mardi 4 septembre 2018

au secrétaire général de la présidence de la République : l’audace de la question de confiance

Monsieur le Secrétaire général,
la candidature de Richard Ferrand à la présidence de l'Assemblée nationale a un précédent. En Décembre 1958, le général de Gaulle a souhaité - par gratitude pour les premières origines - que Paul Reynaud soit élu à ce poste, mais celles et ceux qu'on appellera un peu plus tard "les godillots"... élirent Jacques Chaban-Delmas.
Nos élections présidentielles et législatives de l'an dernier ont été contrastées. La novation de 2017 a été double : selon plusieurs circonstances, les unes fortuites (François Fillon déshonoré), les autres prévisibles (le repoussoir Le Pen faisant de ce scrutin théoriquement à deux tours une consultation en fait à un seul tour, le premier), la victoire de la jeunesse en tout, et d'autre part, l'entrée en politique, selon la confiance donnée en grande sincérité et en enthousiasme très motivé, de beaucoup de nouveaux élus, ceux élus sur le nom du nouveau président de la République, les candidats de la République en marche.
La majorité présidentielle est sans doute d'origine composite, des ralliés, dont le nouveau ministre de la Transition écologique qui libère "le perchoir", mais des personnalités jeunes et qui ont cru, qui croient à un changement de nature de la vie politique nationale et un changement de manière dans l'exercice du pouvoir.
Proposer à leurs suffrages Richard Ferrand, déjà nommé pour présider leur groupe parlementaire, après qu'il fût devenu moralement impossible de le maintenir au gouvernement, c'est poser la question de confiance à l'Assemblée nationale, bien plus nettement que pour l'adoption d'un texte auquel tiendrait le gouvernement, et très spécifiquement aux députés de la République en marche.
C'est audacieux, et va permettre de mesurer la confiance actuelle des députés dans les choix de personnes que fait le Président, et au-delà si le vote de conscience est loisible dans un cours politique proclamé nouveau.
Je crois que la révision constitutionnelle dont nous avons besoin ne requiert pas de nouveaux textes, mais un comportement nous faisant revenir à l'esprit originel de la Cinquième République. Le général de Gaulle ne s'est jamais substitué à ses Premiers ministres successifs, il a mis la poursuite de son mandat en jeu lors de chacune des consultations nationales : référendaires, législatives, et bien entendu en 1965 selon la réforme de 1962 qui n'était destinée qu'à ses successeurs puisque son "équation personnelle" était d'ordre historique et non électif. Il a eu l'humilité de s'y prêter.
Sans relation immédiate avec cela, les prochaines élections européennes occupent déjà - à l'ancienne. Des idées autant que des têtes de listes sont partout recherchées. Le "tract" électoral distribué par les candidats de la République en marche, en Juin 2017, ne mentionne pas l'Europe : ci-joint, sa reproduction. Un programme "européen" est simple : 1° la démocratie par l'élection de la présidente ou du président de l'Union au suffrage direct de tous les citoyens européens, 2° l'esprit de défense et la connaissance mutuelle des peuples par l'instauration d'un service national obligatoire, garçons et filles, un an de préparation militaire, un an dédié au développement notamment dans les pays de notre frontière méridionale, l'Afrique, 3° et évidemment, récrire complètement la Loi fondamentale européenne, en invitant à l'exercice la Grande-Bretagne, puisqu'un traité périmant les précédents périme, de ce fait, le brexit.
A plusieurs reprises, je me suis permis de le suggérer au Président par lettre, notamment les dernières à vos bons soins, les 9 Avril et 6 Juin - ce dont je vous suis reconnaissant.
Très attentivement à vous et au Président.


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