LE MONDE | 07.09.2016 à 20h35 • Mis à jour le 07.09.2016 à
20h43 | Par Thomas
Wieder (Berlin, correspondant)
Pour la chancelière, l’AfD – qu’elle n’a pas nommée directement – n’est pas seulement un problème pour la CDU : « C’est un défi pour nous tous dans cette maison », a-t-elle déclaré. Face à ceux qui proposent des « réponses qui paraissent simples », Mme Merkel a appelé les députés de tous les partis à la raison :
« J’en suis absolument convaincue, si nous restons
dans la retenue et si nous respectons la vérité, alors nous gagnerons en retour
ce dont nous avons besoin : la confiance des gens. […] Nous servons notre
pays au mieux quand nous sommes guidés par les valeurs qui sont les
nôtres : liberté, sécurité, justice, solidarité. »
C’est là pour elle l’essentiel : « L’Allemagne restera
l’Allemagne, avec tout ce qui en elle nous est cher », a-t-elle
estimé.« Tout cela est bon pour tout le monde en Allemagne »
Sans surprise, Mme Merkel a défendu une fois de plus sa politique à l’égard des réfugiés, malgré les vives critiques que celle-ci suscite au sein même de sa majorité. La tonalité de son discours montre cependant qu’elle a entendu ses détracteurs. C’est ainsi qu’elle a soigneusement évité de répéter une nouvelle fois son fameux « Wir schaffen das » (« On va y arriver »), formule qui lui est reprochée à la fois par l’aile droite de sa majorité et par ses partenaires sociaux-démocrates au sein de son gouvernement.C’était désormais manifeste : consciente que les Allemands sont de plus en plus nombreux à lui reprocher d’avoir trop généreusement ouvert les portes du pays aux réfugiés, Mme Merkel veut désormais les convaincre du contraire. Pour ce faire – et son discours d’aujourd’hui en était la parfaite illustration – elle met dorénavant l’accent sur les aspects de sa politique qui sont censés donner d’elle une image de fermeté plus qu’une image de générosité. « Les gens attendent de nous, et ils ont raison, que nous disions à ceux qui n’ont pas le droit de rester qu’ils doivent partir », a-t-elle ainsi déclaré, insistant par ailleurs sur la priorité qu’est pour elle la sécurité de ses concitoyens.
A un an de la fin de son troisième mandat, Mme Merkel est également soucieuse de répondre au reproche qui lui est de plus en plus fait ces derniers temps, celui d’avoir consacré trop d’énergie à la question des réfugiés au risque d’avoir oublié les Allemands. Rappelant les différents aspects de sa politique (réforme du droit d’asile, moyens supplémentaires pour les logements et les écoles maternelles), elle a souligné que « tout cela est bon pour tout le monde en Allemagne, et pas seulement pour les réfugiés ».
Sur le même sujet
- L’Allemagne envisage la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux
- Airbnb : la justice allemande ouvre une brèche dans l’interdiction des locations temporaires à Berlin
- Au cœur de Berlin, le Mur a laissé la place à un parc
- En campagne, la droite allemande veut renforcer l’arsenal sécuritaire
- Attentats en Allemagne : Ansbach ne veut pas céder à la peur et à la haine des réfugiés
- Stupeur en Allemagne après la nuit de terreur à Munich
À voir aussi
"Le début de la fin pour Angela Merkel", après la
percée de l'AfD dans le fief de la chancelière ?
Vos réactions (35) Réagir
Serge K. 08/09/2016 - 09h36
Bravo Mme Merkel. Il faut en effet lutter contre l'extrémisme du patronat
qui impose aux dirigeants européens une immigration de masse afin de tirer les
salaires et la protection sociale des Européens vers le bas. Stop à ce
populisme libéral....
Clarence Mollusque 08/09/2016 - 08h54
Elle a tout à fait raison. La montée du populisme est malheureusement un
phénomène qui concerne toute l'Europe. Son terreau est la souffrance, son
ciment est la misère. Ne le laissons plus prospérer une fois encore. Le repli
sur soi ne peut être la solution. Nous avons besoin d’avoir confiance en
l’autre
http://regardsactuels.blog.lemonde.fr/2016/09/05/leurope-des-populismes/
untel 08/09/2016 - 09h14
"Son terreau est la souffrance, son ciment est la misère" Vous,
vous avez tout compris. Avec des visionnaires dans votre genre c'est sûr qu'on
va éviter la montée du populisme.
Marie-Odile FISCHER 08/09/2016 - 09h40
+++++Clarence Mollusque@
Les lamentations sont sans effet 08/09/2016
- 09h53
Pour contrer le populisme, les bonnes intentions et les sermons ne suffisent
pas. Les discussions interminables, l'émotion à chaque instant, Les remous
médiatiques bene-pensants non plus. Il faut des actes significatifs.
L'absorption massive de populations étrangères possédant des cultures très
éloignées des populations d'accueil, la répétition des attentats et des menaces
sont les causes réelles de ce populisme qu'on voit dans tous les pays d'Europe.
Seule réponse : des faits concrets.
Openeye 08/09/2016 - 08h07
Au lieu de se plaindre des "extrêmismes", elle ferait bien mieux
d'expliquer comment elle se propose de réussir à intégrer les familles de
migrants qui sont arrivés en Europe. Le "nous allons y arriver"
ressemble tout de même à la méthode Coué. Je pense qu'il faut fermer les
frontières et mettre en place un vrai projet visant à gérer correctement
l'immigration, parce que, pour le moment, on ne peut pas parler de réussite. Il
ne lui est pas interdit d'améliorer ce qui a été raté jusqu'à présent.
Klyden 08/09/2016 - 09h35
Allez expliquer aux réfugiés que ce n’est pas une réussite qu’ils ont la vie
sauve.
Openeye 08/09/2016 - 08h02
La frontière est quelquefois mince entre l'humanisme et la niaiserie.
L'humanisme fait partie des valeurs européennes mais cela veut il dire que
L'Europe doit accueillir aveuglément tous les réfugiés de la planète sans avoir
les moyens de le faire ou la moindre idée sur la façon de s'y prendre. Il est
grand temps de fermer les frontières et travailler correctement pour
l'intégration des familles dont l'arrivée était justifiée. Et cela sera long et
difficile, n'en rajoutons pas.
Locke 08/09/2016 - 09h48
...Et la frontière entre humanité et barbarie semble encore plus mince ces
jours ci....Que fallait-il faire? Couler en mer les bateaux de réfugiés? Leur
tirer dessus? La Turquie en accueille 3 millions. La petite Jordanie près d'un
million. Le Liban près de 2 millions. Mais un million de réfugiés en Europe, un
espace de 400 millions d'habitants, le plus riche au monde, c'est un défi
insurmontable? Et on se gargarise de de nos "valeurs" après...Quelle
indécence...
untel 08/09/2016 - 07h08
"pompiers pyromanes" Madame Merkel se désole d'une situation dont
elle est responsable. Tout le monde lui disait de faire attention car sa
politique allait faire monter les extrémismes. En vain. Elle n'a pas dévié et
s'étonne maintenant que les extrémismes ont monté. C'est à pleurer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire