lundi 3 avril 2023

astéroïde Ryugu

 

wikipédia à jour au 22 mars 2023 ; consulté le 3 avril 2023, sur annonce du Point


(162173) Ryugu



Ryugu.

Caractéristiques orbitalesÉpoque 23 mai 2014 (JJ 2456800,5)Établi sur 624 observ. couvrant 9567 jours (U = 0)

Demi-grand axe (a)

177,9 × 106 km
(1,189 5 ua)

Périhélie (q)

144,1 × 106 km
(0,963 18 ua)

Aphélie (Q)

211,8 × 106 km
(1,415 8 ua)

Excentricité (e)

0,190 27

Période de révolution (Prév)

473,86 j
(1,30 a)

Inclinaison (i)

5,884 0°

Longitude du nœud ascendant (Ω)

251,614°

Argument du périhélie (ω)

211,437°

Anomalie moyenne (M0)

322,371°

Catégorie

Astéroïde Apollon

Paramètre de Tisserand (TJ)

5,308

Caractéristiques physiques

Dimensions

980 ± 29 m

Période de rotation (Prot)

0,317 8 ± 0,000 3 j

Classification spectrale

C

Magnitude absolue (H)

19,2

Albédo (A)

0,06

Découverte

Plus ancienne observation de pré-découverte

14 avril 1986

Date

10 mai 1999

Découvert par

LINEAR

Désignation

1999 JU3

modifier Consultez la documentation du modèle

(162173) Ryugu est un astéroïde Apollon de type C potentiellement dangereux découvert en 1999 par le projet LINEAR et provisoirement désigné 1999 JU3. En 2018, on lui a découvert une activité cométaire1.

Découverte, désignation et nom

Ryugu a été découvert le 10 mai 1999 par les astronomes grâce au Lincoln Near-Earth Asteroid Research, au Lincoln Laboratory's Experimental Test Site (en) (voir Laboratoire Lincoln), près de Socorro, au Nouveau-Mexique (États-Unis)2. Il a alors reçu la désignation provisoire 1999 JU3.

L'astéroïde a été officiellement baptisé Ryugu par le Centre des planètes mineures le 28 septembre 2015 dans la Minor Planet Circulars no 958043. Ce nom fait référence au Ryūgū-jō (le palais du dragon) qui, dans la mythologie japonaise, est le palais sous-marin de Ryūjin, le dieu dragon de la mer. Dans l'histoire, le pêcheur Urashima Tarō voyage jusqu'à ce palais sur le dos d'une tortue et, lors de son retour, rapporte avec lui une mystérieuse boîte, rappelant donc la mission Hayabusa 2 revenant avec les échantillons de l'astéroïde2,4.

Caractéristiques

L'astéroïde est une sphère grossière d'un diamètre d'environ 875 mètres (à 15 mètres près), mais sa forme est plutôt celle d'une toupie voire d'un diamant5.

Sa période de rotation est de 7,63 heures. Son albédo est faible : 0,0476.

Géographie et géologie

Ryugu est couvert de nombreux rochers. Le plus gros d'entre eux est surnommé Otohime7, d'après Otohime, princesse du palais Ryūgū-jō dans la légende japonaise de Urashima Tarō.

Le méridien origine est défini par le rocher Catafo Saxum8.

Exploration

Article détaillé : Hayabusa 2.

Choix du site d'atterrissage

Après une première sélection parmi 10 sites potentiels9, le CNES et la DLR (agence spatiale allemande) déterminent un site d'atterrissage principal, nommé MA-910, dans l'hémisphère sud de l'astéroïde, ainsi que deux sites de secours11,12.

Déroulement de l'exploration

(162173) Ryugu est la destination de la sonde spatiale japonaise Hayabusa 2, qui doit en prélever des échantillons. Elle se met en orbite le 27 juin 201813.

Le 20 juillet 2018 elle s'en approche à moins de 6 km. Les photographies révèlent une surface constellée de nombreux petits rochers, rendant difficile le choix d'un lieu d’atterrissage pour les robots d'exploration qui seront largués par la sonde en octobre 201814,10.

Le 21 septembre, les premières images haute résolution de la surface de l'astéroïde sont prises par la camera ONC-T (Optical Navigation Camera - Telescopic) à l'occasion de la descente d'Hayabusa 2 pour le largage de la sonde MINERVA-II-115.

Le 22 septembre, deux micro-robots japonais MINERVA-II-1 et 2 atterrissent sur Ryugu. C'est la première fois que des rovers se posent sur un astéroïde. Le robot franco-allemand Mascot (Mobile Asteroid Surface Scout) les rejoint le 3 octobre 201816,17,18.

Jeu concours

À l'occasion de la mission Hayabusa 2, les agences spatiales organisent un jeu concours à l'intention des enfants en France, en Allemagne et au Japon. Ils doivent dessiner l'astéroïde dans l'une des trois catégories au choix : réalisme, humour et créativité19. Les gagnants sont désignés pour la France le 16 mai 201820.

Résultats de la mission Hayabusa 2

Les premières observations optiques de Ryugu par la sonde spatiale Hayabusa 2 débutent en juin 2018 mais les premiers résultats scientifiques sont communiqués en mars 2019. Ryugu a la forme d'une toupie avec un épais bourrelet au niveau de l'équateur. La circonférence en passant par l'équateur est de 1 004 mètres alors qu'elle n'est que de 875 mètres en passant par les pôles (dans les deux cas à 4 mètres près).

L'astéroïde est en rotation rétrograde avec une période de 7,63 heures. L'axe de rotation est pratiquement perpendiculaire au plan orbital avec une inclinaison orbitale de 171,6 degrés. Son volume est de 0,377 km3 et sa densité est de 1,19. En partant de l'hypothèse qu'il est composé de chondrites carbonées — ce que semblent confirmer les images acquises par la caméra de MASCOT21 —, de densité minimale 2,42, sa porosité est de 50 %. C'est un des objets les plus sombres jamais observés dans le système solaire (albédo compris entre 1,4 et 1,8 %). La surface est recouverte de rochers (2 fois plus que Itokawa), dans des proportions qui ont étonné l'équipe scientifique. Le plus important, baptisé Otohime, fait 160 mètres dans sa plus grande longueur.

Aucun satellite n'a pu être observé. La forme très symétrique de Ryugu (vu du pole il est presque parfaitement circulaire), pourrait être expliquée si l'astéroïde tournait plus rapidement dans le passé. Les cratères observables sur le bourrelet équatorial impliquent que cette formation est ancienne mais elle l'est moins que les zones situées aux latitudes intermédiaires. On dénombre à la surface de Ryugu une trentaine de dépressions circulaires de plus de 20 mètres de diamètre mais près de la moitié ne sont pas entourées d'un rebord et pourraient résulter de l'effondrement de la surface ou de l'éjection de celle-ci par les forces centrifuges22.

Comme tous les astéroïdes de cette taille circulant sur une orbite de quasi collision avec la Terre, Ryugu n'est pas très âgé à l'échelle géologique. Ce type d’astéroïde est le fragment d'un astéroïde plus gros circulant dans la ceinture d'astéroïdes qui a éclaté à la suite d'une collision. L'orbite de Ryugu soumis à la fois à l'effet Yarkovsky et à l'effet YORP s'est progressivement rapprochée de celle des planètes internes. En étudiant les spectres des roches de Ryugu, les scientifiques japonais ont tenté de déterminer l'astéroïde parent. Les candidats les plus proches sont (142) Polana et (495) Eulalie mais les spectres sont légèrement différents. L'albédo particulièrement bas a surpris les scientifiques qui s'attendaient à une valeur comprise entre 3 et 4%. Aucune météorite identifiée sur Terre n'a un albédo aussi bas. La composition des roches à la surface de Ryugu semble très homogène. Tous les spectres montrent une petite quantité d'hydroxyde probablement présent dans un minéral argileux riche en magnésium. Cette composition indique que les matériaux présents ont interagi par le passé avec de l'eau. Cette composition et l'apparence (albédo) semblent indiquer que les roches qui forment Ryugu sont issues des couches internes d'un astéroïde de grande taille qui auraient subi une métamorphose thermique tout en étant infiltré par l'eau. Pour que ce processus se déclenche il fallait que cet astéroïde fasse quelques centaines de kilomètres de diamètre. Le réchauffement très important peut résulter soit de la décomposition radioactive de l'aluminium 26, soit d'un impact violent avec un autre astéroïde22.

Au total, la sonde Hayabusa 2 a ramené sur Terre 5,4 g de poudre et de particules de roches de l'astéroïde Ryugu, dont 95 mg ont été analysés en 2022 par une équipe internationale (concentration de 66 éléments chimiques et composition isotopique de l'oxygène, du chrome et du titane). Ces matériaux sont très voisins de ceux des chondrites carbonées de type Ivuna, qui font partie des météorites les plus primitives (et les plus rares) des collections mondiales. Ils sont constitués de minéraux secondaires formés par altération aqueuse des minéraux primaires à basses température et pression (37 ± 10 °C, 0,06 atm) environ 5 Ma après la naissance du Système solaire. Ils n'ont par la suite jamais été chauffés à plus de 100 °C23,24.

Notes et références

  • (en) Vladimir V. Busarev, Andrei B. Makalkin, Faith Vilas, Sergey I. Barabanov et Marina P. Scherbina, « New candidates for active asteroids: Main-belt (145) Adeona, (704) Interamnia, (779) Nina, (1474) Beira, and near-Earth (162,173) Ryugu », Icarus, vol. 304,‎ avril 2018, p. 83-94 (DOI 10.1016/j.icarus.2017.06.032).

  • (en) R. Jaumann, N. Schmitz, T.-M. Ho, S. E. Schröder, K. A. Otto et al., « Images from the surface of asteroid Ryugu show rocks similar to carbonaceous chondrite meteorites », Science, vol. 365, no 6455,‎ 23 août 2019, p. 817-820 (DOI 10.1126/science.aaw8627).

  1. (en) Tetsuya Yokoyama, Kazuhide Nagashima, Izumi Nakai, Edward D. Young et Yoshinari Abe, « Samples returned from the asteroid Ryugu are similar to Ivuna-type carbonaceous meteorites », Science,‎ 9 juin 2022 (DOI 10.1126/science.abn7850 Accès libre ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Caractéristiques et simulation d'orbite de 162173 [archive] dans la JPL Small-Body Database.

  • Faith Vilas, « Spectral Characteristics of Hayabusa 2 Near-Earth Asteroid Targets 162173 1999 JU3 and 2001 QC34 », The Astronomical Journal, vol. 135,‎ 2008, p. 1101 (DOI 10.1088/0004-6256/135/4/1101, Bibcode 2008AJ....135.1101V)

  • Hasegawa, Sunao; Müller, Thomas G.; Kawakami, Kyoko; Kasuga, Toshihiro; Wada, Takehiko; Ita, Yoshifusa; Takato, Naruhisa; Terada, Hiroshi; Fujiyoshi, Takuya; Abe, Masanao, « Albedo, Size, and Surface Characteristics of Hayabusa-2 Sample-Return Target 162173 1999 JU3 from AKARI », Publications of the Astronomical Society of Japan, vol. 60, no SP2,‎ 2008, S399–S405

  • Abe, Masanao; Kawakami, Kyoko; Hasegawa, Sunao; Kuroda, Daisuke; Yoshikawa, Makoto; Kasuga, Toshihiro; Kitazato, Kohei; Sarugaku, Yuki; Kinoshita, Daisuke; Miyasaka, Seidai; Urakawa, Seitaro; Okumura, Shinichirou; Takagi, Yasuhiko; Takato, Naruhisa; Fujiyoshi, Takuya; Terada, Hiroshi; Wada, Takehiko; Ita, Yoshifusa; Vilas, Faith; Weissman, Paul; Choi, Young-Jun; Larson, Steve; Bus, Schelte; Mueller, Thomas (13–20 July 2008). « Ground-based observational campaign for asteroid 162173 1999 JU3 » dans 37th COSPAR Scientific Assembly

  • H. Campins, J. P. Emery, M. Kelley, Y. Fernández, J. Licandro, M. Delbó, A. Barucci et E. Dotto, « Spitzer observations of spacecraft target 162173 (1999 JU3) », Astronomy and Astrophysics, vol. 503,‎ 2009, p. L17 (DOI 10.1051/0004-6361/200912374, Bibcode 2009A&A...503L..17C, arXiv 0908.0796)

  • (March 10–14, 2008) « Ground-based observational campaign for asteroid 162173 1999 JU3 » dans Lunar and Planetary Science XXXIX

  • « International Symposium Marco Polo and other Small Body Sample Return Missions » [archive]

Articles connexes

Liens externes

  • La dernière modification de cette page a été faite le 22 mars 2023 à 15:10.



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lepoint.fr


LETTRE DE L’ESPACE. Dans un échantillon rapporté par la sonde Hayabusa 2 se trouve l’un des constituants de l’ARN, une molécule liée au vivant.

Par Chloé Durand-Parenti

L'asteroide Ryugu vu par la sonde japonaise Hayabusa 2.

L’astéroïde Ryugu vu par la sonde japonaise Hayabusa 2.  © JAXA, UNIVERSITY OF TOKYO, KOCHI UNIVERSITY, RIKKYO UNIVERSITY, NAGOYA UNIVERSITY, CHIBA INSTITUTE OF TECHNOLOGY, MEIJI UNIVERSITY, AIZU UNIVERSITY, AIST

Publié le 01/04/2023 à 14h00


Temps de lecture : 2 min

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Rien n'est décidément tout blanc ou tout noir… Alors que les êtres humains tentent d'apprendre à se défendre contre un impact d'astéroïde dévastateur comme celui qui, pense-t-on, a eu raison des dinosaures, une étude scientifique suggère que ces corps errants du Système solaire pourraient bien avoir joué un rôle dans l'apparition même de la vie. Cette théorie n'est pas nouvelle.

Elle porte un nom : la panspermie. L'idée est que des astéroïdes ou des comètes auraient pu apporter, sur Terre, tout ou partie des molécules organiques constituant les briques de base de la vie. Car, dans l'enfance chaotique du Système solaire, notre planète aurait été intensément bombardée par ces corps qui auraient alors déposé de l'eau et/ou des composants chimiques clés, comme des acides aminés (précurseurs...

LETTRE DE L’ESPACE. Dans un échantillon rapporté par la sonde Hayabusa 2 se trouve l’un des constituants de l’ARN, une molécule liée au vivant.

Par Chloé Durand-Parenti

L'asteroide Ryugu vu par la sonde japonaise Hayabusa 2.

L’astéroïde Ryugu vu par la sonde japonaise Hayabusa 2.  © JAXA, UNIVERSITY OF TOKYO, KOCHI UNIVERSITY, RIKKYO UNIVERSITY, NAGOYA UNIVERSITY, CHIBA INSTITUTE OF TECHNOLOGY, MEIJI UNIVERSITY, AIZU UNIVERSITY, AIST

Publié le 01/04/2023 à 14h00

Rien n'est décidément tout blanc ou tout noir… Alors que les êtres humains tentent d'apprendre à se défendre contre un impact d'astéroïde dévastateur comme celui qui, pense-t-on, a eu raison des dinosaures, une étude scientifique suggère que ces corps errants du Système solaire pourraient bien avoir joué un rôle dans l'apparition même de la vie. Cette théorie n'est pas nouvelle.

Elle porte un nom : la panspermie. L'idée est que des astéroïdes ou des comètes auraient pu apporter, sur Terre, tout ou partie des molécules organiques constituant les briques de base de la vie. Car, dans l'enfance chaotique du Système solaire, notre planète aurait été intensément bombardée par ces corps qui auraient alors déposé de l'eau et/ou des composants chimiques clés, comme des acides aminés (précurseurs...


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