samedi 4 juin 2016

savoir communiquer – au besoin l’apprendre ... adressé à l'Elysée



Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

là où nous vivons, ma femme, notre fille et moi, sud-est du Morbihan, pâtures et reboisements sans aucune valeur marchande mais générant de lourdes charges foncières, le long de la mer..., notre député deux fois par an convie à examiner avec lui ce qu'il se fait à l'Assemblée nationale et à débattre sur la situation de notre pays. Café, souvent unique, dans des communes pas grandes. 

Quinze-vingt personnes attentives, dont hier soir ma femme et notre fille de onze ans m'y ayant accompagné.

Hervé Pellois qui n'a pas eu l'investiture socialiste mais a été élu en 2012, en conséquence logique de vingt-cinq ans de mairie à Saint-Ave et de vingt ans d'action consensuelle et relationnante dans l'ensemble du pays vannetais, parle paisiblement, admet d'être accroché - par les déçus du Président -, est loyal à ce dernier mais sans ostentation et à la majorité. Il établit, à mon sens ce que peut être le discours positif sur ce qu'il s'est fait depuis 2012. Il dit tranquillement les données de l'action et de la communication gouvernementales dans notre moment politique et médiatique. Il explique, par exemple et d'expérience, l'ensemble du processus pour le projet de loi travail, l'aveu gouvernemental des fautes initiales en présentation et en libellé, puis détaille le travail des députés. Il répond à quantité de questions partielles sur les prestations financières à quelque titre que ce soit et sur les régimes de sécurité et de retraite. Il conclut sur l'exceptionnalité de notre pays en protection sociale et en qualité de vie. L'ensemble de chaque réunion donne aux participants la sensation d'une certaine amitié et confiance civiques. Les diverses invocations du Front national et du terrorisme sont éludées.

Quant à moi, je deviens - dans le moment - plus sensible au paysage macro-économique, je vais lire le projet de loi Sapin II et, regrettant comme je vous le donne à lire bien souvent, la perte de nos patrimoines et les soli des décisions présidentielles, j'accepte une vue d'ensemble plus nuancée et riche. Je rencontre des personnes, je photographie des visages, j'échange un peu sur la vie locale et prends quelques adresses internet.

Je n'ai pas manqué d'aider au final en énonçant le sentiment général : intérêt de la présentation faite par le député, efficacité de la communication au bénéfice de tous, évidence qu'en comparaison nos dirigeants actuels et leurs prédécesseurs ne savent pas communiquer. Non seulement, ils n'écoutent pas, mais ils ne savent pas exposer ce qu'ils font et ce qu'ils proposent. Leur communication n'est plus crédible, et il y a beau temps qu'ils n'intéressent plus.

Si les médias sont actuellement si déformants - donc nuisibles pour l'ensemble national et pour l'intelligence de l'actualité, ce qui est l'opinion dans ces réunions de circonscription provinciale - ce n'est pas seulement par des moeurs et des ambitions les calquant sur la "classe politique", ou par manque de talent et de travail pour beaucoup, c'est - fondamentalement - parce que le pouvoir n'est plus un objet d'étude, de compte-rendu et de commentaire intéressant. Le pouvoir actuel ne sait pas structurer l'opinion en lui faisant partager une analyse répondant du passé, du présent et de la suite. 

Il y faudrait de la sobriété, de la rareté, mais - surtout et au préalable - un véritable investissement personnel du communicant, travaillant dans le silence et longuement.

Le général de Gaulle, les dimanche-après-midi à Colombey, ou les mains à plat sur sa table de travail à l'Elysée, sans papier, évidemment sans téléphone, la lampe éteinte, l'agenda vierge, un silence tel dans le bureau du président de la République que l'aide-de-camp en est inquiet et entr'ouvre sa porte. Travail et effort de la pensée. Susciter l'attente, le suspense, maintenir le secret sur ce qui sera donné aux Français. La synthèse, seul propos durable. Bien entendu, les années de Vichy et de la Résistance où répliquait et accompagnait Londres ("Honneur et patrie, voici le général de Gaulle") et celles de la guerre d'Algérie, puis les journées de Mai 68, suspendaient les Français à l'écoute et à l'attente de l'homme du 18-Juin. Mais en temps de "paix", François Mitterrand par son intériorité et par son extrême sensibilité à l'opinion de ses concitoyens, a toujours su intéresser, marquer et finalement convaincre sur des sujets très accidentés.

La véhémence, les interjections, parfois les cris du Premier ministre inspirent une même sensation de déséquilibre personnel qui a été souvent l'effet produit par le président Sarkozy.
La communication se prépare non par des fiches et par des faisceaux de conseils, mais par la reconquête d'une liberté intérieure et d'une empathie avec celles et ceux à qui l'on veut montrer quelque chose. Cela n'entame aucun budget et ne suppose aucun organigramme. Cela ne doit s'accompagner d'aucune confidence ni préparation.

L'ambiance actuelle, faute que le gouvernement ait su créer une dialectique nationale depuis sa recomposition il y a deux ans, se modifiera sans doute mais, probablement sans que le Président y soit pour grand chose, alors que son rôle - pour le pays et selon la Constitution - est l'arbitrage. Les décisions sont trop souvent les siennes, et paraissent précipitées, improvisées, en sorte qu'il est juge et partie à chaque difficulté du parcours gouvernemental.

L'ensemble du mandat en cours me paraît tributaire d'un manque de savoir communiquer : manque inattendu mais confirmé. Et ce qui se vit dans les circonscriptions et les collectivités - qui est souvent réfléchi, objectif et pas forcément hostile aux mesures et adaptations gouvernementales - ne peut "rattraper" ce qui manque à la direction du pays : l'expression et la convivialité.

Pensées chaleureuses. Et jusqu'à l'instant de toute mort, la conversion est recevable. La choisir.

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