Yvan Colonna
Ajaccio
Pseudonyme |
Berger de Cargèse |
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Nationalité | |
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Berger, militant politique |
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Condamné pour |
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Yvan Colonna, surnommé le « berger de Cargèse » par la presse française, né le à Ajaccio (Corse) est un éleveur et militant indépendantiste corse. Il est impliqué dans l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella (1997) et l'assassinat du préfet Érignac, le à Ajaccio1. Il prend la fuite le 23 mai 1999, demeurant en cavale et recherché durant 4 ans. Il est finalement arrêté en 2003 à Olmeto. Au fil de multiples procès successifs de 2006 à 2011, Colonna est reconnu coupable et condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat de Claude Érignac.
Biographie
Jeunesse et études
Né le à Ajaccio, Yvan Colonna est le fils de Jean-Hugues Colonna, né à Cargèse et ancien député socialiste des Alpes-Maritimes, et de son épouse Cécile Riou, d'origine bretonne (Laz, Finistère). En 1975, toute sa famille s'installe à Nice où Jean-Hugues Colonna, son père, alors enseignant d'éducation physique, a été muté. Après un baccalauréat D, Yvan Colonna entame des études pour devenir professeur d'éducation physique et sportive. Il les abandonne en 1981 et retourne en Corse après avoir effectué son service militaire dans la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.
Berger et militantisme nationaliste
Il s'installe à Cargèse, où il se lance dans l'élevage de chèvres. Il milite dans des mouvements nationalistes proches du Front de libération nationale corse (FLNC).
En 1990, Yvan Colonna et sa compagne Pierrette Serreri deviennent parents d'un garçon prénommé Jean-Baptiste, Ghjuvan Battista en corse2.
Dans les années 1990, lors de l'éclatement du mouvement FLNC entre Canal Historique et Canal Habituel, il semble prendre du recul par rapport à la mouvance nationaliste.
Attaque de la gendarmerie de Pietrosella
Yvan Colonna était poursuivi pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » pour l'attaque à l'explosif de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) en 1997, au cours de laquelle deux gendarmes ont été pris en otage et où l'arme qui servira plus tard à tuer le préfet Érignac a été dérobée. Il a été condamné pour avoir joué le rôle de guetteur le .
Affaire Colonna
Cavale et arrestation
Dénoncé à plusieurs reprises, pendant un an et demi par quatre des six nationalistes coaccusés, pour l'assassinat du préfet Érignac commis le 6 février 1998 à Ajaccio, ainsi que par leurs épouses, plusieurs étant revenus sur leurs déclarations au bout de dix-huit mois, Yvan Colonna prend la fuite le . Après s'être soustrait pendant plus de quatre ans à la justice, il est arrêté près d'Olmeto le et transféré le lendemain à la prison de la Santé, à Paris3. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy déclare le soir de l'arrestation que « La police française vient d'arrêter Yvan Colonna, l'assassin du préfet Érignac », ce qui lui vaut des reproches pour atteinte à la présomption d'innocence et des poursuites judiciaires de la part d'Yvan Colonna. Yvan Colonna a engagé une procédure mais le tribunal de Paris n'a pu que reporter son jugement à la fin des fonctions présidentielles de Nicolas Sarkozy en raison de son immunité4. Une semaine après son arrestation, ses complices étaient condamnés à des peines allant jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité.
Premier procès
Le , la Cour de cassation ayant rejeté le pourvoi d'Yvan Colonna contre son renvoi devant la Cour d'assises spécialement composée5 de Paris, celui-ci est renvoyé pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » devant la cour d'assises spéciale de Paris du au 6, qui le condamne le à la réclusion criminelle à perpétuité.
La peine prononcée par la cour d'assises spéciale de Paris, après un mois de procès, ne suit pas les réquisitions du parquet, qui avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, la défense ayant demandé l'acquittement.
L'un des avocats d'Yvan Colonna, maître Antoine Sollacaro, a évoqué une « erreur judiciaire », affirmant que le dossier est « absolument vide de preuve » et a conclu en annonçant : « Nous allons faire appel dans les plus brefs délais »7.
Deuxième procès
Yvan Colonna est condamné de nouveau à la perpétuité le , peine assortie d'une période de sûreté de 22 ans en appel par la cour d'assises de Paris spécialement composée, qui a une compétence exclusive en matière terroriste et qui est composée en appel de neuf magistrats professionnels.
Le , la Cour de cassation annule, pour des raisons de vice de procédure8, la condamnation du prononcée par la Cour d'assises spéciale de Paris. La juridiction suprême reproche à cette dernière de n'avoir pas respecté l'article 331 du code de procédure pénale qui interdit d'interrompre un témoin pendant sa déposition. L'un d'entre eux, cité comme expert par la défense, avait été interrompu par le parquet et les parties civiles qui avaient mis en doute ses compétences en matière de balistique. Son audition s'était, ensuite, déroulée sur deux journées.
Le ,
Yvan Colonna est condamné à un an de prison ferme pour transport et
détention d'arme de première catégorie et relaxé des chefs d'accusation
d'association de malfaiteurs et de faits commis en lien avec une
entreprise terroriste9.
Le parquet interjette appel le 10.
Troisième procès
Le s'ouvre le troisième procès à la cour d'assises de Paris d'Yvan Colonna11. Le , Yvan Colonna est reconnu comme étant le tireur et est condamné pour la troisième fois à la réclusion criminelle à perpétuité, sans période de sûreté, par la cour d'assises spéciale de Paris. Il est défendu par Gilles Simeoni12 aux côtés d’Antoine Sollacaro, de Pascal Garbarini et d'Éric Dupond-Moretti. Pour la première fois de l'histoire judiciaire française, une cour d'assises motive son verdict, anticipant de fait une évolution législative française visant à se mettre en conformité avec la jurisprudence européenne. Le , la Cour de cassation rejette le pourvoi que la défense d'Yvan Colonna a intenté13.
Le , Antoine Sollacaro, qui fut l'un des avocats d'Yvan Colonna, est assassiné dans une station-service sur la route des îles Sanguinaires14 (Corse-du-Sud).
Saisie de la Cour européenne des droits de l'Homme
Le , Yvan Colonna saisit la Cour européenne des droits de l'Homme, estimant qu'il n'a pas eu le droit à un procès équitable15. En , sa requête est déclarée recevable par la Cour. « La requête a passé le filtre de la recevabilité et a été transmise au gouvernement français », déclare à la presse son avocat, Me Patrice Spinosi. Selon lui, « il appartient désormais au gouvernement français de répondre d'ici juillet à notre argumentation par la voix du ministère des Affaires étrangères ». Il ajoute qu'une décision sur le fond pourrait être rendue en 2017. « Si comme nous l'espérons la Cour européenne condamnait la France, la porte serait ouverte pour qu'Yvan Colonna puisse saisir la cour de révision et de réexamen de la Cour de cassation »16.
La Cour européenne des droits de l'homme juge finalement irrecevable la requête d'Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac, qui s'estimait victime d'atteinte à la présomption d’innocence, refus qui ferme la porte à un nouveau procès17.
Vie en prison
Parcours
Yvan Colonna est d'abord incarcéré à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Il reste huit ans à Fresnes puis un an à Toulon, avant d'être transféré à la centrale d'Arles. En 2013, il est transféré à la prison de Réau, en Seine-et-Marne, pour suspicion de tentative d'évasion avec des explosifs18. Il retourne à Arles quelques semaines plus tard.
Vie privée
Il se marie le avec une Corse de 38 ans prénommée Stéphanie, mère de deux enfants nés d'un précédent mariage19. La cérémonie est alors célébrée par Henri Israël, adjoint (PS) au maire de Fresnes, en présence de Mgr Jacques Gaillot20. Un fils prénommé Joseph, Ghjaseppu en corse, naît de cette union le à Ajaccio21'22. Le , la femme d'Yvan Colonna, Stéphanie Colonna, interpelle le président Emmanuel Macron sur l'impossibilité pour son fils de voir son père. Elle demande le transfert de son mari en Corse, actuellement détenu à Arles sous le statut de détenu particulièrement signalé23.
Tentative d'assassinat contre lui
Le à 10h10, Yvan Colonna, seul dans la salle de sport, est violemment agressé par Franck Elong Abé, un codétenu chargé de l'entretien de la salle. Le suspect, de nationalité française, âgé de 36 ans purge une peine de 9 ans de prison pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme". Il a été arrêté en Afghanistan où il était parti faire le jihad. Initialement détenu dans la base américaine de Bagram, puis remis à la France, son parcours pénitencier est jonché d'incidents violents (tentative d'évasion, incendies volontaires etc.).
Après l'agression, Yvan Colonna est conduit en urgence à l'hôpital d'Arles, avant d’être transféré à l'hôpital Nord à Marseille, dans un état grave suite à une longue strangulation et étouffement réalisé avec des sacs en plastique et des serviettes. Initialement annoncé comme décédé, puis en état de mort cérébrale, il est, selon l'un de ses avocats, en coma post-anoxique. Le 6 mars une information judiciaire est ouverte pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteur terroriste", annonce le procureur de la République antiterroriste24,25,26,27,28,29,30. Le 8 mars suivant, son statut de détenu particulièrement signalé est levé par le Premier ministre Jean Castex en raison de sa « situation médicale »31.
Dans la culture populaire
Fin 2007, le journaliste politique et judiciaire Dominique Paganelli et le dessinateur Tignous couvrent le (premier) procès d'Yvan Colonna, pour le journal Charlie Hebdo32. Tous deux en tireront l'année suivante la bande dessinée Le Procès Colonna. L'ouvrage obtient le prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage 200933.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- Frédéric Charpier et Antoine Albertini, Les Dessous de l'affaire Colonna, éditions Presses de la Cité, 252 p., 2007.
- Jean-Pierre Larminier, Claude Erignac et Yvan Colonna : deux victimes pour une affaire d'État, éditions Jeanne d'Arc, 45 p., 2008.
- Roland Laurette, Yvan Colonna : L'innocence qui dérange, éditions L'Harmattan, 98 p., 2011.
- Vincent Le Coq, Colonna, anatomie d’un procès truqué, éd. Max Milo, 2011
Filmographie
- Yvan Colonna, l'impasse, par Ariane Chemin, Samuel Lajus, Gilles Perez, diffusé sur France 3 le .
- Yvan Colonna, la traque (série Faites entrer l'accusé), par Benoît Bertrand Cadi, diffusé sur France 2 le .
- Les Anonymes - Un Pienghjite Micca film de Pierre Schoeller
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