mardi 16 novembre 2021

Alexandre Loukachenko - né le 30 Août1954 - wikipédia 11 Novembre 2021

 Fonctions







Président de la République de Biélorussie


En fonction depuis le 20 juillet 1994
(27 ans, 3 mois et 26 jours)


Élection

10 juillet 1994


Réélection

9 septembre 2001
19 mars 2006
19 décembre 2010
11 octobre 2015
9 août 2020


Premier ministre

Mikhaïl Tchiguir
Sergueï Ling
Vladimir Ermochine
Guennadi Novitski
Sergueï Sidorski
Mikhaïl Miasnikovitch
Andreï Kobiakov
Sergueï Roumas
Roman Golovtchenko


Prédécesseur

Metchislav Grib (président du Soviet suprême)


Biographie


Nom de naissance

Aliaksandr Ryhoravitch Loukachenka


Date de naissance

30 août 1954 (67 ans)


Lieu de naissance

Kopys (RSS de Biélorussie, URSS)


Nationalité

biélorusse


Parti politique

PCUS (1979-1991)
CPD (1991-1992)
SE (depuis 1992)


Conjoint

Galina Rodionovna Loukachenko


Enfants

Nikolaï Loukachenko


Diplômé de

Académie agricole de Biélorussie


Profession

Agriculteur


Distinctions

Epaulettes President of Belarus 2.png
Commandant suprême


Religion

Orthodoxe biélorusse


Résidence

Palais présidentiel de Minsk




Signature de Alexandre LoukachenkoАляксaндр Лукашэнка



Alexandre Loukachenko

Alexandre Loukachenko


Présidents de la République de Biélorussie


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Alexandre Grigoriévitch Loukachenko (« ch » prononcé à la française [ ʃ ] ; en biélorusse : Аляксaндр Рыгoравіч Лукашэнкаa [alʲaˈksand(a)r rɨˈɣɔravʲitʂ lukaˈʂɛnka]b, en russe : Александр Григорьевич Лукашенкоc [ɐlʲɪˈksandr ɡrʲɪˈɡorʲjɪvʲɪtɕ ɫʊkɐˈʂɛnkə]d), né le 30 août 1954 à Kopys (RSS de Biélorussie), est un homme d'État biélorusse, président de la République depuis 1994.

Agriculteur de profession, il appartient au Parti communiste de l'Union soviétique avant d’être élu à la tête de la Biélorussie, puis réélu en 2001, 2006, 2010, 2015 et 2020.

Il conduit un régime qualifié par ses adversaires d'autoritaire voire de dictatorial en raison de la restriction des libertés publiques, des événements politiques de 1996 et de sa réélection contestée en 2020. La Biélorussie est ainsi isolée au niveau international, notamment en Occident, où Loukachenko est souvent dépeint comme le « dernier dictateur d'Europe » et interdit de séjour par l'Union européenne et les États-Unis.

Ses partisans estiment que sa politique a permis d'éviter au pays les pires effets de la transition au capitalisme de l'ère post-soviétique.

Origines et débuts

Naissance et enfance

Loukachenko naît dans le village de Kopys (district d'Orcha, région de Vitebsk), dans ce qui est alors la République socialiste soviétique de Biélorussie. Son grand-père maternel, Trokhym Ivanovitch Loukachenko, est originaire de la région de Soumy en Ukraine. Sa mère, Ekaterina Trofimovna Loukachenko, est originaire du village du district de Chklow (région de Moguilev) où elle vit jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, elle travaille dans l'usine de lin d'Orcha (région de Vitebsk). Après la naissance de son fils - Ekaterina n'étant pas mariée, le père de Loukachenko est inconnu (ce qui lui vaut des railleries de la part de ses camarades d'école) - elle revient dans sa région natale où elle travaille en tant que laitière dans une ferme.

Études et carrière professionnelle

Loukachenko obtient un diplôme de la faculté d'histoire de l'Institut pédagogique de Moguilev en 1975. De 1975 à 1977, il sert dans l'armée comme garde-frontière, après quoi, il devient le secrétaire du comité du Komsomol de Moguilev. De 1980 à 1982, il est commissaire politique d'une division d'infanterie mécanisée stationnée à Minsk. En 1982, après avoir quitté l'armée, il devient vice-président d'un sovkhoze. En 1985, il obtient un diplôme de l'académie agricole de Biélorussie. De 1985 à 1987, il est secrétaire général d'un sovkhoze du district de Chklow, après quoi il est promu au poste de directeur de l'usine de matériaux de construction de fermes d'État de Haradziets dans le district de Chklow.

Ascension en politique

Député au Conseil suprême (1990-1993)

En 1990, Loukachenko est élu comme député au Conseil suprême de la République biélorusse, corps monocaméral succédant au Soviet suprême biélorusse de 1991 à 1994. Lors de ce premier mandat politique, il fonde un groupe politique nommé « Des communistes pour la démocratie », qui défend une Union soviétique démocratique reposant sur des principes communistes1. Il prétend avoir été le seul député à voter contre la ratification de l'accord de décembre 1991 concernant la dissolution de l'Union des républiques socialistes soviétiques et la création de la Communauté des États indépendants (CEI). Au lendemain de la dissolution de l'URSS, Loukachenko retourne brièvement gérer une ferme d'État.

Président du comité anti-corruption (1993-1994)

Ayant acquis une réputation d'éloquent opposant à la corruption, Loukachenko est élu en 1993 pour servir comme président au comité anti-corruption au parlement biélorusse. Bien qu'il maintienne une étroite association avec les partis communistes, il tombe en disgrâce à la suite de ses critiques répétées contre la corruption et les privilèges de la nomenklatura. À la fin de l'année 1993, il accuse 70 hauts fonctionnaires, notamment Stanislaw Chouchkievitch, le président du Parlement, de corruption et de détournement de fonds à des buts personnels. Ces accusations conduisent à la tenue d'un vote de confiance que Stanislaw Chouchkievitch perd.

Homme fort de l'exécutif biélorusse

Premier mandat présidentiel (1994-2001)

Débuts

Une nouvelle constitution est adoptée au début de l'année 1994. Conformément à celle-ci, une élection présidentielle se tient au début du mois de juillet de la même année. Six candidats sont en lice, dont Loukachenko, Chouchkievitch et Viatchaslaw Kiebitch. Ce dernier est le grand favori mais, à la surprise de la plupart des observateurs, Loukachenko, dont la campagne a pour thème « vaincre la mafia », est en tête lors du premier tour avec 45 % des voix. Le 10 juillet, Alexandre Loukachenko remporte le second tour avec plus de 80 % des suffrages et devient, à seulement 40 ans, le premier président de la jeune République biélorusse.

Une fois élu à la tête de la Biélorussie, Loukachenko prend rapidement des mesures dans le but de « stabiliser l'économie ». Ainsi, il fait doubler le salaire minimum, il introduit un contrôle des prix et abroge les quelques réformes économiques qui avaient été menées. Il fait face à la difficile situation de ranimer une économie socialiste dans un pays de 10,4 millions d'habitants entourés par des pays capitalistes émergents. La Biélorussie est complètement dépendante du gaz et de l'électricité importés de Russie et payés à prix préférentiels. L'absence de moyens financiers pour payer les importations russes rend alors la coopération économique avec la Russie plus que nécessaire pour la Biélorussie.

Durant les deux premières années de son mandat présidentiel, Loukachenko fait face à une opposition virulente. En 1995, la Banque mondiale et le FMI suspendent les prêts financiers à la Biélorussie pour la sanctionner de son refus de réformes libérales.

Renforcement des pouvoirs présidentiels et dictature

Lors de l'été 1996, 70 députés sur les 110 que compte le parlement biélorusse signent une pétition pour empêcher Loukachenko de violer la Constitution. Ce dernier invite des officiels russes de premier plan pour jouer les « médiateurs », tel Viktor Tchernomyrdine, et éviter que soit votée une motion de censure. Peu de temps après, le 24 novembre 1996, Loukachenko fait organiser un référendum en vue d'étendre son mandat de cinq à sept ans, mais aussi d'augmenter ses prérogatives, entre autres la possibilité de fermer le Parlement. Le 25 novembre, Loukachenko annonce que 70,5 % des votants ont voté « oui » avec une participation de 84 %. La manière dont la campagne a été menée est vivement condamnée. Le gouvernement a banni l'opposition de la télévision et de la radio, empêché toute parution de journaux de l'opposition et fait saisir son matériel publicitaire. Dans ces circonstances, les États-Unis et l'Union européenne refusent de reconnaître la légitimité du scrutin.

Timbre biélorusse de 1996 à l'effigie du président Loukachenko.

Loukachenko ajourne immédiatement le Parlement biélorusse. La police occupe le Parlement et emprisonne 89 des 110 députés considérés comme « déloyaux ». Un nouveau parlement composé de 110 pro-Loukachenko est mis en place[réf. nécessaire]. Ce coup de force est alors unanimement condamné par la communauté internationale ainsi que par les organisations de défense des droits de l'homme. Le premier ministre biélorusse et deux autres ministres démissionnent en forme de protestation, de même que sept membres parmi les onze qui composent la Cour constitutionnelle. Ils sont remplacés par des pro-Loukachenko. Loukachenko renforce également son pouvoir en faisant fermer plusieurs journaux d'opposition, il augmente les pouvoirs du KGB (la Biélorussie est l'unique pays de l'ancienne Union soviétique à avoir conservé cette dénomination).

Au début de l'année 1998, la banque centrale russe suspend le commerce avec le rouble biélorusse, ce qui entraîne une forte dépréciation de celui-ci sur le marché des devises. Loukachenko prend alors le contrôle de la banque centrale biélorusse et ordonne que le taux d'échange soit remis au taux précédent, gelant les comptes bancaires et réduisant l'activité des banques commerciales. Cela provoque une panique. Loukachenko affirme depuis que les problèmes du pays viennent de « saboteurs économiques », aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'étranger. Trente fonctionnaires sont ainsi arrêtés et doivent parader sur les chaînes télévisées d'État, une centaine d'autres sont « punis ». Il reproche ensuite aux gouvernements étrangers de conspirer contre lui et, en avril 1998, expulse les ambassadeurs des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France, d'Allemagne, de Grèce, d'Italie et du Japon, allant jusqu'à violer l'inviolabilité dont jouissent les bâtiments diplomatiques. Bien que les ambassadeurs obtiennent par la suite la possibilité de revenir, Loukachenko intensifie ses attaques verbales contre l'Ouest. Il dépeint ses opposants politiques comme des « faire-valoir » des puissances étrangères qui lui sont hostiles. Il recommence ses provocations en expulsant une délégation du FMI qu'il qualifie « d'escrocs » et affirme que les pays occidentaux ont conspiré aux Jeux olympiques de Nagano au Japon pour limiter le nombre de médaillés biélorusses.

En novembre 1995, lors d'un entretien accordé au quotidien allemand Handelsblatt, Loukachenko souligne le fait qu'Adolf Hitler n'a pas que des mauvais côtés :

« L'histoire de l'Allemagne est d'une manière ou d'une autre une copie de l'histoire de la Biélorussie sur certains points. Au moment où l'Allemagne s'est relevée grâce à de solides ouvriers. Tout ce qui est lié à Adolf Hitler n'est pas mauvais. Rappelez-vous sa politique en Allemagne. L'autorité allemande s'était accrue pendant des siècles. Sous Hitler, ce processus a atteint son point culminant. C'est parfaitement en conformité avec notre vision d'une république présidentielle et du rôle de son président. Je veux souligner qu'un homme ne peut pas être tout noir ou tout blanc. Il y a des côtés positifs aussi. L'Allemagne est sortie des ruines par le passé avec l'aide d'une force présidentielle forte. L'Allemagne s'éleva grâce à cette force, grâce au fait que toute la nation était unie autour de son chef. Aujourd'hui, nous passons par une période semblable, quand nous devons nous unir autour d'une personne ou un groupe de personnes afin de survivre, tenir le coup, et rester droit dans nos bottes2… »

Un documentaire, intitulé Biélorussie, une dictature ordinaire et diffusé en septembre 2018 sur Arte, décrit le régime sous lequel vit la Biélorussie comme une dictature où existent des disparitions, assassinats politiques et vagues de répression contre l'opposition3.

Deuxième mandat présidentiel (2001-2006)

Le premier mandat présidentiel aurait dû s'achever en juillet 1999 mais à la suite du référendum de 1996, il est prolongé jusqu'en septembre 2001. Les thèmes de la campagne présidentielle de Loukachenko sont largement similaires à celle de 1994 : contrôle de l'économie, partenariat avec la Russie, fort pouvoir présidentiel pour maintenir l'ordre, opposition à l'élargissement de l'OTAN vers l'Est, opposition aux modèles démocratiques qu'incarnent les pays occidentaux et ainsi une opposition à l'idée de toute relation privilégiée avec l'un des pays occidentaux. Son opposant est Ouladzimir Hantcharyk. L'élection se tient le 9 septembre 2001 et Loukachenko la remporte dès le premier tour. Cependant, l'OSCE déclare que cette élection ne respecte pas les standards internationaux. De même, les organisations des Droits de l'Homme jugent que l'opposition a été systématiquement harcelée et n'a pu accéder aux médias contrôlés par l'État. Les gouvernements occidentaux critiquent également cette élection alors que la Russie félicite publiquement Loukachenko après sa réélection.

Alexandre Loukachenko en uniforme de commandant en chef des forces armées biélorusses, en 2001.

Malgré de nombreuses critiques, Loukachenko rejette les reproches qui lui sont faits à propos de sa politique autoritaire, en affirmant être la seule alternative à l'instabilité. À cause de sa manière de gouverner, il est souvent officieusement désigné bats'ka, ce qui est littéralement traduit par (petit) père, mais le mot signifie aussi chef de clan dans l'histoire des peuples slaves[réf. nécessaire]. Il est élu président du Comité olympique biélorusse[réf. nécessaire], ce qui contrevient à une règle du CIO interdisant à de hauts fonctionnaires d'occuper un tel poste.

Troisième mandat présidentiel (2006-2010)

Élection présidentielle de 2006

Loukachenko est réélu pour cinq ans le 19 mars 2006 avec 82,6 % des voix au terme d'une élection jugée « non conforme aux normes internationales » et non démocratique4 par l'OSCE. Le Conseil de l'Europe a, pour sa part, qualifié l'élection de « farce électoralee ». La mission d'observation de la CEI a, cependant, qualifié le scrutin présidentiel de transparent et d'ouvert5. Cette élection était à haut risque pour Loukachenko qui craignait une « révolution » calquée sur les modèles ukrainien et géorgien.

Quatrième mandat présidentiel (2010-2015)

Élection présidentielle de 2010

Après seize années à la tête de l'État, Alexandre Loukachenko brigue sans surprise un quatrième mandat consécutif. Il déclare notamment durant la campagne que ses opposants sont des « ennemis du peuple », qui seraient à la solde de l'Occident6. Le scrutin de décembre 2010 crédite Loukachenko de 79,67 % des voix. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) évoque bien un dépouillement « imparfait » et une élection « loin des principes démocratiques »7,8,9,10.

Le 19 décembre 2010, jour de la proclamation des résultats du scrutin, est émaillé de nombreuses et violentes manifestations11, le siège du gouvernement est attaqué12 et des centaines de manifestants d'opposition arrêtés13. Sept des neuf candidats de l'opposition, parmi lesquels le poète Ouladzimir Niakliaïew, sont arrêtés le même jour. L'Union européenne et les États-Unis condamnent la vague de répression14.

Le 22 décembre, le président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, entend « ne pas commenter cette élection qui est un événement interne à la Biélorussie et externe à la Fédération russe ». Alexandre Loukachenko signe avec Dmitri Medvedev une union douanière réunissant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan. L'objectif est d'abolir les contrôles douaniers à leurs frontières et mettre en place un espace économique commun d'ici à janvier 2012.

Sanctions internationales de 2011

Malgré plusieurs années d'ouverture diplomatique et en signe de protestation contre les arrestations d'opposants au régime, la communauté internationale décide au début de 2011 une série de sanctions, qui outre le gel d'importants avoirs financiers et économiques, prévoient l'interdiction de visa européen et nord-américain pour Loukachenko et plusieurs dizaines de ses plus proches collaborateurs15.

Cinquième mandat présidentiel (2015-2020)

Élection présidentielle de 2015

Alexandre Loukachenko est réélu avec plus de 80 % des voix le 11 octobre 201516.

En février et mars 2017, des manifestations spontanées ont lieu contre un décret imposant une taxe spéciale de 235 euros aux « parasites sociaux », c'est-à-dire à ceux qui travaillent moins de six mois par an. Les manifestants dénoncent cette taxe et scandent des slogans exigeant la démission du président Loukachenko. Le décret est suspendu le 9 mars17,18.

Les élections législatives de novembre 2019 renforcent encore le contrôle du président sur le parlement. Aucun parti ou candidat d'opposition n'obtient de siège, les principaux opposants ainsi que les deux parlementaires de l'opposition élus en 2016 ayant été empêchés de se représenter. L'opposition dénonce des fraudes massives19,20. Le président Loukachenko réitère dans la foulée son intention de se représenter pour un sixième mandat21.

Sixième mandat présidentiel (depuis 2020)

Selon les résultats officiels de l’élection présidentielle du 9 août 2020, Alexandre Loukachenko est réélu avec 80,2 % des voix22. Sa principale rivale, Svetlana Tikhanovskaïa (10,1 %), se réfugie dans la foulée en Lituanie23. Le résultat provoque alors une vague de manifestations menées par l'opposition en contestation de celui-ci, réprimé avec violence par les forces de l'ordre. Peu après le scrutin, l'accès à certains sites de l'opposition, à ceux de certaines ONG et de la commission électorale a été bloqué24. Le 15 août 2020, Loukachenko s'entretient avec le président russe, Vladimir Poutine. Celui-ci lui promet une aide sécuritaire pour « préserver la sécurité de la nation biélorusse ». Loukachenko déclare également que « si la Biélorussie s'effondre, tout l'espace post-soviétique suivra »25. Le 16 août, le président Loukachenko, au cours d'un rassemblement de ses partisans à Minsk, les appelle à « protéger l'indépendance de la Biélorussie » et rejette l'idée d'organiser une nouvelle élection. Au même moment, des milliers de personnes manifestent dans d'autres quartiers de la capitale et un peu partout dans le pays pour réclamer le départ du président26.

Alexandre Loukachenko avec une arme à feu, à l’approche du palais de l'Indépendance.

Le 17 août, alors que les grèves se multiplient dans le pays27, il s'adresse aux ouvriers d'une usine des tracteurs à roue de Minsk (MKZT), qui l’accueillent aux cris de « démission »28. Après avoir défié les manifestants en leur préconisant de continuer à « crier », il affirme qu'il n'y aura pas de nouvelles élections tant qu'il n'aura pas été « tué », puis évoque l'éventualité de transmettre le pouvoir après l'adoption d'une nouvelle Constitution29. Le 23 août, alors que des milliers de manifestants défilent dans le centre de Minsk, Alexandre Loukachenko arrive en hélicoptère au palais présidentiel, accompagné de son fils Kolya. Le président et son fils s'affichent dans des gilets pare-balles devant les caméras et sont armés de Kalachnikovs. Quelques minutes plus tard, Loukachenko, toujours armé, se rend auprès des forces de police qui assurent le maintien de l'ordre dans la capitale, à quelques pas des manifestants. Le président déclare un peu plus tard que « les opposants se sont enfuis comme des rats » à sa vue30.

Le 23 septembre, il prête serment pour un sixième mandat lors d'une cérémonie tenue secrète31. Le lendemain, l'Union européenne refuse de reconnaître Loukachenko comme chef d'État légitime du pays. Le chef de la diplomatie européenne déclare qu'il y a un « manque de légitimité démocratique », et que l'élection du 9 août n'était « ni libre ni équitable »32. Cependant, Loukachenko reçoit de la part de plusieurs chefs d'États (Chine, Russie, Iran, Turquie, Égypte, Cuba, Syrie, etc.) des lettres de félicitation pour son sixième mandat33,34,35.

Controverse sur le détournement du vol Ryanair 4978

Article détaillé : Détournement du vol Ryanair 4978.

Le 23 mai 2021, Alexandre Loukachenko est accusé par l'Union européenne et les États-Unis d'avoir donné l'ordre à l'armée biélorusse d'arrêter l'opposant Roman Protassevitch, menant au détournement du vol Ryanair 4978, parti d'Athènes pour rejoindre Vilnius et forcé d'atterrir à Minsk36. Cette action est considérée comme un acte de piraterie par une bonne partie de la communauté internationale ; en représailles, l'Union européenne interdit son espace aérien aux vols biélorusses, exigeant la libération immédiate de l'activiste. Les autorités biélorusses contestent cette version en affirmant qu'il s'agit d'une décision prise uniquement par le personnel de bord de Ryanair37,38.

Meurtre d'un opposant exilé en Ukraine

Le 3 août 2021, Vitali Chichov, dirigeant d'une ONG venant en aide aux réfugiés biélorusses, est retrouvé mort, pendu dans un parc à Kiev, en Ukraine, à proximité de son domicile. La police locale ouvre alors une enquête pour « homicide avec préméditation », et la cheffe de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa accuse le régime d'Alexandre Loukachenko d'être à l'origine de la mort de Chichov39.

Bilan politique

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Politique économique

Loukachenko, arrivé au pouvoir après la dissolution de l'URSS, tente de limiter les excès du libéralisme en Biélorussie, pour ne pas connaître les mêmes échecs qu'en Russie. Ce libéralisme tempéré par une intervention forte de l'État permet au pays de se développer rapidement : la croissance du PIB est soutenue, avoisinant même les 15 % en 2010, et le taux de chômage est quasiment nul.

Une politique économique dirigiste permet à la Biélorussie de maintenir une activité industrielle dynamique (36 % du PIB en 2018) et un secteur agricole plus important que dans les pays de la région. Les activités de services se développent également. Alors qu'il est désigné grande priorité nationale en 2012, le tourisme connaît un essor considérable grâce au développement des infrastructures entre 2011 et 2015. Le nombre annuel de touristes passe de 60 000 en 2000 à plus de onze millions en 201840.

Le modèle social de la Biélorussie reste en partie inspiré de la période communiste. « Le modèle social promu par Loukachenko, relève l'universitaire Anna Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques, a consisté à maintenir les services publics hospitaliers, scolaires ou culturels. Si les infrastructures de santé sont vieillissantes, la population bénéficie d'un système de santé universel avec une politique de prévention et de visites obligatoires. » Le taux d'alphabétisation avoisine les 100 % et l’espérance de vie a augmenté de six ans entre 2002 et 2018 pour atteindre 74 ans. La Biélorussie connaît par ailleurs un taux de mortalité infantile à 2,6 pour 1 000 naissances, soit un niveau notamment inférieur à la France et à l'Allemagne40.

Libertés publiques

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En Occident, Alexandre Loukachenko est souvent qualifié de « dernier dictateur d'Europe »41,42 en référence à la restriction continuelle des libertés publiques dans son pays et au coup de force de 1996 ayant installé un régime autoritaire.

Il est aujourd'hui interdit de séjour dans l'Union européenne43,44,45 et aux États-Unis46.

Prises de position

Manifestation contre le régime de Loukachenko en 2007.

En 2007, il tient des propos antisémites à propos de la ville de Babrouïsk, considérant que la ville est dégoutante parce qu'elle a un passé juif47.

Le 21 mai 2007, Alexandre Loukachenko rencontre Mahmoud Ahmadinejad et soutient le programme nucléaire iranien[réf. nécessaire].

En 2011, Loukachenko déclare publiquement ne pas aimer « les pédés » et est critiqué pour avoir conseillé au ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, ouvertement homosexuel, de mener « une vie normale »48. Il a répondu aux critiques qui lui étaient adressées en disant que « nous vivons une société démocratique [la Biélorussie]. […] J'ai le droit de donner ma position ». Il avait alors déclaré « mieux vaut être dictateur que pédé »49.

En 2013, le président reçoit le prix Ig Nobel de la Paix (parodique) pour avoir fait interdire l'action d'applaudir. La police du pays en est colauréate pour avoir arrêté un manchot sous cette accusation50.

Durant la pandémie de Covid-19, il refuse le confinement de son pays51,52. Il déclare avoir refusé une aide de plusieurs millions de dollars d’aide internationale car il refusait de confiner son pays, ce qui engendre une polémique53,54. Il annonce en août 2021 qu'il ne rendra pas la vaccination contre la Covid-19 obligatoire55.

Famille

Alexandre Loukachenko, en compagnie de son fils Kolia.

Loukachenko s'est marié en 1977 avec Galina Rodionovna Jelnerovitch. Le seul bien immobilier du président biélorusse est la maison de la famille Loukachenko56 située à Ryjkovitchi, un quartier de Chklov, où habite toujours Galina Loukachenko57. Bien qu'ils soient toujours légalement mariés, Galina vit séparée de son mari depuis les premières années de présidence de celui-ci. Son fils aîné Victor est membre du Conseil de sécurité de Biélorussie et son fils cadet Dmitri occupe le poste de chef du club présidentiel sportif et a préparé la participation des sportifs biélorusses aux Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin.

Il a eu un fils, Nikolaï ou Mikolaï, dit « Kolia », en 2004 avec sa maîtresse, Irina Abelskaïa, qui fut longtemps son médecin personnel. Alexandre Loukachenko aurait émis le vœu d'en faire son successeur en ayant déclaré à des paysans « Je l'ai déjà dit, mon plus jeune fils deviendra président ». Kolia l'accompagne en certaines occasions telles qu'une visite à Vladimir Poutine, une autre au pape Benoît XVI, ou encore un exercice militaire58.

Loukachenko estime que le président doit être une personne conservatrice et éviter d'utiliser des gadgets électroniques modernes tels qu'un iPad ou un iPhone. Avant sa présidence, il jouait au football mais a abandonné dès lors. C'est un skieur et un joueur de hockey sur glace averti[réf. nécessaire].

Notes et références

Notes

  • Aliaksandr Ryhoravitch Loukachenka, mais la diaspora biélorusse et les milieux nationalistes n'ont jamais reconnu la réforme orthographique de 1933 ; ils orthographient son prénom Аляксандар (Aliaksandar).

  • Aleksandr Grigorievitch Loukachenko.

  1. La citation exacte est : « Dans un pays où la liberté d'expression et d'association fait l'objet d'une répression si absolue et si agressive, le vote n'est pas un exercice démocratique mais une farce ». Elle est issue d'une déclaration prononcée le 20 mars 2006 par le Secrétaire général [archive] au Conseil de l'Europe, Terry Davis.

Références

  • « En Biélorussie, l’accès à Internet est toujours perturbé après une nuit de répression », Le Monde.fr,‎ 11 août 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 13 août 2020)

  • « Le détournement d’un avion de ligne et l’arrestation de l’opposant Roman Protassevitch par la Biélorussie suscitent une forte émotion », Le Monde,‎ 24 mai 2021 (lire en ligne [archive], consulté le 25 mai 2021).

  • « Bons baisers de Biélorussie : Dernière dictature d’Europe » (dossier), Courrier international, 4 août 2005.

  • Ronan Hervouet, Datcha Blues. Existences ordinaires et dictature en Biélorussie, Aux Lieux d'être, 2007 (ISBN 978-2-916063-49-2), qui indique en quatrième de couverture : « Depuis 1994, la Biélorussie est dirigée de manière autoritaire par Alexandre Loukachenko, que les médias qualifient régulièrement de « dernier dictateur d'Europe ». ».

  • « Loukachenko prête serment », Le Figaro, le 15 octobre 2007, (lire en ligne [archive]) : « L'Union européenne devrait approuver la semaine prochaine une interdiction de visa à l'encontre de 31 responsables bélarusses, dont le président Loukachenko, en signe de protestation contre sa réélection. ».

  • Philippe Marchesin, La Biélorussie, Karthala Éditions, 2006 (ISBN 2-84586-811-1), p. 122 : « La Biélorussie se trouve au ban de l'Union européenne. Les élections de mars 2006 confirment le statu quo : l'Union européenne interdit Alexandre Loukachenko de visa dès le mois d'avril. », (lire en ligne [archive]).

  • Résolution du Parlement européen sur la situation au Belarus après les élections présidentielles du 19 mars 2006, adoptée le jeudi 6 avril 2006 : « Le Parlement européen […] se félicite de la décision du Conseil d'ajouter le président Loukachenko à la liste de personnes signalées aux fins de leur non-admission. » (Lire en ligne [archive]).

  • « Le président Loukachenko préfère "être dictateur que pédé" », LExpress.fr,‎ 5 mars 2012 (lire en ligne [archive], consulté le 30 octobre 2017).

  1. Pavel Cheremet, « Le tsar et le tsarévitch », Ogoniok.com, Courrier International,‎ 4 juin 2009 (lire en ligne [archive])

Annexes

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Bibliographie

  • Jean-Charles Lallemand et Virginie Symaniec, Biélorussie : mécanique d'une dictature, Paris, Les Petits matins, 2007, 264 p. (ISBN 9782363830319).

  • Valéri Karbalevitch (trad. Galia Ackerman, préf. Stéphane Chmelewsky), Le satrape de Biélorussie : Alexandre Loukachenko : dernier tyran d'Europe, Paris, François Bourin, coll. « Les Moutons noirs », 2012, 435 p. (ISBN 978-2-84941-347-0).

Articles connexes

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