Le Monde.fr – mardi 9 avril
2019
« Grand débat » : Edouard Philippe promet des décisions « puissantes et concrètes »
Le premier ministre, qui a présenté mardi un bilan du
grand débat devant les députés, a annoncé que le chef de l’Etat compte ouvrir
de « grands chantiers ».
Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 18h00, mis à jour à
18h55
Le
premier ministre, Edouard Philippe, le 9 avril à l’Assemblée nationale. THOMAS
SAMSON / AFP
Après trois mois de grand débat, place à la restitution et
aux annonces.
Après un premier discours lundi, le premier ministre, Edouard Philippe,
était devant les députés mardi 9 avril. Le chef du gouvernement a notamment
affirmé que le président de la République, Emmanuel Macron, va prendre des
décisions immédiates qui seront « puissantes et concrètes » et
compte ouvrir de « grands chantiers ».
Lire l’éditorial du « Monde » : Grand
débat : la quadrature du quinquennat
S’il n’a pas précisé quels étaient ces « grands
chantiers », M. Philippe a fait savoir qu’ils concerneront
« les sujets qui devront faire l’objet d’une concertation ».
« En ce qui me concerne, j’en retiens une [conclusion]
principale : c’est un puissant besoin de transformation », a
poursuivi Edouard Philippe devant les députés. « Ce n’est pas
le statu quo dont la France a besoin, mais de transformations »,
a-t-il insisté en concluant son intervention.
Les concertations qui devraient suivre les annonces
d’Emmanuel Macron se feront « avec les élus locaux quand il s’agit
de l’avenir de nos territoires, avec les organisations syndicales et patronales
quand il s’agit de faire vivre la démocratie sociale, et avec les associations
dont le grand débat a rappelé le rôle essentiel dans notre vie
citoyenne ».
Lors de son intervention au Grand Palais lundi, le premier
ministre avait évoqué quatre grands axes de réformes, à commencer par une
baisse plus rapide des impôts pour répondre à « une immense
exaspération fiscale ». S’il n’a pas davantage précisé mardi quels
impôts, et selon quelles modalités,
le ministre de l’économie Bruno Le Maire plaide, lui, pour que baisse «
en priorité » l’impôt sur le revenu.
« Remettre des fonctionnaires sur le terrain »
Après cinq mois de crise des « gilets jaunes »,
le premier ministre a également annoncé mardi l’intention de « remettre
du service public, et donc de remettre des fonctionnaires sur le terrain ».
Décrivant « l’isolement et l’abandon » de certains
territoires, le chef du gouvernement a assigné l’objectif de « réconcilier
les métropoles avec leur territoire proche ».
Faisant le bilan de cette consultation qui a duré trois
mois, M. Philippe a estimé que le grand débat a montré qu’un « mur
de défiance » sépare les Français et les représentants : élus,
fonctionnaires, syndicalistes, journalistes... Si les pratiques de la vie
politique se sont « considérablement assainies »,
cette défiance a prospéré sur des « échecs collectifs »
comme le « chômage de masse » et « le
blocage de l’ascenseur social » mais aussi des « maladresses
et des malentendus. Et j’en prends toute ma part ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grand
débat : l’administration sous pression pour mettre en musique les réformes
Après le discours du premier ministre, tous les chefs de
file des différents groupes parlementaires ont eu l’occasion de lui répondre
dans l’hémicycle. Dans un discours très offensif, Christian Jacob (Les
Républicains) s’en est notamment pris à M. Macron en demandant
« une nouvelle élection » :
« En vérité, le contrat qui le lie aux
Français, celui de son élection, est déchiré. Ce n’est plus réellement d’un
débat dont le pays aurait besoin, mais d’une nouvelle élection. Pourquoi
une élection? Simplement parce qu’en démocratie, l’élection est le seul juge de
paix pour s’assurer de la légitimité d’un gouvernement. »
M. Jacob s’était auparavant livré à un réquisitoire contre
les premières années du quinquennat du président de la République, résultat,
selon lui, « d’une double effraction : son élection et celle de sa
majorité ».
« Celui qui aspirait à transformer le
pays, a réussi l’impensable : mettre le pays dans un état
pré-insurrectionnel », a déploré le député, estimant que le
président avait « perdu la confiance, et plus grave
encore, le respect des Français ».
« On nous a survendu un “nouveau
monde” qui est en fait pire que l’ancien car il est blessant, hautain et
condescendant », a-t-il fustigé, considérant que le pouvoir
payait aujourd’hui « sa verticalité sans aucune fondation
solide », et « sa volonté d’exclure tous les corps
intermédiaires et les élus ».
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Pour Loïc
Blondiaux, professeur de science politique à l’université Paris-I
Panthéon-Sorbonne, « le grand débat a démontré qu’ouvrir le champ de
la participation ne mène pas forcément au chaos ».
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