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Mouvement pour un socialisme du XXIème siècle
L'armée russe est entrée en Ukraine
Publié le 9 mars 2022 par MS21
Ce 24 février 2022 au matin, c’est avec stupeur que nous avons entendu cette épouvantable nouvelle diffusée par tous les médias : l’armée russe est entrée en Ukraine ! Depuis lors, la condamnation est ( presque) unanime sous toutes les latitudes. On fustige le « méchant Poutine » qui agresse les « gentils Ukrainiens » .
Le MS21, parmi beaucoup d’autres personnalités et organisations, ne croyait pas que Poutine donnerait l’ordre à son armée de pénétrer en Ukraine pour , dit-il, “la démilitariser et la dénazifier” . Nous nous sommes trompés…(voir notre article précédent : La Russie va-t-elle envahir l’Ukraine?) Nous sommes contre la guerre, par principe. Nous condamnons fermement cette guerre aussi stupide que toutes les autres et faisons nôtre cette citation de Jean Jaurès : « On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre ». Mais ne nous laissons pas abuser et n’oublions pas que la première victime d’une guerre est la VÉRITÉ .Voici donc quelques éléments relatifs au contexte historique et géopolitique de ce conflit, en espérant qu'ils aident les citoyens à se faire une opinion raisonnable en dehors de l'hystérie collective anti-russe qui semble gagner les médias dominants occidentaux.
Une guerre civile qui dure depuis 8 ans : pourquoi n’en parlait-on pas ?
Les manifestations en Ukraine, commencées en 2004, se sont accrues en 2014 avec la Révolution de la place Maïdan provoquant un coup d’État et amenant au pouvoir Petro Porochenko (2014-2019), un oligarque néolibéral et anti-russe qui soutient l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. La russophobie de ce gouvernement a provoqué la rupture des liens avec la Russie et la ségrégation de la population russophone majoritaire en Crimée et dans le Donbass. Les habitants de Crimée ont voté leur rattachement à la Russie, la population des oblasts * de Donetsk et de Lougansk a choisi la voie de l’indépendance. L’armée ukrainienne a bombardé ces Républiques dissidentes de façon sporadique mais pendant des années, faisant quelque 14 000 victimes. Qui en a parlé, qui a protesté, en France , en Europe ? Silence radio…Voir les reportages de la journaliste française Anne-Laure Bonnel et son documentaire qui s’intitule “Donbass”( les liens sont en fin de ce texte)
Pourquoi les accords de Minsk n’ont-ils pas été respectés ?
Pour mettre fin aux hostilités dans le Donbass, s’ouvrent des négociations à Minsk, la capitale du Belarus, entre l’Ukraine (Porochenko) , la Russie (Poutine) et les rebelles du Donbass. Le 5 septembre 2014 est signé le protocole d’accord Minsk I et le 12 février 2015 sont signés les accords Minsk II. Ces accords comportent plusieurs articles, les plus importants sont : un cessez-le-feu bilatéral immédiat, l’échange des prisonniers, une décentralisation des pouvoirs ce qui entraînera une autonomie locale des oblasts dissidents, l’ établissement d’une zone tampon démilitarisée entre les belligérants. Une mission de L’OSCE* est chargée de surveiller la mise en œuvre de ces accords. Le Président Hollande et la chancelière Merkel sont garants de l’accord. D’après le président Macron « les accords de Minsk sont la meilleure chance de protection de l'Ukraine ». Hélas ces accords n’ont pas été respectés : les deux parties s’accusant mutuellement de violer le cessez-le-feu, le gouvernement de Kiev refusant d’accorder une forme d’autonomie aux deux provinces rebelles. Lorsque le Président Zelensky arrive au pouvoir en mai 2019, mal conseillé, il déclare qu’il n’appliquera pas les accords de Minsk. La France et l'Allemagne ne jouent pas leur rôle de garants et restent silencieuses.
Y a-t-il encore des ministres pro-nazis au gouvernement de Kiev ?
Il existe des partis pro-nazi en Ukraine : Pravy Sektor ( secteur droit) et Svoboda les plus connus. Les militants de ces partis combattent les séparatistes pro-russes dans le Donbass depuis 2014 avec le régiment Azov. Celui-ci a été intégré à la garde nationale ukrainienne, l'équivalent de la gendarmerie française et dépend maintenant du Ministère de l’intérieur. Cette décision a eu un effet déplorable dans la police ukrainienne, y instillant des idées ultra-nationalistes et fascistes. Un rapport d’Amnesty International dénonce que les paramilitaires pro-européens, dont ceux du bataillon Azov, commettent des crimes de guerre en exécutant des otages et des prisonniers pro-russes en les décapitant. Après le coup d'État de Maïdan, en 2014, des ministres d’extrême-droite sont entrés au gouvernement de Porochenko. L’actuel Président Zelensky dit ne pas les avoir repris dans son gouvernement et ces partis sont maintenant très minoritaires car ils ont obtenu moins de 1% des voix aux élections de 2019. De source ukrainienne, si des militants d’extrême droite sont actifs, ils sont minoritaires, et leur poids est amplifié par la propagande russe. La décision de Poutine de « dénazifier l’Ukraine » est-elle recevable ? Mais la propagande de Zelensky est aussi très efficace…
Pourquoi la Russie exige que l’OTAN ne s’étende pas à ses frontières ?
L’OTAN qui devait être une organisation défensive pour contenir l’expansion de l’URSS, est devenue une organisation offensive. La Russie reste traumatisée par la guerre ayant conduit à la disparition de la Yougoslavie. Sans mandat de l’ONU, en 1999, l’OTAN a bombardé Belgrade, capitale de la Serbie, pendant 78 jours….Les pays occidentaux n’ont pas protesté , on a laissé faire et accepté l’indépendance du Kosovo qui était une province serbe. Les Russes se disent qu’ils pourraient subir le même sort que l’ex-Yougoslavie et pour cette raison ne veulent pas que les États frontaliers adhèrent à l’OTAN. Cette demande a été faite dès la chute du mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne. Pourquoi cette demande est-elle restée lettre morte depuis plus de 30 ans ? Il était tout à fait prévisible que l’expansion de l’OTAN conduirait finalement à une rupture tragique, voire violente, des relations avec Moscou. Des analystes perspicaces avaient mis en garde contre les conséquences probables, mais ces avertissements n’ont pas été entendus.
Est-il encore temps de stopper l’engrenage fatal de la violence en Europe ?
Au quotidien indépendant « Kommersant » des journalistes russes condamnent l’attaque : « La guerre n’a jamais été et ne sera jamais une méthode de résolution des conflits, et rien ne la justifie. » Partout, en Russie aussi, les gens manifestent dans la rue, leur opposition à cette guerre mais livrer des armes à l’Ukraine, envoyer des troupes en Finlande, en Roumanie, etc, c’est mettre de l’huile sur le feu. Il faut que la diplomatie reprenne ses droits, que des négociations se poursuivent jusqu’à l’obtention d’un cessez-le-feu. Ensuite, écouter les deux parties, assurer la sécurité de tous en signant un traité de paix sous l’égide de l’ONU. Une solution envisagée est que l’Ukraine devienne un pays neutre comme il en existe déjà ( la Suisse, l’Autriche, la Suède, la Finlande) .
Depuis le 24 février, la Maison Blanche est muette, Jo Biden n’a rien à dire, aucun commentaire sur l’entrée de l’armée russe en Ukraine. Curieux , non ?
La Russie et l’Union européenne sont tombées dans le piège tendu par les Américains. Biden se tait, il a refilé le bébé à l’UE et il se frotte les mains . Il pourra vendre son gaz et son pétrole de schiste à ces grands naïfs d’Européens. Les sanctions vont affaiblir la Russie mais aussi les pays européens qui verront le prix de l’énergie monter en flèche. C’est le petit peuple qui pleure et enterre ses morts.On peut penser que si Biden avait annoncé que l’Ukraine ne serait jamais admise dans l’OTAN, il n’y aurait jamais eu d’invasion russe en Ukraine.
Par son agression, Poutine fait oublier les raisons de ce conflit à savoir les crimes des ultra-nationalistes ukrainiens, les manigances des Etats-Unis et de l’OTAN. Nos médias ne parlent plus que des bombardements, des malheurs du peuple ukrainien, de l’extraordinaire courage de ses soldats, du sang-froid du Président Zelensky, etc. Oublié tout ce qui a provoqué cela.
Notes
Oblast désigne une province
OSCE : Organisation de la Sécurité et de la Coopération en Europe
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