mercredi 5 avril 2023

le train de vie à l'Elysée - marianne.net

 

marianne.net – 6 avril 2023

Harcèlement, mises à pied arbitraires… la détresse des

La présidence « est une machine à broyer les gens », estime Patrick Pradier, ex et unique syndicaliste de l’Élysée.
Ludovic MARIN / POOL / AFP

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Il n’y a pas que sur la réforme des retraites que la présidence de la République se révèle défaillante à entretenir le dialogue social. Au Palais, où travaillent plus de 800 personnes, il n’y a ni syndicat ni représentant du personnel ! Pourtant, comme ailleurs, les tensions internes y sont fortes. En mars, un employé chargé de l’argenterie, remercié après vingt-trois ans de services, s’est jeté sous le RER…

L’émotion est forte à l’Élysée. Pas tant dans cette bulle de conseillers qui entourent le couple présidentiel, mais chez les petites mains, cette armée silencieuse qui fait tourner le Palais. Ils sont 825 « temps plein » à travailler dans la « maison du président », dont près de 300 gendarmes. Parmi eux, nombreux sont ceux qui connaissaient Frédéric, un agent du service « argenterie ». Vingt-trois ans d’ancienneté. Une vie à entretenir les couverts en vermeil, les assiettes en porcelaine de Sèvres et les verres en baccarat. « Au sein du service de l’intendance, la demi-douzaine d’argentiers a la responsabilité des objets de la table, raison pour laquelle ils peuvent finir très tard certains soirs » indique un cadre. Un vendredi de mars, Frédéric, la petite cinquantaine, a appris qu’il était limogé. « On lui a dit qu’il était remis à disposition de son corps d’origine[le ministère de la Culture]et qu’il allait perdre son logement de fonction quai Branly » détaille Patrick Pradier, ex et unique syndicaliste de l’Élysée. Le week-end qui a suivi, Frédéric s’est jeté sur les voies du RER. Il n’avait aucun papier d’identité sur lui. Sauf son badge de la présidence autour du cou. « Comment ne pas y voir un signe » estime Patrick Pradier, qui se fait porte-parole « du profond trouble qui secoue le personnel ». Frédéric a été hospitalisé dans un état grave.

Une tentative de suicide qui sonne comme un signal d’alarme… Preuve de l’étendue du malaise, le service de presse de l’Élysée indique qu’« Emmanuel Macron et son épouse ont réuni l’ensemble de ses collègues pour leur apporter leur soutien » et ajoute qu’« une aide psychologique » a été proposée aux membres du service de l’Intendance. Cette attention du couple présidentiel suffira-t-elle ? Pas sûr. « En ce moment, l’ambiance de travail est exécrable au "Château". Ils virent les “vieux” en les remettant brutalement à disposition de leur corps d’origine » confie Patrick Pradier.

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Le projet de loi de finances pour 2023 ouvre une dotation de 114,5 millions d’euros pour la présidence de la République, en progression de 5,5 millions d’euros par rapport à 2022. Cette augmentation tient pour beaucoup aux dépenses de personnels portées par la hausse du point d’indice. La rémunération du chef de l’État passe quant à elle à 15 737 euros.

La fin du « quoi qu’il en coûte » n'a pas lieu pour tout le monde – en tout cas, pas pour le budget de l’Élysée. Selon les documents budgétaires consacrés aux dépenses inscrites pour la présidence de la République dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2023, Emmanuel Macron devrait bénéficier d’une hausse de près de 5 % de ses crédits, quand le PLF prévoit un recul de 2,3 % des dépenses de l’État.

Le budget du Palais se voit attribuer une rallonge de 5,5 millions, ce qui le fait passer de 109 millions d’euros en 2022 à 114,5 millions d’euros en 2023. Pour se justifier, l’Élysée avance « l’activité intense constatée depuis 2022, le contexte inflationniste et les mesures structurelles affectant les dépenses de personnel confortent la nécessité de solliciter une augmentation de la dotation de la présidence ».

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L'explication n’a pas convaincu Marianne Maximi, députée La France insoumise (LFI) du Puy-de-Dôme. « Les arguments avancés par la présidence de la République pour solliciter de la représentation nationale une augmentation de sa dotation sont tout autant voire davantage valables pour les collectivités territoriales », souligne l'élue, qui est aussi membre de la Commission des finances de l'Assemblée nationale. De fait, dans le PLF, les concours financiers de l'État aux collectivités territoriales passent de 52,32 à 53,45 milliards d'euros, soit une progression de 2,15 %, deux fois moins rapide que pour l’Élysée.

Dépense de personnels en hausse

Les dépenses de personnels, premier poste de la présidence, enregistrent, quant à elles, une progression proche de 4 %. Les 791 postes en équivalent temps plein affectés à la présidence ont profité d’un peu plus que la hausse de 3,5 % du point d’indice de la fonction publique, notamment après la suppression de quatre postes depuis l'an dernier. Cette progression touche évidemment les 599 fonctionnaires qui y travaillent.

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Ce coup de pouce n’est en revanche pas automatique pour les 192 contractuels affectés au Château, dont le nombre s'est accru de cinq postes – quatre d'entre eux dans le très sensible Service de communication directe. La rémunération d’Emmanuel Macron a elle aussi profité de cette hausse. Depuis août, le chef de l’État perçoit un traitement de 15 737,13 euros mensuels, soit 500 euros de plus chaque mois. Le budget de la présidence n’échappe cependant pas à la funeste tendance de fond qui érode les investissements au profit des dépenses de fonctionnement. Hormis le budget investissement – travaux et matériel informatique, par exemple – en baisse de 7,7 %, tous les autres postes sont à la hausse.

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Brigitte Macron : au fait, ça coûte combien, une

Brigitte Macron disposerait actuellement de pas moins de 13 collaborateurs.

Brigitte Macron : au fait, ça coûte combien, une "Première dame" ?

Le juste prix

Par Étienne Girard

Publié le 17/08/2017 à 15:01

Brigitte Macron : au fait, ça coûte combien, une

Brigitte Macron disposerait actuellement de pas moins de 13 collaborateurs.

Brigitte Macron : au fait, ça coûte combien, une "Première dame" ?

Le juste prix

Par Étienne Girard

Publié le 17/08/2017 à 15:01

Alors que Brigitte Macron s'épanche dans une interview donnée au magazine "Elle", où elle évoque aussi la future charte censée encadrer ses activités, retour sur ce que coûte aux contribuables l'épouse du Président, qui ne dispose d'aucun statut ni aucune fonction officielle.

Nous habitons un pays dans lequel les gens connaissent davantage le prénom de la Première dame que celui du Premier ministre. Il faut dire que Brigitte Macron, inconnue il y a encore trois ans, a su s'immiscer dans le quotidien des Français, à coups de unes de magazines people , de confidences intimes ou d'apparitions remarquées dans ses tenues griffées. Depuis que son Emmanuel de mari est président de la République, une partie de son train de vie est désormais pris en charge par le contribuable. Alors, combien nous coûte la Première dame ? On ne sait pas exactement, et c'est ce que l'exécutif voudrait changer, en mettant en place une "charte de transparence" qui précisera le budget, mais aussi les collaborateurs et les missions dévolues à l'épouse du Président, comme le précise l'intéressée cette semaine dans une interview au magazine Elle.

Il est tout de même possible d'avancer quelques chiffres, rendus publics au cours des dernières années. Si l'on ne connaît pas le coût pour le contribuable des épouses De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing (qui comptait tout de même quatre collaborateurs à ses côtés, d'après Le Parisien) ou Mitterrand, la Première dame la plus ruineuse de ces vingt dernières années était Bernadette Chirac, selon une enquête de VSD publiée en 2013. L'ex-conseillère générale de Corrèze s'était vu allouer un budget de... 80.000 euros par mois, soit 960.000 euros par an. Elle disposait de pas moins de 21 collaborateurs, selon l'ex-député PS René Dosière, expert des finances présidentielles. Leurs tâches étaient extrêmement diverses. Pas moins de six d'entre eux exerçaient notamment des fonctions de secrétariat. De quoi être assisté avec efficacité... Bernadette Chirac disposait également d'un conseiller technique, d'une collaboratrice multi-tâches, ou encore de "rédacteurs" chargés de répondre à son abondant courrier, ainsi que de deux chauffeurs.

La CB de Cécilia

Depuis cette époque, l'Elysée a réduit la voilure. Un peu... Cécilia Sarkozy, restée six mois à l'Elysée, n'a pas laissé de trace sur le budget de la maison mais a tout de même eu le temps de se faire épingler pour avoir utilisé une carte de crédit débitée sur le compte du Trésor public, au nom de la présidence de la République. Elle s'en est servie deux fois pour des "déjeuners de travail". Les montants ? 129 et 272 euros. A ce prix-là, espérons que la table a été bonne. Quant à Carla Bruni-Sarkozy, qui est restée plus longtemps, elle coûtait plus de 60.000 euros par mois au contribuable (720.000 euros annuels), répartis entre ses huit collaborateurs et les frais de fonctionnement de son site Internet, comme l'a indiqué en 2013 Matignon (entretemps passé à gauche). A la suite de cette révélation, le député sarkozyste Guillaume Larrivé avait justifié ces coûts élevés par la notoriété de la Première dame : "Madame Sarkozy a une notoriété personnelle extrêmement forte, elle était très sollicitée, notamment en termes de courrier".



Valérie Trierweiler, compagne de François Hollande jusqu'en début 2014, disposait elle aussi de moyens moins importants. Selon Matignon, elle bénéficiait en 2013 du concours de cinq collaborateurs, dont l'ex-journaliste de RFI Patrice Biancone, chargé de diriger son cabinet. La rémunération mensuelle de ce petit monde ? 19.742 euros, soit 237.000 euros par an. Une somme rondelette, certes, mais tout de même 67% moins importante que sous Carla Bruni, et 75% moindre par rapport à l'époque Bernadette !

L'intervalle 2014 -2017 a même été une période bénie pour les finances publiques concernant ce poste de dépenses puisque justement... il n'y avait pas de Première dame à l'Elysée.

Treize collab' pour Brigitte Macron

Pour la suite, Brigitte Macron a de bonnes chances de se placer dans le peloton de tête des Premières dames les plus coûteuses. En tout cas, si l'Elysée prend en compte l'ensemble de ses collaborateurs... Alors que le chiffre de trois est souvent évoqué - comprenant son directeur de cabinet Pierre-Olivier Costa, l'adjoint de celui-ci et une secrétaire -, Paris Match a récemment révélé que le cabinet de l'épouse du Président comptait en réalité au moins treize personnes ! Dix de plus sont en effet chargées selon le magazine de répondre au courrier abondant de l'ex-professeure de lettres, environ 150 par jour.

A noter qu'en dépit de ces données, la Première dame ne peut officiellement effectuer aucune dépense aux frais de la République. René Dosière le rappelait dans une interview au Figaro : "L'épouse du chef de l'Etat n'a pas d'existence juridique. A ce titre, elle n'a aucun droit d'utiliser de l'argent public. C'est une règle. Si elle le fait, juridiquement, c'est tout simplement un délit de détournement de fonds publics". Dans les faits, c'est une petite main rattachée au cabinet du Président qui règle donc les factures.

Le caractère artificiel de la situation a poussé l’Élysée à envisager la création d'un véritable statut légal pour la Première dame. Finalement, il n'en sera rien, comme le confirme Brigitte Macron à Elle. Entre-temps, une pétition de 300.000 signatures s'est en effet opposée à l'initiative, qui passe mal dans l'opinion. La "charte de transparence" annoncée se contentera donc de faire la lumière sur le coût et le contenu de son activité. En laissant en suspens une question, jamais véritablement tranchée : est-ce vraiment au contribuable de payer pour les initiatives caritatives ou les frais de bouche de la femme du Président ? On peut se le demander. Dans l'Elysée (Plon, 2012), Jacques Santamara et Patrice Duhamel rappellent qu'Yvonne de Gaulle ne disposait d'aucun collaborateur attitré et faisait tous les jours les courses... sur ses propres deniers. Mais pas sûr que Tante Yvonne inspire beaucoup Mme Macron...



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