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Publié le 7 Mai
2019
Editorial de Francis Kalifat - Mandat d’arrêt contre Alain Soral : force doit rester à la Loi !
Dans cette éditorial, Francis Kalifat,
Président du Crif, s'exprime sur la décision du parquet de Paris de
s'opposer à l'incarcération d'Alain Soral. Une décision qu'il juge
inacceptable.
La haine
antisémite se répand. 2018 a été une année noire et 2019
s’annonce encore plus compliquée.
La haine antisémite frappe les esprits, les
écoliers dans les cours de récréations, les fidèles au sortir des
synagogues et les Français Juifs dans la rue et même chez eux. Elle
tue aussi et à de multiples reprises: de Sébastien Sellam à Ilan
Halimi, de Sarah Halimi à Mireille Knoll, en passant par les
assassinats terroristes de l’école Ozar Hatorah de Toulouse et de
l’Hypercacher.
La haine antisémite a ses porte-voix. On les
trouve parmi des ratés qui ont échoué partout à se faire
connaître et qui trouvent là un terreau accueillant, fertile et
surtout rentable.
Dieudonné et Alain Soral sont les vedettes
incontestables de ce sinistre marché de la haine.
Face à l’antisémitisme et donc face à ses
glorioles autoproclamées, nous n’avons que deux recours :
l’éducation et la loi. L’éducation pour prévenir. La loi pour
punir.
Comment dès lors expliquer l’inexplicable? Le
parquet de Paris désavoue et s’oppose au tribunal de Paris qui
aurait condamné trop durement Alain Soral.
La 13ème chambre correctionnelle a rendu une
décision remarquable et remarquée dans la lutte contre
l’antisémitisme. Elle a condamné il y a quelques semaines, Alain
Soral pour contestation de crime contre l’humanité à une peine
d'un an de prison ferme.
Pour ne pas que cette décision reste sans effet,
le Tribunal avait avec responsabilité décidé de l’assortir d’un
mandat d’arrêt rendant ainsi inopérant le caractère suspensif en
cas d’appel de la décision prononcée. Et pour l’écrire plus
clairement encore : la juridiction avait décidé, dans sa grande
sagesse, au vu de la gravité des propos du multi récidiviste Alain
Soral, de leur diffusion, de son attitude et de ses
condamnations passées, qu'il devrait aller en prison peu importe
qu’il interjette appel ou pas.
En l’espèce, la peine prononcée s’avère non
seulement légitime, mais encore, au vu du contexte de
l’antisémitisme et du comportement multirécidiviste d’Alain
Soral, particulièrement nécessaire. Elle ne s’éloigne ni des
canons ni des principes de la justice pénale; elle en est
l’illustration.
En effet, les précédentes condamnations
n’avaient jamais dissuadé l’intéressé de réitérer et
d’aggraver ses propos à l’encontre des juifs; ni la situation de
l’antisémitisme d’empirer de manière substantielle et
concomitante.
Ce qui est inexplicable, ce n’est donc pas la
peine prononcée mais la volonté affichée du Procureur de la
République (qui représente l’accusation et la société dans son
ensemble) de ne pas l’appliquer !
En effet, sitôt la décision connue, le parquet a
annoncé faire appel sur la question du mandat d’arrêt! Du jamais
vu. Pis encore, il a décidé de refuser d’exécuter le mandat
d’arrêt intervenu en ne mandant pas la force publique pour aller
chercher Alain Soral et l’incarcérer.
Fort de ce traitement de faveur et bien que
condamné à une peine d’un an de prison ferme, Alain Soral a pu se
produire à Mulhouse et continuer de déverser sa haine des Juifs et
son venin sur Internet en tout impunité.
Comment comprendre que le procureur de Paris
faisant fi de l’égalité de tous devant la loi, réserve à Alain
Soral un traitement qui n’est réservé à aucun délinquant de
France ?
Comment comprendre que ceux avec qui nous
travaillons pour réprimer l’antisémitisme prennent une position
paradoxale et incompréhensible pour le rendre moins grave qu’une
autre délinquance, en dépit des lois d’aggravation, des
circulaires ministérielles qui ont édicté exactement l’inverse ?
Comment comprendre que l’on réserve à l’un
des chantres du complotisme et de l’antisémitisme français, un
favoritisme dérogatoire et inexplicable, sans menacer en même temps
d’effondrement tout l’édifice judiciaire et plus
particulièrement la répression des propos et contenus haineux ?
Contre l’antisémitisme, nous n’avions donc
que l’éducation et la loi. Comment continuer à le combattre
efficacement quand les gardiens de la Loi sont ceux qui la rendent
inopérante, comme en l’espèce contre Alain Soral ?
Il y a bien longtemps que les agissements
négationnistes et antisémites de Soral ne font plus rire que ses
fidèles. Mais depuis ce vaudeville judiciaire, lui peut continuer à
se rire de nous, de la loi et des juges ! De qui se moque-t-on ?
Francis Kalifat, Président du Crif
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