https://tr.wikisource.org
Discours d'investiture de Charles de Gaulle
Discours d’investiture de Charles de Gaulle
Charles de Gaulle
Président de la République
Président de la République
Paris, 8 janvier 1959
Monsieur le Président,
Messieurs,
A tout ce que cette cérémonie comporte d'imposant
et d'émouvant je suis profondément sensible.
Vos paroles, Monsieur le Président, d'une sagesse
d'autant plus frappante qu'elles ont été prononcées par un grand citoyen
quittant aujourd'hui avec une dignité parfaite le mandat qu'il a exercé d'une
manière vraiment exemplaire ; la proclamation solennelle de l'élection du
21 décembre ; la noble adresse du Président de la Commission constitutionnelle ;
la présence du gouvernement, du doyen et de l'un des membres du corps
diplomatique, des présidents et des membres des bureaux de l'Assemblée
nationale, du Sénat, du Conseil économique, des Premiers ministres des Etats de
la Communauté, d'un maréchal de France, du Grand Chancelier de la Légion
d'honneur et du chancelier de l'ordre de la Libération, des représentants de
tous les corps et services de l'Etat et du commandement des armées, de la
délégation de l'Académie française et de l'Institut de France, confèrent à
notre réunion le caractère de majesté qui répond à son objet.
Ainsi, entrent en vigueur les institutions
renouvelées de la République française et celles, nouvelles, de la Communauté.
Ainsi, prend ses fonctions celui à qui l'une et l'autre ont, une fois de plus,
attribué la charge de les conduire vers leur destin.
Destin de la France ! Ces mots évoquent
l'héritage du passé, les obligations du présent et l'espoir de l'avenir. Depuis
qu'à Paris, voici bientôt mille ans, la France prit son nom et l'Etat sa
fonction, notre pays a beaucoup vécu. Tantôt dans la douleur et tantôt dans la
gloire, il a durement surmonté les innombrables vicissitudes du dedans et du
dehors. Au cours du dernier demi siècle, il a subi les blessures et les
déchirements les plus graves de son histoire. Mais, voici qu'une occasion
soudaine s'est offerte à lui de sortir du doute, des divisions, des
humiliations. Voici qu'il veut la saisir en faisant passer l'intérêt général
au-dessus de tous les intérêts et préjugés particuliers. Voici que le meilleur
est, grâce à Dieu !, à la portée des Français, pourvu qu'ils restent
fidèles à l'effort et à l'unité.
Destin de la Communauté ! Il s'agit de faire
vivre cette institution magnifique qui unit, en vertu d'un contrat passé en
toute indépendance, d'une part la métropole française ainsi que les
départements et les territoires d'outre-mer, d'autre part, les Républiques nées
dans les contrées d'Afrique, où, sous les plis du drapeau tricolore, ont fleuri
la Liberté, l'Egalité et la Fraternité. Dans l'ensemble ainsi formé, une place
de choix est destinée à l'Algérie de demain, pacifiée et transformée,
développant elle-même sa personnalité et étroitement associée à la France. Au
milieu d'un monde dangereux, quel atout pour la paix des hommes, quelle
carrière ouverte au progrès, quel honneur pour les Français et pour leurs
frères africains.
L'intérêt national pour la Nation, l'intérêt
commun dans la Communauté, voilà donc ce que, maintenant comme hier, j'ai le
devoir de représenter et de faire valoir en tout cas, même d'imposer s'il
arrivait que le salut public l'exigeât. Pour le faire, il me faut le concours
de ceux qui servent la République, l'appui des hommes qui sont désormais
responsables en Afrique, par dessus tout le soutien du peuple français et des
peuple d'outre mer. Ce concours, cet appui, ce soutien, qui me furent naguère
assurés dans les angoisses du péril national, je les demande encore une fois
tandis qu'à l'horizon paraît la lumière de nos grandes espérances.
Vive la Communauté !
Vive la République !
Vive la France
Réponse du général de Gaulle, Président de la République, à l'allocution du président du Conseil constitutionnel
8 janvier 1966
Monsieur le Président,Messieurs,
Les résultats de l'élection présidentielle, tels qu'ils ont été contrôlés et proclamés par le Conseil constitutionnel, m'amènent à assumer aujourd'hui et de nouveau les fonctions de Président de la République. Veuillez croire, Monsieur le Président, que je suis profondément sensible aux sentiments que vous venez d'exprimer à cette occasion.
En ma qualité de garant de la Constitution adoptée par le peuple français en 1958 et complétée par lui en 1962, je constate que celle-ci a été et continue d'être appliquée dans son esprit et dans sa lettre. Il en sera de même au cours de ce septennat, afin que soient assurés la continuité de la République et le service de la France.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire