samedi 2 mars 2019

Helmut Schmidt, chancelier de la République fédérale d'Allemagne de 1974 à 1982 . 1918 + 2015


wikipédia à jour au 17 février 2019



Helmut Schmidt


Helmut Schmidt en 1969.

Fonctions


16 mai 19741er octobre 1982
(8 ans, 4 mois et 15 jours)

Président fédéral

Gouvernement

Législature
7e, 8e et 9e

Coalition

Prédécesseur

Successeur


7 juillet 197215 mai 1974
(1 an, 10 mois et 8 jours)

Chancelier

Gouvernement

Prédécesseur

Successeur


7 juillet15 décembre 1972
(5 mois et 8 jours)

Chancelier

Gouvernement

Prédécesseur

Successeur


22 octobre 19697 juillet 1972
(2 ans, 8 mois et 15 jours)

Chancelier

Gouvernement

Prédécesseur

Successeur

Biographie

Nom de naissance
Helmut Heinrich Waldemar
Schmidt

Date de naissance

Lieu de naissance

Date de décès
10 novembre 2015 (à 96 ans)

Lieu de décès

Nationalité

Parti politique
SPD

Conjoint
Hannelore Glaser (1942-2010)

Religion








Helmut Heinrich Waldemar Schmidt Écouter, né le 23 décembre 1918 à Hambourg et mort le 10 novembre 2015 dans la même ville, est un homme politique allemand, membre du Parti social-démocrate (SPD).
Porté à la présidence du groupe SPD au Bundestag en 1967, il renonce à ce poste deux ans plus tard pour devenir le premier social-démocrate au poste de ministre fédéral de la Défense d'Allemagne de l'Ouest. En 1972, Willy Brandt le nomme ministre fédéral de l'Économie et des Finances, mais le ministère de l'Économie reprend son autonomie dès la fin de cette année.
En 1974, il succède à Willy Brandt comme chancelier fédéral et occupe ce poste jusqu'au départ des libéraux de sa coalition, en 1982. Avec plus de huit ans passés à la tête du gouvernement, il détient le record de longévité des chanceliers issus du SPD.

Biographie

Jeunesse

Helmut Schmidt est né à Hambourg, fils de deux enseignants. Il étudia à l'école Lichtwark de cette ville et dont il sort diplômé en 1937. Il est appelé pour son service militaire et commence à servir sur une batterie anti-aérienne à Vegesack près de Brême durant la Seconde Guerre mondiale. Après avoir brièvement été sur le front de l'Est, il retourne en Allemagne en 1942 pour travailler comme entraineur et conseiller au ministère de l'Air du Reich. Cette même année le 27 juin, il épouse son amour de jeunesse, Hannelore Glaser, surnommée « Loki » (1919-2010), dont il aura deux enfants : Helmut Walter (1944-1945), mort d'une méningite et Suzanne (née en 1947). Vers la fin de la guerre, à partir de décembre 1944, il sert au grade d'Oberleutnant dans l'artillerie sur le front de l'Ouest. Il est fait prisonnier par les Britanniques en avril 1945 dans la lande de Lunebourg et reste prisonnier de guerre jusqu'en août. Durant la guerre, il a été décoré de la Croix de fer1.
Le père d'Helmut Schmidt est le fils naturel d'un homme d'affaires juif allemand. Cela fut tenu secret dans la famille2,3 jusqu'à ce que cela soit confirmé publiquement par Helmut Schmidt en 1984, après que l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing a, apparemment avec l'accord de Schmidt, révélé cela aux journalistes. Schmidt est de religion luthérienne mais non pratiquant[réf. souhaitée].
Il poursuit ensuite ses études à l'université de Hambourg, en économie et en science politique.

Débuts en politique

Schmidt rejoint le Parti social démocrate (SPD) en 1946 et est, de 1947 à 1948, le chef de la Sozialistischer Deutscher Studentenbund, syndicat étudiant proche du SPD.
Après l'université, il travaille pour le gouvernement de la ville-land de Hambourg, au département de la politique économique. Débutant en 1952, sous Karl Schiller, il devient un des responsables du Behörde für Wirtschaft und Verkehr, le ministère de l'économie et du transport du land.
Helmut Schmidt et Willy Brandt à un congrès du SPD (1973).
Élu député de Hambourg au Bundestag en 1953, où il siège jusqu'en 1987, il est nommé en 1962 sénateur à l'Intérieur de la ville-État. En 1967, il est porté à la présidence du groupe parlementaire social-démocrate. De 1969 à 1972, il occupe les fonctions de ministre fédéral de la Défense dans le gouvernement de Willy Brandt et est ministre de l'Économie et des Finances de 1972 à 1974.

Chancelier (1974-1982)

Un successeur dans la crise

Le 7 mai 1974, Willy Brandt démissionne avec effet immédiat de la chancellerie après que les services secrets ont découvert que son très proche conseiller Günter Guillaume était un agent de la Stasi. Le vice-chancelier libéral Walter Scheel exerce alors l'intérim de la direction du gouvernement fédéral. Le SPD, toujours présidé par Brandt, choisit Schmidt pour prendre la succession. Lors du vote au Bundestag le 16 mai, Helmut Schmidt remporte 267 voix pour et 225 voix contre. Il est alors le cinquième chancelier fédéral à recevoir l'investiture du Bundestag depuis 1949.
Il forme aussitôt son premier cabinet dans lequel le ministre fédéral de l'Intérieur Hans-Dietrich Genscher prend la suite de Scheel, élu président fédéral, aux fonctions de vice-chancelier et ministre fédéral des Affaires étrangères. Au titre des sociaux-démocrates, Schmidt nomme cinq nouveaux ministres fédéraux et se sépare d'Egon Bahr, éminence grise de son prédécesseur. Il le rappellera moins de deux mois plus tard.

Du keynésianisme à la rigueur

Keynésien à l'origine, il adopte dès 1972, alors en tant que ministre des Finances, une politique économique plus libérale4. Devenu Chancelier, il choisit de lutter contre l'inflation, conséquence du premier choc pétrolier, soutenu en cela par le FDP qui préconise une approche monétariste, mais en dépit de l'opposition de l'aile gauche du SPD et de la Jusos5. Sa formule, plus tard appelée le Théorème de Schmidt6 : « Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain » est restée célèbre.

Une diplomatie pro-européenne et orientale

Helmut Schmidt et Valéry Giscard d'Estaing à Bonn (1977).
Helmut Schmidt a une bonne entente personnelle avec Valéry Giscard d'Estaing, le président français, de huit ans son cadet, mais gouvernant la France quand lui gouverne la RFA (1974-1981). Il poursuit la politique d'apaisement à l'Est (Ostpolitik) de Brandt, s'opposant à la politique plus agressive poursuivie par Reagan (en 1989, il critiquera dans son livre Men and powers: a political retrospective la politique des « discours télévisés, des grands gestes » et « des petits pas » par laquelle les États-Unis espéraient mettre fin à la partition de l'Europe entérinée à Yalta). Il signe ainsi les accords d'Helsinki en 1975, et demeure au pouvoir après les élections législatives de 1976, s'appuyant sur une coalition avec le FDP.
Le bourgmestre-gouverneur de Berlin-Ouest Richard von Weizsäcker, Ronald Reagan et Helmut Schmidt au Checkpoint Charlie, le 11 juin 1982.

Controverse sur la loi martiale en Pologne

Cela le contraint à des concessions. Le 13 décembre 1981, il est en voyage en Allemagne de l'Est alors que le général Jaruzelski proclame l'état d'urgence en Pologne. Questionné par des journalistes ouest-allemands, il concourt avec son hôte Erich Honecker pour déclarer cette mesure nécessaire afin de préserver l'ordre et la stabilité en Europe, ce qui lui vaut des critiques de la presse de droite (Frankfurter Allgemeine Zeitung), tandis que les journalistes Rudolf Augstein (Der Spiegel7) et Theo Sommer (en) (Die Zeit) l'appuient, affirmant qu'il s'agissait de la seule mesure permettant d'éviter l'intervention militaire du Pacte de Varsovie. En décembre 2000, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder s'est excusé du manque de soutien accordé à Solidarność lors de ces événements8.

Le problème de la RAF

Sur le plan intérieur, il réagit avec fermeté face à la Fraction armée rouge (RAF). Lors de l'Automne allemand (en), il autorise les troupes d'élite du GSG 9 à intervenir pour mettre fin au détournement du vol de la Lufthansa effectué par le Front populaire de libération de la Palestine en soutien à la « bande à Baader ».

La première censure constructive de l'histoire fédérale

En février 1982, il obtient la confiance du Parlement, mais le 17 septembre 1982, la coalition éclate : quatre ministres du Parti libéral-démocrate (FDP), menés par le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, quittent le gouvernement, choisissant un renversement d'alliance en apportant leur soutien au chrétien-démocrate Helmut Kohl. Schmidt cumule alors la fonction de chancelier avec le portefeuille des Affaires étrangères, jusqu'à ce qu'une motion le renverse le 1er octobre 1982, Kohl devenant le nouveau chancelier : c'est la première fois qu'un chancelier est renversé de la sorte en RFA.

À partir des années 1980 : journaliste et écrivain

Helmut Schmidt en 2013.
Après sa carrière politique, Helmut Schmidt travaille comme écrivain et journaliste. Il continue de s'intéresser à la vie sociale et politique de l'Allemagne9. Il est chroniqueur à partir de 1983 et un des responsables de l'hebdomadaire de gauche Die Zeit et il a écrit une trentaine d'ouvrages ayant souvent rencontré le succès9 comme son dernier en 2011, Religion in der Verantwortung (« L'exercice responsable de la religion »), un essai sur la place de la religion dans une société globalisée9. La même année, il publie un livre d'entretiens avec Peer Steinbrück, qu'il appuie comme candidat du SPD à la chancellerie10. En 2010, alors âgé de 91 ans, il était considéré par les 3/4 des Allemands comme une autorité morale, loin devant d'autres personnalités allemandes9.
Sa femme Loki, qu'il avait épousée en 1942, est morte en octobre 2010. Deux mille personnes, dont la chancelière Angela Merkel, ont assisté à ses obsèques à Hambourg9. En août 2012, Helmut Schmidt déclare avoir une nouvelle compagne : Ruth Loah, 78 ans, une de ses plus anciennes collaboratrices11.
Dans une interview à la chaîne publique ARD, le 7 août 2012, il déclare que si l'Allemagne veut jouer un rôle de leader européen, elle a un handicap majeur, à savoir son histoire. « Auschwitz et le meurtre de six millions de Juifs tout comme la guerre mondiale de Hitler sont des événements qui sont ancrés dans l'inconscient des peuples européens, si bien qu'un rôle de leader de l'Allemagne en Europe est exclu, et ce sera le cas encore pendant longtemps12 ».
Il s'exprime à plusieurs reprises au sujet du multiculturalisme. En 2004, il décrit la société multiculturelle comme « une illusion d'intellectuels13 ». Il avance que le concept de multiculturalisme serait difficile à concilier avec une société démocratique. Pour cette raison, il considère comme une erreur, que la République fédérale ait fait venir des travailleurs immigrés d'autres cultures au début des années 196014. Dans un entretien commun avec Gerhard Schröder dans le journal Der Spiegel en 2013, il exprime un fort scepticisme quant aux perspectives d'intégration des immigrés musulmans dans la société allemande15.
En 2014 le Grand Prix des Médias du Prix Franco-Allemand du Journalisme (PFAJ) est decerné à Helmut Schmidt.
Il meurt d'une artériopathie oblitérante des membres inférieurs le 10 novembre 2015 à Hambourg.

Œuvres traduites en français

Parmi les nombreux ouvrages écrits par Helmut Schmidt, seules quatre ont été traduites en français :
  • Un chrétien face aux choix politiques, Le Centurion, 1980 ((de) Als Christ in der politischen Entscheidung, 1976), trad. Yves Ledure, Jean Lyon et Charles Ehlinger, 184 p. (ISBN 978-2-227-35608-5)
Compilation d'articles publiés entre 1962 et 1976 dans diverses revues allemandes.
  • La Volonté de paix, Fayard, 1980 ((de) Der Kurs heisst Frieden, 1979), trad. Suzanne Enquebecq-Boileau et Jeanne-Marie Gaillard-Paquet, 285 p. (ISBN 978-2-213-00895-0)
Recueil de discours prononcés entre 1974 et 1979. Préface d'Alfred Grosser.
  • Des puissances et des hommes, Plon, 1988 ((de) Menschen und Mächte, 1987), trad. Monique J. Lebedel, 427 p. (ISBN 978-2-259-02059-6)
  • L'Europe s'affirme : perspectives pour le XXIe siècle, Éditions de Fallois, 2001 ((de) Die Selbstbehauptung Europas : Perspektiven für das 21. Jahrhundert, 2000), trad. Dominique Tassel, 269 p. (ISBN 978-2-87706-406-4)

Références

  1. (de) Harry Woolf, « Verleihung der Ehrendoktorwürde der Johns-Hopkins-Universität; Laudatio verlesen von Harry Woolf bei der Überreichung des Grades eines Doktors der Rechtswissenschaften an Bundeskanzler Helmut Schmidt am 16. Juli 1976: » [archive] [PDF], 16 juillet 1976 (consulté le 20 mars 2009) : « Bundeskanzler Schmidt wurde 1918 in Hamburg als Sohn eines Lehrers geboren. Er besuchte die fortschrittliche Lichtwarkschule, wo er auch seine zukünftige Frau Hannelore kennenlernte. Im Zweiten Weltkrieg gehörte er einer Flak-Einheit an, wurde mit dem Eisernen Kreuz ausgezeichnet und geriet gegen Ende des Krieges in britische Gefangenschaft ».
  2. (en) Steven Lehrer, Wannsee house and the Holocaust, McFarland, 2000 (ISBN 9780786407927), p. 74.
  3. (en) « Told French President of Jewish Origins - Helmut Schmidt's Revelation Reported », Los Angeles Times,‎ 25 février 1988 (lire en ligne [archive]).
  4. « Relance: le maudit théorème de Schmidt » [archive], sur Marianne, 9 décembre 2008 (consulté le 10 novembre 2015).
  5. (de) Rudolf Augstein, « RUDOLF AUGSTEIN Die polnische Tragödie », Der Spiegel, vol. 52,‎ 21 décembre 1981 (lire en ligne [archive], consulté le 10 novembre 2015).
  6. (de) Gerhard Schröder, « Ohne polnisches Freiheitsstreben wäre die Geschichte der deutschen Einheit weniger glücklich verlaufen », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ 7 décembre 2000, p. 10.
  7. a b c d et e Frédéric Lemaître, « Deux Helmut, trois best-sellers », Le Monde.fr,‎ 15 août 2011 (ISSN 1950-6244, lire en ligne [archive], consulté le 10 novembre 2015).
  8. (de) Helmut Schmidt et Peer Steinbrück, Zug um Zug, Hoffmann und Campe, 2011.
  9. (de) « Schmidt hält neue Beziehung mit 93 für „selbstverständlich“ - Deutschland » [archive], sur FOCUS Online, 8 août 2012 (consulté le 10 novembre 2015).
  10. « Les vérités d'Helmut Schmidt » [archive], sur Le Point, 8 août 2012 (consulté le 10 novembre 2015).
  11. (de) « Schmidt: „Multikulti ist kaum möglich“ » [archive], sur Hamburger Abendblatt-online, 24 novembre 2004.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Bernard Droz et Anthony Rowley, Histoire générale du XXe siècle : 1950-1973. Expansion et indépendances, t. III, Paris, Le seuil, 1987, 493 p.
  • Bernard Droz et Anthony Rowley, Histoire générale du XXe siècle : Crises et mutations de 1973 à nos jours, t. IV, Paris, Le seuil, 1992, 510 p.
  • « Helmut Schmidt. Incombustible », portrait publié dans Le Monde Magazine, no 40, 19 juin 2010, p. 32-33

Liens externes









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