mercredi 16 janvier 2019

couriellé au secrétaire général de l’Elysée . mercredi 16 janvier 2019 à 10 heures 09 : grand débat national et tâches du Président


Monsieur le Secrétaire général,

permettez-moi de vous faire part - sans doute encore plus fréquemment que d' "habitude" - de mes impressions, suggestions et certitudes pendant ce temps fort du quinquennat et pour que cette tentative de refondation de la Cinquième République n'échoue pas. Permettez-moi aussi de ne pas "passer la brosse à reluire".

1° ce grand débat, en fait une consultation des gouvernants et même des "politiques" en endogamie et ayant perdu le contact encore plus avec les réalités qu'avec les Français, est d'initiative populaire. Pas présidentielle. Les "gilets" jaunes, soutenus, compris par une forte majorité des Français, dans les premières semaines de leur exercice, ont parlé au nom du peuple - au sens de Michelet, de de Gaulle et de la Constitution. Leurs débuts d'organisation, pour le bon déroulement de leurs manifestations et leur respect désormais de la légalité, va  les faire revenir à une plus grande popularité, surtout s'il apparaît que le "grand débat" est un dérivatif.

2° le Président qui - depuis son élection - a beaucoup parlé, qui s'est beaucoup exposé en images et en répliques, très souvent difficiles à entendre pour leurs destinataires, ne doit pas s'en mêler ni intervenir. Qu'il consulte verbalement, peut-être, mais surtout sans réplique, sans chercher à réfuter, sans raisonner, sans chercher à convaincre. S'il consulte, c'est pour que son ou ses interlocuteurs approfondissent leurs suggestions leurs doléances. C'est pour nous connaître.


Nous avons constaté, au moment de son élection, la table rase en acteurs et "corps intermédiaires" : syndicats et partis. Le Président avait pour tâche de raviver le "tissu" démocratique et les partenaires de tous dialogues politiques et sociales. Il doit donc les consulter en tant que tels, les écouter, les connaître dans leurs traditions historiques et aussi dans leur "maillage" ou pas de notre population. Pourquoi ne pas faire de même avec nos grandes familles spirituelles et religieuses en tant que telles ? Toujours pour entendre, aider à approfondir ensemble, mais sans réfuter ni répliquer. C'est la base de la psychothérapie : écouter pour que le patient trouve en lui-même sa ressource et ses outils de reviviscence. 

Pour le Président, dont il est clair que sa manière est en question, et que c'est lui qui n'a pas su veiller à ce que le gouvernement consulte et réfléchisse avant de publier des décisions et de faire légiférer de confiance ou de force, sa propre cure sera, par une écoute sans réplique, de considérer le point de vue d'autrui à égalité avec le sien et même l'enrichissant. Le "nous" entre le Président et les Français redeviendra possible.


3° le gouvernement a les données de la situation et des structures de notre pays : il doit les exposer pour éclairer la réflexion des Français. Pas pour imposer thèmes ou solutions, mais pour faire notre inventaire, pas en politique mais en père de famille. Notre patrimoine industriel : où en sommes-nous après des années de cessions, brades, faillites, voire trahisons... Nos lacunes en services publics (géographiques, ressources humaines) c'est-à-dire en accomplissement pour la population habitant notre territoire (cf. le document de l'épiscopat français : Octobre 2016, dans un monde qui change, retrouver le sens du politique). Nos lacunes en prévision et en concertation, ce qui ne marche pas : les défauts structurels de notre Etat (cette floraison des agences et des organismes qui coutent cher et ne sont pas écoutés), mais aussi ce qui marche. Cela pour aller plus profondément encore que le ressenti des Français. Un bilan du pays. Là encore sans chercher à "influencer" les Français et à les limiter dans leur expression et surtout leur espérance.

Informer les Français pour leur faire préciser encore davantage le souhaitable. Le possible se déduira de ce souhaitable, ce n'est pas la ressource qui doit limiter la réflexion et le souhait. C'est et ce sera la tâche du gouvernement, quel qu'il soit d'augmenter la ressource par une croissance bien plus forte, bien plus inventive, bien plus contagieuse. La France en marche....

4° le Président, libéré de toutes tâches gouvernementales, de toute communication aux Français, pendant plusieurs mois, va pouvoir et doit traiter ce qui est de sa responsabilité, et dont il peut garder le prestige (fondé à l'origine sur la surprise et l'âge) s'il apparaît que la France, qu'il représente à l'étranger, est en train de se reprendre, reprise qui sera à son crédit... libéré et même renforcé, le Président doit traiter la question d'Europe en urgence et en profonde originalité. La Grande-Bretagne et l'Union européenne ne peuvent se passer l'une de l'autre : humainement et militairement (l'arme nucléaire). Il faut donc aller de l'avant : une nouvelle Loi fondamentale pour l'Europe écrite et négociée à tous, les Anglais compris. L'article décisif et faisant contagion dans l'ensemble des institutions ravaudées ou réinventées, est - vous savez que je le répète depuis des années - l'élection directe de la personnalité à la tête du Vieux Monde. La suite : le service national universel dans toute l'Europe pour des brassages sociaux et ethniques, l'immigration traitée sans plus de peur puisque nous aurons enfin trouvé notre propre organe de décision et de solidarité, viendront d'elles-mêmes. L'élection au Parlement à mission constituante en sus de ses rôles actuels, sera secondaire : la lutte pour la représentativité des partis et des négationnistes est dérisoire au regard de l'élection au suffrage direct de la présidente ou du président de l'Union. Il me semble que rien qu'en Conseil européen - cela peut se traiter sans beaucoup de procédures. Le temps de la chance européenne ne va plus durer.


Ce que je me permets de vous recommander - malheureusement sans dialogue face à face et déférent avec le Président, et évidemment sans aucune expérience du gouvernement ni de la députation, je n'ai  comme "titre" qu'un peu d'élections municipales, surtout mon observation de notre vie politique depuis la fin des années 1950 et de beaucoup de pays étrangers, ajustée de grandes relations de personne à personne avec les ministres et collaborateurs du Général , avec François Mitterrand et avec de grands acteurs dans plusieurs parties du monde, avec le pape Jean Paul II enfin - est à mettre en oeuvre encore plus mentalement que pratiquement. Il faut que les Français soient persuadés de la sincérité de ce moment.

Attentivement et en confiante espérance.

Evidemment, vos accusés de réception, voire vos demandes approfondissement, m'assureront de votre souci et donc de celui du Président.

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