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Michel Rocard
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Michel Louis Léon Rocard
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Militant socialiste à partir de 1949, il est le candidat du Parti socialiste unifié (PSU) à l'élection présidentielle de 1969, où il recueille 3,6 % des voix. Il rejoint le Parti socialiste (PS) en 1974 et fait figure de rival à François Mitterrand. Premier ministre de 1988 à 1991, sous la présidence de François Mitterrand, il est ensuite premier secrétaire du Parti socialiste de 1993 à 1994, député européen de 1994 à 2009 et sénateur de 1995 à 1997. Il est ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique à partir de 2009.
Sommaire
- 1 Biographie
- 1.1 Famille
- 1.2 Formation
- 1.3 Entrée au PSU et guerre d'Algérie
- 1.4 Premières responsabilités
- 1.5 Le « rocardisme »
- 1.6 Entrée au gouvernement
- 1.7 Premier ministre
- 1.8 Premier secrétaire du Parti socialiste
- 1.9 Implication dans l'Union européenne
- 1.10 Affiliations
- 1.11 Fin de carrière
- 2 Détail des mandats et fonctions politiques
- 3 Distinctions honorifiques
- 4 Sources
- 5 Bibliographie
- 6 Généalogie
- 7 Notes et références
- 8 Voir aussi
Biographie
Famille
Michel Rocard est issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie, protestant du côté de sa mère, catholique de celui de son père — qui est cependant agnostique. Il est le fils d'Yves Rocard, membre de la Résistance, professeur et chercheur1.Marié à Vébron en 1954 avec Geneviève Poujol2, il a deux enfants de ce lit : Sylvie (éducatrice) et Francis (astrophysicien). Divorcé, il se remarie en secondes noces en 1972 avec Michèle Legendre (1941-2010), dont il a aussi deux enfants : Loïc (né en 1974, polytechnicien, conseiller du premier ministre Manuel Valls3) et Olivier ; puis en troisièmes noces le 20 avril 2002 avec Sylvie Pélissier4,5. Il est également apparenté à l'actrice Pascale Rocard, qui est sa petite-cousine.
Formation
Michel Rocard passe par le scoutisme unioniste où il exerce des responsabilités trois ans comme chef de troupe adjoint et trois ans comme chef de troupe (ayant d'ailleurs Lionel Jospin comme éclaireur)1. Il porte alors le « totem » (surnom scout) d'« Hamster érudit »6.Il obtient en 1946 son baccalauréat scientifique mention assez bien grâce à ses bonnes notes dans les matières littéraires7. Inscrit en hypokhâgne, licencié ès lettres, il comprend qu'il n'a pas les dons en sciences de son père qui le destine pourtant à une carrière scientifique comme la sienne. Il décide de se détourner de cette voie, ce qui provoque un conflit familial8, et entre en 1947 à l'Institut d'études politiques de Paris où il rencontre notamment Jacques Andréani, Jacques Chirac, Robert Pandraud7. Son père l'envoie les deux étés de 1946 et 1947 en Angleterre, ce qui lui permet de devenir bilingue9. Pour subvenir à ses frais d'études, son père le fait engager pendant deux ans comme tourneur-fraiseur dans son laboratoire de physique de l'École normale supérieure où il a pour contremaître un militant politique et syndical qui l'initie à l'histoire de la gauche10. C'est avant tout pour militer en faveur de l'Europe qu'il adhère en 1949 aux Étudiants Socialistes SFIO11 où il essaie d'attirer en vain le jeune Jacques Chirac. Entre 1953 et 1955, il est secrétaire national des étudiants socialistes sous le nom de Michel Servet, hérétique protestant. Il entre à l’ENA en 1956 (promotion 18-Juin), dont il sort en 1958.
Entrée au PSU et guerre d'Algérie
Alors que se déclare la guerre d'Algérie, il rejoint les socialistes en rupture avec Guy Mollet à propos de la politique algérienne. Il adhère au Parti socialiste autonome (PSA) dès sa création par Édouard Depreux et Alain Savary12. « Pendant plus d'un siècle, la France a prétendu mener en Algérie la politique dite de l'assimilation, qui seule justifiait l'intégration de l'Algérie dans le territoire de la République. En fait, cette politique fut proclamée et jamais appliquée », écrivait Michel Rocard dans un rapport rédigé en 1957.« L'égalité de tous les citoyens devant la loi, qui est le principe de base de notre Constitution, n'a jamais été pratiquée. L'égalité des devoirs existait, et notamment l'impôt du sang, mais point d'égalité des droits », ajoutait-il, avant de constater que « sévissait durement une mentalité proche de la ségrégation raciale qui interdisait aux musulmans, sauf exception, l'accès aux fonctions de responsabilités, même mineures, dans leur propre pays13 ».
Michel Debré (Premier ministre) tente de le révoquer mais en vain, quand le rapport est publié dans la presse en 195914.
En 1960, il participe à la fondation du Parti socialiste unifié (PSU) — fusion du PSA et de l'Union de la gauche socialiste (UGS, chrétiens de gauche) auxquels s'ajoutent d'anciens communistes dissidents —, rejoint en 1961 par Pierre Mendès France12.
Premières responsabilités
Michel Rocard est nommé inspecteur des Finances en 1958, puis secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la nation en 1965. Remarqué lors des Rencontres de Grenoble en 1966, il devient secrétaire général du PSU en 1967. Michel Rocard prend, à partir de 1953 le pseudonyme de « Georges Servet » (du nom d'un hérétique protestant, Michel Servet) et c’est sous ce nom qu'il est connu au PSU avant 1967. Il partage également le nom de plume « Jacques Malterre » avec Hubert Prévot15. En Mai 68, il joue un certain rôle car l’UNEF, le principal syndicat étudiant, est contrôlée par les étudiants du PSU dont faisait notamment partie Jacques Sauvageot, alors vice-président de l’UNEF. Il accompagne Pierre Mendès France au meeting de Charlety.Après la défaite du général de Gaulle lors du référendum du 27 avril 1969, Michel Rocard en appelle à « un pouvoir de transition vers le socialisme »16. Il se présente à l’élection présidentielle de 1969, où il recueille un score de 3,61 % des suffrages exprimés — le meilleur score obtenu par le PSU depuis sa création —, le candidat socialiste Gaston Defferre, allié à Pierre Mendès France, n’obtenant que 5 %. Il se présente à l'élection législative partielle de juin 1969 dans la 4e circonscription des Yvelines, et bat le Premier ministre sortant Maurice Couve de Murville. Il perd ce siège en 1973. Il critique le Programme commun adopté par le PS et le PCF, estimant que ces partis « ont choisi de ne pas […] proposer un programme socialiste »17.
D'un point de vue économique, Michel Rocard vante alors les vertus de l'autogestion yougoslave : « La performance économique de la Yougoslavie autogestionnaire est en termes globaux une des plus remarquables du monde entier »18. Il soutient encore cette idée en 2009 en prenant ses distances vis-à-vis du modèle historique de l'État yougoslave19.
Lors de la campagne présidentielle d'avril-mai 1974, il soutient François Mitterrand, mais en octobre, lorsqu’il propose au PSU de rejoindre le PS, il est mis en minorité (40 %). Il quitte alors le PSU et participe aux Assises pour le Socialisme (12-13 octobre 1974) qui préparent l’entrée au PS des minoritaires du PSU et de certains militants proches de la CFDT comme Jacques Chérèque. Son entrée au Parti socialiste date de décembre 1974. Il devient membre du bureau exécutif en février 1975 et secrétaire national chargé du secteur public. Il est élu maire de Conflans-Sainte-Honorine en 1977, à la tête d’une liste d’Union de la gauche. Il reconquiert le siège de député de la circonscription de Conflans aux législatives de 1978. Le 19 octobre 1980, il annonce sa candidature à la candidature du PS pour la présidentielle de 1981, mais la retire le 8 novembre suivant, lorsque François Mitterrand annonce la sienne. L'antagonisme qui couvait entre les deux hommes depuis au moins 1977 dure jusqu'à la mort de Mitterrand en 1996.
Le « rocardisme »
La fin des années 1970 marque l’avènement du rocardisme, du courant rocardien au sein du Parti socialiste qui affiche une tendance décentralisatrice (congrès de Nantes, 1977), puis ouvertement hostile aux nationalisations intégrales (à 100 %) préparées par les mitterrandistes (congrès de Metz, 1979). Il profite du procès contre des membres du FLB, durant lequel il témoigne en faveur des accusés, en novembre 1979, pour justifier ses appels à la décentralisation : « Je sens profondément que ce mouvement centralisateur, commencé par Philippe le Bel, doit s'arrêter »20. La popularité de Michel Rocard dans les sondages a toujours été élevée, ce qui le place à partir de 1978 parmi les probables présidentiables et fait de lui une figure incontournable du paysage politique français21. En s’opposant aux « nationalisations à outrance » et en acceptant l’économie de marché, le rocardisme se retrouve à l’opposé des positions défendues par le Parti communiste dans les négociations du Programme commun. Les rocardiens se réclament souvent de la pensée de Pierre Mendès France lorsqu’ils prônent une politique économique « réaliste » et une culture de gouvernement.Entrée au gouvernement
Michel Rocard en 1981.
Maire de Conflans-Sainte-Honorine de 1977 à 1994, il
devient ministre d'État, ministre du Plan et de l'Aménagement
du territoire dans les deux premiers gouvernements Pierre
Mauroy, du 22
mai 1981 au 23 mars 1983.Son action pendant ces années-là est notamment marquée par la loi du 29 juillet 1982 dont il est à l'origine, qui établit les contrats de plan État-Région.
Il est ensuite nommé ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Pierre Mauroy III, fonction que Michel Rocard conserve dans le gouvernement Laurent Fabius22. Opposé à l’instauration du mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives de 1986, il démissionne de son poste le 4 avril 1985.
Premier ministre
Articles connexes : Gouvernement Michel Rocard I et Gouvernement Michel Rocard II.
Il est nommé Premier ministre, le 10 mai 1988, au début du
second septennat de François Mitterrand. Peu avant sa nomination à
Matignon, ce dernier avait déclaré à Ambroise
Roux : « Je vais le nommer puisque les Français semblent en
vouloir […] Mais vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra au
travers »23.
Les résultats des élections législatives de
juin 1988 entraînent la formation d'un second gouvernement Michel Rocard.Économie
Michel Rocard arrive au pouvoir dans une période de croissance économique (3,8 % en 1988) au moment où un dollar faible aide l'industrie exportatrice française. Il bénéficie du fait de la progressivité de l'impôt de recettes fiscales exceptionnelles24.Il instaure le revenu minimum d'insertion (RMI) le 12 octobre 1988, l’un des rares projets de loi votés à l'Assemblée à l'unanimité25 qui présenté comme une assistance temporaire pour aider les chômeurs en fin de droits à se réinsérer deviendra un véritable revenu à long terme26. L'absence de projet d'insertion et d'encadrement prévu à cet effet permit très rapidement à ses détracteurs de dire que du sigle RMI, le « I » d'insertion était « jeté aux oubliettes »27. Selon ceux-ci, le prétexte de la réinsertion était le motif nécessaire pour faire passer la loi, alors que ses promoteurs n'ignoraient pas que l'administration n'avait aucunement les moyens de suivre les bénéficiaires et de leur proposer des « projets d'insertion »27.
Malgré les rentrées fiscales importantes dont il bénéficie, il fait adopter par l’Assemblée le 19 novembre 1990 la loi sur la Contribution sociale généralisée (CSG), nouvel impôt prélevé à la source dont l'assiette est constituée de tous les revenus, qu'ils proviennent du travail ou du patrimoine28. Par la suite, le montant de la CSG s'est accru jusqu'à représenter en 2010 le double du produit de l'impôt sur le revenu, soit 6 % du revenu national29.
Michel Rocard est l'instigateur en 1991 du premier « livre blanc sur les retraites », un diagnostic général de l'état des finances qui soulignait la nécessité de modifier le système de retraites existant alors30. Par la suite, il conseillera le rapprochement du régime des fonctionnaires sur celui du privé, mais restera opposé à l'augmentation de l'âge de la retraite au-delà de 60 ans « pour des raisons tactiques »31. Selon lui, la réforme des retraites en France en 2010 permet de « gagner un répit de dix ans sur le plan comptable » sans résoudre le fond du problème : « Le problème des retraites reste devant nous. »32
Immigration
Dans un article du Monde, en 1996, puis au 70e anniversaire de la Cimade, en 2009, Michel Rocard se plaignit de ce que les médias et les politiques tronquaient, en la citant sous la forme « La France ne peut accueillir toute la misère du monde », une phrase de lui dont la teneur exacte était, selon lui : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part »33.D'après un article de Thomas Deltombe34,35, Michel Rocard a bel et bien prononcé la version courte de la phrase, au moins à deux reprises : le 3 décembre 1989, à l'émission 7 sur 736, et le 7 janvier 1990, devant des élus socialistes originaires du Maghreb. Dans les deux cas, il s'agit de justifier une politique anti-immigrationniste. (« Aujourd'hui je le dis clairement la France n'est plus, ne peut plus être, une terre d'immigration. Je l'ai déjà dit et je le réaffirme : "nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde" », dit Michel Rocard dans l'allocution du 7 janvier 199037.) Ce n'est que le 4 juillet 1993, à une nouvelle émission de 7 sur 7, que Michel Rocard, qui cherche à se distancier de la droite revenue au pouvoir et à qui l'animatrice rappelle sa phrase célèbre, donne à sa position une forme moins absolue. Dans cette nouvelle version, il ne dit d'ailleurs pas que la France doive prendre une part de la misère du monde, mais seulement traiter le mieux possible la part qu'elle en a déjà : « laissez-moi lui ajouter son complément, à cette phrase : je maintiens que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde. La part qu’elle en a, elle prend la responsabilité de la traiter le mieux possible. Mais à partir de là, ce n’est pas non plus une raison pour que la France se charge de toutes les xénophobies du monde. »35.
Nouvelle-Calédonie
Le 26 juin 1988, Michel Rocard fait signer les accords de Matignon entérinant les droits de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et mettant fin aux violences sur l’île. Cette action pour la pacification de la Nouvelle-Calédonie est, selon lui, ce qu'il a fait de mieux au gouvernement, mais c'est aussi l'action pour laquelle il dit avoir subi les pires attaques38.Plan national de renseignement
Avec son conseiller à la sécurité Rémy Pautrat, auparavant directeur de la DST, il lance le Comité interministériel du renseignement (CIR)39 et un Plan national de renseignement visant à ce que Matignon prenne une part active dans l'orientation générale de la recherche des services en France plutôt que la laisser à la seule initiative de ces derniers.Premier secrétaire du Parti socialiste
Le 15 mai 1991, François Mitterrand, avec qui sa mésentente est alors de notoriété publique, lui demande de démissionner de sa fonction de Premier ministre40 et le remplace à ce poste par Édith Cresson.En février 1993, alors que le Parti socialiste est promis par les sondages à une déroute électorale aux élections législatives de mars, Michel Rocard plaide pour une rénovation du PS, en affirmant que la gauche française a besoin d'un « big bang » : l'expression attire l'attention des médias, qui voient là l'émergence d'une possible alternance de gauche au mitterrandisme41. Lors du scrutin législatif, au cours duquel les socialistes sont lourdement défaits, Michel Rocard est lui-même battu dans sa circonscription des Yvelines par Pierre Cardo, maire UDF de Chanteloup-les-Vignes ; malgré cet échec personnel, il devient en octobre de la même année premier secrétaire du PS — le premier à être élu par les délégués au congrès national. Il remanie profondément les institutions dirigeantes du parti, donnant notamment son autonomie au MJS.
Il choisit d'être tête de liste aux élections européennes de juin 1994, lors desquelles il doit subir la concurrence de la liste radicale de Bernard Tapie, soutenue discrètement par François Mitterrand. À la suite du mauvais score de sa liste (14,5 %), une coalition Emmanuelli-Fabius le met en minorité au conseil national du PS et il doit démissionner de son poste de premier secrétaire le 19 juin 1994, remplacé par Henri Emmanuelli qui convoque dans l'urgence un congrès à Liévin.
Revenant sur cet épisode, il déclare qu'avoir accepté le poste de premier secrétaire est « la faute de [sa] carrière42 ». Michel Rocard doit alors abandonner l'idée d'une deuxième candidature présidentielle que les médias lui prêtent depuis 1981. Il est élu sénateur des Yvelines le 24 septembre 1995.
Implication dans l'Union européenne
Il démissionne de son mandat de sénateur en 1997, car le Premier ministre Lionel Jospin lui a demandé de choisir entre le Sénat et le Parlement européen, où il siège de 1994 à 2009, et où il s'illustre par son opposition aux brevets logiciels dans l'Union européenne. Il occupe plusieurs fonctions au Parlement européen en présidant les commissions de la coopération et du développement (1997-1999), puis de l'emploi et des affaires sociales (1999-2002) et enfin de la culture (2002-2004)43.En 2005, il conduit la délégation d’observateurs européens pour assurer le bon déroulement de l'élection présidentielle en Palestine.
Au lendemain de la victoire du « non » au référendum européen du 29 mai 2005, alors que le Parti socialiste est en crise, Michel Rocard marque, à travers plusieurs entretiens, son opposition à Laurent Fabius et aux courants les plus à gauche du PS, en fustigeant notamment le « Nouveau Parti socialiste » d'Arnaud Montebourg. Il s'en prend également à l'association altermondialiste ATTAC (« monument de bêtise économique et politique », selon l’ancien Premier ministre). Il marque cependant sa curiosité pour le courant « Utopia »[réf. nécessaire].
Michel Rocard est un fervent défenseur de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Il a d'ailleurs écrit un plaidoyer concernant ce sujet44 : selon lui, « la Turquie est un enjeu stratégique » et « une vraie chance pour l'Europe ». Il met en avant les arguments liés à l'accès aux routes énergétiques, une plate-forme de paix dans le Caucase, les Balkans et le Proche-Orient, une économie de marché en plein essor et une nation démocratique et laïque : « La Turquie représente une démocratie chrétienne à la mode musulmane à la fois économiquement libérale et conservatrice sur le plan des mœurs45 ». Selon Pascal Gauchon, l'ensemble des analyses de Michel Rocard concernant le « tropisme européen » de l'AKP de Recep Tayyip Erdoğan seront démenties par la réalité46.
Dans un livre en forme de dialogue avec l'ancien commissaire européen Frits Bolkestein publié en 200647, Michel Rocard va jusqu'à estimer que « viendra un jour où on débaptisera l'Union européenne, parce que, comme Français, je suis obligé de vous dire que quand l'Algérie sera là, nous serons plus tranquilles »48.
Toujours engagé dans la construction européenne, il publie, en septembre 2008, Notre Europe, avec Nicole Gnesotto.
Affiliations
Michel Rocard fut membre de l'International Advisory Board du conseil des relations étrangères de 1999 à 2004, et administrateur du think tank (laboratoire d'idées) « Les Amis de l'Europe ». Il est, avec Dominique Strauss-Kahn et Pierre Moscovici, cofondateur de l'association À gauche, en Europe. Il préside le conseil d'orientation scientifique de la fondation Terra Nova depuis sa création, en 2008.Michel Rocard compte également parmi les membres fondateurs du Collegium international éthique, politique et scientifique, association qui réfléchit aux transformations urgentes qu'imposent les désordres actuels dans le monde.
Michel Rocard est membre du Comité de soutien de l’Association Primo Levi (Soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique)49.
Il est membre du Comité d’honneur de l'ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité)50.
Fin de carrière
Michel Rocard, au 6e Forum mondial de l'eau, en 2012.
Un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle de
2007, il tente en vain de convaincre Ségolène Royal de se désister en sa faveur, pensant
pouvoir éviter la défaite de la gauche51.
Il reçoit de la candidate une mission numérique chargée d'établir un
rapport-programme52,
qui sera publié sous le titre République 2.0 - Vers une société de la
connaissance ouverte, et se prononce dans Le Monde
le 13 avril 2007, neuf jours avant
le premier tour, pour un accord Royal-Bayrou53,54.
L'année suivante, soutien de Bertrand Delanoë au congrès de Reims55,
il menace de quitter le Parti socialiste en cas de victoire de Ségolène Royal,
qui perd finalement face à Martine Aubry56.Il démissionne du Parlement européen à la fin du mois de janvier 2009, mettant fin à sa carrière d'élu politique après quinze années de présence au Parlement européen et quarante ans après son premier mandat d'élu57. Le lendemain de cette annonce, il est salué par une ovation des députés du Parlement européen58.
Membre, en août 2007, de la « commission Pochard », sur la condition enseignante et le statut des enseignants, voulue par Nicolas Sarkozy et lancée par le ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, il en démissionne le 31 janvier 2008, à la suite du titre d'une interview au Figaro qu'il juge « mensonger »59.
Le 18 mars 2009, Nicolas Sarkozy le nomme ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique60. En juillet 2009, il préside à la demande du gouvernement français une conférence d'experts sur l'institution d'une Contribution climat énergie61 et remet son rapport le 28 juillet 200962 dans lequel il préconise une taxe carbone de 32 euros par tonne de CO263.
Avec Alain Juppé, il copréside la commission chargée de réfléchir à la mise en œuvre d'un grand emprunt national, installée le 26 août 2009 par Nicolas Sarkozy. Avec l'ancien Premier ministre chiraquien, il prend position le 14 octobre 2009 pour un désarmement nucléaire mondial64. Aux côtés d'Alain Juppé, il propose de supprimer la dissuasion nucléaire française65,66.
Il publie, en janvier 2013, avec l'économiste Pierre Larrouturou, un essai alarmiste sur la crise, prédisant la fin de la croissance67.
Le 7 février 2013, il exprime ses réserves sur le projet de loi autorisant le mariage homosexuel, estimant que le PACS « aurait pu suffire »68.
Michel Rocard est victime d'une hémorragie cérébrale en Inde en 200769 et se déclare guéri du cancer en 201570. Il meurt le 2 juillet 2016 à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris, à l'âge de 85 ans71.
Détail des mandats et fonctions politiques
Fonctions gouvernementales
- Du 22 mai 1981 au 23 mars 1983 : ministre d'État, ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire (gouvernements Pierre Mauroy I et II)
- Du 23 mars 1983 au 4 avril 1985 : ministre de l'Agriculture (gouvernements Pierre Mauroy III et Laurent Fabius)
- Du 10 mai 1988 au 15 mai 1991 : Premier ministre (gouvernements Michel Rocard I et II)
- Du 18 mars 2009 au 2 juillet 2016 : ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique
Mandats parlementaires
- Du 26 octobre 1969 au 1er avril 1973 : député non-inscrit de la 4e circonscription des Yvelines (battu)
- Du 3 avril 1978 au 24 juillet 1981 : député socialiste de la 7e circonscription des Yvelines (nommé ministre)
- Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988 : député socialiste du seul département des Yvelines
- Du 23 juin 1988 au 23 juillet 1988 : député socialiste de la 7e circonscription des Yvelines (nommé Premier ministre)
- De 19 juillet 1994 au 31 janvier 200943 : député européen (PSE), élu dans la circonscription Sud-Est
- Du 2 octobre 1995 au 18 novembre 1997 : sénateur SOC des Yvelines (démissionne pour cause de cumul des mandats)
Mandats locaux
- De 1977 à 1994 : maire, puis conseiller municipal (de 1994 à 2001) de Conflans-Sainte-Honorine
- De 1978 à 1988 : conseiller régional d'Île-de-France
Fonctions au Parti socialiste unifié (PSU)
- Du 25 juin 1967 au 26 novembre 1973 : secrétaire national
Fonctions au Parti socialiste (PS)
- Du 3 avril 1993 au 24 octobre 1993 : président de la direction provisoire
- Du 24 octobre 1993 au 19 juin 1994 : premier secrétaire
- De 1994 à 1997 : membre du bureau national
- Invité permanent du bureau national
Distinctions honorifiques
Décorations officielles
- Grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur (le 14 juillet 201572), grand officier, en 2008 en tant que Premier ministre73 .
- Grand-croix de l'ordre national du Mérite (1988) en tant que Premier ministre74.
- Commandeur de l'Ordre du Mérite agricole
- Officier honoraire de l'Ordre national du Québec (2000) pour avoir « contribué de façon remarquable au développement du rôle international du Québec et au maintien des liens privilégiés entre les deux gouvernements »75.
- Commandeur de l'Ordre de l'Honneur (Grèce)
- Compagnon honoraire de l'Ordre d'Australie (1992)
Autres distinctions
- Doctorat honorifique de l'Université Laval (Québec, Canada), décerné le 9 juin 2013
- Prix « Doha Capitale Culturelle Arabe » décerné par l’Ambassade du Qatar en France76
Sources
- Les papiers personnels de Michel Rocard sont conservés aux Archives nationales sous la cote 680AP77.
Bibliographie
Publications de Michel Rocard
- Le PSU et l’avenir socialiste de la France, Seuil, 1969.
- Le Marché commun contre l’Europe, Seuil, 1973. Face au défi des « multinationales » le socialisme sera européen ou ne sera pas (avec Bernard Jaumont et Daniel Lenègre).
- Propositions pour sortir de la crise (avec collaborateurs), Cerf, 1974.
- L’Inflation au cœur, Gallimard, 1975 (avec Jacques Gallus).
- Parler vrai, textes politiques (1966-1979), Seuil, 1979.
- Un pays comme le nôtre, textes politiques, 1986-1989.
- Le Cœur à l’ouvrage Odile Jacob/ Seuil, Paris, 1987.
- Un contrat entre les générations, Gallimard, 1991.
- La Nation, l’Europe, le monde (avec Aline Archimbaud et Félix Damette), 1995.
- Éthique et démocratie, 1996.
- L’Art de la paix/ l’Édit de Nantes (avec Janine Garrison), 1997.
- Les Moyens d’en sortir, Seuil, 1998.
- Mutualité et droit communautaire, 1999.
- Mes idées pour demain, Odile Jacob, 2000.
- Entretien avec Judith Waintraub, collection « Mémoire vivante », Flammarion, 2001.
- Pour une autre Afrique, 2001.
- Si la gauche savait, entretiens avec Georges-Marc Benamou, Paris, Robert Laffont, 2005, 16 x 24 cm, 372 p. (ISBN 978-2-221-10435-4).
- La Deuxième gauche, une histoire inachevée, entretien avec Michel Rocard, Esprit, février 2006, p. 140-147.
- Peut-on réformer la France ?, entretiens avec Frits Bolkestein, Paris, Autrement, 2006, 124 pages (ISBN 978-2-7467-0858-7).
- République 2.0 – Vers une société de la connaissance ouverte, 5 avril 2007.
- Oui à la Turquie, (avec Ariane Bonzon), Hachette Littératures, 2008 (ISBN 978-2-01-237625-0).
- Notre Europe, avec Nicole Gnesotto, Robert Laffont, septembre 2008 (ISBN 978-2-221-11098-0).
- « Faire de Strasbourg la capitale intellectuelle de l'Europe », article (signé en collaboration avec Eric Kaija Guerrier, Véronique Kretz et Charlotte Ricateau-Pfersdorff), publié dans le no 7 de la Revue Le Diable probablement, Éditions Verdier), septembre 2009.
- Si ça vous amuse. Chronique de mes faits et méfaits, mémoires, Flammarion, novembre 2010 (ISBN 978-2-08-123790-2).
- La Politique telle qu'elle meurt de ne pas être, entretien avec Alain Juppé mené par Bernard Guetta, JC Lattès, 2011 (ISBN 978-2-7096-3577-6).
- Weepers Circus, N'importe où, hors du monde (2011). Il s'agit d'un livre-disque dans lequel participe une quarantaine d'invités aux titres d'auteurs ou d'interprètes : Michel Rocard y signe un texte inédit (non mis en musique) consacré à sa propre interprétation de ce titre énigmatique de N'importe où, hors du monde.
- Mes points sur les i - Propos sur la présidentielle et la crise, préface de François Hollande, Éditions Odile Jacob, 2012.
- La Politique ça vous regarde ! Gallimard Jeunesse, 2012.
- Avec Pierre Larrouturou, La Gauche n'a plus le droit à l'erreur, Flammarion, 2013 (ISBN 2081282445).
- Suicide de l'Occident, suicide de l'humanité ?, Flammarion, 2015 (ISBN 978-2081332188)
- Lettre aux générations futures, en espérant qu'elles nous pardonneront, entretien avec Mathias Thépot, Bayard, mars 2015 (ISBN 978-2-227-48772-7)
Publications sur Michel Rocard
- Kathleen Evin, Michel Rocard ou l’Art du possible, Paris, Jean-Claude Simoën, 1979, 24 cm, 243 p.
- Daniel Bensaïd, L'Anti-Rocard ou les haillons de l'utopie, La Brèche, 1980, 188 p. (ISBN 978-2-902524-15-0).
- Hervé Hamon et Patrick Rotman, L’Effet Rocard, Paris, Stock, 1980, 22 cm, 363 p. (ISBN 978-2-234-01245-5).
- Sylvie Santini, Michel Rocard : un certain regret, Paris, Stock, 2004, 14 x 22 cm, 247 p. + 8 pages de planches illustrées (ISBN 978-2-234-05558-2).
- Jean-Louis Andreani, Le Mystère Rocard, Paris, Robert Laffont, 1993, 239 mm x 153 mm, 732 p. (ISBN 978-2-221-07037-6).
- Robert Chapuis, Si Rocard avait su... témoignage sur la deuxième gauche, Paris, Édition de L'Harmatten, collection « Des poings et des roses », 2007.
- Pierre-Emmanuel Guigo, Le Chantre de l'opinion. La communication de Michel Rocard de 1974 à 1981, Paris, INA éditions, 2013, 260 p. (ISBN 978-2-86938-209-1).
Généalogie
Ascendance de Michel Rocard78
Notes et références
- Interiew de Michel Rocard [archive] par Jean-Michel Djian, émission À voix nue sur France Culture, 17 juin 2013.
- L'internaute. [archive].
- Libération: Loïc Rocard, ingénieur en chef de Manuel Valls [archive].
- Filiation sur Wikifrat (fraternelle.org) Fraternelle : l’encyclopédie biographique de l’Homo erectus [archive]
- Jean-Louis Baucarnot, Le tout politique, Éditions L'Archipel, 2011, p. 217, (ISBN 9782809805666).
- Francis Bertin, Secret, initiations et sociétés modernes, L'Âge d'homme, 1991 (lire en ligne [archive]), p. 87.
- Interview de Michel Rocard par Jean-Michel Djian, émission À voix nue sur France Culture, 17 juin 2013.
- Michel Rocard, Le Cœur à l'ouvrage, Odile Jacob, 1987, p. 16.
- Michel Rocard, Judith Waintraub, Michel Rocard, Flammarion, 2001, p. 11.
- Le Cœur à l'ouvrage, op. cité, p. 17.
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- Jean Garrigues, La France de la Ve République : 1958-2008, Armand Colin, 2008, 648 p..
- Michel Rocard, Le Drame algérien, rapport présenté par Henri Frenay, mais rédigé par Rocard, au nom de la VIe section de la fédération de la Seine au printemps 1957 en vue du congrès de la SFIO, in Rapport sur les camps de regroupement et autres textes sur la guerre d'Algérie, op. cit. p. 42-43.
- Stéphane Hessel, Citoyen sans frontières, Fayard, 2008, p. 222.
- Sylvie Santini, Michel Rocard, un certain regard, Stock, 2005. p 88-89.
- Jean-Louis Andreani, Le Mystère Rocard, Robert Laffont, 1993, p. 119.
- Jean-Louis Andreani, Le Mystère Rocard, Robert Laffont, 1993, p. 144.
- Michel Rocard, préface du livre de Milojko Drulovic, L'autogestion à l'épreuve, Éditions Fayard, 1973.
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- Erwan Chartier et Alain Cabon, Le Dossier FLB - Plongée chez les clandestins bretons, Éditions Coop Breizh, Spézet, novembre 2006, p. 202.
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- [2] [archive] Interview Isabelle Moreau, « Rocard sur la réforme des retraites : « Sarkozy a fixé des délais intenables » », La Tribune, 14 octobre 2010.
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- Tribune parue dans le journal Le Monde du 10 septembre 2008 [archive].
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- Archives du gouvernement - Conseil des ministres du 18 mars 2009 - Mesures d'ordre individuel [archive].
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- « Michel Rocard préconise une taxe carbone de 32 euros par tonne de CO2 » [archive], Le Monde, 22 juillet 2009.
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- 20 Minutes - 19/06/2012 : Économie : Michel Rocard propose de supprimer la dissuasion nucléaire pour réduire le déficit [archive].
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- Marc Vignaud, « Rocard : « La gauche n'a plus droit à l'erreur » [archive], sur lepoint.fr, Le Point, 5 février 2013 (consulté le 27 août 2013).
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- « Michel Rocard est de retour en France » [archive], Le Nouvel Observateur, 16 juillet 2007.
- http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/09/03/michel-rocard-vincent-bollore-est-en-train-d-essayer-de-nous-voler_4744700_3212.html [archive]
- http://www.20minutes.fr/politique/1875079-20160702-michel-rocard-pere-deuxieme-gauche-decede [archive]
- « Décret du 13 juillet 2015 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier » [archive], sur legifrance.fr, 13 juillet 2015 (consulté le 14 juillet 2015)
- , Décret du 21 novembre 2008 (Décret no 2008-1202 du 21 novembre 2008 modifiant le code de la Légion d'honneur et de la médaille militaire, paru au Journal officiel du 22 novembre 2008 (texte 1): « La dignité de grand officier appartient de plein droit aux anciens Premiers ministres qui ont exercé leurs fonctions durant deux années au moins ».
- Décret no 63-1196 du 3 décembre 1963 portant création d'un ordre national du Mérite [archive], article 5 du 23 décembre 1974
- « Michel Rocard » [archive].
- Hollande Enterre les Droits de l’Homme à Doha [archive]. Blog de Pizzicalaluna, Mediapart.fr. Publié le 5 mai 2015.
- Archives nationales [archive].
- Généastar : Ascendants de Michel ROCARD [archive].
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
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Articles connexes
- Gouvernement Michel Rocard I
- Gouvernement Michel Rocard II
- Socialisme et démocratie
- À gauche, en Europe
Liens externes
- La biographie du Premier ministre Michel Rocard sur gouvernement.fr
- Sa fiche sur le site du Sénat
- Sa fiche sur le site du Parlement européen
- conferences-michelrocard.fr sur webbarchive
- Deux radioscopies de Michel Rocard, archives de l'INA
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