mercredi 9 mars 2022

Yvan Colonna - berger caprin corse, né le 7 Avril 1960 . condamné à perpétuité le 20 Juin 2011 pour avoir assassiné le préfet Claude Erignac, le 6 Février 1998 - wikipédia ce jour à 16 heures 24

 

Yvan Colonna

Yvan Colonna
Image dans Infobox.
Portrait d'Yvan Colonna.
Biographie
Naissance
(61 ans)
Ajaccio
Pseudonyme
Berger de Cargèse
Nationalité
Activités
Berger, militant politique
Père
Autres informations
Condamné pour

Yvan Colonna, surnommé le « berger de Cargèse » par la presse française, né le à Ajaccio (Corse) est un éleveur et militant indépendantiste corse. Il est impliqué dans l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella (1997) et l'assassinat du préfet Érignac, le à Ajaccio1. Il prend la fuite le 23 mai 1999, demeurant en cavale et recherché durant 4 ans. Il est finalement arrêté en 2003 à Olmeto. Au fil de multiples procès successifs de 2006 à 2011, Colonna est reconnu coupable et condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat de Claude Érignac.

Biographie

Jeunesse et études

Né le à Ajaccio, Yvan Colonna est le fils de Jean-Hugues Colonna, né à Cargèse et ancien député socialiste des Alpes-Maritimes, et de son épouse Cécile Riou, d'origine bretonne (Laz, Finistère). En 1975, toute sa famille s'installe à Nice où Jean-Hugues Colonna, son père, alors enseignant d'éducation physique, a été muté. Après un baccalauréat D, Yvan Colonna entame des études pour devenir professeur d'éducation physique et sportive. Il les abandonne en 1981 et retourne en Corse après avoir effectué son service militaire dans la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.

Berger et militantisme nationaliste

Il s'installe à Cargèse, où il se lance dans l'élevage de chèvres. Il milite dans des mouvements nationalistes proches du Front de libération nationale corse (FLNC).

En 1990, Yvan Colonna et sa compagne Pierrette Serreri deviennent parents d'un garçon prénommé Jean-Baptiste, Ghjuvan Battista en corse2.

Dans les années 1990, lors de l'éclatement du mouvement FLNC entre Canal Historique et Canal Habituel, il semble prendre du recul par rapport à la mouvance nationaliste.

Attaque de la gendarmerie de Pietrosella

Yvan Colonna était poursuivi pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » pour l'attaque à l'explosif de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) en 1997, au cours de laquelle deux gendarmes ont été pris en otage et où l'arme qui servira plus tard à tuer le préfet Érignac a été dérobée. Il a été condamné pour avoir joué le rôle de guetteur le .

Affaire Colonna

Cavale et arrestation

Dénoncé à plusieurs reprises, pendant un an et demi par quatre des six nationalistes coaccusés, pour l'assassinat du préfet Érignac commis le 6 février 1998 à Ajaccio, ainsi que par leurs épouses, plusieurs étant revenus sur leurs déclarations au bout de dix-huit mois, Yvan Colonna prend la fuite le . Après s'être soustrait pendant plus de quatre ans à la justice, il est arrêté près d'Olmeto le et transféré le lendemain à la prison de la Santé, à Paris3. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy déclare le soir de l'arrestation que « La police française vient d'arrêter Yvan Colonna, l'assassin du préfet Érignac », ce qui lui vaut des reproches pour atteinte à la présomption d'innocence et des poursuites judiciaires de la part d'Yvan Colonna. Yvan Colonna a engagé une procédure mais le tribunal de Paris n'a pu que reporter son jugement à la fin des fonctions présidentielles de Nicolas Sarkozy en raison de son immunité4. Une semaine après son arrestation, ses complices étaient condamnés à des peines allant jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité.

Premier procès

Le , la Cour de cassation ayant rejeté le pourvoi d'Yvan Colonna contre son renvoi devant la Cour d'assises spécialement composée5 de Paris, celui-ci est renvoyé pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » devant la cour d'assises spéciale de Paris du au 6, qui le condamne le à la réclusion criminelle à perpétuité.

La peine prononcée par la cour d'assises spéciale de Paris, après un mois de procès, ne suit pas les réquisitions du parquet, qui avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, la défense ayant demandé l'acquittement.

L'un des avocats d'Yvan Colonna, maître Antoine Sollacaro, a évoqué une « erreur judiciaire », affirmant que le dossier est « absolument vide de preuve » et a conclu en annonçant : « Nous allons faire appel dans les plus brefs délais »7.

Deuxième procès

Yvan Colonna est condamné de nouveau à la perpétuité le , peine assortie d'une période de sûreté de 22 ans en appel par la cour d'assises de Paris spécialement composée, qui a une compétence exclusive en matière terroriste et qui est composée en appel de neuf magistrats professionnels.

Le , la Cour de cassation annule, pour des raisons de vice de procédure8, la condamnation du prononcée par la Cour d'assises spéciale de Paris. La juridiction suprême reproche à cette dernière de n'avoir pas respecté l'article 331 du code de procédure pénale qui interdit d'interrompre un témoin pendant sa déposition. L'un d'entre eux, cité comme expert par la défense, avait été interrompu par le parquet et les parties civiles qui avaient mis en doute ses compétences en matière de balistique. Son audition s'était, ensuite, déroulée sur deux journées.

Le , Yvan Colonna est condamné à un an de prison ferme pour transport et détention d'arme de première catégorie et relaxé des chefs d'accusation d'association de malfaiteurs et de faits commis en lien avec une entreprise terroriste9.
Le parquet interjette appel le 10.

Troisième procès

Le s'ouvre le troisième procès à la cour d'assises de Paris d'Yvan Colonna11. Le , Yvan Colonna est reconnu comme étant le tireur et est condamné pour la troisième fois à la réclusion criminelle à perpétuité, sans période de sûreté, par la cour d'assises spéciale de Paris. Il est défendu par Gilles Simeoni12 aux côtés d’Antoine Sollacaro, de Pascal Garbarini et d'Éric Dupond-Moretti. Pour la première fois de l'histoire judiciaire française, une cour d'assises motive son verdict, anticipant de fait une évolution législative française visant à se mettre en conformité avec la jurisprudence européenne. Le , la Cour de cassation rejette le pourvoi que la défense d'Yvan Colonna a intenté13.

Le , Antoine Sollacaro, qui fut l'un des avocats d'Yvan Colonna, est assassiné dans une station-service sur la route des îles Sanguinaires14 (Corse-du-Sud).

Saisie de la Cour européenne des droits de l'Homme

Le , Yvan Colonna saisit la Cour européenne des droits de l'Homme, estimant qu'il n'a pas eu le droit à un procès équitable15. En , sa requête est déclarée recevable par la Cour. « La requête a passé le filtre de la recevabilité et a été transmise au gouvernement français », déclare à la presse son avocat, Me Patrice Spinosi. Selon lui, « il appartient désormais au gouvernement français de répondre d'ici juillet à notre argumentation par la voix du ministère des Affaires étrangères ». Il ajoute qu'une décision sur le fond pourrait être rendue en 2017. « Si comme nous l'espérons la Cour européenne condamnait la France, la porte serait ouverte pour qu'Yvan Colonna puisse saisir la cour de révision et de réexamen de la Cour de cassation »16.

La Cour européenne des droits de l'homme juge finalement irrecevable la requête d'Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac, qui s'estimait victime d'atteinte à la présomption d’innocence, refus qui ferme la porte à un nouveau procès17.

Vie en prison

Parcours

Yvan Colonna est d'abord incarcéré à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Il reste huit ans à Fresnes puis un an à Toulon, avant d'être transféré à la centrale d'Arles. En 2013, il est transféré à la prison de Réau, en Seine-et-Marne, pour suspicion de tentative d'évasion avec des explosifs18. Il retourne à Arles quelques semaines plus tard.

Vie privée

Il se marie le avec une Corse de 38 ans prénommée Stéphanie, mère de deux enfants nés d'un précédent mariage19. La cérémonie est alors célébrée par Henri Israël, adjoint (PS) au maire de Fresnes, en présence de Mgr Jacques Gaillot20. Un fils prénommé Joseph, Ghjaseppu en corse, naît de cette union le à Ajaccio21'22. Le , la femme d'Yvan Colonna, Stéphanie Colonna, interpelle le président Emmanuel Macron sur l'impossibilité pour son fils de voir son père. Elle demande le transfert de son mari en Corse, actuellement détenu à Arles sous le statut de détenu particulièrement signalé23.

Tentative d'assassinat contre lui

Le à 10h10, Yvan Colonna, seul dans la salle de sport, est violemment agressé par Franck Elong Abé, un codétenu chargé de l'entretien de la salle. Le suspect, de nationalité française, âgé de 36 ans purge une peine de 9 ans de prison pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme". Il a été arrêté en Afghanistan où il était parti faire le jihad. Initialement détenu dans la base américaine de Bagram, puis remis à la France, son parcours pénitencier est jonché d'incidents violents (tentative d'évasion, incendies volontaires etc.).

Après l'agression, Yvan Colonna est conduit en urgence à l'hôpital d'Arles, avant d’être transféré à l'hôpital Nord à Marseille, dans un état grave suite à une longue strangulation et étouffement réalisé avec des sacs en plastique et des serviettes. Initialement annoncé comme décédé, puis en état de mort cérébrale, il est, selon l'un de ses avocats, en coma post-anoxique. Le 6 mars une information judiciaire est ouverte pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteur terroriste", annonce le procureur de la République antiterroriste24,25,26,27,28,29,30. Le 8 mars suivant, son statut de détenu particulièrement signalé est levé par le Premier ministre Jean Castex en raison de sa « situation médicale »31.

Dans la culture populaire

Fin 2007, le journaliste politique et judiciaire Dominique Paganelli et le dessinateur Tignous couvrent le (premier) procès d'Yvan Colonna, pour le journal Charlie Hebdo32. Tous deux en tireront l'année suivante la bande dessinée Le Procès Colonna. L'ouvrage obtient le prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage 200933.

Notes et références


Annexes

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Bibliographie

  • Frédéric Charpier et Antoine Albertini, Les Dessous de l'affaire Colonna, éditions Presses de la Cité, 252 p., 2007.
  • Jean-Pierre Larminier, Claude Erignac et Yvan Colonna : deux victimes pour une affaire d'État, éditions Jeanne d'Arc, 45 p., 2008.
  • Roland Laurette, Yvan Colonna : L'innocence qui dérange, éditions L'Harmattan, 98 p., 2011.
  • Vincent Le Coq, Colonna, anatomie d’un procès truqué, éd. Max Milo, 2011

Filmographie

  • Yvan Colonna, l'impasse, par Ariane Chemin, Samuel Lajus, Gilles Perez, diffusé sur France 3 le .
  • Yvan Colonna, la traque (série Faites entrer l'accusé), par Benoît Bertrand Cadi, diffusé sur France 2 le .
  • Les Anonymes - Un Pienghjite Micca film de Pierre Schoeller

  • Énoncé du verdict le condamnant à perpétuité le  : « Yvan COLONNA est déclaré coupable pour son appartenance à une association de malfaiteurs, sa participation à l'attaque de la gendarmerie de PIETROSELLA, le 6 septembre 1997, aux infractions concernant les gendarmes PANIEZ et HIERNAUX commises à cette occasion et à l'assassinat du préfet Claude ERIGNAC perpétré le 6 février 1998 à AJACCIO, ces crimes et délits étant en rapport avec une entreprise terroriste. […] » lire en ligne [archive], sur lefigaro.fr [PDF].

  • Le JDD, « Yvan Colonna, le berger de Cargèse » [archive], sur lejdd.fr (consulté le )

  • « Yvan Colonna a été arrêté en Corse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne [archive], consulté le )

  • Clearstream, le lapsus de Sarkozy [archive], LeJD.fr,

  • C'est-à-dire composée de sept magistrats, et non de trois magistrats et neuf jurés (articles 698-6 [archive] et 706-25 [archive] du Code de procédure pénale)

  • Yvan Colonna sera jugé à partir de novembre [archive], sur le site Le Monde.fr du

  • La défense d'Yvan Colonna fera appel du verdict [archive], Dépêche AFP, 8 heures, , sur le site lemonde.fr

  • Yves Bordenave, « La condamnation d'Yvan Colonna annulée en cassation pour vice de procédure », Le Monde,‎ (lire en ligne [archive])

  • Yves Bordenave, « Un an de prison ferme pour Yvan Colonna », Le Monde,‎

  • « Cavale de Colonna: appel du parquet pour les six prévenus, dont Colonna », AFP,‎ (lire en ligne [archive])

  • Yvan Colonna : Et s'il parlait ? [archive], .

  • Avec Reuters, « Procès Colonna: Un demi-victoire pour la défense », 20 minutes,‎ (lire en ligne [archive], consulté le ).

  • La Cour de Cassation rejette le pourvoi. [archive]

  • Libération.fr avec AFP, « Antoine Sollacaro, ancien avocat de Colonna, assassiné en Corse » [archive], sur Libération.fr, 16 octobre 2012..

  • Colonna saisit la Cour européenne des droits de l'Homme [archive], sur le site tempsreel.nouvelobs.com

  • « La CEDH déclare recevable une requête d'Yvan Colonna » [archive], sur Le monde

  • Libération, « Pourquoi il n'y aura plus de procès Colonna », Libération.fr,‎ (lire en ligne [archive], consulté le )

  • « Soupçonné de tentative d'évasion, Yvan Colonna a été transféré de prison [archive] », lexpress.fr, .

  • « [PORTRAIT] Madame Yvan Colonna » [archive], sur L'Obs (consulté le )

  • « Yvan Colonna s'est marié en prison en présence de Mgr Gaillot [archive] », 20minutes.fr, .

  • « Le fils d'Yvan Colonna est né » [archive], sur FIGARO, (consulté le )

  • « Ghjaseppu Colonna, fils d'Yvan né le 1er décembre à Ajaccio », Corse-Matin,‎ (lire en ligne [archive], consulté le )

  • « VIDEO. Emmanuel Macron interpellé par la femme d'Yvan Colonna dans la rue » [archive], sur www.20minutes.fr (consulté le )

  • « Yvan Colonna : révélations sur les circonstances de sa violente agression en prison, une enquête ouverte pour « tentative d’assassinat » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne [archive], consulté le )

  • « 20minutes.fr/faits_divers/agression-yvan-colonna-radicalise-impulsif-virulent-inquietant-profil-du-suspect » [archive]

  • https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/corse-du-sud/cargese/pour-la-famille-d-yvan-colonna-l-etat-devra-rendre-des-comptes-2481601.html [archive]

  • « Yvan Colonna violemment agressé en prison, entre la vie et la mort » [archive], sur Le Parisien,

  • « Ce que l'on sait de l'agression d'Yvan Colonna par un codétenu à la prison d'Arles » [archive], sur Franceinfo, (consulté le )

  • Willy Le Devin, « Agression d’Yvan Colonna: huit minutes «d’un acharnement systématique» » [archive], sur Libération (consulté le )

  • « Tentative d'assassinat Yvan Colonna : sa famille dénonce une "situation anormalement confuse, suspecte" » [archive], sur France 3 Corse ViaStella (consulté le )

  • « Yvan Colonna, toujours entre la vie et la mort, n’est plus un « détenu particulièrement signalé » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne [archive], consulté le )

  • « Yvan Colonna : un procès, un condamné, une BD », article du journal Corse Matin [archive], du .

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