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Opération Fortitude
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Un exemple de désinformation destinée aux observations des
nazis : un faux avion.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'opération
Fortitude (Courage en anglais) est le nom de code collectif pour des
opérations de désinformation et de diversion menées par les Alliés dans le but
de :- cacher aux Allemands que le lieu du débarquement serait la Normandie, en leur faisant croire qu'il serait effectué ailleurs (Norvège ou Pas de Calais),
- une fois celui-ci lancé, de leur faire croire que ce n'est qu'un débarquement de diversion, afin de retarder l'arrivée de leurs renforts.
Ces opérations sont planifiées et dirigées par le colonel John Henry Bevan de la London Controlling Section, située à Londres et conduite par l'état-major suprême allié (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force ou SHAEF)1.
Sommaire
- 1 Objectifs
- 2 Moyens
- 3 Actions majeures
- 4 Mesures passives
- 5 Conséquences de l'opération Fortitude
- 6 Littérature
- 7 Filmographie
- 8 Notes et références
- 9 Voir aussi
Objectifs
À partir de début 1944, l’imminence d'un débarquement dans le nord-ouest de l'Europe ne peut plus être cachée, à la vue de la concentration de troupes qui a commencé fin 1943. L'idée est, dans un premier temps, de cacher son lieu réel, en Normandie, en confortant un certain nombre d'hypothèses émises par le haut commandement allemand :- au nord : en faisant croire à l'hypothèse d'un débarquement en Norvège, hypothèse soutenue par Adolf Hitler et son entourage immédiat (Fortitude Nord) ;
- au sud : en faisant croire qu'il aurait effectivement lieu là où il paraissait le plus vraisemblable, c'est-à-dire le Pas-de-Calais (Fortitude Sud), qui offre la distance maritime la plus courte, réduit la longueur des flux logistiques et permet de frapper au plus vite au cœur de l'Allemagne via la côte de la mer du Nord.
Moyens
L'opération repose sur des activités majeures :- La création d'unités fantômes sur le sol anglais et écossais, grâce à la mise en place de leurres et d'une activité radio intense ;
- Des fuites contrôlées dans les canaux diplomatiques à travers les États neutres ;
- L'utilisation d'agents doubles destinés à envoyer des informations contrôlées par les services secrets alliés aux services secrets allemands.
Actions majeures
Fortitude Sud et opération Quicksilver
Un char gonflable type M4
Sherman.
Pour faire croire à l'hypothèse d'un débarquement dans le Pas-de-Calais
il est important de déplacer le centre de gravité des armées alliées vers le
sud-est de l'Angleterre, de l'île
de Wight vers le Kent2.
Un groupe d'armées américain fantôme, le premier groupe d'armées des
États-Unis (First United States Army Group, FUSAG) est donc créé de
manière artificielle. Parfaitement structuré, avec un chef prestigieux, le
général George S. Patton, un état-major, de fausses
infrastructures et équipements comme des chars gonflables fabriqués par Goodyear et Goodrich3
ou de l'artillerie en bois, jusqu'aux badges d'épaule des « ghost
divisions » créées pour la circonstance, il entretient une activité
radio-électrique intense4.Fortitude Nord et opération Skye
Pour faire croire à l'hypothèse d'un débarquement en Norvège, les Britanniques sous la supervision du colonel R.M. Mc Leod font croire à une concentration de leur IVe armée en Écosse. L'opération est divisée en quatre secteurs :- Skye I : état-major de la IVe armée basé à Édimbourg,
- Skye II : état-major du IIe corps d'armée britannique,
- Skye III : XVe corps d'armée américain, une unité qui existe déjà et à laquelle on a rajouté des éléments factices ;
- Skye IV : Ve corps d'armée britannique.
Mesures passives
Pour soutenir Fortitude, un certain nombre de mesures passives de consolidation des hypothèses sont prises, les unes spécifiques, les autres plus générales :Mesures générales
Les mesures générales de secret et de sécurité qui entourent l'opération Overlord, regroupées sous le nom de « Bigot », ont aussi indirectement contribué au succès de l'opération Fortitude. Parmi les plus importantes, on peut citer :- Les mesures de secret généralisées entourant le lieu du débarquement.
- La densité des reconnaissances aériennes et maritimes également réparties le long de la côte pour que l'ennemi ne puisse pas voir, à travers les objectifs choisis, où se trouvent les priorités géographiques des Alliés.
- La non-information des pilotes et des navigateurs quant à l'objectif et au but exact de leur reconnaissance.
- La répartition globale des bombardements sur la France du Nord, notamment des voies de communication, sans aucune priorité visible autre que le Pas-de-Calais.
- Des mouvements de troupes sur le sol britannique qui visent à faire croire, à d'éventuels espions non détectés, à l'hypothèse Quicksilver.
Mesures spécifiques
Agents doubles
Les Allemands disposent d'environ 50 agents secrets en Grande-Bretagne. La plupart ont été localisés, arrêtés puis retournés par le service de contre espionnage du MI-5. La teneur des messages qu'ils envoient à leurs officiers-traitants en Allemagne est composée par les services secrets britanniques qui créent ainsi l'image opérationnelle qu'ils souhaitent présenter aux Allemands.Les trois agents doubles les plus importants[réf. souhaitée] sont :
- Joan Pujol Garcia (alias Garbo), un espagnol.
- Roman Czerniawski (alias Brutus), un officier polonais.
- Duško Popov (alias Tricycle), un avocat serbe.
Fuites d'origine diplomatique
Pour appuyer la véracité de l'opération Skye, les diplomates britanniques engagent des négociations avec les Suédois pour obtenir certaines autorisations, dont le droit, pour les reconnaissances aériennes, de survoler leur territoire, ainsi que la permission de faire ravitailler leurs avions qui se poseraient en urgence en Suède, contrairement aux règles juridiques de la stricte neutralité.Bombardements intensifs des zones du débarquement présumé
Pour faire croire à l'imminence du débarquement dans le Pas-de-Calais, les bombardements sont intensifiés sur certaines parties de la zone présumée. C'est ainsi que les villages du Portel et d'Équihen-Plage [réf. nécessaire] sont complètement détruits (destruction à environ 94 % et 95 %), avec environ 500 civils tués5 sur la seule commune du Portel. En juin 1944, les bombardements alliés sont très importants, une centaine de bombes tombent notamment sur la station balnéaire du Touquet-Paris-Plage, dont la plage est densément fortifiée.Échelonnement des lieux de stationnement des troupes de la première vague
Une grande partie des troupes américaines de la première vague se trouve cantonnée dans la partie centrale et nord-ouest de l'Angleterre. Ce positionnement a de multiples avantages : au plan de la protection, elles sont plus loin des terrains d'aviation allemands et limitent ainsi à la fois leur vulnérabilité et leur détection ; au plan de la logistique, elles sont plus proches des grands ports de la côte ouest de l'Angleterre dont les approches sont plus sûres ; et au plan du renseignement, cette disposition renforce la crédibilité de l'opération Quicksilver. En effet, ces troupes peuvent faire croire qu'elles sont les forces américaines de deuxième échelon derrière le FUSAG factice censé représenter la première vague destinée au Pas de Calais.Mesures périphériques autour de la flotte de débarquement
Dans la journée et la nuit du 5 juin 1944,- les bombardements sont brutalement intensifiés sur la côte d'Opale et à l'intérieur des terres ;
- une flottille de navires, avec d'intenses communications radio et hautement visibles sur les radars allemands, se porte vers Dieppe ;
- les avions et les planeurs des parachutistes alliés se dirigent vers Dieppe avant de faire un large virage sur la Manche et d'aborder les zones de saut par l'est. Simultanément, de faux parachutistes sont largués :
- au nord de l'estuaire de la Seine pour faire croire qu'ils y ont effectivement sauté
- sur la région du Mont-Saint-Michel, pour faire croire que les largages principaux dans la région de Sainte-Mère-Église et sur l'estuaire de l'Orne ne sont que la partie minime d'une attaque aéroportée de bien plus grande ampleur.
Conséquences de l'opération Fortitude
Les Alliés peuvent juger facilement l'efficacité de ces stratagèmes. Comme Ultra avait révélé le codage de la machine Enigma assez tôt, les Alliés peuvent déchiffrer quasiment en temps réel les réponses du haut commandement allemand à leurs actions.Il est à peu près certain que les Allemands ont cru au débarquement dans le Pas-de-Calais jusqu'au redéploiement de la XVe armée allemande face aux Alliés en août 1944 et qu'ils n’abandonnent définitivement l’hypothèse qu’en septembre. Entre temps, Hitler a pris personnellement la direction stratégique des opérations dès le complot du 20 juillet 1944 à Rastenbourg.
En tout état de cause, l'opération est décisive pour le succès du plan allié, car elle force les Allemands à garder une masse de troupes concentrées dans le Pas-de-Calais en réserve, en attente d'une attaque jugée par eux probable. Elle permet ainsi aux Alliés de maintenir, puis de consolider, leurs positions en Normandie. Elle ne permet toutefois pas une offensive décisive des Britanniques le long de la côte vers l'est comme le prévoyait le plan initial de l'opération Overlord et comme l'espérait Montgomery. Elle oblige les Américains à prendre l'initiative en direction du sud de la tête de pont, par l'opération Cobra en direction d'Avranches puis du Mans, avant de reprendre le chemin de l'Allemagne.
Littérature
- L'Arme à l'œil est un roman d'espionnage de Ken Follett, publié en 1980, concernant cet épisode de la Seconde Guerre mondiale.
- Fortitude est un roman de Larry Collins, publié en 1985, concernant cet épisode de la Seconde Guerre mondiale. Il est inspiré de l'histoire du réseau Prosper et de l'agent double Henri Déricourt.
Filmographie
- L'Arme à l'œil est un film réalisé par Richard Marquand en 1981 tiré du livre éponyme de Ken Follett (titre original : Eye of the Needle)
- Fortitude est un film réalisé par Waris Hussein en 1994, tiré du livre éponyme de Larry Collins
Notes et références
- « OPERATION FORTITUDE » [archive], sur http://www.armee-americaine.net [archive] (consulté le 6 décembre 2013)
- « L'OPÉRATION FORTITUDE » [archive], sur http://www.normandiememoire.com [archive] (consulté le 6 décembre 2013)
- Collins Larry, « Les Secrets de l'Operation Fortitude » [archive], sur http://www.lexpress.fr [archive], 1994 (consulté le 6 décembre 2013)
- « Les préparatifs du Débarquement de Normandie - Opération Fortitude » [archive], sur http://www.dday-overlord.com [archive] (consulté le 6 décembre 2013)
- Le Portel dans la tourmente [archive]
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modifiée pour la dernière fois le 5 mai 2017 à 21:17.
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