vendredi 2 septembre 2022

Ségolène Royal et la guerre d'Ukraine - liberation.fr


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Invitée de BFM TV le 1er septembre, l’ancienne candidate à la présidence a remis en cause plusieurs exactions du conflit ukrainiens perpétrées par les forces russes, niant notamment la réalité du bombardement meurtrier de la maternité de Marioupol, pourtant documenté.

Ségolène Royal en janvier 2020. (Christophe Simon/AFP)

par Alexandre Horn

publié le 2 septembre 2022 à 12h56

Dans une sortie médiatique remarquée sur la guerre en Ukraine, Ségolène Royal a dénoncé jeudi 1er septembre une «propagande de guerre par la peur», ciblant plus particulièrement le gouvernement ukrainien. Surtout, l’ex-ministre de la Transition écologique a remis en cause plusieurs exactions commises par les forces russes.Parmi les crimes que Ségolène Royal met en doute se trouvent les tortures de prisonniers, les viols d’enfants, mais surtout le bombardement de la maternité de Marioupol, qui aurait été inventé, d’après ses dires, pour stopper le processus de paix. «Tout le monde le sait qu’il y a une propagande de guerre par la peur. Ne serait-ce que le premier événement qui a été dit, la maternité bombardée. Quand monsieur Zelensky a fait le tour des parlements européens, c’est là que le processus de paix s’est interrompu. Il a utilisé ça, il a dit : «J’ai rencontré une femme enceinte qui m’a dit vengez moi.» Il a été incapable de donner le nom de cette femme, on n’a pas su le nom des victimes. Et vous pensez bien que s’il y avait eu la moindre victime, le moindre bébé avec du sang, à l’heure des téléphones portables on les aurait eues.»

Marioupol, un bombardement documenté

Si la propagande de guerre n’est pas l’apanage de Moscou, le bombardement de la maternité de Marioupol, le 9 mars, nié par l’ex-responsable socialiste, est pourtant documenté. Contrairement à ce que Ségolène Royal prétend, il y a des images. Elles ont été prises par les journalistes d’Associated Press (qui étaient alors les derniers reporters dans la ville assiégée) et par des amateurs. Contrairement à ce que Ségolène Royal affirme, il y a bien eu des victimes, dont un enfant.

L’une des victimes était une femme enceinte, évacuée sur un brancard sous les caméras alors qu’elle était encore consciente, une plaie béante visible sur son flanc. Transportée en urgence dans un autre hôpital plus proche de la zone de front, des médecins ont essayé de la sauver, en vain. Un chirurgien interrogé par AP explique que son pelvis était écrasé, sa hanche détachée. Elle a d’abord perdu son bébé, qu’elle suppliait les médecins de sauver, avant de succomber. «Plus de trente minutes de réanimation de la mère n’ont pas donné de résultat», explique le chirurgien à AP.

CheckNews avait également retrouvé Oksana Kirsanova, une Médecin anesthésiste d’un hôpital voisin qui a réussi à fuir Marioupol avant que la ville ne tombe. Elle fait partie de l’équipe médicale qui a essayé de sauver la femme en question. Entre les larmes et les sanglots, elle nous avait raconté : «On nous a ainsi amené cette femme de la maternité dont le bombardement [le 9 mars, ndlr] a été très médiatisé. J’étais dans la salle d’opération. On a essayé de réanimer son nouveau-né, mais malheureusement il était déjà mort.»

«Dans l’hôpital, il y avait toute une salle remplie de femmes victimes de la maternité bombardée. Elles étaient toutes blessées. L’une d’elles s’est fait amputer d’un pied, une autre avait reçu un éclat d’obus. On devait prendre soin de leurs nouveau-nés, essayer de les calmer, leur donner des biberons car leurs mamans ne pouvaient pas le faire. C’était des moments difficiles et éprouvants. On essayait de survivre, on opérait

Ce n’est pas la première fois que Ségolène Royal tient de tels propos. Le 5 août, cette dernière avait déjà déclaré sur Twitter : «Les ONG attendent aussi encore les preuves des horreurs alléguées, lieux et noms des victimes. Horreurs qui ont conduit à plus de guerre et stoppé tout processus de paix : femmes enceintes et bébés bombardés, tortures sur prisonniers, enfants victimes de viols : Où ? Quand ? Qui ?»

Les propos de Royal à propos de Marioupol sont parfaitement conformes à la propagande de Moscou, qui a nié l’existence de victimes du bombardement de la maternité, allant jusqu’à évoquer, par des canaux de désinformation, une mise scène. Des affirmations contredites par les faits. Les autres exactions mises en doute par Ségolène Royal, comme les viols et les cas de torture de prisonniers, ont aussi été largement documentées.
Plus que toute autre période, celle des guerres est sujette à la désinformation, qu’elle émane de sources inconnues ou d’autorités officielles. Dans le cadre de la crise en Ukraine, le service CheckNews de Libération reste pleinement mobilisé pour répondre à vos questions et tenter de démêler le vrai du faux, qu’il s’agisse de déclarations, d’images ou de vidéos. Une information vous fait douter ? N’hésitez pas à nous solliciter via notre formulaire, en cliquant sur le bandeau présent en tête de chaque article.

Ségolène Royal


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