Bertrand Fessard de
Foucault
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Le dimanche 4 Août 2002
ce que m’a exposé Pierre Vimont de vos souhaits et
de votre volonté en venant dans vos hautes fonctions de maintenant, rencontre
toutes les intuitions que j’ai de ce que doit et peut faire notre pays, et de
ce que vous êtes en situation de promouvoir. Vous avouerai-je que j’en suis
séduit et enthousiasmé ? Lisant l’entretien que vous avez accordé au Monde, je retiens trois éléments qui sont de l’ordre de l’esprit et vont
donc structurer votre démarche et celle de tous ceux dont vous voulez
l’entourement, le soutien et le travail avec vous.
1° la cohabitation, une seule voix… mais à
présent une
seule volonté. La capacité d’initiative, de synergie, d’impulsion s’en trouve
renforcée. On a gelé le legs gaullien
en le dogmatisant en quelques formules, moins brillantes et moins suggestives
que celles du Général, et en feignant de croire à un consensus. On a rendu le
tout émollient et inoffensif. Depuis es années, nous n’avons plus de pointe,
pas tant dans l’action qui dans le domaine dont vous avez la charge est fille
d’une évaluation des circonstances et des enjeux, d‘un dessein (correspondant
autant à l’éthique dont je suis heureux que vous la mentionniez si
explicitement, qu’à l’intérêt du pays au sens le plus large et qu’aux
perspectives), mais dans la pensée et la conceptualisation. Qui ose réfléchir,
donc écrire et formaliser pour le Ministre et pour le Président ce qui serait
le plus naturel mais sort des jurisprudences et des préalables à
concerter ? On s’empêche de penser naturel et simple, on s’empêche de voir
et du coup tout paraît compliqué et impossible.
Une imagination, fondée sur une documentation, une
réflexion, des consultations en beaucoup de sens, peut parce qu’elle serait
transversale relativement aux habitudes de tous, dans notre opinion nationale
comme chez les dirigeants de nos principaux partenaires, désarmer des
préventions et faire sauter des tabous. Les grandes avancées depuis 1945 se
sont faites par des raccourcis inimaginables et pourtant osés : Mai 1950,
le traité franco-allemand, la chute du mur, le processus d’Oslo, ceux qui
changèrent l’URSS ou l’Afrique du sud.
L’invraisemblable est ce qu’il y a de plus sûr,
rapporte Joachim Fest d’Hitler en 1920 ou 1921. Novembre 1989 ou l’abdication
soviétique, ou Le Pen au second tour, qui l’aurait prévu, l’avait prévu. Tout
se désarme quand arrive l’extraordinaire. Il me semble que le prophétisme et le
bon sens, le hic et nunc, le principe de réalité qui n’est pas la description
convenue de l’existant mais l’existant lui-même engendrent les faits qui auront
raison des faits.
Nous sommes en situation de libre imagination sur la
plupart des grands sujets – que ce soit des points bloquants (vous les énumérez
et en faites craindre l’explosivité, si on ne les traite vite et bien) ou des
vœux proches d’être universels (la démocratie mondiale, la bonne gestion de la
planète). Nous avons assez de poids pour que ce que nous proposerons comme
nouveaux chemins de compréhension et de solution soit entendu et considéré, et
nous ne sommes plus « mastodonte » au point qu’on fasse craindre de
nous donner raison. Cette renaissance de la France à l’intelligence et à
l’expression, à la vue à long terme mais qui ne soit pas bénigne ni éthérée,
peut certainement contribuer à rendre à nos compatriotes un sens plus vif de
leur identité nationale. Le lien social dépend de la figure de nous que donne
notre diplomatie et l’expression que permettent son travail et sa rénovation au
Ministre et au Président de la République. S’il doit y avoir consensus, il ne
sera plus selon un nivellement par le bas et de la tolérance, mais se fera sur
la vivacité, l’audace et la pertinence.
2° le pays tout entier acteur de notre action
dans le monde, donc de notre diplomatie : les Etats, les peuples, les organisations non
gouvernementales, les individus, toutes les consciences, dites-vous au Monde, à commencer
donc par chez nous.
Les grands sujets, les grandes causes, mais aussi
les impasses, les énigmes, les quadratures de cercle doivent être analysés,
débattus, disséqués, mis en dynamique de groupe et en réflexion cadrée dans le
temps et dans ce que celle-ci doit produire. Nous pouvons combiner connaissance
de cause et multiplicité des points de vue pour parvenir à une analyse et à une
proposition de stratégie très simplement structurée, exprimée et donc naturelle
à mettre en œuvre.
Je l’ai souvent fait remarquer ces sept dernières
années, à propos de la question israëlo-palestinienne. La communauté française
juive, articulée ou non en des composantes de représentation, est dans son
élite à la fois très soucieuse du tort qu’une politique extrêmiste à Tel Aviv
peut porter à toute la diaspora, et très déterminée à ce que la démocratie
existe dans l’Etat hébreu. Elle peut
peser tant à Jérusalem qu’à New York, puisqu’elle est la seconde du monde. Les
Arabes l’ont compris qui par cooptation montent depuis trois ou quatre ans le
pendant du Congrès mondial juif. Une institution, comptant actuellement
quelques 250 personnages d’élite et de liberté personnelle, qui s’active en
deux directions, le dialogue avec l’Islam et l’intégrisme et les prémisses de
dialogues non étatiques et apparemment non politiques avec celles des élites juives
qui peuvent tout infléchir à Jérusalem. Eli Barnavi, dont les analyses sur les
conséquences de notre position en Juin 1967 sont paradoxales mais pénétrantes,
est de cette mouvance côté Israël. – Quand je passe à la FNAC, notamment celle
de Montparnasse, je suis frappé de ce que les crises difficiles depuis
Septembre 2001 ont donné lieu à des dizaines de livres bien faits, parfois
corruscants, cherchant tous à être constructifs et investigateurs. Ce qui veut
dire qu’en langue française, donc en mentalité française, on est capable de se
documenter, que nous avons des éditeurs intelligents et que ce que ceux-ci
savent propager comme socle d’une réflexion puis d’une action, ce que notre
diplomatie pourrait, elle surtout, étudier, éprouver, faire.
A la réunion
de talents ou de spécialistes, travaillant en flux tendu pour le Ministre, mais
à huis clos et en production d’autant plus rapide que ce serait davantage la
combianison, la confrontation et l’estime de vues ou d’approches déjà très
approfondies par chacun quand il le schématise et le met au débat d’autres
spécialistes ou « réfléchisseurs » que lui, débat auquel participent
des agents du Département, peut s’ajouter une structure informelle mais
permanente, pays par pays ou grand sujet par grand sujet, celle que
constitueraient les anciens Ambassadeurs et premiers collaborateurs s’étant
succédés sur les sujets et dans les pays, et dont presque toujours les
connaissances ne sont ni exploitées ni prolongées. Le bureau géographique ou
thématique compétent en serait le bureau d’ordre et en zélerait les réunions
bénévoles ; les communications venant des postes seraient accessibles à
ces vétérans et à ces aînés. La vue synthétisée ou approfondie, qui serait
alors donnée au Ministre, participerait à la fois des diversités et des
expériences françaises, du croisement de différentes professions, et d’une
réelle mémoire concrète, vivante, continue. Il est probable que le passé ou
l’externalité de points de vue mettraient en évidence des analogies, voire des
solutions oubliées mais qui avaient failli aboutir.
3° nos
grands partenariats. L’Amérique et l’Allemagne. Ils sont justiciables de
traitements intimistes et volontaristes, mais chacun spécifique.
Avec les
Etats-Unis, votre ton est juste, il évoque pour moi les couvertures de Time accordées à COUVE de
MURVILLE. Ce dernier à partir de 1963, c’était généralement après un débat de
politique étrangère à l’Assemblée, qu’il voulait distinct de l’actualité et
aussi du débat budgétaire, allait passer trois ou quatre jours à Washington et
s’enfermait sans collaborateur de part ni d’autre avec Dean RUSK. Il n’en
ressortait aucun communiqué, personne ne coinvainquait l’autre, mais la France
intéressait au plus haut point les dirigeants américains et même la presse
américaine. Bien entendu, il était su tant au Quai que là-bas que MCM avait
toute la confiance du Général et qu’il ne fallait pas compter sur lui pour
qu’il en rabattît le moins du monde, au contraire, mais il disait les choses
dans une langue et selon une pensée telles que les rapports de force ou les
préventions disparaissaient, que le rapport n’était plus qu’entre
intelligences, qu’en dialectique et qu’on se pénétrait mutuellement de ce qu’il
serait convenable et adéquat d’attendre ou de faire, chacun en était mieux avisé.
Ce n’était pas de l’information mutuelle, c’était de la connaissance.
Il
faudrait d’une part que le flux de jeunes étudiants notamment en finance,
gestion et économie soit à double sens et pas seulement de France vers les
études si diplômantes que proposent les institutions américaines ; cela
suppose que la France soit à la tête qualitativement d’une initiation du reste
du monde à l’Europe en langues, en droit, en méthodes de gestion et de
comptabilité, en histoire et perspectives de la construction européenne. Donc
des unités universitaires multidisciplinaires sur l’Europe et dans des sites
tels qu’outre Atlantique on ait envie d’y venir, notamment pour des trimestres
d’été s’inscrivant dans les cursi habituels américains. Et d’autre part qu’il y
ait aussi des échanges à contenu plus politiques. Il y a davantage de
littérature américaine sur les grands moments des grands (et des petits) pays
d’Europe qu’il n’y a d’historiens et d’économistes européens, français qui
soient spécialistes reconnus aux Etats-Unis sur les Etats-Unis. Des Stanley
HOFMAN français sur l’Amérique.
Avec
l’Allemagne, il faut des éléments très forts ; nous n’avons guère qu’Arte, mais la matrice est
la bonne. Que la langue de l’autre soit enseignée obligatoirement et pour tous
dans chacun de nos deux pays. Qu’il existe un ou plusieurs organes quotidiens
ou périodiques, rédigé respectivement dans la langue nationale, mais paraissant
simultanément et avec le même contenu rédactionnel dans les deux pays. Formule
qui s’étendrait éventuellement au reste des Etats-membres de l’Union
européenne. C’est différent de The European ou du New York Herald
Tribune qui ne sont qu’en une version. La salle de rédaction commune peut
être virtuelle, le vrai coût serait la traduction, le lancement pourrait
commencer par encart dans un des grands quotidiens de chacun des pays. Le
Monde l’a parfois tenté, mais pour des suppléments et avec davantage de
partenaires que la seule Welt.
Il y a un
troisième partenariat que nous sommes acculés à réussir et dont le défi est
frontal et d’honneur : faire de l’Algérie, avec laquelle nous sommes en
osmose et en consanguinité quel que soit le statut d’Etat, un pays
démocratique, libre, prospère, clé de notre action en Afrique et dans
l’ex-Tiers Monde. Là, plus qu’avec tout autre pays, la densité des relations
humaines peut être mobilisée : tous ceux qui ont fait leurs études chez
nous, notamment. Ce peut être le champ interministériel pendant ce mandat de
cinq ans le plus fécond, vous apportant un objet et une thématique à la plupart
de vos collègues.
Ci-après,
synthétiques en forme de «fiches»,
quelques propositions. Comme elles ont été dialoguées, pour certaines,
avec Pierre Vimont, elles sont au vrai le fruit commun de notre conversation.
P . S .
Kaliningrad
est évoquée devant vous. Depuis le Kazakhstan et du fait de l’intimité avec mon
homologue allemand, j’avais indiqué au Département le flux organisé (et
financé) vers cette moitié de l’ex-Prusse orientale des retours à la
mère-patrie des Allemands déportés de la Volga aux « terres vierges »
en 1941-1942, au lieu qu’ils aillent en République fédérale. Ils sont arrivés
au temps de Catherine et de Frédéric, et parlent encore une allemand
compréhensible ; ils sont très majoritairement agriculteurs, mais certains
étaient au sommet de la hiérarchie dans les usines stratégiques
d’Oust-Kamenogorsk, ces derniers, naturellement, n’émigrent pas.
Là est
l’un des futurs points chauds, puisque les Allemands peuvent avoir à terme
davantage qu’une minorité ethnique significative et que les Russes ont à
résoudre la question du passage des leurs (et aussi de leurs troupes)par ce qui
sera d’ici peu l’un ou l’autre des Etats membres de l’Union européenne, sur la
Baltique. Contre-offensive culturelle ingénieuse quoique non concertée en ce
sens, la fondation des Bénédictins de Solesmes en Lithuanie. Nous devons avoir
une présence dans cette région telle qu’elle fasse éviter un voisinage qui ne
serait pratiquement que germano-russe. Le traité signé par KOHL et GORBATCHEV
était « significativement » un traité de bon voisinage.
A n n e x e s
Suggestions d’instruments logo à créer pour chaque instrument
1
Bibliothèque courante du Ministre
2
Apport de nos anciens Ambassadeurs dans un pays donné
à la réflexion sur l’action à mener et à la mise en
perspective de celle-ci
avec nos acquis ou nos lacunes traditionnels
3
Séminaires à huis-clos
documentant et structurant une relance
française sur commande thématique du
Ministre
Missions
1 pour un
sujet à approfondir et renouveler
Le développement durable
2 pour un sujet à approfondir et
renouveler
Le
développement durable et l’éthique des entreprises
au sein de
l’Union européenne
dans le droit
positif naissant et la pratique syndicale et entrepreneuriale
3 pour dépayser la recherche de solutions à des
conflits installés
Vg. le dialogue judéo-musulman
4 pour
rénover un partenariat acquis
France
Allemagne : capillarité et interpénétration
pour une
imagination commune de l’Europe et du monde
Suggestion
d’instruments 1
Bibliothèque courante du Ministre
Une lecture et
une veille qui ne soit pas aléatoires mais organisées,
Pour profiter
du flux édiutorial sur les grands thèmes, atteindre l’opinion à son niveau
naissant,
Faire
participer éventuellement le Département ou les Ambassades concernées à un
débat en forme de livres,
Ecrire ou
répondre directement à des auteurs français ou étrangers, en recevoir ceux dont
le texte inspire ou dérange,
Mobiliser les
éditeurs dans leur connaissance du milieu dont est sorti le livre,
Faire réfléchir
et recadrer le débat en termes d’action française, d’initiative ou de
contre-offensive en utilisant les instruments 2 et 3
Communiquer aux
Ambassades les titres que le Ministre a lus ou considère
Suggestion
d’instruments 2
Apport de nos anciens Ambassadeurs
dans un pays donné
à la réflexion sur l’action à mener
et à la mise en perspective de celle-ci avec nos acquis ou nos lacunes
traditionnels
Une structure permanente au
Quai pour accueillir :
leurs réactions et souvenirs
au fil de l’actualité
leurs soucis de connaître ce
qu’il se passe dans leur « ancien pays » et ce que l’on fait de ce
qu’ils ont fait
pour
utiliser :
les réseaux personnels
qu’ils s’étaient faits
les faire contribuer à
l’accueil en France des boursiers, stagiaires, officiels du pays considéré
les faire écrire et opiner
pour
qu’ils rencontrent :
systématiquement leurs
successeurs plus ou moins longtemps après leur propre service, et accompagnent,
certains des plus notoires ou topiques, le Ministre s’il rend visite audit pays
Retombée : 1° une diplomatie de
la continuité, de la mémoire, de la discussion
2° des égards marqués pour
les personnes, ce qui ne peut qu’impressionner les cadets aspirant à la
fonction et les étrangers plus habitués à ce que le nouveau efface l’ancien
3° un vivier pour
l’Ambassadeur en partance et pour l’écriture des instructions, pour représenter
le Département sans l’engager dans les seminaires (3)
4° une contribution à la
veille pour la bibliothèque-lectures du Ministre (1)
5° la tenue à jour de
fichiers « connaissance du pays » qui donneraient les réseaux, les
mentors locaux ou expatriés, un lexique pour les revues de la presse locale
6° une disponibilité plurielle
du Département pour les intervenants culturels, syndicaux, commerciaux
bâtissant de France leur périple dans le pays
Moyens
1° quelques salles à tout
faire au Département où la convivialité soit possible
2° un jour fixe auquel le
bureau géographique ou thématique concerné anime dans une de ces salles (une périodicité d’une fois par mois ?)
3° une mise à disposition
des télégrammes et de la presse reçus du pays, consultable au bureau d’ordre
géographique ou thématique (ce qui valorise également du personnel d’archives
et d’ « exécution »)
Suggestion
d’instruments 3
Séminaires à huis-clos
documentant et structurant une
relance française
sur commande thématique du Ministre
1° Durée la journée, ou au maximum deux jours
2° Composition :
experts, autorités, notoriétés avec agents du
Département en activité (en centrale ou en postes) ou honoraires ;
éventuels appels à des étrangers compétents ou à des fonctionnaires d’autres
ministères français à raison non de leur représentativité, mais de leur
personnalité
3° Travail en flux tendu :
capacité de tenue de l’exercice et d’écriture du
compte-rendu conclusif
dans le mois de la commande par le Ministre
4° Lieu :
au Département
ou dans un local excentré mais appartenant au
Département qui permette la dynamique de groupe de repas et de la soirée, puis
du petit déjeuner ensemble = atmosphère conclave
5° Débouchés matériels :
livre blanc du Département
publications d’auteurs & pénétration des médias
classiques nationaux et/ou étrangers
6° Moyens :
une cellule permanente pour l’organisation pratique
et pour le discernement des participants à convoquer ou à inviter
une indemnisation pour les frais de déplacement et
(personnels extérieurs à la fonction publique française) pour le temps accordé
à l’exercice
disposition de la bibliothèque du Ministre
et au Département de la cellule géographique ou
thématique correspondante
7° éventuel compte-rendu oral au Ministre
personnellement en dynamique de groupe pour une
heure de conclusion et d’évaluation
Mission 1 pour un sujet à approfondir et renouveler
Le développement durable
A° Définir le thème, ses appelants et ses
conséquents, ses acteurs actuels, ses acteurs potentiels, les contrefaçons et
déviations – finance, éthique, bien commun, service public, liberté
individuelle d’entreprendre, relation avec les parties prenantes territoriales,
sociales, culturelles
Repérage d’initiatives
d’ensemble prises ailleurs pour le même objet ou son analogue
B° Applications
1° Une nouvelle intelligence
dans les institutions financières internationales (pour évaluer, analyser, proposer,
juger, sanctionner, avaliser)
bilan des plans et
médications d’inspiration F.M.I.
critères de prêts de la
Banque mondiale
Une novation à
oser : les pays d’Amérique latine et leur dette respective
Quels instruments inventer
ou retrouver ?
Pour quels objectifs ?
Quelle stabilisation ? Dans quel champ géographique ?
Nous appuyer sur l’échec des
médications, sur la nouvelle génération des administratifs et des experts dans
les deux institutions, et notamment les Africains et ceux venant des pays de
l’Est, sur l’effort d’imagination des pays en impasse, sur l’expérience
pratique des entreprises françaises ou européennes implantées localement, sur
les propositions des mouvements locaux d’opposition politique ou syndicale, sur
les analyses de l’Eglise et des grandes confessions – notamment
Retombée : essai d’auto-réforme
de l’intérieur et en esprit des institutions internationales pas assez prises
dans le schéma des Nations Unies, enceinte d’une gouvernance et d’une
démocratie mondiale
2° L’Amérique latine, pendant
mondial de l’Europe
Champ d’examen et lieu
d’application d’une novation des pratiques financières, commerciales
internationales – Mise en interrogation des relations nord-sud en Amérique et
des relations Europe.Amérique latine -
Stabilisation des régimes politiques et sociaux
Moyens : enquête libre et
pluridisciplinaire dans chacun des pays par le dialogue avec des élites
rencontrées en tête à tête et listées à mesure de fil en aiguille ;
contre-épreuve avec l’expérience de nos partenaires de l’Union européenne sur
ces pays (recueillie dans leurs représentations locales, à Bruxelles, et dans
leur capitale respective) ; synthèse et praticabilité dialoguée avec les
institutions financières internationales et l’administration américaine
Débouché : proposition
française à l’Union européenne, et de celle-ci aux institutions financières et
commerciales internationales
3° L’Afrique, pierre de
touche d’une mondialisation responsable
trois contributions
évidentes : a) la croisade contre
le SIDA
b) les communications
intérieures et panafricaines par avion
c) l’eau
Véritable jumelage à opérer de l’Union européenne avec
l’Union africaine
Application aux trois thèmes
ci-dessus
a) Mise au point d’un
prélèvement universel et obligatoire dans le système de santé des Etats-membres
de l’Union pour financer ou alimenter en nature les prophylaxies et thérapies
en Afrique – Enquête dans le même système européen sur tous autres moyens et
solidarités à mettre en œuvre
b) Pot commun des compagnies
aériennes d’Europe pour réorganiser et rentabiliser une compagnie aérienne
panafricaine continentale ; éventuelle péréquation des liaisons
intérieures africaines avec les liaisons euro-américaines ou intra-européennes
les plus rentables et bénéficiaires – Enquête dans les milieux du voyage et
dans les compagnies aérienens en Europe pour tous autres moyens
c) Politique
de l’eau : reconnaissance et exploitation des ressources naturelles, grands
travaux de retenue et de production énergétique, application des techniques
nouvelles pour les cultures en milieu très aride - Péréquation et modélisation analogue à la
bonne pratique de Suez en Amérique du sud et du nord – Invention d’une
solidarité financière entre les populations très bien dotées d’eau en Europe et
celles qui en sont pratiquement privées en Afrique
Retombée : invention d’une
parafiscalité levée en Europe pour servir des objectifs matériels très précis
en Afrique : thérapie du SIDA, distribution de l’eau
Débouché : droit d’ingérence
démocratique de l’Union européenne en Afrique
Expertise pour
refonte des législations électorales et des listes
Volontariat
(coopérants universitaires ou associatifs) pour l’observation des opérations sur
une grande année entourant la consultation ; retombées, monographies sur
tous aspects nécessaires à la connaissance de ces pays
Garanties
offertes macro-économiques ou tenant aux personnes physiques aux régimes qui
acceptent l’alternance et la mise en cause démocratique
Le
développement durable participe de la prudence, de la gestion globalisante et
responsable du long terme, donc de la culture de masse, du respect des
identités personnelles et collectives, donc de la démocratie
Démarrage
de la mission :
Inventaire des
expériences, des jurisprudences et des acteurs depuis Paris : livre blanc
sur la problématique, mise en évidence du calendrier des urgences en 2 et en 3 a) b) c)
Détermination
de missionnaires par thèmes et par zones : enquêtes
Livre blanc
pour chaque thème avec exposé des recommandations des enquêteurs ou d’autorités morales et
scientifiques reconnues, puis des engagements pris ou à prendre par des
intervenants, Etats, entreprises, associations, ONG
Effet :
Approche neuve de nos champs et instruments de coopération
Interministérialité
(notamment avec les Finances et avec l’Ecologie)
Décloisonnement
et relationnement du ministère de la Coopération
Démonstration
de la vertu des francophones
Ce thème est
tellement transversal, actuel et volumineux
qu’il peut être considéré
comme le chantier du quinquennat en interministériel et destiné à définir
rétrospectivement le second mandat de Jacques Chirac ; le Département
en serait l’intuition « en amont » et l’expression « au plus aval », le corps du sujet étant une novation intérieure
française selon le thème le plus fort de ce début de siècle et qui incombe
à l’ensemble du Gouvernement y appelant l’ensemble des Français. Notre pays
menant en tête par sa diversité et son imagination la réalisation de cette
grande prise de conscience humaine dont le mondialisme et l’anti-mondialisme ne
sont que l’étape de départ et de tâtons.
Mission 2 pour un sujet à approfondir
et renouveler
Le développement durable et
l’éthique des entreprises
au sein de l’Union européenne
dans le droit positif naissant
et la pratique syndicale et
entrepreneuriale
Quoique la
question paraisse du marché intérieur et donc appelée à se développer sans
intervention ni cadrage des gouvernements, il apparaît que ce brassage des
pratiques sociétales et des relations au niveau du groupe européen de nos
grandes entreprises est une source de connaissance intime du fonctionnement
social et financier de nos partenaires et concurrents, et un enjeu de démocratie
et de particiipation dans l’entreprise.
La compétence
gouvernementale en France n’est pas encore vraiment située, encore moins
assumée (en réelle connaissance de cause) à un haut niveau.
La solidarité
d’un actionnariat européen suscitée par la nouvelle pratique d’information et
de direction en comité européen d’entreprise serait un des facteurs de relative
émancipation du système européen des
bourses de valeurs vis-à-vis de Wall Street
Moyens
Documentation sur le
mouvement syndical et social dans chacun des Etats-membres
Id° sur la tradition
d’entreprise
Id° sur la formation du
droit positif national
(coopérations
inter-universitaires, savoir oral des milieux syndicaux, réseaux)
Mise en présence des parties
prenantes (françaises et étrangères) avec une thématique propre au Ministre
Retombées
Chantiers communs à
plusieurs entreprises ouverts par l’éthique au lieu de l’alliance financière ou
commerciale. L’éthique peut devenir une technologie
Capacité et savoir français
dans un domaine d’avenir et de dimensions européennes
Relativisation et
universalisation des expériences d’entreprises
Chef de file
Ministre délégué aux
Affaires européennes
Mission 3 pour dépayser la recherche de solutions à des
conflits installés
Vg. le dialogue judéo-musulman
Partir de la constatation
que le chemin politique est trop miné, qu’il est bloqué
Appeler les élites
concernées par leur fond intime : l’identité et l’ouverture religieuses
Enquêter sur ce fond dans
les deux parties
Etablir l’histoire parallèle
et les points de rencontre ou qui sont communs
Identifier ce qui est Terre
sainte, Lieux saints, Lieux et dates de mémoire
Aborder la préparation de
rencontres par les cercles les plus excentriques de chacune des deux parties
Rencontrer les tenants de chacune
dans les principaux pays occidentaux
Faire opiner des
tiers : autorités en herméneutique et en ontologie, responsables religieux
disposant de réseaux (l’orthodoxie russe et grecque, le Vatican, les
méthodistes, le Dalaï Lama)
Recouper avec la D.G.S.E. et
les R.G.
Avoir quelques mentors qui
seront discernés par ricochets des rencontres plutôt que par a priori de
notoriété ou de hiérarchie institutionnalisée
Examiner la possibilité de
créer un « lieu » de rencontre ; le rendre proche des Nations Unies
pour une formalisation éventuelle en forme de résolutions
Préparer et relayer par des
livres blancs gouvernementaux, par des prises de parole médiatique de ceux
qu’on aurait suscités ou assurés
Etre un constructeur du
dialogue mais s’effacer devant la construcion pour l’étayer et la soutenir
d’assez loin
Donner au dialogue
inter-confessionnel
1° une convergence
religieuse appelant à terme à y faire entrer les religions chrétiennes
2° une ambition éducative en
direction de l’opinion, des medias, de la jeunesse
Le détacher de la race et de
l’Etat-nation
l’ancrer dans une optique
d’exemplarité faisant matrice pour une éthique planétaire
& aboutir à l’organisation
pratique de la Terre sainte et de l’interpénétration des Etats temporels,
accrocher à celles-ci, mais dans un esprit nouveau et selon d’autres fondements
l’arsenal des traités, résolutions et propositions assemblé depuis 1947-1948
Mission 4 pour rénover un partenariat
acquis
France Allemagne : capillarité
et interpénétration
pour une imagination commune de
l’Europe et du monde
Des gestes visibles pour
fêter le 40ème anniversaire :
1°
publication par chacun des deux Gouvernements de leur compte-rendu respectifs
des entretiens franco-allemandes depuis 1954 et plus particulièrement depuis 1958
(la comparaison de la saisie par chacun du mouvement de l’autre à des moments
censément les mêmes et communs sera de soi intéressante)
2° périple
du Président de la République et du Chancelier :
Aix-la-Chapelle,
Thoiry, Colombey, Reims, Rohnsdorf ( ? la propriété d’ADENAUER non loin de
Bonn et du Kaisersberg)
Séance commune
de chacune des deux Chambres avec son homologue allemande à Berlin :
proposition d’une déclaration européenne sur la gouvernance, la tolérance,
l’espérance sur la planète
Assemblée des
Ministres-Présidents des Laender et des Présidents de conseil régionaux :
adoption d’un texte sur les régions et diversités d’Europe
Portage des
textes à Strasbourg, Luxembourg et Bruxelles
Eventuelle
inhumation d’un soldat inconnu allemand de la Seconde guerre sous l’Arc de
Triomphe de l’Etoile côte à côte avec le soldat inconnu français de la Première
guerre mondiale
Gestes vers les
mutins de 1917 et vers les « malgré-nous » alsaciens-lorrains des
deux guerres
Manifestation
culturelle : musique, littérature, cinéma, philosophie montrant
l’admiration et le relais mutuels
Reconnaissance
mutuelle d’une capacité exceptionnelle du peuple allemand à avoir manifesté une
repentance historique et positive et du don français pour avoir orchestré cette
mise en attelage des deux peuples ; expression d’une co-responsabilité
historique pour que ne se dilue pas l’ambition européenne
Inauguration
d’un musée de l’histoire et de l’esprit franco-allemands à Weimar (GOETHE)
et/ou à Verdun (la bataille)
De nouvelles structures dans
la mentalité des deux peuples
1° enseignement
obligatoire de la langue de l’autre dès le primaire (responsabilisation des
Laender, délégation de chantiers aux régions en même que certaines de celles-ci
seront reconnues dans leur droit à cultiver une langue traditionnelle
localement)
2° média (support papier
et sur le « net ») commun aux deux pays en rédactionnel, mais dans la
langue de chacun : matrice d’un media de rédactionnel commun à toute
l’Europe, qui sera instrument d’une opinion publique européenne (et de
carrières politiques européennes électives) distinctes de la somme ou de la
soustraction l’une par l’autre des opinions nationales
Les chantiers communs :
1° les institutions
européennes : la conférence V.G.E. n’est pas innovante, on ne sort pas de
la matrice des traités de Rome, le peuple n’est pas assez consulté, le cadre
est préconçu
= faire vibrer les
imaginations, les fantasmes et les présupposés de chacun
apprendre mutuellement
à concéder, composer et
trouver l’expression consensuelle
à en appeler ensemble aux
tierces nationalités dans l’Union européenne
Moyens : (séminaires cf.
intrument 3) & enquêtes
2° la logistique et
l’esprit de défense par soi-même du Vieux Monde
une D.O.T. commune à tous
les ressortissants de l’Union
des périodes et des
actualisations de capacités et connaissances individuelles
une harmonisation des
éducations et des matériels miliitaires tant pour l’encadrement professionnel
que pour les citoyens réservistes
entrainement permanent des
volontaires pour l’humanitaire et la coopération (cf. mission 1 – 3°)
Retombées
Coopération dans les
« hinterlands » respectifs : pays de l’Est et Afrique
Réapparition d’un modèle
européen de pensée
Ecriture en commun de
l’avenir ; réévaluation de l’Histoire ; défrichement d’une
géographie paneuropéenne ayant comme structures les transports, les
universités, les jeunesses itinérant, se rassemblant, s’embrassant,
critiquant et proposant
Bertrand Fessard de Foucault
Reniac . 56450 Surzur
portable 06 80 72 34 99 & télécopie 02 97 42 04
96
Paris, le
mercredi 7 Août 2002
voici ce
dont nous avions convenu, en conclusion provisoire de la conversation que vous
avez bien voulu avoir avec moi.
De
celle-ci, je vous suis très chaleureusement et amicalement reconnaissant.
Je ne
signe que la lettre au Ministre si vous jugez bien qu’il y en ait une qui
couvre les fiches que je vous prie de trouver ci-joint. Je ne les identifie
pas, pour que leur évaluation puisse se faire par des tiers sans référence à
moi.
Bien
entendu, aucune n’aurait pu être écrite sans ce que nous avions dialogué
ensemble, et si le Ministre a envie d’en parler avec moi, je ne vois
qu’avantage à ce que nous soyons vous et moi ensemble dans son bureau ;
l’ « opérationnalité » y gagnera sans doute et l’emploi par le
Ministre de son temps en sera allégé. Je vous laisse naturellement juge de
cela./.
à l’attention personnelle de l’Ambassadeur Pierre
VIMONT,
directeur du cabinet du ministre des Affaires
Etrangères
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