Modifié le 07/04/2023 à 21h58 Publié le 07/04/2023 à 11h22
Entre l’Élysée et l’hôtel de Matignon, entre Pékin (où Emmanuel Macron est en visite officielle) et le 57, rue de Varenne (où travaille la Première ministre), il y a de la friture sur la ligne. Et en cette veille de fêtes pascales, elle n’est pas vraiment en chocolat. Ou alors façonnée à base de cacao très corsé… Explications, en plusieurs actes.
Acte I. L’apaisement
Au lendemain de la nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites, Élisabeth Borne a adressé, ce vendredi matin, un message d’apaisement aux syndicats et aux Français. À compter de la mi-avril, une fois que le Conseil constitutionnel aura rendu ses décisions sur le projet de loi retraites et la demande de Référendum d’initiative partagée, la cheffe du gouvernement souhaite instaurer une sorte de période d’apaisement, de convalescence dans les réformes, selon des propos rapportés par le journal Le Monde . En mener toujours évidemment, mais en faisant en sorte qu’elles soient le plus consensuelles possible, à défaut de pouvoir élargir le socle majoritaire à l’Assemblée nationale.
La Première ministre estime même qu’il va falloir « redonner du souffle et du sens » à ce début de second quinquennat. Un changement de ton radical qui semble aller droit au cœur de Laurent Berger, le patron de la CFDT. Lui, qui partage depuis plusieurs semaines ce besoin d’apaisement.
Acte II. Prendre du temps
Franck Riester, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, abonde évidemment dans le sens d’Élisabeth Borne. Sur Europe 1 ce vendredi 7 avril, celui qui participe depuis une semaine avec la Première ministre aux réunions de concertation avec les partis et les groupes politiques, en appelle à un changement de méthode. « Il est nécessaire de prendre davantage de temps pour discuter les textes en amont, avec les Français, avec les forces politiques. Ce qui permettrait de réformer correctement », estime-t-il.
Selon Franck Riester, le temps laissé aux parlementaires pour travailler les projets de loi n’est pas suffisant. « Il nous faut moins de textes, pour permettre aux députés et aux sénateurs de passer plus de temps en circonscription afin d’écouter et d’expliquer. »
Le président de la République est en visite officielle en Chine. | AFP
Acte III. C’est qui le chef ?
Les déclarations d’Élisabeth Borne et sa volonté claire de prendre quelques distances avec l’Élysée, n’ont pas manqué d’être rapidement commentées par la garde rapprochée du chef de l’État. La riposte n’a d’ailleurs pas tardé à arriver de Chine. Objectif ? Mettre des bâtons dans les roues de la Première ministre. Le président de la République a ainsi tenu à rappeler à sa « collaboratrice » que c’est lui, le chef. C’est lui qui « coordonne l’action gouvernementale avec la Première ministre et fixe le cap ».
Ce vendredi, lors d’un déplacement à Rodez, Élisabeth Borne a tout de même aussi appelé à l’apaisement… avec Emmanuel Macron : « On est parfaitement aligné sur le sujet et nous partageons les mêmes objectifs : apaiser le pays et apporter des réponses concrètes. »
Acte IV. Vers un départ ?
Au cours de son intervention télévisée du mercredi 22 mars, sur TF1 et France 2, Emmanuel Macron avait confié une mission – impossible – à Élisabeth Borne : élargir la majorité dans les semaines à venir « avec des femmes et des hommes, de droite et de gauche, de bonne volonté ».
Comme prévu, la Première ministre a raté le défi. Cet échec, cumulé à cette divergence de vues sur la manière de conduire la politique gouvernementale, pourraient donc lui coûter sa place à Matignon. Les prétendants au poste – Gérald Darmanin, Bruno Le Maire…- sont déjà dans les starting-blocks.
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