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- Marianne Fenon, Mis à jour le 09 Janvier 2023 15:32
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Henry de Sussex, appelé prince Harry, livre ses rancoeurs et ses ressentiments dans une autobiographie, pointant les animosités et le climat de tension qui règnent au sein de sa famille.
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Une famille royale, dans une démocratie libérale moderne, peut-elle exposer publiquement ses désaccords, ses disputes et ses rancoeurs sans que cela ne génère de désastreuses conséquences ? Sur cette question, bien plus politique que cela puisse apparaître, la reine Elisabeth II avait un mantra - "Never explain, never complain" - et surtout une hauteur de vue qui lui permettait de placer les intérêts supérieurs des institutions et de la monarchie parlementaire aux dessus des velléités personnelles. Le prince Harry n'a manifestement pas beaucoup appris auprès de sa grand-mère. Il apparaît désormais clairement que le jeune prince, grisé par son exil et les libertés qu'il s'est autorisées depuis quelques années, ne supporte pas de garder un silence public d'usage sur ses contrariétés intimes.
Il faut dire que le prince Harry a certainement été très sollicité par ceux qui pensaient, les dollars dans les yeux, aux retombées financières du grand déballage : Netflix et Spotify auraient sorti près de 100 millions de dollars pour les documentaire et podcast tournés avec Meghan Marrkle et le fils cadet du roi ; son éditeur Panguin Random House aurait proposé plus de 20 millions de dollars pour les mémoires d'Harry, publiées le 10 janvier, selon les médias britanniques. Harry a probablement été encouragé à se raconter ; le jeune homme de 38 ans a plongé : il s'est livré à un incroyable exercice de révélations intimes, dévoilant des disputes avec son frère, son père, son malaise personnel. Le prince décrit aussi comment il a perdu sa virginité ou comment il en est venu à tuer 25 talibans durant la guerre en Afghanistan.
Les mémoires du prince Harry, intitulées Le Suppléant (Spare en anglais), publiées le 10 janvier, resteront comme l'acmé du divorce familial. Le prince William et Kate Middleton, le roi Charles III et sa femme Camilla : celui qui vit désormais aux Etats-Unis avec sa femme, Meghan Markle, n'épargne personne dans ce nouvel ouvrage, un mois après la diffusion sur Netflix du documentaire Harry & Meghan. Dans cette mini-série en six épisodes, le couple princier avait surtout évoqué le harcèlement qu'il disait avoir subi de la part des tabloïds.
Les informations portées sur la place publique par le prince Harry sont, en effet, étonnamment détaillées. Il évoque ainsi un épisode où son frère William aurait été violent avec lui, le fait que lui et son frère n'auraient pas voulu que son père se remarie avec Camilla, ou encore les blagues douteuses de son père, qui aurait remis en question son lien de parenté avec le prince Harry. Il dévoile par ailleurs plusieurs facettes encore méconnues de sa vie privée, comme le fait qu'il aurait pris de la cocaïne à l'âge de 17 ans.
De l'ego et peu de lucidité sur la fragilité de la monarchie
En Grande-Bretagne, l'offensive médiatique du prince Harry est assez mal vue. Plusieurs sondages, effectués ces derniers mois, montrent bien que le jeune prince est devenu impopulaire. L'immense majorité des titres de presse britannique relaient ce déballage sur un ton consterné, jugeant que l'ouvrage vient mettre du sel sur des plaies que personne ne voulait ouvrir. "Il est en mission pour détruire sa famille ", écrit le Daily Mirror, notamment. Le plus modéré Observer s'interroge sur cette initiative et considère que "personne ne profitera" de ces révélations, pas même Harry. La réflexion s'ouvre, outre manche, sur l'impact de tout cela sur la monarchie. "Le livre affaiblit l'institution, évidemment, parce que sa réputation compte et parce que, même s'il ne donne qu'une version de l'histoire, avec le documentaire sur Netflix il décrit une institution déconnectée de la réalité, incapable de protéger ses membres quand ils sont vulnérables", juge ainsi la journaliste de Vanity Fair, Katie Nicoll, spécialiste de la royauté, dans des propos relayés par Le Monde.
Alors que Charles III doit être officiellement intronisé monarque, en mai, la royauté est entré dans un moment de tension et de crispation qu'Harry ne semble pas avoir mesuré. "Les membres de la famille royale sont devenus des points de fixation dans les débats nationaux sur le racisme, la misogynie ou les richesses. Après tout, c'est une institution qui symbolise les inégalités [à cause du principe d'hérédité], il y a énormément de choses en jeu", analyse encore L'Observer.
Ce qu'Harry reproche au roi Charles III
Intitulée Le Suppléant, en référence à sa place délicate de second (pendant longtemps, les enfants de Kate et William lui étant depuis passés devant), derrière son frère aîné William, pour succéder à Charles le temps venu, l'autobiographie du prince Harry dévoile les différents points de frictions entre le mari de Meghan Markle, son père Charles III et son frère le prince William.
Acte premier, la blague malvenue de Charles le jour de sa naissance. "Magnifique ! Désormais, tu m'as donné un héritier et un suppléant - mission accomplie", aurait lâché à Lady Diana celui qui n'était alors que le prince Charles, à la naissance de son second fils, affirme Harry, comme le rapporte The Guardian. Une simple boutade pour les uns, une inébranlable douleur pour le fils cadet du roi, qui estime avoir été régulièrement blessé par l'humour de son père. Dans son viseur, les blagues de Charles sur son "vrai père".
Toujours selon le prince Harry, dont le Daily Mail se fait cette fois-ci l'écho, Charles III se serait régulièrement amusé à dire à Harry : "Qui sait si je suis vraiment le prince de Galles ? Qui sait si je suis même ton père ?" Et le prince de se remémorer : "Il riait et riait, bien que c'était une blague particulièrement pas drôle étant donné la rumeur qui circulait alors, que mon véritable père était l'un des anciens amants de maman : le major James Hewitt."
Le Daily Mail dévoile enfin qu'Harry et William auraient imploré leur père, en 2005, de ne pas se remarier avec Camilla. Harry confie avoir été particulièrement inquiet à l'idée de devoir affronter une belle-mère "cruelle [...] comme toutes les méchantes belles-mères des histoires". "Malgré les supplications de Willy et moi, Pa allait de l'avant. Nous lui avons serré la main et lui avons souhaité bonne chance. Sans rancune", se remémore toutefois Harry.
Ce qu'Harry reproche au prince William
Le prince William en prend aussi pour son grade, d'après les premières révélations sur l'autobiographie d'Harry. Comme le révèle le Guardian, le fils cadet du roi Charles III revient sur un épisode dans lequel on découvre une tout autre facette du prince William. Harry explique ainsi qu'au cours d'une dispute relativement récente, puisque celle-ci aurait eu lieu en 2019, William l'aurait "attrapé par le col, arrachant [s]on collier, et [l'aurait] fait tomber par terre". Et Harry de renchérir : "J'ai atterri sur la gamelle du chien, qui s'est brisée sous mon dos, les morceaux m'entaillant." Le sujet de cette dispute ? Meghan Markle, relate Harry. Avant d'en venir aux mains, William aurait traité Meghan Markle de femme "impolie", "difficile" et "abrasive". Harry précise qu'après son geste violent, William se serait "excusé". Cet épisode lui aurait laissé "des éraflures et des bleus", ajoute le prince Harry.
Dans un autre extrait du Suppléant, Harry affirme aussi que son choix pour son désormais célèbre costume nazi, qui avait fait la une des tabloïds en 2005, créant le scandale, et pour lequel il avait finalement dû présenter ses plus plates excuses, aurait été encouragé par Kate Middleton et William. Comme le dévoile Page Six, Harry écrit avoir hésité entre un costume de pilote et un de nazi. "J'ai téléphoné à Willy et Kate, je leur ai demandé ce qu'ils en pensaient", raconte Harry, assurant qu'ils auraient répondu : "L'uniforme nazi." L'époux de Meghan Markle explique par ailleurs qu'en rentrant chez lui, il aurait essayé le costume devant eux. "Ils ont tous les deux hurlé de rire. C'était pire que le justaucorps de Willy ! Bien plus ridicule ! Ce qui, encore une fois, était le but."
Les autres révélations du prince Harry
Au-delà de ses fracassantes révélations sur ses relations conflictuelles avec son frère et son père, le prince Harry revient également dans ses Mémoires sur sa consommation de cocaïne à 17 ans et son passage à l'armée britannique, lors duquel il a combattu en Afghanistan.
Sky News révèle qu'Harry reconnaît dans ses Mémoires avoir "bien sûr" pris de la cocaïne, bien qu'il n'ait pas trouvé l'expérience "amusante". Il raconte qu'il aurait consommé cette drogue pour la première fois "chez quelqu'un, lors d'un week-end de chasse". "Ce n'était pas très amusant, ça ne m'a pas rendu particulièrement heureux (...), mais ça m'a fait me sentir différent, et c'était mon objectif principal, se sentir, être différent", explique le prince. "J'étais un jeune de 17 ans qui voulait essayer n'importe quoi qui viendrait bousculer l'ordre établi. En tout cas, c'est ce dont j'essayais de me convaincre", conclut-il. Harry révèle par ailleurs que son père l'aurait ensuite emmené dans une clinique de désintoxication pour qu'il rencontre d'anciens toxicomanes.
Le mari de Meghan Markle revient également, dans ce nouvel ouvrage, sur ses dix années passées dans l'armée britannique, lors desquelles il a été déployé par deux fois en Afghanistan. Le prince Harry a en effet été déployé dans le pays pendant dix semaines, entre 2007 et 2008, puis de septembre 2012 à janvier 2013, cette fois en tant que pilote d'hélicoptère. Il affirme dans ses Mémoires qu'il aurait tué 25 "combattants ennemis" en Afghanistan. "Nous tirons quand il le faut, prendre une vie pour sauver une vie", ajoute-t-il. Des informations rapportées par The Daily Telegraph.
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