| Date |
Depuis le (7 mois et 6 jours) |
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| Lieu |
Bakhmout, oblast de Donetsk (Ukraine) 48° 35′ 42″ N, 38° 00′ 00″ E |
| Issue | En cours |
* * |
| Selon l'Ukraine : 10 000 à 15 000 morts7 | Inconnues, présumées lourdes8 |
Invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022
Guerre du Donbass
Batailles
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Frappes aériennes dans l'Ouest de l'Ukraine
Guerre navale
Débordement
Massacres
| Coordonnées | 48° 35′ 42″ nord, 38° 00′ 00″ est | |
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La bataille de Bakhmout, est une série de batailles entre les Forces armées ukrainiennes et les Forces armées de la fédération de Russie dont principalement les milices Wagner pendant la guerre russo-ukrainienne qui se déroule près de la ville de Bakhmout dans le cadre de la bataille du Donbass en 2022.
À la fin de l'année 2022, après les contre-offensives ukrainiennes de Kharkiv et de Kherson, le front de Bakhmut est l'une des rares lignes de front en Ukraine où la Russie demeure à l'offensive9. Les attaques sur la ville s'intensifient en novembre 2022, les forces d'assaut russes renforcées alors par des unités redéployées du front de Kherson, ainsi que par des recrues nouvellement mobilisées10. À ce moment-là, une grande partie de la ligne de front se transforme en une guerre de tranchées positionnelle, les deux camps subissant de lourdes pertes sans faire d'avancées significative11. L'intensité des affrontements dans le secteur de Bakhmout est comparée aux batailles de la Première et de la Seconde Guerre mondiale12,13.
Contexte
Le 24 février 2022, la Russie a envahi l'Ukraine, provoquant une forte escalade de la guerre russo-ukrainienne, qui avait commencé en 2014. L'invasion provoque la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale14,15, avec plus de 6,5 millions d'Ukrainiens fuyant le pays16 et un tiers de la population déplacée17,18. Le 8 mai, le gouverneur de l'oblast de Louhansk, Serhiy Haidaï, déclare sur sa chaîne Telegram que les Russes ne contrôlent que la moitié de la ville19, admet plus tard que les forces ukrainiennes s'étaient retirées de Popasna20. Le 12 mai, les forces russes et de la république populaire de Louhansk (RPL) battent les forces ukrainiennes lors de la bataille de Roubijné et établi le contrôle total de la ville, poursuivant leurs tentatives d'encercler Sievierodonetsk et Lyssytchansk dans un second temps21,22.
Bataille
Premiers bombardements et empiètement russe (mai-octobre 2022)
Le 17 mai, les forces russes bombardent la ville et le site de production électrique Budinok situé près de Bakhmout. Selon l'Ukraine, lors d'une attaque à la roquette russe, cinq bâtiments sont détruits et 5 personnes dont un enfant tués23,24.
Le 20 mai, les forces russes poursuivent leur avancée à l'ouest et au sud de Popasna, dans le but de couper la route vers Sievierodonetsk25,26et percent vers Popasna 27. Le 22 mai, ayant sécurisé leur route d'avance elles tentent de pousser simultanément vers l'ouest en direction de Bakhmout et vers le nord pour couper les liaisons hors route vers Sievierodonetsk28. Le 24 mai, l'attaque depuis Popasna veut couper les deux villes. Les forces Ukrainiennes se replient pour assurer la défense de la ville. Le 26 mai, lors d'une nouvelle offensive, les Russes parviennent à établir un poste de contrôle sur l'autoroute T1302, détruite par les forces armées ukrainiennes29.
Le 3 juillet, les forces du groupe Wagner capturent un village à 12 km de Bakhmout30.
Le 20 juillet, un journal ukrainien rapporte que le commandant de la 72ème brigade mécanisé des forces armées ukrainiennes Yuriy Taran est mort en combattant les forces du groupe Wagner31.
Le 1er août, les forces russes lancent des attaques terrestres massives contre des localités au sud et au sud-est de Bakhmout. Le ministère russe de la Défense et les pages pro-russes de Telegram affirment que la bataille de Bakhmout a commencé32,33. Le lendemain, l'Ukraine signale une intensification des frappes aériennes et des bombardements russes sur Bakhmout, entamant une attaque au sol dans la partie sud-est de la ville. Le 4 août, les mercenaires du groupe Wagner réussissent à percer les défenses ukrainiennes et à atteindre la rue Patrice Lumumba à la périphérie est de la ville34. Dans les jours suivants, les forces russes continuent à pousser vers Bakhmout depuis le sud, l'état-major ukrainien déclarant le 14 août que les forces russes ont obtenu un « succès partiel » près de Bakhmout, mais sans donner de détails35.
Le 21 septembre, des bombardements nocturnes dans le centre-ville provoquent la destruction par incendie du palais de la culture Martynov, où siégeait une organisation humanitaire. Lors de l'extinction de l'incendie, le service d'incendie local est bombardé, endommageant du matériel et blessant deux membres du service d'urgence de l'État36. La nuit, un immeuble de cinq étages est partiellement détruit par les bombardements russes37,38. Une frappe de missiles russes le 22 septembre détruit le pont principal sur la rivière Bakhmoutka qui traverse la ville, perturbant à la fois les déplacements des civils et la logistique militaire ukrainienne39.
Le 7 octobre, les forces russes avancent dans les villages de Zaitseve et Opytne à la périphérie sud et sud-est de Bakhmout, tandis que le 10 octobre, le ministère britannique de la Défense affirment que les troupes russes se rapprochent de la ville40,41. Le 12 octobre, les forces russes revendiquent avoir capturé Opytne, située à 3 km au sud de Bakhmout, et Ivanhrad42. Selon des sources ukrainiennes, une contre-offensive mineure lancée le 24 octobre a chassé les forces russes de certaines usines en périphérie est de la ville, le long de la rue Patrice Lumumba43.
Escalade hivernale (novembre-décembre 2022)
En , la ville est détruite à 60 % et seuls dix à quinze mille civils y sont toujours présents. La bataille est l'une des plus intenses du front. Il s'agit d'une bataille de positions avec une forte présence de l'artillerie. C'est le groupe Wagner et non l'armée régulière qui combat côté russe. Les soldats inexpérimentés sont envoyés en avant dans le but de repérer les positions ukrainiennes et de les frapper avec l'artillerie. L'intérêt stratégique de la poursuite des combats est faible depuis la reprise d'Izioum par l'Ukraine en septembre mais Evgueni Prigojine souhaite une victoire russe pour se mettre en avant44.
Les forces russes percent les lignes de défense le long du flanc sud de Bakhmut, en capturant les villages d'Andriivka, Ozarianivka et Zelenopillia, et réalisant des avancées mineures à Opytne les 28 et 29 novembre. Le groupe Wagner attaquent Kurdyumivka, adjacent à Ozarianivka, certaines sources prorusses affirmant que le village avait été capturé45 .Les forces russes attaquent dans le même temps les positions ukrainiennes au sud-est de Bakhmut46.Le 3 décembre, Serhii Cherevatyi, porte-parole du commandement opérationnel est, décrit le front de Bakhmout comme " le secteur le plus sanglant, le plus cruel et le plus brutal [...] de la guerre russo-ukrainienne jusqu'à présent ", ajoutant que les Russes avaient mené 261 attaques d'artillerie au cours de la seule journée écoulée47. Le même jour, un membre de la Légion géorgienne déclare aux médias qu'un groupe de volontaires géorgiens a été encerclé lors d'affrontements près de Bakhmut. Le commandant a été blessé et cinq ou six volontaires, servant dans la 57e brigade ukrainienne, ont été tués, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili exprimant peu après ses condoléances aux familles des soldats tués48. Les 6 et 7 décembre, le ministère russe de la défense affirme que ses troupes, y compris les combattants Wagner, ont réussi à repousser les contre-attaques ukrainiennes au sud de Bakhmut.49.Le , des images montrent que la ville est détruite par les obus, et que les combats sont une guerre de tranchées50.
Le 9 décembre, le président Volodymyr Zelensky accuse la Russie d'avoir " détruit " Bakhmout, la qualifiant de " nouvelle ville du Donbass que l'armée russe a transformée en ruines brûlées. " Petro Stone, ancien soldat et témoin oculaire de la bataille, a qualifié le front de Bakhmut de " hachoir à viande ", affirmant que les Russes " couvraient Bakhmut de tirs 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 "51. Des soldats de la 24e brigade mécanisée ukrainienne relatent aux médias des engagements récents sur le champ de bataille, notamment une fusillade de plusieurs jours avec 50 soldats russes retranchés dans une ligne d'arbres où, à certains endroits, " nous n'étions séparés que de 100 mètres ". Les soldats ukrainiens affirment que les troupes russes de la ligne de front attaquaient souvent avec un faible soutien de chars, les combattants du goupe Wagner servant de troupes d'assaut principales et les "mobiks" (recrues russes récemment mobilisées) sous-équipés tenant des positions défensives. Un artilleur ukrainien affirme que "80 %" de la population civile restante, qui survit dans des sous-sols et est approvisionnée par des camions d'épicerie mobiles qui entrent périodiquement dans la ville, était pro-russe 52 .
L'état-major ukrainien confirme des affrontements à Bakhmutskeet à Soledar, tout en affirmant avoir repoussé tous les assauts. Le 11 décembre, un pont ferroviaire sur l'autoroute E40 (M-03) au nord de Bakhmut est détruit ; les Russes accusant par la suite les Ukrainiens de l'avoir démoli afin d'entraver d'éventuelles avancées russes vers Sloviansk53.
Le 17 décembre, des images de tranchées dans le centre-ville de Bakhmut apparaissent en ligne, indiquant que les défenseurs ukrainiens se préparaient au combat urbain dans la ville54.
Les 18 et 19 décembre, les forces ukrainiennes, comprenant apparemment de l'infanterie à pied soutenue par des véhicules de ravitaillement tactique Wolfhound donnés par les Britanniques,contre-attaquent le long de la rue Fyodor Maksimenko et repoussent les troupes Wagner vers la périphérie est de la zone suburbaine au cours d'une bataille de rue " acharnée ". Pendant ce temps, la force opérationnelle conjointe de l'Ukraine a déclaré avoir repoussé quotidiennement " cinq à sept " groupes d'infiltration russes près de Bakhmut55.Un commandant ukrainien affirme que l'abondance de la surveillance par drone permettait aux forces ukrainiennes de répondre rapidement aux petits assauts russes dans la périphérie, tout en affirmant que la Russie ne contrôlait pas la zone industrielle orientale de Bakhmout.56
Les 20 et 21 décembre, le président Zelensky se rend à l'improviste sur le front de Bakhmut, y rencontre des soldats, remet des médailles et prononce un discours57,58. Pendant ce temps, de violents bombardements et des combats à la périphérie de Bakhmout59 se poursuivent alors que les forces russes tentent continuellement de briser les positions ukrainiennes retranchées sur les flancs de la ville. Les combattants de Wagner attaquent les bastions de Bakhmoutske, Pidhorodne et Klishciivka, situés respectivement le long des flancs nord-est et sud-ouest de Bakhmout, tandis que les Ukrainiens continuent de tenir le nord d'Opytne, émoussant l'avancée de la Russie depuis le sud60. Le 26 décembre, le gouverneur ukrainien de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, déclare que plus de 60 % des infrastructures de la ville ont été endommagées ou détruites61.
Poursuite des efforts d'encerclement (depuis janvier 2023)
Avancée russes dans la région de Bakhmut-Soledar de mai 2022 à février 2023
Début janvier 2023, le rythme des combats et la cadence des tirs d'artillerie dans le secteur de Bakhmout augmentent considérablement, le journal The Kyiv Independent remarque que la bataille atteint « son point culminant »62.
Après une offensive locale début janvier 2023, les forces russes prennent la ville voisine de Soledar, située à 20 kilomètres au nord de Bakhmout, le 16 janvier 2023. Dans son compte rendu du 7 janvier, l'ISW considère que la prise de Soledar aiderait les forces russes à avancer sur la ville par le nord, même s'il estime qu'elles devraient prendre le contrôle de la route Siversk-Bakhmut, située à 7 kilomètres à l'ouest des positions russes près de Soledar, afin de couper les lignes d'approvisionnement des forces ukrainiennes vers Bakhmout63,64,65. À partir de cette victoire, les russes commencent leurs tentatives pour encercler Bakhmout par le nord et par le sud.
Le 20 janvier 2023, le ministère de la défense russe et les forces Wagner revendiquent le contrôle du village de Klishchiivka situé à 9 kilomètres au sud-ouest de Bakhmout, sans que des sources indépendantes puissent confirmer cette affirmation66,67,68. Le 31 janvier, les forces russes revendiquent le contrôle du village de Blagodatné situé au nord de la ville69.
Le 1er février, The New York Times rapporte que les Russes augmentent l'intensité des attaques sur la ville et ses environs70. Le même jour, Denis Pouchiline, chef des forces séparatistes, affirme que la ville est « opérationnellement encerclée »71.
Vers la mi-février, le grignotage effectué par l'armée russe et le groupe Wagner se poursuit, avec notamment la prise du village de Paraskoviïvka au nord de Bakhmout revendiquée par les mercenaires de Wagner72.
Galerie de photos
Analyse
La bataille de Bakhmout est décrite comme l'une des batailles les plus sanglantes du XXIe siècle, le champ de bataille étant décrit comme un « vortex » pour les armées ukrainienne et russe73. Avec des pertes extrêmement élevées, très peu de terrain gagné et des paysages criblés d'obus, les médias occidentaux et le gouvernement américain comparent les combats à Bakhmout à ceux qui caractérisaient la Première Guerre mondiale73,74.
La valeur stratégique de Bakhmout est considérée comme faible par de nombreux analystes. Après la contre-offensive de Kharkiv et la libération de Kherson, la région de Bakhmout est restée l'une des rares zones où la Russie est à l'offensive fin 202275. La principale raison pourrait être que le groupe Wagner s'est vu confier par le Kremlin la tâche de capturer Bakhmout, ce qui pourrait apporter d'importantes récompenses financières et politiques à Evgueni Prigojine, qui n'hésite donc pas à maintenir la pression sur la zone75.
Les forces russes dans les environs de Bakhmout sont principalement composées de mercenaires Wagner et de recrues nouvellement mobilisées. À la mi-novembre, des rapports ont indiqué que la Russie aurait peut-être redéployé certaines forces du front de Kherson vers des zones proches de Bakhmout pour soutenir les combattants du groupe Wagner, ainsi que des renforts nouvellement enrôlés, à la suite du retrait russe de Kherson. Les forces ukrainiennes étaient composées à ce moment de diverses unités tirées des 93e brigade mécanisée et 58e brigade motorisée, avant qu'elles ne soient renforcées à cause des pertes subies au cours de la bataille 76.
Notes et références
- (en-US) Thomas Gibbons-Neff, « In Ukraine, Bakhmut Becomes a Bloody Vortex for 2 Militaries », New York Times,
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