POLITIQUE
30/01/2019 19:58 CET | Actualisé il y a 5 heures
Grand débat: Macron joue au chat et à la souris avec les journalistes
Déplacements annoncés (ou annulés) à la dernière minute, visites surprises... Emmanuel Macron veut surprendre pour ne pas lasser.
AFP
Depuis le lancement du grand débat
national, Emmanuel Macron s'ingénie à prendre de court la presse en
multipliant les improvisations.
POLITIQUE - Viendra, viendra pas? Ce mercredi 30 janvier dans
l'après-midi, la presse piétinait encore pour connaître le lieu,
l'horaire et le format de la réunion à laquelle Emmanuel
Macron devait participer le lendemain, dans le cadre de ses
visites hebdomadaires en région pour le grand
débat national. Un enjeu de taille, notamment pour les chaînes
d'information en continu, tant ces échanges diffusés en direct
rencontrent un grand succès public. Las, un peu avant 18h, l'Élysée
douchait cette attente en annonçant via une dépêche AFP le report
de ce déplacement à lundi, sans plus d'explication.
Comme d'habitude, serait-on tenté de dire. Depuis le début de la crise des gilets jaunes, la présidence de la République n'hésite plus à jeter un voile d'opacité sur l'emploi du temps officiel du chef de l'État. Pour le protéger en occultant certains déplacements sensibles. Pour redonner du poids à sa parole aussi, en orchestrant notamment, au cœur de l'hiver et de la tempête en veste fluo, une sévère diète médiatique.
Cette tendance ne s'est pas améliorée avec le retour du chef de l'État sur le devant de la scène et le lancement officiel du grand débat national, voulu par Emmanuel Macron pour relancer un quinquennat au bord de l'effondrement. Soucieux de surprendre et de reprendre la main sur l'agenda médiatique, l'Élysée n'a de cesse d'improviser en ajoutant des rencontres inattendues en marge des déplacements annoncés. Quitte à jouer avec les nerfs des rédactions.
Dans le Lot, Emmanuel Macron s'était offert une visite
impromptue dans une école primaire de Saint-Sozy ainsi qu'un long
échange improvisé avec des habitants, juste avant d'honorer une
nouvelle réunion-marathon (annoncée cette fois-ci) face à des
centaines d'édiles.
Jeudi dernier, l'Élysée poussait le vice un cran plus loin. Officiellement, le déplacement présidentiel prévoyait bien un débat avec des maires, mais à huis-clos et donc sans retransmission télévisée. "Certains estiment qu'il est utile de pouvoir le voir en format plus restreint donc on adapte", avait alors feint de s'excuser le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, tandis que l'opposition raillait un président de la République refusant de débattre avec de "vrais Français".
En fin d'après-midi, coup de théâtre: Emmanuel Macron s'invitait à une réunion citoyenne à Bourg-de-Péage, fief de son ministre de l'Agriculture, son arrivée-surprise en "guest-star" immortalisée par une vidéo de sa conseillère presse Sibeth Ndiaye.
Visiblement, l'Élysée apprécie tant cet effet de surprise que la formule fait des émules. Vendredi dernier, c'était au tour du premier ministre Edouard Phlippe de s'inviter à l'impromptu dans une réunion citoyenne de Sartrouville dans les Yvelines.
Car si le détail de ces apparitions impromptues est gardé secret, elles n'en demeurent pas moins soigneusement préparées en amont. Pas question de revivre la scène surréaliste du bain de foule improvisé d'Emmanuel Macron sous l'orage à Saint-Martin, où le chef de l'État s'était retrouvé chemise trempée face à un jeune braqueur.
Ce jeudi, il ne devrait donc pas y avoir de grand débat national avec le président de la République. Et encore. Depuis la semaine dernière, les journalistes ont retenu la leçon et restent sur leurs gardes. D'autant que le chef de l'État, qui n'a jamais entretenu de relations affectueuses avec la presse, raffole de ces "coups" d'improvisation savamment orchestrés, sur le modèle d'une campagne électorale permanente.
"Quand il arrive à Bourg-de-Péage par exemple, personne n'a rien préparé pour l'interroger. On est donc dans un dialogue sans filtre avec lui, sans artifice. C'est ce qu'il recherche", explique un proche cité par Le Parisien. Au quotidien, l'entourage du président justifie aussi ce petit jeu de dissimulation par des impératifs de sécurité et l'envie de reprendre langue avec les Français, sans la barrière du protocole ni être gêné par des intrus: "L'avantage de se présenter au dernier moment sur un point, c'est que ça évite les comités d'accueil hostiles et donc des moyens de protection plus importants".
Cela n'empêche pas le président de la République d'assumer la confrontation, y compris avec des gilets jaunes ou des interlocuteurs en colère. A son arrivée à Bourg-de-Péage jeudi dernier, Emmanuel Macron n'avait pas hésité à inviter des participants manifestement peu commodes restés à la porte de la réunion. Un volontarisme qui se ressent dans les enquêtes d'opinion où le président reprend des couleurs depuis la rentrée. Dans un sondage Elabe pour BFMTV, sept Français sur dix (70%, +13 par rapport à une enquête mi-décembre) jugent Emmanuel Macron dynamique et 57% (+13) courageux. Ils sont aussi plus nombreux à le juger autoritaire (78%, +5) et arrogant (76%, +5). Comme si l'un n'allait pas sans l'autre.
Comme d'habitude, serait-on tenté de dire. Depuis le début de la crise des gilets jaunes, la présidence de la République n'hésite plus à jeter un voile d'opacité sur l'emploi du temps officiel du chef de l'État. Pour le protéger en occultant certains déplacements sensibles. Pour redonner du poids à sa parole aussi, en orchestrant notamment, au cœur de l'hiver et de la tempête en veste fluo, une sévère diète médiatique.
Cette tendance ne s'est pas améliorée avec le retour du chef de l'État sur le devant de la scène et le lancement officiel du grand débat national, voulu par Emmanuel Macron pour relancer un quinquennat au bord de l'effondrement. Soucieux de surprendre et de reprendre la main sur l'agenda médiatique, l'Élysée n'a de cesse d'improviser en ajoutant des rencontres inattendues en marge des déplacements annoncés. Quitte à jouer avec les nerfs des rédactions.
Quand Macron prend la presse par surprise
Le 15 janvier dernier, pour sa première participation devant 600 maires dans l'Eure, le président de la République avait déjà pris les journalistes de court en s'invitant au conseil municipal de Gasny. Il avait ensuite encore surpris tous les observateurs en jouant les prolongations pendant près de sept heures. Le tout devant les caméras médusées des chaînes tout-info.Jeudi dernier, l'Élysée poussait le vice un cran plus loin. Officiellement, le déplacement présidentiel prévoyait bien un débat avec des maires, mais à huis-clos et donc sans retransmission télévisée. "Certains estiment qu'il est utile de pouvoir le voir en format plus restreint donc on adapte", avait alors feint de s'excuser le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, tandis que l'opposition raillait un président de la République refusant de débattre avec de "vrais Français".
En fin d'après-midi, coup de théâtre: Emmanuel Macron s'invitait à une réunion citoyenne à Bourg-de-Péage, fief de son ministre de l'Agriculture, son arrivée-surprise en "guest-star" immortalisée par une vidéo de sa conseillère presse Sibeth Ndiaye.
Visiblement, l'Élysée apprécie tant cet effet de surprise que la formule fait des émules. Vendredi dernier, c'était au tour du premier ministre Edouard Phlippe de s'inviter à l'impromptu dans une réunion citoyenne de Sartrouville dans les Yvelines.
Macron en campagne et "sans filtre"
"Que ce soit avec le président, le premier ministre, les membres du gouvernement, les parlementaires, nos concitoyens ont envie de débattre. Les Français ont envie qu'on aille les écouter encore plus attentivement qu'on a pu le faire. C'est aussi la condition pour renouer la confiance avec le pays et le peuple", assume le porte-parole Benjamin Griveaux en saluant la vertu de la "répétition" de ces rendez-vous plus ou moins improvisés.Car si le détail de ces apparitions impromptues est gardé secret, elles n'en demeurent pas moins soigneusement préparées en amont. Pas question de revivre la scène surréaliste du bain de foule improvisé d'Emmanuel Macron sous l'orage à Saint-Martin, où le chef de l'État s'était retrouvé chemise trempée face à un jeune braqueur.
Ce jeudi, il ne devrait donc pas y avoir de grand débat national avec le président de la République. Et encore. Depuis la semaine dernière, les journalistes ont retenu la leçon et restent sur leurs gardes. D'autant que le chef de l'État, qui n'a jamais entretenu de relations affectueuses avec la presse, raffole de ces "coups" d'improvisation savamment orchestrés, sur le modèle d'une campagne électorale permanente.
"Quand il arrive à Bourg-de-Péage par exemple, personne n'a rien préparé pour l'interroger. On est donc dans un dialogue sans filtre avec lui, sans artifice. C'est ce qu'il recherche", explique un proche cité par Le Parisien. Au quotidien, l'entourage du président justifie aussi ce petit jeu de dissimulation par des impératifs de sécurité et l'envie de reprendre langue avec les Français, sans la barrière du protocole ni être gêné par des intrus: "L'avantage de se présenter au dernier moment sur un point, c'est que ça évite les comités d'accueil hostiles et donc des moyens de protection plus importants".
Cela n'empêche pas le président de la République d'assumer la confrontation, y compris avec des gilets jaunes ou des interlocuteurs en colère. A son arrivée à Bourg-de-Péage jeudi dernier, Emmanuel Macron n'avait pas hésité à inviter des participants manifestement peu commodes restés à la porte de la réunion. Un volontarisme qui se ressent dans les enquêtes d'opinion où le président reprend des couleurs depuis la rentrée. Dans un sondage Elabe pour BFMTV, sept Français sur dix (70%, +13 par rapport à une enquête mi-décembre) jugent Emmanuel Macron dynamique et 57% (+13) courageux. Ils sont aussi plus nombreux à le juger autoritaire (78%, +5) et arrogant (76%, +5). Comme si l'un n'allait pas sans l'autre.
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Grand débat: la jeunesse, "angle
mort" des discussions selon Philippe
POLITIQUE
30/01/2019
21:52 CET | Actualisé il y a 13 heures
Grand débat: la jeunesse, "angle mort" des discussions selon Philippe
Le Premier ministre appelle les jeunes à participer aux discussions organisées en réponse à la fronde des gilets jaunes.
POLITIQUE - "Ce serait terrible." Invité de France Inter ce mercredi 30 janvier, Édouard Philippe a exhorté les jeunes à prendre part au grand débat national organisé en réponse à la fronde des gilets jaunes. Le Premier ministre a répondu au flux incessant des questions d'auditeurs pendant une heure et demie, parmi lesquelles celle d'un lycéen sur la Transition écologique et les solutions du quotidien.Mais avant de répondre à son interrogation, Édouard Philippe a tenu à remercier le jeune homme de manière appuyée pour son engagement et le fait notamment qu'il organise lui même un débat dans son lycée. "D'abord, Baptiste, je ne sais pas comment se passera le grand débat que vous allez organiser demain. Mais je veux vous dire merci et bravo", a-t-il lancé avant de regretter que "la jeunesse" soit "un angle mort de ces discussions". "Quand j'ai été à Satrouville pour participer à une discussion, il n'y avait pas de gens de moins de 17 ans", a-t-il déploré.
Et le Premier ministre d'ajouter: "ce serait terrible si un grand débat national ne prenait pas en compte ce que disent ceux qui ont entre 16 et 30 ans. Si un grand débat doit permettre de définir les politiques publiques pour les années qui viennent, ce serait une folie que la jeunesse n'y participe pas." Visiblement attaché à ce que toute la population participe aux discussions, Édouard Philippe a même indiqué qu'une des conférences citoyennes que le gouvernement organisera sera réservée "à cette tranche d'âge."
Le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, a pour sa part invité les responsables de centres sociaux et de conseils citoyens à se mobiliser pour inciter les habitants des quartiers défavorisés à participer au grand débat. "Votre rôle dans ce grand débat national est essentiel", a écrit le ministre dans des courriers aux responsables de centres sociaux, membres des conseils citoyens et des régies de quartiers, diffusés mercredi.
Ouvert sur une fiscalité "plus progressive"
Toujours sur France Inter, Édouard Philippe s'est dit ouvert à l'idée de rendre "plus progressif" le système fiscal français, en laissant notamment la porte ouverte à l'idée d'une TVA zéro sur certains produits et de tranches plus élevées de l'impôt sur le revenu. "Je pense que nous pouvons travailler, c'est long et je sais que c'est difficile, à un système fiscal moins complexe, moins absurde et plus progressif", a-t-il expliqué.L'ancien maire du Havre a pris l'exemple de la suppression déjà actée de la taxe d'habitation "qui n'est pas un impôt très progressif et qui est un impôt très injuste", en expliquant que dans sa ville, les habitants des périphéries modestes payaient souvent davantage que ceux du centre-ville.
Le Premier ministre s'est refusé à acter une piste sur le sujet de la fiscalité, un des quatre thèmes du grand débat lancé par l'exécutif pour répondre à la crise des "gilets jaunes". "Est-ce qu'il faut aller à un taux marginal plus élevé pour les revenus les plus élevés? C'est une question souvent évoquée dans les débats. C'est important ces questions de justice fiscale, moi je suis totalement ouvert à ce débat sur la justice fiscale", a-t-il dit. Quant à la suppression de l'ISF décidée par le gouvernement, "si on veut faire payer les riches, il vaut mieux les attirer en France que de les faire partir."
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