lundi 4 juin 2018

les investissements chinois - fin d'une boulimie ? bruno.marengo@harriscorps.com.hk


harriscorps.fr – septembre 2017 . encore en ligne 4 juin 2018

REVUE DE PRESSE – Est-ce la fin de la boulimie d’investissements des grands groupes chinois ?

REVUE DE PRESSE – Est-ce la fin de la boulimie d’investissements des grands groupes chinois ?
Si la Chine connaît une croissance locale impressionnante depuis de nombreuses années, les acquisitions des grands groupes chinois à l’étranger se sont aussi fortement multipliées, défrayant souvent les chroniques locales. Depuis début 2016, les entreprises chinoises ont investi plus de 230 milliards de dollars à l’étranger, principalement dans les domaines viticoles, les médias, les grands hôtels de luxe, l’immobilier, et les clubs de sport. Plus étonnant encore, 4 conglomérats chinois, Anbang, Fosun, HNA et Wanda, sont à l’origine de presque la moitié de ces investissements et c’est la raison pour laquelle Pékin s’inquiète. Le 18 août dernier, une directive du gouvernement tente de limiter les investissements « irrationnels ». Outre l’interdiction classique d’investir dans les régions en guerre, sans relations diplomatiques avec la Chine ou dans des secteurs portant atteinte à la sécurité du pays, il est désormais très difficile pour ces conglomérats d’engager des montants trop importants à l’étranger.
En effet, ces derniers posent problèmes. Tout d’abord, pour se mettre à l’abri des risques politiques chinois, ces entreprises n’hésitent pas à réinvestir sur place. En ne rapatriant pas leurs bénéfices, ils privent la Chine d’importante liquidités, comme l’explique Christopher Dembik (Saxo Bank) pour La Croix. Cette fuite de capitaux met pression sur le RMB et oblige donc la Banque Centrale à diminuer ses réserves de change pour soutenir sa monnaie. A ce risque s’ajoute celui des entreprises chinoises, qui s’endettent massivement auprès d’établissements bancaires chinois pour financer leurs opérations. En 2016, leurs dettes représentaient l’équivalent de 170% du PIB du pays. Selon The Economist, si les actifs nouvellement acquis se révèlent peu performants, les dettes non-remboursées risquent de créer un vent de panique sur les marchés.
Suite à ces mises en garde, le groupe Wanda a récemment dû refuser d’acquérir un terrain le long de la Tamise à Londres, et investira à la place dans une province peu développée de l’Ouest de la Chine, le Gansu. Wanda, comme Anbang, Fosun et HNA, fait désormais l’objet d’une enquête, commanditée par les autorités chinoises, et menée par le régulateur bancaire pour emprunts risqués dans le cadre d’un effort de réduction des risques financiers pour l’économie chinoise. Depuis le début de l’année, le montant des investissements à l’étranger a ainsi chuté de 56% par rapport à 2016 selon Bloomberg.
Selon Christopher Dembik, la Chine met ainsi fin à une 3ème phase d’ouverture de son économie. Après la création de zones économiques spéciales dans les années 1980, la Chine a connu une très forte croissance. A la suite de la crise des sub-primes, le gouvernement avait mis en place une stratégie très offensive d’investissements internationaux. Depuis 2013, Anbang, Fosun, HNA et Wanda avaient dépensé 83 milliards de dollars en fusions-acquisitions à l’étranger, dont 70% dans les secteurs de l’immobilier, de l’hôtellerie, des divertissements, et du sport. Le message politique derrière ces restrictions est clair selon The Economist, le Parti Communiste décide désormais de ce que les entreprises privées, notamment celles en désaccords avec le parti, peuvent et ne peuvent pas faire avec leurs excédents.
Malgré les restrictions, les investissements conformes à l’initiative One Belt One Road (cliquez ici pour revoir notre revue de presse à ce sujet) restent encouragés, dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche, du pétrole et de l’exploitation minière par exemple. De même, selon Dealogic Data pour CNBC, les « deals » évalués à moins d’1 milliards de dollars ne seraient pas impactés, jugés moins risqués pour l’économie chinoise. Les investissements étrangers sur son sol, quant à eux, seront aussi ouverts à plus de secteurs, selon un récent communiqué du Conseil d’Etat, et cela comprend notamment les transports électriques, la maintenance aérienne, et le transport ferroviaire. Enfin, il ne faut pas oublier que les pays occidentaux tentent eux aussi de bloquer certains investissements chinois jugés trop agressifs sur leur territoire. Les Etats Unis ont récemment bloqué des transactions dans le secteur des hautes technologies, et en Europe, certains gouvernements s’allient pour revoir leur processus de vérification des investissements étrangers.
Pour rappel, Anbang est le 3ème assureur de Chine, récent acquéreur d’assureurs étrangers et d’hôtels de luxe comme Waldorf Astoria Hotel. Fosun est un fonds d’investissement chinois, qui a racheté en 2015 le groupe Club Med ainsi que le Cirque du Soleil. Il a également pris des parts dans Thomas Cook et s’intéresse actuellement à la Compagnie des Alpes. HNA, maison mère de Hainan Airlines, a investi massivement dans des compagnies aériennes étrangères avant de se diversifier dans la logistique et les produits électroniques. Le groupe détiendrait également 10% de Deutsche Bank, environ 25% des Hôtels Hilton et des parts dans Sky Bridge Capital. Wanda, propriété du milliardaire Wang Jianlin, 2ème fortune de Chine, historiquement investisseur dans l’immobilier commercial, a étendu ses activités notamment dans le sport, les parcs d’attraction, le cinéma (rachat de Legendary Entertainment pour 10 milliards de dollars, et d’AMC), et la santé.
Si vous désirez plus d’informations, n’hésitez pas à contacter le responsable de notre bureau parisien, Bruno Marengo à bruno.marengo@harriscorps.com.hk
Sources 

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