lefigaro.fr — 3 mars 2023
Par Paul Sugy
Publié hier à 17:53 , Mis à jour il y a 4 minutes
Réunis en séminaire à Casablanca, ces chercheurs et praticiens rêvent d'une convention internationale pour mettre un terme à cette pratique partout dans le monde.
Abroger, partout où est autorisée ou tolérée, la pratique des mères porteuses : c'est l'objectif que se sont fixés une centaine de juristes, médecins et psychologues issus de 75 nationalités, et réunis en séminaire ce vendredi 3 mars à Casablanca, au Maroc. Côté français, cette initiative est notamment encouragée par Aude Mirkovic, maître de conférences en droit et porte-parole de l'association Juristes pour l'enfance, qui a milité contre l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes, ainsi que contre la gestation pour autrui.
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Accompagnée d'un cortège de chercheurs et de praticiens venus du monde entier, Aude Mirkovic ouvrira ce séminaire en compagnie de Luis Ernesto Pedernera Reyna, l'ancien président du Comité des droits de l'enfant de l'ONU, et de Suzanne Aho Assouma, ancienne vice-présidente de cette même institution. S'ensuivront plusieurs communications visant à éclairer le sujet par un regard anthropologique et éthique sur la pratique des mères porteuses, ainsi qu'une approche par le terrain : l'infirmier camerounais Christian Totsie, président de l'association Soigner la vie, prononcera ainsi une conférence sur la mise en œuvre concrète de cette pratique sur les femmes du tiers-monde et ses conséquences en matière de dignité de la femme.
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«À l'origine, c'est un petit groupe d'experts qui s'est demandé comment contribuer concrètement à faire avancer l'idée d'un engagement international des États pour protéger les femmes et les enfants pour la GPA», détaille Aude Mirkovic sur RCF, qui insiste sur la dimension internationale du sujet. À ce jour, une petite quinzaine de pays autorisent la gestation pour autrui, soit en droit, soit en fait (faute de texte visant à la pénaliser). Certains comme la Russie, l'Ukraine ou quelques États des États-Unis le font sans condition, d'autres la restreignent aux seuls citoyens nationaux (pour éviter de créer des flux internationaux de touristes venus des pays riches pour acheter une GPA). En France, la pratique est interdite mais les enfants nés par GPA à l'étranger et adoptés par des Français sont enregistrés à l'état civil.
«La GPA éthique est un leurre»
Quant au Maroc, qui accueille ce séminaire, le pays fait figure d'exemple pour les chercheurs attendus à Casablanca vendredi car la législation y interdit très clairement cette pratique. C'est donc ici, dans cette ville mondialement célèbre (les organisateurs veulent imprimer un nom à leur démarche, pour lui donner une envergure historique) qu'une centaine de spécialistes du sujet vont signer la «Déclaration de Casablanca», un texte demandant l'abrogation universelle de cette pratique.
«La Déclaration de Casablanca, détaillent les organisateurs, se démarque des autres initiatives internationales existant en matière de GPA car elle demande l'abolition et non l'encadrement de la GPA : les signataires veulent dire clairement que la GPA est intrinsèquement contraire à la dignité humaine. [...] La GPA éthique est un leurre car elle n'existe pas et ne peut pas exister.»
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Plusieurs des signataires du texte, que Le Figaro publie en exclusivité, connaissent d'autant mieux ce sujet que la pratique est légale dans leur propre pays. Ainsi de l'Américaine Katy Faust, fondatrice de l'association de protection de l'enfance «Them before us», ou encore de l'universitaire ukrainienne Alla Kovalenko. C'est en partie l'éclairage apporté par la guerre en Ukraine sur la pratique de la gestation pour autrui dans ce pays qui a convaincu Aude Mirkovic de la nécessité d'une action internationale. L'inquiétude de certains couples commanditaires, en attente de l'enfant porté par une femme ukrainienne au moment du déclenchement des hostilités, avait alors ému une partie de l'opinion. Révélant au grand jour, pour Aude Mirkovic, la GPA pour ce qu'elle est : «Un esclavage».
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