caricaturé en « État-providence
») : droit du travail, extension de la Fonction publique, Sécurité sociale,
reconnaissance institutionnelle des syndicats, etc.
Mais cette
avancée primordiale, liée aux partis politiques de masse, dépend bien sûr de la
situation institutionnelle antérieure, où l’État dispose de tous ses pouvoirs
pour transformer politiquement l’économie et la société, et où cette
souveraineté étatique est attribuée en droit à la nation. C’est la situation
d’avant la montée en puissance des institutions néolibérales, en particulier
des institutions européennes. Celles-ci ont dissous la souveraineté nationale,
seule garante que les débats et les rapports de force électoraux puissent au
final déboucher sur des décisions primordiales sur tous les sujets essentiels.
Depuis, les choix politiques et sociaux sont préemptés par ces institutions
antidémocratiques, non élues et non nationales. Elles ne dépendent donc plus
des rapports de force des sociétés réelles, qui sont et restent étatiques.
Les partis
politiques restent formellement en place, mais ils tournent aujourd’hui à vide,
ayant perdu leur fonction liée au fait que le Parlement disposait du monopole
de la loi dans un pays souverain. Ils ont structurellement perdu leur sens et
leur fonction démocratique. Ils ne sont plus contraints de représenter
politiquement les clivages politiques et sociaux fondamentaux des sociétés
européennes. Ils ne sont que les fondés de pouvoir des oligarchies européennes,
les petites mains législatives de décisions prises ailleurs, hors de tout
processus démocratique. Dans cette nouvelle configuration institutionnelle, ils
ne peuvent plus servir à rien à part légitimer électoralement, et toujours plus
laborieusement, l’avancée inexorable du néolibéralisme.
Cette
perte de toute fonction effective a fini par se voir et se constater au fil des
années. Ils ont alors logiquement perdu l’essentiel de leur crédibilité avec
cette perte de fonction politique, celle qui les voyait contraints de traduire
législativement les rapports de force sociaux, politiques puis électoraux.
Cette logique antipolitique s’est coulée dans la pente bipolaire de la Ve
République. Elle a été accentuée par les réformes constitutionnelles
successives, particulièrement le quinquennat et la concordance du calendrier
législatif et présidentiel. On voit alors la naissance d’un bloc de droite
contre un bloc de gauche, alors que plus aucun enjeu politique majeur n’est lié
à cette bipolarisation. Elle est devenue de plus en plus artificielle. Les
vraies institutions contraignantes sont en effet désormais en dehors du jeu
parlementaire, remplacées par des traités inatteignables, des négociations
intergouvernementales secrètes, des commissions et des instances non élues.
Pour
crédibiliser un candidat de la droite gouvernementale, le fait d’être le chef
du parti hégémonique de ce camp idéologique sans enjeu politique réel, en
l’occurrence Les Républicains (sans République, dissoute dans l’UE), ne suffit
plus du tout pour animer une dynamique électorale en dehors des derniers
militants, de plus en plus rares. Pour séduire le camp électoral en son entier
(ici celui de la droite), il faut donc substituer une logique hors parti, qui
rassemble tous les électeurs en les faisant directement désigner celui ou celle
(très généralement celui) qui saura artificiellement faire revivre, le temps
d’une campagne, les anciennes identités idéologiques. Ces dernières, la
« droite », la « gauche », deviennent de vieux fantômes,
des spectres politiques de plus en plus irréels, sans plus aucun lien avec la
réalité, hormis les anecdotiques « sujets de société », comme par
exemple les formes du mariage.
Les
parlementaires, depuis longtemps des professionnels de la politique
politicienne, tiennent leur fonction par le contrôle qu’ils ont su établir dans
les partis d’élus, notamment la désignation des candidats. Le seul et unique
intérêt des partis politiques pour ces politiciens est donc de leur fournir un
cadre, des moyens financiers et humains, une machinerie institutionnelle et
concrète pour accéder à des postes de responsabilité et de pouvoir par le biais
des élections. Ils étaient donc par tradition méfiants face à la logique
nouvelle des primaires, qui court-circuitait apparemment la logique de parti.
Mais quand
ils ont vu les avantages qu’ils pouvaient en tirer en observant l’initiative du
PS en 2011, qui organisait pour la première fois en France des primaires
ouvertes pour désigner leur candidat, ils ont vite compris le bénéfice qu’ils
pouvaient eux aussi en tirer. Il y a en effet deux avantages dans cette
nouveauté qui tire les conséquences du post-politique spécifiques aux
institutions néolibérales.
Le
premier, et le principal, est celui d’arriver encore par ce stratagème à
impliquer des électeurs qui ne croient plus à ces partis « politiques ».
Ces derniers en effet ne décident plus de rien dans un parlement qui n’est plus
que le fantôme d’un parlement. Il fait semblant d’avoir encore le monopole de
l’initiative des lois, alors qu’il ne fait plus que transposer des directives
européennes pour l’essentiel. Ces primaires ont mis en valeur un affrontement
de personnalités pour représenter un courant , tentant par-là de redonner de la
couleur, de l’attractivité, de la crédibilité à un clivage qui intéresse de
moins en moins de citoyens.
Le combat
électoral devient alors un jeu de téléréalité médiatique concernant le pouvoir.
Quelle personnalité veut-on voir au sommet ? Quelle personnalité veut-on
éliminer ? Il n’y a plus d’enjeu politique, mais le rejet des élus précédents
qui ont forcément trahis leurs promesses. C’est une possibilité de pouvoir
influer sur ces postes en visibilité incarnant ce qui reste d’État. On fait
participer (de plus en plus faiblement cependant) les électeurs à qui on ne
laisse plus en réalité que ce dernier « pouvoir » : décider de qui va
leur infliger l’inévitable potion néolibérale européenne.
Le
deuxième avantage est encore plus anecdotique pour les citoyens mais très
important pour les politiciens. Ils avaient constaté que le jeu des places et
des chaises musicales, qui décide concrètement de la réussite de leur carrière
professionnelle, était de plus en plus capté par des caciques inamovibles. On
peut prendre l’exemple des éléphants socialistes, leurs dépendants directs et
leur équivalent de droite. Les candidatures multiples que permet le jeu des
primaires rouvre le jeu pour les autres.
Même pour ceux qui ne parviennent pas à capter les premières places, ils font
mine de représenter une dynamique politique quelconque afin de monnayer dans un
second temps leur ralliement par un poste de gouvernement ou une place au
soleil quelconque. Peu importe la nature de cette dynamique, pourvu qu’elle ait
un peu le vent en poupe ou qu’elle représente une part du marché électoral.Ils
font mine de représenter une dynamique politique quelconque afin de monnayer
leur ralliement par un poste de gouvernement ou une place au soleil quelconque.
Peu importe laquelle pourvu qu’elle ait un peu le vent en poupe ou qu’elle
représente une part du marché électoral.
Plus ils
auront réussi à incarner une idée et des électeurs, plus leur future place sera
intéressante. Ils ont par exemple regardé très attentivement le destin de
Montebourg avant et après la primaire, ce qui était en effet très parlant. Pour
chaque prétendant, tous les rêves sont donc permis, et pour le groupe en son
entier, il gagne en efficacité puisque les électeurs seront davantage tentés de
voter pour le candidat final, puisque leur champion (ne) aura bien sûr fini par
le rallier. C’est tout le jeu de la primaire, offrant comme monnaie d’échange
pour leur prochain poste leur panel d’électeurs, comme la mariée sa dot.
Cela
permet aussi de renouveler la fameuse stratégie du râteau. C’est l’art
d’inclure dans un parti national de gouvernement des tendances politiques
hétérogènes, voire opposées, afin d’attirer pour les seconds tours leurs
électeurs potentiels. Ces derniers parient pour la suite la possibilité de
pouvoir peser sur la ligne du parti. Ceci en échange de leur soutien du navire
commun général pour les élections principales. Les stratégies de « gauche
plurielle » avaient étendu ce stratagème interne au parti à des alliances
extérieures négociées et hiérarchiques, afin d’échanger contre des postes les
fameux ralliements de second tour.
Les « primaires
ouvertes » sont de ce point de vue la continuation de la même stratégie du
râteau. Leur but est d’attirer les électeurs devenus très méfiants vis-à-vis de
ces partis inféodés. Ils peuvent se croire encore représentés par une « personnalité
» qui s’affiche apparemment libre de toute contrainte partisane, alors que tout
le système des primaires en dépend dans les faits.
Bref, les
primaires ouvertes, à gauche comme à droite, avec le « vote utile »
grâce au providentiel FN, et toutes ces manœuvres et bricolages démagogiques,
ne sont là que pour faire de la respiration artificielle à un système électoral
démonétisé. Un système qui n’arrive plus à masquer son absence totale d’enjeu
politique réel.
C’est
ainsi que nos sociétés post-politiques, post-démocratiques, post-nationales,
inventent des dispositifs pour aménager tant bien que mal des institutions
électorales vidées de tout enjeu. Elles suscitent de plus en plus d’abstention,
d’indifférence et de scepticisme, puisque tout le monde a bien compris que l’essentiel
ne passait plus par là depuis l’institutionnalisation du néolibéralisme. Les
institutions du néolibéralisme (surtout l’UE), ou la politique, il faut
choisir. Les partis « politiques » traditionnels ont tous choisi l’UE. Et adieu
la politique (la vraie). Bien sûr ils n’abandonnent pas les élections, qui font
leur poste. Mais ce sont donc des élections sans politique.
II.- Le seul enjeu
des « primaires ouvertes » pour 2017 était de savoir qui serait en face de
Marine Le Pen, et donc gagnerait les élections quel que soit son « programme
»
Pour 2017,
il suffisait de regarder un tant soit peu les sondages de 2016 et être le
moindrement frotté de politique pour comprendre que l’accès au second tour de
Marine Le Pen était une non question. Dès lors, ce n’était même plus le
traditionnel conflit gauche-droite, devenu de toute façon dans le contexte de
l’Union européenne une relique folklorique, qui animerait le second tour. La
question devenait donc uniquement qui, lors du premier tour, arriverait à être
face à elle, afin de gagner, et ce quel que soit sa famille idéologique et son
programme officiel. De toute façon ce « programme » ne pourrait être
traduit que par l’application des directives européennes.
Les
candidates et candidats à la candidature ont donc toutes et tous fait semblant
d’incarner une vision politique et un programme. Mais ils ont tenté en fait
d’être uniquement majoritaire dans leur propre camp, dans le cadre des
primaires ouvertes. Car ils ont acté l’inutilité politique de leur parti d’origine
(toujours nécessaires cependant pour accéder aux postes). Le but est de passer
le cap du premier tour, puisqu’au second le gagnant rafle la mise
automatiquement (c’est l’effet FN).
Pour la « droite
», qui ne se distingue plus en rien de la gauche de gouvernement, si ce n’est
dans le verbe et la posture idéologique, il s’agit donc de passer devant le
camp « socialiste » totalement déconsidéré par une politique
spectaculairement néolibérale et européiste (les deux sont de vrais synonymes),
en ne proposant pourtant que la même chose, tout en prétendant le contraire si
tant est que cela soit possible. Il faut en effet avoir le soutien non
seulement de sa base électorale qui les fera gagner les primaires (retraités
possédant un patrimoine, bobos argentés, conservateurs idéologiques, etc.),
mais aussi des classes dominantes en général qui maîtrisent (et tout simplement
possèdent) désormais intégralement tous les grands médias et qui sont capables
de faire ou de défaire les candidats.
Or, ces
classes dominantes, dont le pouvoir décuplé est directement lié à l’agencement
institutionnel européen qui a gravé dans le marbre le néolibéralisme en le
sortant des rapports de force démocratiques, sont désormais aux abois. Elles
ont compris que leur magnifique instrument bat sérieusement de l’aile. Elles
veulent donc de très solides garanties des futurs candidats sur le fait qu’ils
feront le maximum, quelle que soit l’impopularité qui en résultera, pour
aggraver le plus possible et surtout le plus rapidement possible les politiques
néolibérales de destruction totale des acquis de l’État social.
Il faut en
effet se dépêcher, tant que la machinerie antidémocratique européenne
fonctionne encore à plein régime, permettant des choses impossibles à obtenir
et surtout à garantir dans le cadre de la souveraineté nationale. Il faut acter
le plus possible de destructions sociales et politiques majeures avant que la
poule européenne aux œufs d’or ne disparaisse, puisque tel est bien désormais
pour les classes dominantes le risque qui se profile au loin.
Et comme à
ce jeu-là, les socialistes se sont révélés encore plus efficaces que la droite,
il s’agit de faire preuve de surenchère néolibérale et euro-compatible afin
d’être néanmoins soutenu par les grands médias, les relais d’influence, les
réseaux de pouvoir. Le soutien médiatique et sondagier à Macron prouve que les
classes dominantes qui contrôlent ces leviers ont tout à fait conscience de cet
atout supérieur des néolibéraux de gauche sur la droite classique.
Mais ils
ont néanmoins leur chance puisque le PS, du fait même de son efficacité dans
l’avancement à marche forcée du néolibéralisme, bat des records d’impopularité,
et donc voit ses chances pour être au second tour s’amenuiser radicalement.
C’était le même côté impopulaire qui avait rendu leur champion Sarkozy
soudainement contreproductif, et qui leur avait fait soutenir massivement
Strauss-Kahn, puisque, encore une fois, les classes dominantes sont en tant que
telles complètement indifférentes à l’idéologie, surtout dans un contexte
institutionnel où cette dernière ne peut déboucher sur aucune différence sur
l’essentiel pour elles.
Le même
processus voit donc le phénomène pendulaire s’inverser, même si
structurellement, les mêmes politiques néolibérales sont plus susceptibles de
déclencher des luttes sociales et syndicales quand elles sont impulsées par la
droite que par la gauche. Mais faute de grives les classes dominantes mangent
du merle.
Quant à la
gauche de gouvernement, ce n’est que le camp idéologique de ceux qui se présentent
comme « progressistes », et c’est bien comme tels que se
présentent les socialistes et Macron. Ils se servent de cette surenchère
programmatique bienvenue de la droite pour bien sûr se présenter comme le camp
d’en face, malgré un bilan qui dément spectaculairement dans les faits cette
prétention. Nul besoin de rajouter d’inutiles
guillemets à « gauche », puisque la gauche n’a qu’à de très rares,
conjoncturelles, et atypiques occasions, correspondu au camp anticapitaliste
réel sur les enjeux principaux ; à savoir 1936, 1945 et 1981.
De toute
façon tout cela ne concerne que le premier tour, puisque tout se décidera hors
programme politique, au second tour, rejouant le psychodrame de 2002, le « sursaut
républicain », les années 1930, etc. Plus personne ne raisonnera alors en
termes politiques, du moins dans les médias et les milieux militants. On
assistera à l’hystérie idéologique rejouant à peu de frais, et presque a
contrario de la réalité, le scénario de l’arrivée au pouvoir des fascistes
par des voies légales.
Pourquoi
prétendre que le FN représente une dynamique politique inverse à celle des
années 1930 en France ? Il est bien évident que les racines idéologiques de ce
parti indéniablement xénophobe, démagogique et nauséabond sont bien celles issues
de l’extrême-droite française, par ailleurs très diverse, hétérogène
(l’extrême-droite est bien loin de se résumer au fascisme), et groupusculaire.
Mais en fait là n’est pas la question. L’actuel succès de ce parti n’a rien à
voir avec cela, si ce n’est la xénophobie, ce qui certes n’est pas rien.
Il a tout
à voir en revanche avec la colère des classes populaires et moyennes
précarisées par la mondialisation et le scandale démocratique qui a vu
confisquée la souveraineté populaire par des institutions antidémocratiques, et
la similarité des programmes réellement appliqués entre la droite et la gauche
qui en découle. Cette situation post-politique, où le corps électoral n’a plus
aucun moyen de peser sur les lois, et où il devient manifeste que droite et gauche
font la même chose pour l’essentiel, a profondément dégoûté la population qui
s’était structurée idéologiquement sur la base de cette distinction identitaire
(même si à l’époque où elle fonctionnait encore, elle était déjà illusoire mais
c’est une autre question).
Or, la
situation des années 1930 représentait l’inverse. C’était alors l’incapacité
des institutions représentatives et parlementaires à faire face à la crise et à
la question sociale qui avaient conduit une bonne part du peuple à douter de la
pertinence et de l’intérêt du système parlementaire et représentatif. Ces
doutes fondamentaux amenèrent les différents peuples d’Europe pour certains à
tolérer, pour d’autres à carrément placer leurs espoirs dans l’État fasciste et
le parti unique. C’était une solution qui n’avait pas encore été testée et qui
semblait très déterminée à réagir de manière nouvelle et radicale aux problèmes
du temps. Cette solution était aussi celle privilégiée par les classes
dominantes comme rempart rassurant contre le risque communiste. Les peuples
européens ne purent que constater où les menaient cette erreur fatale. Mais ils
ont durement retenu la leçon, jusqu’à aujourd’hui.
Ici, le
phénomène est bel et bien inversé. Le peuple français utilise le FN pour
signifier sa colère de voir les institutions représentatives, électorales, la
souveraineté nationale, base de tout processus démocratique, les acquis sociaux
durement obtenus, tout cela bafoué de façon éhontée par une classe politique
intégralement acquise aux institutions néolibérales européennes. Ces dernières,
en effet, sont incompatibles avec toute possibilité de pouvoir peser sur les
lois, imposer le plein-emploi et faire avancer le progrès social. Tout ce à
quoi tient avec raison la population la plus exposée à la mondialisation.
Bref,
cette dernière ne veut pas tenter de supprimer les institutions parlementaires
et l’État de droit pour voir si cela pourrait solutionner leurs problèmes. Tout
au contraire, elle veut se débarrasser politiquement de la classe politique
qui, en son entier, a vidé de leur sens les institutions représentatives et
l’État de droit en les remplaçant par les institutions européennes. Se venger
de cette trahison démocratique, de la classe politique traditionnelle, tout en
restaurant l’efficacité et le sens des institutions électorales et
parlementaires, restaurer la souveraineté nationale, on ne peut faire projet
moins fasciste que cela...
Là où ces
victimes de la mondialisation se trompent, c’est en croyant que le FN puisse en
être le vecteur. Sans avoir en rien les moyens concrets ni même l’objectif
politique d’imposer une quelconque solution fasciste dont personne ne veut,
même lui, le FN, tente juste de monnayer au plus cher sa capacité de nuisance,
sa niche politique protestataire, et pourquoi pas à terme arriver au pouvoir.
Quoique cela puisse aussi signifier son chant du cygne, l’épreuve du réel étant
souvent rédhibitoire pour les stratégies purement démagogiques qui ont besoin
du flou et des promesses contradictoires pour pouvoir se développer.
Tant qu’il
reste le seul parti visible à pouvoir incarner, à tort, une rupture politique
avec la mondialisation pour les classes populaires et moyennes précarisées (le
PG de Mélenchon s’adresse à une autre tranche sociologique et idéologique, beaucoup
moins sensible à la démondialisation), il a tout intérêt à continuer de surfer
sur cette exigence du retour aux structures de base de la démocratie. Les
classes dominantes, quant à elles, n’ont aucun intérêt à privilégier un retour
de la solution fasciste, puisque le système européen sert infiniment mieux leur
intérêt, et qui de plus est de manière durable. Elles n’ont pas plus intérêt à
pousser le FN, qui incarne (à tort) le rejet de la mondialisation,
mondialisation qui fait leur force. Bref, ni les classes dominantes, ni le FN,
et encore moins ses électeurs ne songent un seul instant à faire revivre un
régime fasciste.
Comparer
cette situation avec les années 1930 est à vrai dire irresponsable et d’une
grande légèreté de la part de ceux qui prennent une posture avantageuse en se
plaçant sans frais du bon côté de la barrière morale. Ils inversent le sens de
la dynamique actuelle, et renforcent d’ailleurs de ce fait la crédibilité du FN
en tant qu’ennemi public numéro un des partis en place, alors qu’il n’en est
qu’une sorte de fou du roi et qu’il a été pendant trente ans le garant et le
gagnant du blocage politique qu’il feint de vouloir faire exploser.
Si le FN
représentait réellement une dynamique fasciste et était soutenu massivement par
les classes dominantes voulant instaurer un régime fasciste, le tout avec un FN
à 30%, et avec des électeurs prêts à supprimer les institutions représentatives
et les libertés publiques (de ce seul point de vue on ferait mieux d’ailleurs
de surveiller le PS), alors la situation serait réellement critique. Et la
solution ne serait hélas déjà plus dans les urnes mais dans la rue,
physiquement. Face à une véritable menace fasciste, nous le savons, ou nous
devrions le savoir, la guerre civile, la plus terrible hélas, est tout
simplement inévitable, il n’y a jamais eu d’exception !
C’est donc
les armes à la main qu’il faudrait impérativement combattre le FN. Tous ceux
qui font mine, à peu de frais et en prenant la pose, de combattre la bête
immonde, avouent être des plaisantins incapables eux-mêmes de prendre au
sérieux leur propre discours, puisqu’ils n’instruisent aucun rapport de force
physique contre le FN, ses cadres, ses militants et ses électeurs, et leur
supposée menace fasciste. Tout cela n’est en réalité qu’une sinistre farce, et
n’a aucun rapport avec la réalité, qui ne ressemble en rien à celle des années
1930. Heureusement, car avec de tels défenseurs autoproclamés de la démocratie,
le fascisme aurait alors de beaux jours devant lui...
C’est tout
cela qu’il faut avoir en tête pour ne pas céder au chantage absurde qui, cela
ne fait aucun doute, présentera en 2017 le deuxième tour comme celui du combat
vital entre les défenseurs de la « démocratie » et le « fascisme
» !
Les
électeurs qui réclament réellement le retour de la démocratie voteront pour la
démondialisation au premier tour, donc Jacques Nikonoff à la présidentielle
(carton rouge) et pour le PARDEM aux législatives. C’est le seul parti qui le
propose.
Ceux par
contre qui seront objectivement dans le camp du post-démocratique seront les
défenseurs du candidat du parti de gouvernement qui aura réussi à se placer au
deuxième tour, et qui défendra le statu quo, c’est-à-dire le maintien
dans les institutions antidémocratiques européennes (Hamon, Macron, Fillon,
Mélenchon). Telle est la réalité objective. Le reste sera de l’hystérie
idéologique qui atteindra certainement des sommets, vu les enjeux et la
situation critique des tenants de « l’Union » européenne.
III.- Le
faux-semblant des programmes des uns et des autres : de pures opérations de
marketing politique, destinées à rassembler laborieusement des camps
idéologiques en lambeaux
Maintenant
que nous sommes à quelques heures du 23 avril 2017, les professionnels de la
politique quittent le terrain grisâtre et indistinct de la gestion néolibérale
des directives européennes pour se jeter sur le terrain grisant de la
communication politique et de la relance de leur carrière. Ils ont pour
principales armes les sondages et la sociologie électorale, la rhétorique
démagogique et la communication médiatique renouvelée par les nouvelles
technologies. La première phase a donc été, pour les raisons citées
précédemment, celle des primaires ouvertes pour les deux partis de gouvernement
censés être politiquement opposés, LR et PS + EELV (alors qu’ils ne sont
opposés que pour les postes, chacun gérant un camp idéologique et une base
électorale correspondante, et pratiquant une fois au pouvoir la même
politique).
Il fallait
alors réunir ses réseaux, décrocher des soutiens connus, financer sa campagne,
obtenir la signature d’élus parlementaire, etc. Pour tenter d’être crédible et
de se distinguer, il fallait aussi se faire écrire un livre d’analyse
politique, avoir l’ébauche d’un programme, et livrer régulièrement des petites
phrases destinées à faire polémique. Les électeurs aux primaires étaient bien
sûr les militants, et une certaine masse d’électeurs restés fidèles aux deux
grands partis. Cette phase n’était donc pas vraiment ciblée sur le corps
électoral général, mais sur la stricte base électorale fidèle, soucieuse du
respect de l’identité idéologique de leur camp. Il fallait donc d’abord gagner
dans son camp avant de gagner tout court, et les deux exercices sont très
différents.
Ce schéma
a d’ailleurs volé en éclats car des électeurs de gauche ont voté à la primaire
de la droite et inversement, pour éliminer le candidat du camp opposé qui leur
paraissait le plus dangereux.
Pour les
candidats LR, il fallait d’abord réaffirmer que Valls et Macron n’étaient que
de pâles et maladroites copies pour « réformer » la France, s’attaquer
aux « privilèges » de la Fonction publique et des syndicats, couper
drastiquement dans les budgets publics, dégraisser l’État, faire baisser les « charges
» et les impôts directs, faciliter la vie des entreprises, s’attaquer aux
fraudeurs de la Sécurité sociale et des minimas sociaux, forcer les
allocataires à prendre un emploi sous le SMIC, etc. Il fallait aussi réaffirmer
que la politique sécuritaire, et « l’identité nationale » (peu importe
que personne ne puisse la définir et que le problème soit celui de la
souveraineté nationale et non de l’introuvable identité nationale), c’est
l’affaire de la droite.
C’était
aussi le moyen de rassurer les sources de financement privé et les médias tenus
par eux que la ligne ne varie pas, et qu’elle sera même accentuée et accélérée
(voir plus haut). Les programmes, tous quasiment identiques, hystériquement
néolibéraux, ne signifient rien de plus que la continuation de la même et
éternelle ligne. Ce qui sera appliqué en vrai sera bien, comme aujourd’hui, la
ligne néolibérale européenne, en fonction des oppositions syndicales et
politiques du pays, en sachant que la marge de manœuvre sera sans doute plus
réduite que sous Hollande. Ce ne sera pas pour appliquer les « programmes
» de la droite, puisqu’en fait il suffira comme d’habitude de continuer à
transposer les directives européennes, toutes néolibérales, comme l’imposent de
toute manière les traités, placés au-dessus de la Constitution.
L’hostilité
de l’opinion en général aux sempiternelles mesures néolibérales est telle
pourtant que même ces ténors de droite sont obligés d’en tenir compte, d’autant
plus que certains déjà y voient une opportunité pour faire la différence en
promettant qu’eux ne seraient pas favorables à une purge trop drastique,
veulent une ligne moins docilement européiste, défendent l’identité nationale,
etc. Nous l’avons vu avec le rétropédalage de Fillon sur la Sécurité sociale.
Cela ne change bien sûr strictement rien quant au fond, tout cela étant juste
une question de ripolinage idéologique en fonction des sondages. Pour le
candidat PS c’est la même chose. La mise en orbite médiatique de Macron, la
ligne hystériquement ultralibérale du candidat de droite, permettent fort
opportunément pour le candidat socialiste de dégager une ligne plus « à
gauche », mais tout aussi « ouverte » « sociétalement »
que Macron, et bien sûr « protectrice pour les plus faibles » pour un PS
pourtant comptable d’une législature historiquement destructrice de toutes les
composantes de l’État social !
Encore une
fois, toute cette agitation superficielle et politicienne ne doit tromper
personne, il n’y a aucun enjeu politique réel derrière cette opposition en peau
de lapin de la gauche (Hamon, Mélenchon) contre la droite. L’essentiel de ce
que réalisera le vainqueur de 2017 est déjà écrit dans les directives
européennes, c’est le même développement de « l’économie de l’offre »
(favoriser les multinationales et les gros patrimoines en prétextant que cela
relancera la croissance et l’emploi, conte de fées pour enfants mille fois
démenti par les faits) et du démantèlement à marche forcée de tout ce qui
constitue l’État social.
La règle
de l’alternance veut que ce soit le tour de la partie la moins efficace des
deux partis de gouvernement pour les classes dominantes, la droite, qui succède
à un Hollande qui aura accompli des miracles supérieurs à Sarkozy pour faire
avancer les fameuses « réformes de structure », les plus stratégiques.
La fabrication de Macron est venue perturber ce schéma ou plutôt le compléter.
Mais dans le fond cela ne change pas grand-chose. Les oppositions sociales et
syndicales seront encore plus marquées avec un pouvoir de droite ou macronien,
mais comme elles ne pourront pas déboucher politiquement, cela laissera
néanmoins assez de champ au candidat de droite ou macronien pour avancer dans
la même direction, celle que nous poursuivons depuis plus de trente ans, celle
de l’approfondissement sans fin de la mondialisation néolibérale.
Il faut
dire enfin quelques mots des « gaullistes » de droite qui sont membres
de LR : Jacques Myard, Michèle Alliot-Marie, et Henri Guaino. Et des autres
gaullistes revendiqués, candidats à la présidentielle mais hors LR : Nicolas
Dupont-Aignan et François Asselineau.
Pour ceux
qui s’étaient coulés dans la primaire, l’imposture était évidente. Quel sens
pouvait-il bien avoir à se prétendre souverainiste dans une structure dominée
par les complices et les acteurs, avec le PS, de la dissolution totale de cette
même souveraineté nationale dans les institutions européennes ? Si encore ils
présentaient le projet d’en sortir, mais même pas. Le cas d’Henri Guaino est
encore plus emblématique. Celui-ci fut le principal conseiller politique de
Nicolas Sarkozy, et la plume de ses principaux discours, pendant toute sa
présidence. Et notamment en 2008 lors de la ratification du traité de Lisbonne
actant le coup d’État parlementaire qui contredisait frontalement la décision
référendaire du peuple souverain en 2005. Ce traité, de surcroît, diminuait
encore les derniers vestiges de souveraineté nationale (budget, inclusion dans
la constitution des traités européens, etc.). Et après ces trahisons
spectaculaires de la souveraineté nationale, ce politicien manœuvrier trouvait
encore le culot de se présenter comme « souverainiste » et « gaulliste
» ? Plus c’est gros, plus ça passe.
La chose
est moins simple pour Nicolas Dupont-Aignan et François Asselineau, qui eux
sont vraisemblablement des gaullistes et des « souverainistes »
sincères. Ce terme de « souverainisme » pose d’ailleurs
problème. S’agit-il de la souveraineté de l’État, certes nécessaire, ou bien de
la souveraineté nationale, clé de la démocratie dans l’État ? On peut exiger la
souveraineté de l’État par « patriotisme » (autre terme ambigu) afin
d’assurer une politique de puissance à l’international, comme on peut mettre
l’accent sur la souveraineté de la nation dans l’État afin d’assurer la base
institutionnelle et politique de tous les processus démocratiques qui en
dépendent directement.
Les deux
projets n’ont rien à voir, sont complètement différents. Le terme de « souverainisme
» les met dans le même bain médiatique, créant de la confusion sur un point
pourtant essentiel. Ceux qui se revendiquent comme « souverainistes »
assument cette confusion, car elle représente bien leur ambiguïté, qui vient de
loin puisque de Gaulle aussi, et toute la droite, n’a jamais été clair sur sa
vision de la démocratie.
Cette
dernière a deux volets : le volet institutionnel, qui assure que le peuple a le
premier et le dernier mot, au sommet des institutions. Il détient la
souveraineté de l’État, il a le monopole de la souveraineté constituante, seul
habilité à légitimer la forme du régime politique et des institutions. Mais la
démocratie a un deuxième volet, essentiel, et qui lui donne son sens véritable.
Cette forme démocratique est issue des Grecs, qui l’avaient inventée pour
renforcer le peuple par rapport à l’oligarchie de leurs cités. Elle a donc un
enjeu directement social et politique : renforcer les classes populaires et
affaiblir les classes dominantes, par les institutions.
De Gaulle
lui-même et les gaullistes de droite en général, ne retiennent, au mieux, que
le premier volet de la démocratie, afin d’assurer de la manière la plus large
l’autorité du chef de l’exécutif, et se désintéressent du deuxième volet. Or,
la force et l’enjeu de la démocratie est d’institutionnaliser les rapports de
force sociaux afin de politiser la société, de civiliser les rapports de force,
et d’élargir toujours plus l’espace du politique.
De Gaulle
finira sa carrière sur mai 1968, de n’avoir rien compris aux enjeux réels qui
se cachaient derrière le concept mou et faussement neutre d’ « économie
», qui est tout ce que l’on veut sauf une intendance utile seulement pour
renforcer la puissance de l’État. C’est pour cela qu’il vaut bien mieux parler
de capitalisme, concept à la fois beaucoup plus large et beaucoup plus précis,
définissant un type de société, que d’économie, qui se révèle être en fait,
avec le libéralisme et l’individualisme, l’idéologie de ce type de société.
Cette
incompréhension de la nature de la démocratie se reflète sans surprise chez les
« souverainistes » de droite actuels sincères. Ils tentent eux
aussi de lutter contre la dissolution de la souveraineté étatique dans les
institutions de la mondialisation. Il faut d’ailleurs séparer ici le cas
d’Asselineau et de Dupont-Aignan. Seul Asselineau propose sans ambiguïté de
sortir non seulement de l’euro mais de l’UE (ainsi que de l’OTAN), seule position
cohérente pour une ligne politique se prétendant gaulliste et souverainiste.
Dupont-Aignan,
comme le FN, n’est pas clair sur ce sujet pourtant essentiel. On ne voit pas
très bien d’ailleurs ce qui distingue son mouvement et sa ligne politique du
FN, même pour ce qu’il y a de pire au FN (à savoir sa xénophobie intolérable),
pourtant bien plus puissant et visible que lui. Mais surtout, ces deux
mouvements ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre, la nature de la
mondialisation néolibérale. Ils font comme si ces institutions incompatibles
avec la démocratie n’étaient pas conçues, contrôlées et protégées par des
forces sociales particulières et identifiées, c’est-à-dire entièrement aux
mains des classes dominantes, et faites tout exprès pour servir leur puissance.
Ils font
mine aussi de ne pas s’apercevoir que les classes populaires et moyennes
précarisées sont celles qui ont tout perdu dans cette évolution, et donc celles
qui sont le plus motivées pour instruire un rapport de force inversant la
situation. Leur projet est donc aseptisé socialement et politiquement, presque
apolitique, il s’agirait juste de récupérer l’indépendance de l’État, sans
identifier socialement les ennemis de ce projet, ni les soutiens logiques, ni
les enjeux réels et concrets.
Des trois
piliers de la mondialisation néolibérale, libre-échange généralisé,
financiarisation de l’économie, et traités et institutions supranationales, ils
ne mettent vraiment l’accent que sur le troisième. Certes, c’est essentiel.
Mais on ne le comprend vraiment que lorsque l’on saisit que sa première
fonction est d’être le garant des deux premiers. Si on ne propose pas de
supprimer le libre-échange au niveau national, de définanciariser intégralement
l’économie et les budgets publics, si on ne présente pas les enjeux essentiels
de ces mesures (affaiblir la puissance des classes dominantes, assurer le
plein-emploi, permettre de nouveau le progrès social, assurer enfin une
possibilité au progrès environnemental, etc.), alors on se place dans
l’incapacité de fédérer et de motiver les secteurs de la société les plus
concernés par ces enjeux, aujourd’hui en tant que victimes principales, et
demain en tant que premiers bénéficiaires.
À faire
comme si la société n’était pas divisée socialement, croyant pouvoir ainsi être
un attrape-tout, on passe en fait à côté de ce qui fait l’essentiel des
dynamiques et enjeux politiques. Dupont-Aignan et Asselineau ne sont donc pas
des vecteurs fiables et cohérents pour la démondialisation, qu’ils ne proposent
d’ailleurs pas en tant que telle.
IV.- Le véritable
enjeu des élections de 2017, après 2005, 2015 et le Brexit : le début du
processus de la démondialisation incarné dans le vote carton rouge
La gauche
et la droite de gouvernement ne peuvent bien évidemment pas incarner cet enjeu,
mais au contraire se doivent de le refouler. Il ne faudra donc pas, moins que
jamais, rentrer dans ce jeu apolitique de la droite contre la gauche en 2017,
si l’on veut préparer la suite, décisive. Il ne faudrait pas croire pour
autant, après ce qui vient d’être dit, que la situation politique est
désespérément stationnaire et figée dans le formol néolibéral européiste. Ce
qui ne change guère, ou peu et lentement, ce sont les comportements électoraux
qui soutiennent encore le statu quo des institutions européennes : les
électorats de la droite de gouvernement, de la gauche de gouvernement, et de la
gauche radicale.
Comme ils
constituent la majorité de ceux qui votent, hors FN, cela fait illusion. Car il
ne faut jamais perdre de vue que désormais une majorité de la population en âge
de voter et possédant une carte d’électeur s’abstient, sauf dans quelques
exceptions. Les résultats et les sondages électoraux sont donc de plus en plus
trompeurs.
Mais la
réalité c’est que la situation de ces institutions européennes devient année
après année de plus en critique dans l’opinion. La majorité de la population
devient franchement hostile à cette usine à gaz néolibérale antidémocratique,
rouleau compresseur de la mondialisation. Tous ceux qui s’abstiennent ou qui
votent uniquement pour se débarrasser de Fillon, ou de Hamon/Macron, ceux qui
votent Le Pen ou Mélenchon, une partie minoritaire de la gauche radicale
elle-même, bref la très grande majorité des citoyen(ne)s en âge de voter, sont
désormais en attente d’une rupture franche et massive avec cet état de fait.
Même si la
perspective d’une sortie unilatérale des institutions européennes continue bien
à tort d’impressionner les esprits, des évènements fondamentaux sont venus
faire profondément bouger les lignes. C’est le souvenir cuisant de 2005 suivi
trois ans après de l’adoption du traité de Lisbonne, c’est l’expérience
spectaculairement instructive de la trahison de Tsipras en 2015, réduisant à
néant l’espoir irréaliste d’un changement de l’intérieur de l’UE. Et c’est
maintenant le Brexit de 2016 des Anglais qui montrera que le ciel ne tombe pas
sur la tête des pays qui osent recouvrer leur souveraineté en sortant de cette
machinerie néolibérale antipolitique et antidémocratique.
Tout cela
fait bouger à toute vitesse les mentalités collectives, déjà décillées depuis
plus de vingt ans des promesses fallacieuses de la mondialisation heureuse.
Bref, les plaques tectoniques politiques bougent à toute vitesse, et le temps
se rapproche où l’on pourra traduire en rapport de force politique sonnant et
trébuchant ce capital de frustration grandissant et cette lucidité collective
arrivant à maturité.
Les
institutions phares de la mondialisation néolibérale, l’UE et l’euro, ont mangé
leur pain blanc. Elles ne restent en place que par divers expédients qui
n’auront qu’un temps, ne faisant que retarder le moment de vérité. Toute une
série de diversions, ne sont là que pour faire durer encore un cycle électoral
le consensus européiste néolibéral, renouveler l’offre politique à bout de
souffle sans rien changer sur le fond. Et comme rien de tout cela n’est plus
vraiment assuré de marcher à coup sûr désormais, il faut aussi des alternatives
de sécurité, les candidats de la dernière chance si les stratégies classiques échouent
toutes. La candidature Mélenchon, à cet égard, reprend le modèle de Tsipras et
sa soumission au système après avoir fait croire l’inverse. C’est la seule roue
de secours du système européen en France si le consensus sur le statu quo
reposant sur des candidats classiquement néolibéraux ne fonctionne plus. Ce
n’est certes pas du tout le premier choix de l’oligarchie, mais cela constitue
bel et bien le dernier, si tout le reste échoue.
Les enjeux
politiques sont pour le coup, contrairement aux programmes de droite et de
gauche, désormais énormes. Il s’agit d’abord de récupérer des institutions
démocratiques, le cadre irremplaçable de la souveraineté nationale en sortant
des institutions « européennes ». Il s’agit aussi d’entamer
enfin le démantèlement de la mondialisation néolibérale. Et de faire de nouveau
avancer plus loin les acquis sociaux après avoir défait toutes les mesures
néolibérales des trente dernières années.
C’est la
possibilité retrouvée de ce rapport de force politique décisif qui non seulement
redeviendra possible, mais même s’engagera de la meilleure manière, vu que les
conditions n’auront jamais été aussi favorables depuis l’immédiate
après-guerre. Pour cela, il faudra jeter aux oubliettes le conflit idéologique
gauche-droite et se plonger résolument dans le conflit décisif entre classes
dominantes - et tout ce qui les soutient objectivement - d’un côté, et classes
populaires et moyennes précarisées de l’autre.
C’est
précisément ce que les tenants du statu quo veulent éviter à tout prix.
Vu la pente objective de la situation politique, idéologique, économique et
sociale, c’est néanmoins ce qui arrivera, seul le moment où cela adviendra
étant impossible à prévoir. L’enjeu réel de ces élections de 2017 est de faire
sortir du néant ce processus pour l’instant préempté par de fausses
alternatives qui surfent sur ce mouvement de fond sans avoir l’intention de le
réaliser, à savoir Le Pen et Mélenchon. C’est tout le sens du PARDEM, seul
parti proposant directement et sans fioritures la démondialisation, et qui
propose déjà un programme détaillé et complet pour réaliser ce processus.
Personne
ne doit donc se laisser bercer par la routine médiatique et politique qui fait
comme si rien ne changeait, qui semble déjà assurée de tranquillement renouveler
le ticket des tenants du statu quo, grâce au rôle de tremplin
automatique que réalise le FN pour son prétendant du deuxième tour. Certes
c’est bien ce qui risque d’arriver.
Mais
l’essentiel se joue ailleurs, dans les forces de renouvellement qui travaillent
profondément la société française et toutes les sociétés européennes brisées
partiellement par la mondialisation depuis plus de trente ans. Toutes celles et
ceux qui se laisseront piéger par la gauche contre la droite, ou le « vote
utile » contre la « bête immonde » retarderont donc gravement ce
processus, légitimeront l’annulation des processus démocratiques, feront
perdurer plus longtemps la déconstruction néolibérale qui démantèle à marche
forcée l’État social.
Il n’y a
qu’une seule manière de s’organiser rationnellement et efficacement pour
accélérer le processus de restauration de la démocratie et du progrès social.
C’est de rejoindre la seule force de renouvellement politique adaptée aux
enjeux fondamentaux de la nouvelle époque qui s’ouvre devant nous, celle de la
démondialisation démocratique et sociale, le PARDEM.
La
politique c’est peser pour changer les cadres institutionnels qui font société,
et leur contenu contraignant, les lois. Les rapports de force qu’elle implique
ne sont réalisables que dans le cadre de la souveraineté nationale, au sein de
l’État. La gauche et la droite actuelle, FN et gauche radicale inclus, sont la
garantie de renoncer à la politique ainsi définie, pour se réfugier dans les
identités idéologiques floues des « valeurs », au sein d’institutions
antidémocratiques et antipolitiques, celles de l’UE.
V.- Proposition
d’une méthode infaillible pour déterminer objectivement, et non idéologiquement
la position des partis politiques sur les questions principales, et déterminer
les camps réels en opposition
Voici un
petit test pratique infaillible pour déterminer, au-delà des postures, de la
rhétorique et de l’idéologie, où se situe réellement un mouvement, un parti ou
une personnalité politique par rapport aux enjeux politiques fondamentaux. Les
classes dominantes ont instauré les institutions du néolibéralisme afin de
garantir formellement une situation où plus aucun rapport de force n’est en
état de l’inquiéter sur les structures de la société qui l’avantagent mécaniquement.
Le
néolibéralisme est la nouvelle forme du capitalisme qui a compris que la
démocratie devait disparaître pour ne plus inquiéter ses positions, mais en
laissant néanmoins en place les anciennes institutions qui la caractérisent,
même si les nouvelles leur ôtent tout impact potentiel.
Cette
double armature institutionnelle, les anciennes, démocratiques, stérilisées, et
les nouvelles, néolibérales, désormais seules contraignantes, est pensée afin
que cette nouvelle situation apparaisse comme inéluctable, objective,
rassurante, légale. Elle passe donc par « l’économie » et par
les traités internationaux pour dévitaliser discrètement mais inéluctablement
les institutions démocratiques. Son chef d’œuvre est « l’Union »
européenne.
Le
capitalisme néolibéral repose ainsi sur trois piliers, qui, tant qu’on les
laisse en place, ont réduit à néant toute possibilité d’instruire contre lui un
rapport de force gagnable : le libre-échange généralisé (la dérégulation
commerciale), la financiarisation de l’économie et des budgets publics (la
dérégulation financière et monétaire), et les traités internationaux et
institutions supranationales faites pour garantir les deux premiers piliers des
aléas électoraux et pour court-circuiter radicalement tous les processus démocratiques.
Le tout permettant, avec l’aide du chômage de masse qui vient forcément,
mécaniquement, des deux premiers piliers de dérégulation commerciale et
financière, la déconstruction méthodique de l’État social.
Laisser en
place cette miraculeuse construction, ces trois piliers essentiels, est donc
l’objectif fondamental des classes dominantes, le secret de leurs victoires
continues depuis trente ans, la base de leur puissance désormais sans
possibilité de contre-pouvoir efficace. La démanteler résolument est évidemment
le seul moyen de les affaiblir structurellement à nouveau.
Dès lors,
pour savoir où se situe objectivement un parti politique, nul besoin de lui
demander quelles sont ses « valeurs », s’il est de droite ou de gauche,
qui il défend, etc. Toutes les réponses qui vont avec ces questions ne sont
souvent que de pures postures ou bien des positions identitaires ou
idéologiques. Il suffit de demander concrètement : avez-vous un programme
national pour démanteler le libre-échange, définanciariser l’économie (faire
défaut sur la dette publique, sortir de l’euro, fermer la Bourse, supprimer la
liberté de circulation des capitaux) et sortir de l’UE, du FMI, de l’OMC et de
l’OTAN ?
Si c’est
oui aux trois questions, alors ce parti est objectivement du côté des classes
populaires et moyennes précarisées, et radicalement contre les classes
dominantes. Si c’est non à l’une des trois questions (les trois piliers vont
ensemble et font système) ou aux trois, alors, quelles que soient ses « valeurs
», ses postures, ses déclamations, qui il déclare défendre, ses objectifs
généreux ou pas, et enfin qu’il en soit conscient ou pas, il est objectivement
du côté des classes dominantes et de ce qui fait leur force depuis quarante
ans. C’est le cas des onze candidats en compétition le 23 avril !
Ces trois
piliers, leur maintien ou leur démantèlement, constituent les enjeux essentiels
de la situation politique contemporaine depuis la mise en place de la
mondialisation néolibérale. Les divisions politiques, les rapports de force,
les camps opposés, pour faire sens et avoir le moindre impact, doivent donc se
positionner pour l’essentiel là où se situent les vrais enjeux.
L’idéologie,
celle qui a accompagné tout le processus de la mondialisation, s’est focalisée
sur une division artificielle, gauche-droite, qui ne s’est jamais en trente ans
située à l’endroit où résidaient les enjeux réels, la mise en place ou le
démantèlement des trois piliers de la mondialisation néolibérale. Les classes
populaires, premières victimes de cette mondialisation, ont donc été
logiquement les premières à abandonner le clivage gauche-droite et les partis
qui en vivent.
Les
classes moyennes précarisées sont en train de les suivre, pour les mêmes
raisons évidentes. Ceux qui veulent agir en politique doivent donc enfin
comprendre que les clivages réels, que les rapports de force essentiels passent
totalement à côté des clivages idéologiques gauche-droite. C’est de ne pas
l’avoir compris à temps qui explique qu’aucun parti d’envergure nationale ne se
soit mis au service de cette majorité orpheline d’une structure politique qui
traduise en rapport de force électoral ce combat essentiel contre la
mondialisation néolibérale.
Le PARDEM
est né de ce constat. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il est encore
possible de combler ce retard tragique, afin de ne pas laisser au FN le
privilège incroyable et irresponsable de capitaliser sur cette absence
stratégique d’un parti qui soit vraiment du côté des classes populaires et
moyennes. La situation, qui évolue dans le bon sens à toute vitesse, dessine la
probabilité d’une prochaine accélération de l’histoire mettant enfin en danger
les institutions du néolibéralisme. Il s’agit d’être prêt pour organiser au
mieux ce combat essentiel plutôt que d’en être des spectateurs passifs, voire
pire, de laisser passer cette opportunité historique de restaurer la démocratie
(la vraie, celle qui assure le pouvoir du peuple et qui renforce les classes
dominées).
Quittez
sans remord l’idéologie, redémarrez la vraie politique, instruisez un rapport
de force décisif, rejoignez le PARDEM, soutenez le seul candidat de la
démondialisation pour la présidentielle, Jacques Nikonoff (en votant carton
rouge le 23 avril), votez aux législatives pour les candidats du PARDEM !
Signez l’appel à voter carton rouge !
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Commentaires (1)
Invité - Invité
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il y a environ 3 jours
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