samedi 6 août 2016

la crise brésilienne - politique et économique, morale aussi - et l'ouverture des Jeux olympiques à Rio de Janeiro


La crise brésilienne et les Jeux olympiques

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selon le Monde

 

 

 

 

Petrobras, le scandale qui éclabousse le Brésil

LE MONDE ECONOMIE | 29.01.2015 à 11h42 • Mis à jour le 16.03.2015 à 10h50 | Par Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)
image: http://s2.lemde.fr/image/2015/01/29/534x0/4566009_6_deb9_le-siege-de-petrobras-a-rio-de-janeiro_ae97557ce4b69973e358104d3ba75cbf.jpg
Le siège de Petrobras, à Rio de Janeiro, encerclé par les forces de sécurité, lors d'une manifestation, en octobre 2014, contre la vente de la réserve de pétrole du Brésil, Libra
Aucun groupe industriel n’a personnifié à ce point l’ascension du Brésil. Aucun ne s’est trouvé au cœur d’un tel scandale. Frappé de plein fouet par la révélation d’un système de corruption et de pots-de-vin généralisé, le géant pétrolier Petrobras est devenu en quelques mois le symbole extrême de tous les maux du Brésil. Une entreprise à la dérive sur laquelle plane désormais l’ombre des fonds vautours.
La publication des résultats financiers, mercredi 28 janvier, n’a pas apaisé les craintes des milieux d’affaires. Après deux reports de publication, la firme a annoncé un bénéfice en baisse de 22 % sur la période janvier-septembre 2014, du fait de la chute des cours du pétrole, mais elle s’est surtout révélée incapable de chiffrer les conséquences des poursuites judiciaires dont elle fait l’objet. « Le groupe réalise qu’il sera nécessaire de procéder à des ajustements de ses comptes pour introduire des modifications de la valeur de ses actifs fixes affectés par les contrats frauduleux passés », s’est contenté d’indiquer le communiqué. Selon la police, les malversations au sein de Petrobras s’élèveraient à près de 4 milliards de dollars sur dix ans. Les marchés, eux, anticipent des dépréciations d’actifs entre 10 et 20 milliards de dollars. Une affaire d’Etat qui fait trembler la coalition au pouvoir et met en danger l’économie de tout un pays.

En moins d’un demi-siècle, Petrobras, ou Petroleo Brasileiro dans sa version officielle, littéralement « pétrole brésilien », est venu coiffer les plus grandes entreprises du pays. Au cours de la période euphorique des années 2000, l’entreprise publique affiche crânement un chiffre d’affaires d’une centaine de milliards d’euros, portée par les découvertes vertigineuses d’or noir sur les côtes de Rio de Janeiro et Sao Paulo, les plus importantes de toute l’histoire contemporaine. Un fabuleux trésor naturel qui avait fait dire à la présidente Dilma Rousseff qu’il y avait de « forts soupçons que Dieu soit brésilien ».

Commissions pharaoniques

Comment en douter ? A Wall Street, le groupe réussit, en 2010, une augmentation de capital historique de 70 milliards de dollars. De quoi hisser le géant à la huitième place des entreprises mondiales, selon le classement du magazine Forbes. Les responsables de la première multinationale brésilienne rêvent alors de dépasser Apple. Et de permettre au Brésil d’acquérir son indépendance énergétique pour venir enfin jouer dans la cour des grands.
La chute n’en sera que plus brutale. Les révélations sont désormais quasi quotidiennes. Des dirigeants ont été emprisonnés. Des listes d’hommes politiques devraient être rendues publiques dans les prochains jours. On évoque des commissions pharaoniques venues alimenter les caisses noires du Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff et de deux autres formations de la coalition gouvernementale, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) et le Parti progressiste (PP). D’autres encore. « Le système de corruption mis en place ces dix dernières années a été fait pour que les formations au pouvoir se maintiennent en place », a affirmé l’avocat d’un des principaux prévenus.
En plus de Petrobras, 33 entreprises sont aujourd’hui dans le collimateur des juges
En plus de Petrobras, 33 entreprises sont aujourd’hui dans le collimateur des juges. Parmi elles figurent quelques-uns des plus importants employeurs du pays, soit au total plus de 400 000 salariés. On ne compte plus les chantiers suspendus ou retardés, les contrats non signés, les lignes de crédits suspendues ou renvoyées à des temps meilleurs.
Les enjeux sont tels, estiment en chœur les analystes, que les décisions de justice à venir pourraient avoir des conséquences incalculables pour le pays. « L’affaire de corruption de Petrobras va-t-elle paralyser le Brésil ? », interroge l’hebdomadaire économique Exame, pointant le risque de contamination aux autres secteurs de l’économie déjà affectés par un net ralentissement. Sous couvert d’anonymat, un ancien responsable du groupe à la retraite affirme : « Personne ne peut dire jusqu’où nous entraînera ce processus douloureux. J’espère seulement que cela permettra de clarifier et améliorer les relations entre les secteurs publics et privé. Le problème est le prix à payer. »

Nom de code de l’affaire : « lava-jato » (Kärcher)

A l’origine de l’affaire, une plainte, déposée en 2008 par un certain Hermes Magnus, patron d’une entreprise de fabrication de composants électroniques pour voitures à Londrina, opulente cité agricole de l’Etat du Parana, au sud du pays. L’homme accuse plusieurs personnalités locales d’utiliser sa société pour blanchir de l’argent. Parmi eux, le député José Janene (PP) et l’entrepreneur Alberto Youssef, vieille connaissance des enquêteurs pour avoir trempé dans un scandale impliquant la banque publique Banestado. Son nom apparaît également dans l’affaire du Mensalao, ce système de rémunérations occultes versées à quelques députés en échange de leurs votes et qui avait failli coûter, en 2006, sa réélection à Lula.
Hermes Magnus, patron d’une entreprise de fabrication de composants électroniques, affirme avoir vu des valises de billets transiter par son siège
Hermes Magnus affirme avoir vu des valises de billets transiter par son siège. Il avance même des montants de plusieurs millions de reais. Menacé, il quittera le pays. José Janene décédera en 2010. Les policiers, eux, tisseront patiemment leur toile autour d’Alberto Youssef.
En mars 2014, l’affaire éclate au grand jour. Quelque 400 agents fédéraux lancent un coup de filet dans le sud du pays et à Brasilia. Une perquisition dans une banale station de lavage auto et pompe à essence de la capitale révèle des transferts douteux de plusieurs millions de reais. L’affaire Petrobras prend le nom de code « lava-jato » (Kärcher).
Une vingtaine de personnes sont arrêtées dont Alberto Youssef. A son domicile, les policiers découvrent une berline de luxe avec des papiers enregistrés à son adresse, mais au nom de Paulo Roberto Costa, un ex-directeur de Petrobras. Il sera arrêté trois jours plus tard.

Les liaisons dangereuses

S’ensuit un grand déballage. Plusieurs prévenus collaborent avec la police fédérale dans l’espoir d’une réduction de peine. Les témoignages permettent de remonter jusqu’à la gigantesque raffinerie Abreu e Lima située au nord-est du pays. Des sommes vertigineuses destinées à sa construction (dont le coût total est passé de 2,4 à 18,5 milliards de dollars) auraient alimenté un formidable réseau de blanchiment. De fil en aiguille, les enquêteurs découvrent un système de pots-de-vin versés par des dizaines d’entreprises du BTP pour décrocher des contrats surfacturés avec Petrobras. Une commission de 1 % à 3 % de leur montant devait ensuite alimenter les caisses noires des partis.
Au détour d’une déposition, Paulo Roberto Costa admet avoir reçu 1,5 million de dollars pour faciliter le rachat de la raffinerie de Pasadena. L’opération avait fait perdre à Petrobras 792 millions de dollars, selon le Tribunal des comptes de l’union (TCU). Une enquête lancée par le gendarme boursier américain (SEC) est en cours. Le même Costa dit encore avoir donné 10 millions de reais à un haut dirigeant du principal parti d’opposition (PSDB) pour qu’il enterre une commission d’enquête parlementaire sur Petrobras.
Le 14 novembre 2014, la police arrête
21 dirigeants et présidents de grandes entreprises brésiliennes
Nouveau coup de tonnerre. Le 14 novembre 2014, la police arrête 21 dirigeants et présidents de grandes entreprises brésiliennes, dont OAS, IESA ou UTC. Près de 720 millions de reais sont bloqués sur leurs comptes. Selon le ministère public, le système de commissions mis en place entre le pétrolier et ses partenaires existait depuis près de quinze ans. La somme des contrats signés dépasserait 59 milliards de reais. Le lava-jato devient une affaire gigogne, où l’étalage des pots-de-vin jette une lumière crue sur les liaisons dangereuses qu’entretiennent les groupes de construction (grands donateurs de campagne) et les partis politiques (principaux parrains des nominations à la direction de Petrobras) par le biais des marchés publics.

L’enquête a franchi les frontières

Le nombre d’entreprises sujettes à un contrôle ou une mise sous tutelle par les autorités fédérales provoque retards et blocages sur les chantiers. « En 2015, les paralysies vont être routinières », avance un proche du dossier. Le lava-jato menace ainsi la construction d’un tunnel sous la ville portuaire de Santos, un projet de 2 milliards de reais qui devait commencer en mars. Trois des quatre groupes de construction en lice pour ce marché sont impliqués dans le scandale. Au nord, dans le Pará, trois entreprises du consortium de construction du barrage de Belo Monte, le principal projet énergétique du pays (30 milliards), risquent un gel de leurs comptes ou une vente d’actifs. Même le stade de football des Corinthians à Sao Paulo, qui avait accueilli la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde, est dans le viseur des enquêteurs.
L’enquête a franchi les frontières. La société néerlandaise SBM Offshore a été la première à admettre, en novembre, avoir payé des commissions à Petrobras pour obtenir des contrats de livraison de plates-formes. Le montant s’élèverait à 200 millions de dollars. Plus récemment, les enquêteurs se sont intéressés à des opérations financières effectuées au nom de la société canadienne Bombardier. Des sommes auraient transité par un des comptes suisses de Santa Tereza Services, une société offshore créée en Nouvelle-Zélande et qu’aurait utilisée Alberto Youssef pour le paiement de dessous-de-table à l’étranger.
La question désormais est de savoir comment Petrobras va survivre à ce nettoyage. « Too big to fail » (« trop gros pour mourir »), disent les plus optimistes. Il n’empêche. Le risque d’un démantèlement ou d’une division des activités en vue d’une privatisation partielle est évoqué. Du côté du marché américain, principale source de financement de Petrobras, on évoque la suspension de ses actions à la Bourse de New York.
Petrobras avait envisagé d’investir 45 milliards dans ses explorations offshore. Plus de la moitié de cette somme devait être levée ce premier trimestre 2015. Mais avant, il lui faudrait pour cela publier des comptes 2014 en règle. Or l’auditeur indépendant PwC, qui contrôle les comptes de Petrobras, vient d’expliquer doctement qu’il ne signerait le bilan du groupe que le jour où celui-ci parviendrait à évaluer l’impact financier de son système de corruption…

Les scénarios possibles

Le magazine économique Exame a émis différentes hypothèses possibles pour les douze prochains mois.
  • Scénario « optimiste »
Le prix du baril de pétrole remonte à 110 dollars, Petrobras reconnaît que le système de corruption mis en place a coûté 5 milliards de reais. Le groupe parvient à boucler son bilan financier. Le cours de son action gagne 60 % et passe à 22 reais.
  • Scénario « de base »
Le baril est à 95 dollars et le coût de la corruption admise par Petrobras est de 12 milliards de reais. Le rythme de construction des plates-formes est ralenti mais la production de pétrole augmente. Les bénéfices engrangés en 2014 sont de 10 milliards de reais. Le cours de l’action passe à 12 reais (-15 %).
  • Scénario « pessimiste »
Le prix du baril se rapproche des 75 dollars et Petrobras admet 21 milliards de reais de pots-de-vin. L’entreprise ne parvient pas à publier son bilan financier et doit payer l’amende de 340 milliards de reais. La banque publique de développement BNDES lui vient en aide. L’action chute à 5 reais.


 Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)
Journaliste au Monde

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/29/petrobras-le-scandale-qui-eclabousse-le-bresil_4566011_3234.html#mgLIxViiC7qsdytV.99

 

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Tremblement de terre politique au Brésil

LE MONDE | 07.03.2015 à 10h42 • Mis à jour le 07.03.2015 à 17h03 | Par Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)
image: http://s2.lemde.fr/image/2015/03/07/534x0/4589330_6_bfab_un-manifestant-attache-un-drapeau-bresilien-au_9d5153f57f5058a64f383e17fe3df30c.jpg
Un manifestant attache un drapeau brésilien au grillage entourant le siège de Petrobras, le 4 mars à Rio de Janeiro.
Un tremblement de terre politique vient de frapper le Brésil. Un séisme aux conséquences encore imprévisibles, né dans les profondeurs insondables de l’Etat et où nul dirigeant ne semble épargné. En rendant publique, vendredi 6 mars, la liste complète des 54 personnalités visées par le procureur général de la République, Rodrigo Janot, dans l’affaire de corruption du géant pétrolier Petrobras, la Cour suprême de justice lève le voile sur l’ampleur des ramifications et circuits financiers occultes organisés de façon quasi institutionnalisée au sein des principales sphères du pouvoir brésilien.
Jamais autant d’hommes politiques de tous bords n’avaient été ainsi exposés à la vindicte publique. Pour la première fois également, les quatre plus grands partis du Congrès sont directement concernés par une même affaire en cours. Dans l’ordre : le Parti des travailleurs de la présidente Dilma Rousseff et de son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva (PT, au pouvoir depuis 2003), le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, pilier de la coalition gouvernementale), le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, principale formation de l’opposition), le Parti populaire (PP, coalition gouvernementale). Tous sont soupçonnés d’avoir reçu des commissions pharaoniques venues alimenter leurs caisses noires.
Dans le détail, la dénommée « liste Janot » pointe 22 députés, 14 sénateurs – soit près de 18 % de l’effectif total du Sénat –, une quinzaine de gouverneurs et anciens dirigeants politiques. Pêle-mêle, on y trouve Eduardo Cunha, président de la Chambre des députés, et Renan Calheiros, président du Sénat, tous deux du PMDB. Le sénateur de Rio de Janeiro aussi, Lindbergh Farias (PT). L’ex-chef de la Maison civile (équivalent local de premier ministre) et proche de la présidente, Gleisi Hoffmann (PT). L’ancien ministre de l’énergie Edison Lobão (PMDB) encore et le sénateur et ex-président Fernando Collor (PTB, coalition gouvernementale).

Système généralisé de pots-de-vin

Une liste digne du Bottin mondain, avec la certitude désormais que 48 de ces personnalités feront l’objet d’une enquête fédérale avec le feu vert de la Cour suprême, qui pourrait prochainement lever leur immunité. Six d’entre elles ayant vu leur dossier archivé à la demande du parquet. Comme le cas Aécio Neves, candidat malheureux de l’opposition (PSDB) au second tour de la présidentielle d’octobre 2014. Un des délateurs aurait mentionné son nom au cours de sa déposition, selon les médias. « Une mention jugée toutefois insuffisante par le parquet pour ouvrir une enquête », avait affirmé le quotidien Globo avant même l’annonce de la Cour suprême. En revanche, Dilma Rousseff, que certains journaux avaient fait figurer ces derniers jours sur la « liste Janot », également dans la rubrique « archive », n’apparaît pas dans le document final.
Les langues se délient. S’ensuit un grand déballage. Plusieurs prévenus collaborent avec la police dans l’espoir d’une réduction de peine
Pour un des dirigeants du PMDB, il s’agit là de la plus grave crise gouvernementale depuis la fin de la dictature militaire (1964-1985), plus importante même que celle qui avait entraîné la chute, précisément, du président de la République Fernando Collor, en 1992. « Une crise qui affecte d’ores et déjà les trois pouvoirs [exécutif, législatif et judiciaire] et non plus seulement les partis », insiste le politologue Roberto Romano.
L’origine même du scandale de corruption du groupe public Petrobras remonte à mars 2014. A l’époque, les enquêteurs découvrent un système généralisé de pots-de-vin versés depuis plusieurs années par les principales entreprises de construction du pays à des responsables du géant pétrolier en échange de contrats juteux. L’opération prend le nom de code « lava-jato » (nettoyeur haute-pression). Une vingtaine de personnes sont arrêtées. Les langues se délient. S’ensuit un grand déballage. Plusieurs prévenus collaborent avec la police dans l’espoir d’une réduction de peine.
image: http://s2.lemde.fr/image/2015/03/07/534x0/4589331_6_94a2_lors-d-une-manifestation-de-sous-traitants-de_ceaf9fc452625c78033aacfb781d3052.jpg
Lors d'une manifestation de sous-traitants de Petrobras, le 10 février à Rio de Janeiro.
De fil en aiguille, les enquêteurs découvrent l’existence de commissions occultes oscillant entre 1 % à 3 % du montant des contrats. Des sommes destinées ensuite aux formations politiques. Pendant des mois, l’affaire Petrobras entraîne dans son sillage des scandales en série. Encore ce vendredi, un des délateurs aurait affirmé que l’entreprise du BTP Camargo Corrêa avait versé 100 millions de réis (30 millions d’euros) au PT et au PMDB pour qu’ils soutiennent le projet du barrage controversé de Belo Monte.
Au-delà même des chiffres vertigineux, cette nouvelle étape dans l’affaire Petrobras fragilise encore un peu plus le pouvoir. Allié clé du gouvernement de la présidente, le PMDB a immédiatement réagi en exigeant un rééquilibrage des postes ministériels en sa faveur. « Ou le PT partage ou il perd tout », prédit un responsable de la formation centriste.

Dilma Rousseff sait qu’elle risque gros

Jeudi, à la veille même de l’annonce de la Cour suprême, les membres de la Commission parlementaire (CPI) chargée d’enquêter sur le scandale Petrobras se sont livrés à une foire d’empoigne en direct devant les caméras. Sur les 27 membres que compte la CPI, 12 auraient reçu, lors de la dernière campagne électorale, des dons d’entreprises suspectées d’être impliquées dans le système de pots-de-vin. Parmi eux, le président de ladite commission, Edmilson Motta (PMDB), celui-là même qui a imposé que l’investigation se limite aux années Lula et Dilma.
La présidente a annoncé qu’elle allait s’exprimer dimanche, à l’occasion de la journée de la femme. Critiquée au sein même de son parti sur sa façon de gérer les affaires, Dilma Rousseff sait qu’elle risque gros. Au plus bas dans les sondages (23 % d’opinions favorables), celle qui aurait dû profiter d’une autorité renouvelée après sa réélection affronte au contraire une crise économique, fiscale et politique d’envergure inégalée.
Le 15 mars, près de deux millions d’internautes ont indiqué sur les réseaux sociaux qu’ils descendraient dans les rues pour exiger sa destitution. Dilma Rousseff avait siégé en tant que ministre de l’énergie, entre 2003 et 2005, au conseil d’administration de Petrobras.

Sur le plan judiciaire, les enquêtes concernant les personnalités de la « liste Janot » devraient durer un an. Selon les spécialistes, la partie procédurale à la Cour suprême pourrait ensuite nécessiter deux ans d’audiences. Une instruction qui laisse présager une première vague de jugements en 2018, année électorale.

 Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)
Journaliste au Monde
Vos réactions (15) Réagir
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jc 09/03/2015 - 03h04
"Tremblement de terre politique", séisme", "profondeurs insondables", "vindicte publique", "commissions pharaoniques", "crise d´une envergure inégalée"... Vos hyperboles font peur et donnent envie de quitter au plus vite ce pays que vous presentez comme un chaos politique, social et economique . Vous avez fait un copié-collé des articles de la presse brésilienne d´extrême-droite qui ont la nostalgie de l´époque de la dictature militaire. Je ne partage évidemment pas votre analyse
 
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boisvert 08/03/2015 - 19h42
commissions occultes oscillant entre 1 % à 3 % du montant des contrats...à eu prés comme en france mais ici rare ceux qui se font prendre...les memes pourris mais en lus malin...
 
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Bruno. E 08/03/2015 - 17h21
Comme si c'était une nouvelle, le paysage politique brésilien est déplorable depuis des décennies. On ne commence qu'à déballer "Le grand bordel" ... et encore, ça s'arrête aux affaires de la Petrobras et se limite à 2005 (quelle "aubaine" pour l'opposition) parce que sinon ... On attend encore la liste des Brésiliens qui ont des comptes secrets à la HSBC. Les médias sont bien moins friands de cette affaire!
 
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EMMANUEL NOUSSIS 08/03/2015 - 13h12
Une preuve de plus, si besoin était, du caractère (archi)nocif de ces "grands groupes" : pots de vin, évasion fiscale, pollution, exploitation éhontée de la main d'oeuvre, qui attend des augmentations quand les dirigeants se remplissent les poches. Quand est-ce les citoyens oseront demander (massivement) des comptes et des actes aux politiques qui font de la figuration? Sauver nos démocraties de l'extrême droite est à ce prix.
 
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Kouik A 08/03/2015 - 10h12
La bonne nouvelle est qu'ils se soient fait attraper par la justice
 
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David J. 08/03/2015 - 17h23
Quelques politiciens, comme toujours, les gros poissons sont protégés.
 

 

Petrobras : Dilma Rousseff soutient une enquête « large, libre et rigoureuse »

Le Monde.fr | 09.03.2015 à 05h58 • Mis à jour le 09.03.2015 à 07h42
image: http://s2.lemde.fr/image/2014/12/10/534x267/4538156_3_0d08_dilma-rousseff-en-decembre-2014_bb953258d6f771d4042cf7bf898fbe59.jpg
Dilma Rousseff en décembre 2014.
Deux jours après la divulgation d'une liste de parlementaires accusés de corruption qui met à mal sa coalition, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a affirmé, dimanche 8 mars, qu'elle soutenait l'enquête en cours.
Vendredi soir, la Cour suprême a donné son feu vert au parquet pour enquêter sur 12 sénateurs et 22 députés soupçonnés d'être impliqués dans l'affaire Petrobras. La compagnie pétrolière publique est soupçonnée d'avoir versé pendant des années de l'argent à ces hommes politiques, issus de cinq partis différents dont trois de la coalition, pour un manque à gagner évalué à quatre milliards de dollars par le parquet.
Dimanche, Dilma Rousseff a déclaré dans un message télévisé soutenir une enquête « large, libre et rigoureuse » sur ces « épisodes lamentables ».
« Avec courage et jusqu'à la souffrance, le Brésil a appris à pratiquer la justice sociale pour les plus pauvres, ainsi qu'à appliquer durement la main de la justice contre les corrompus. »
La majeure partie de son discours a toutefois été consacrée à l'ajustement budgétaire que vise le gouvernement pour relancer l'économie brésilienne en berne depuis cinq ans. Mardi, le Congrès avait rejeté l'une des principales mesures proposées par le gouvernement qui mettait fin aux bénéfices fiscaux des entrepreneurs. Un geste, intervenu après que le nom du président du Sénat et celui de la Chambre des députés ont filtré dans la presse (avant la diffusion officielle) comme faisant partie des parlementaires suspectés d'avoir reçu des pots-de-vin, interprété par les comme une déclaration de guerre du législatif à l'exécutif.
Lire (édition abonnés) : Tremblement de terre politique au Brésil
Vos réactions (2) Réagir
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luce prima 09/03/2015 - 08h19
Ils sont rares les présidents qui sont tout d'une pièce et n'ont qu'une histoire. Dans ces conditions la volonté de Dilma de faire la lumière n'en est que plus méritoire. Mais un président peut-il plus que ne lui concède ses concitoyens. Nous ne devons pas oublier la substructure fasciste du Cône Sud qui se revigore aujourd'hui partout dans le monde: puissance de très grands groupes sans frontières et réduction des droits vitaux du genre humain enchaîné à une mécanique indifférente.
 
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Dilma peut soutenir l'instruction... 09/03/2015 - 07h24
La présidente peut d'autant plus soutenir cette instruction judiciaire double (Foro privilegiado pour les élus qui seront poursuivis par le Suprême Tribunal Fédéral et juridictions civiles et pénales pour les autres prévenus) qu'elle a été épargnée, à ce stade, par la Procuradoria Geral da Republica. Rappelons qu'elle présidait la Petrobras avant d'accéder à la magistrature suprême alors que la corruption minait déjà cette entreprise considérée par le Parti des Travailleurs comme "sa chose"...

 

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Comprendre le scandale Petrobras qui secoue le Brésil

| Par Paulo A. Paranagua
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La présidente brésilienne Dilma Rousseff, à Brasilia, le 22 décembre 2014.

Le Brésil est secoué par un scandale aux proportions inédites, qui touche à la fois des grands acteurs économiques et des personnalités appartenant à la coalition de centre gauche, avec laquelle gouverne la présidente Dilma Rousseff. La lutte contre la corruption est désormais en tête de l’agenda du géant sud-américain et d’autres pays de la région.

·         Qu’est-ce que le scandale Petrobras ?
C’est une affaire de corruption politique, révélée en mars 2014, qui touche à la fois l’entreprise pétrolière contrôlée par l’Etat, Petrobras, et les géants brésiliens du BTP (bâtiment et travaux publics). Ces deux secteurs travaillent ensemble sur des grands chantiers d’infrastructure, notamment ceux liés aux nouvelles réserves en eaux profondes découvertes au large du Brésil méridional.
Les entreprises du BTP auraient formé un cartel pour se partager ces marchés et pour les surfacturer. En contrepartie, des pots-de-vin auraient été versés aux partis de la coalition gouvernementale de centre gauche, au pouvoir depuis la prise de fonction du président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010). Les malversations et dessous de table auraient pour principal objectif de financer des campagnes électorales, sans exclure que certains dirigeants d’entreprise ou hommes politiques se soient servis au passage.
·         Quelles sont les entreprises concernées ?
Outre Petrobras, toutes les grandes entreprises du BTP ont été visées par l’enquête : OAS, Odebrecht, Camargo Correia, Mendes Junior, Galvão, Iesa, Engevix, UTC/Constran. Certaines sont des multinationales, présentes dans plusieurs continents. Des PDG et de hauts responsables ont été emprisonnés à la suite de l’investigation. Curieusement, Odebrecht, numéro un du BTP, est passée à travers, alors que ce groupe a obtenu des marchés juteux, à Cuba, au Venezuela ou encore en Afrique, sans appel d’offres, grâce aux bons offices de l’ancien président Lula.
·         Quels sont les partis qui ont bénéficié du schéma de financement occulte ?
L’enquête a surtout dévoilé l’implication du Parti des travailleurs (PT, gauche), de Lula et de la présidente Dilma Rousseff ; du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), principal allié du PT au gouvernement, au Sénat et à la Chambre des députés ; du Parti progressiste (PP, droite), de l’ancien gouverneur de Sao Paulo, Paulo Maluf.
·         Dilma Rousseff est-elle impliquée ?
La présidente n’a pas été citée par le procureur général de la République parmi les personnalités suspectées. Cependant, une bonne partie de l’opinion estime qu’elle est « responsable » à défaut d’être « coupable ». Pourquoi ? Parce qu’elle a été ministre de l’énergie, ministère de tutelle de Petrobras, et ensuite chef de cabinet du président Lula au moment des faits. A ce titre, elle a d’ailleurs présidé le conseil d’administration de Petrobras. Bref, pour beaucoup, « elle ne pouvait pas ne pas savoir ».
Pendant son premier mandat présidentiel, Dilma Rousseff s’était fait une réputation d’incorruptible, en se séparant très vite des ministres soupçonnés d’indélicatesses. Cependant, elle a hésité longtemps avant de demander à Graça Foster, une proche, de quitter sa place à la tête de Petrobras, alors qu’elle était déstabilisée par l’ampleur du scandale.
·         L’enquête est-elle impartiale ?
La séparation des pouvoirs est réelle au Brésil, contrairement à d’autres pays d’Amérique latine. L’affaire a été menée conjointement par un petit juge de province, Sergio Moro, basé à Curitiba, et la Police fédérale, un corps d’élite qui a fait ses preuves dans d’autres affaires retentissantes. Une commission parlementaire d’enquête planche également sur le scandale.
Les magistrats souhaitent que la procédure ne traîne pas pendant longtemps, à l’instar du scandale dit du mensalão (« grosse mensualité «), dévoilé par la presse en 2004. Les condamnations prononcées par la Cour suprême sont tombées en 2012. A titre de comparaison, le mensalão aurait brassé 100 millions de reais (30 millions d’euros), tandis que dans le cas Petrobras-BTP on parle d’au moins 3 milliards de reais, voire trois fois plus selon certaines sources.
·         Quel sera l’impact politique et économique du scandale ?
Le feuilleton judiciaire devrait durer au moins un an. La coalition gouvernementale est déstabilisée, alors que le second mandat de Dilma Rousseff a commencé le 1er janvier. La majorité parlementaire est sous tension. Une opinion exaspérée réclame des têtes. Les conséquences politiques sont imprévisibles.
En revanche, les dégâts économiques sont déjà flagrants. Ce sont des entreprises du CAC40 brésilien qui sont touchées, à un moment où l’économie est pratiquement en récession. Des investissements ont été suspendus, des faillites ne sont pas à exclure.
  • Paulo A. Paranagua
    Journaliste au Monde
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Razalgul 19/03/2016 - 11h05
Je ne comprends pas pourquoi il est indiqué dans l'Article qu'Odebrecht sort indemne de cette opération main propre alors que l'Ex CEO de la société viens d'être mis en Prison (http://www.wsj.com/articles/odebrecht-ex-ceo-sentenced-to-19-years-in-prison-1457449835) L'article mériterait d'être mis-à-jour de ce point de vue.
 
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YTour 10/03/2016 - 09h17
Le juge Moro, "un petit juge de province", est très lié au parti d'opposition de droite PSDB, (ce parti, non mentionné dans l'article, est un des bénéficiaires privilégiés de ce scandale et presque exclusif de plusieurs autres). Le père du juge Moro fait partie des fondateurs du PSDB, et l'épouse du juge travaille pour ce parti.
 
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luce prima 12/03/2015 - 08h49
On comprend surtout que ce sont les classes moyennes et aisées qui crient au scandale, alors que la corruption est de leur fait. Qui repasserait dans le Nordeste à un demi-siècle d'écart serait frappé des améliorations apportées par le PT, Lula et Dilma Roussef, là où régnait une misère atroce. Qu'ils soient devenus corrompus est une chose, mais penser que ceux qui veulent leur place remédieront à ce qu'ils critiquent, on ferait bien d'en douter.
 
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Jean Robert GAUTHEY 11/03/2015 - 11h22
La politique de gôôôôche.... mettre l'économie sous coupe réglée! Seuls les plus jeunes ne peuvent se souvenir du scandale URBA des années Mitterrand où les marchés publics étaient rackettée à 4% pour des frais d'étude bidon! Petit rappel... les parlementaires PS se sont votés un amnistie! On ne parle même pas des nationalisations qui ont permis au PS et au PC de caser leurs copains!
 
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Pierre Dumont 13/04/2015 - 07h25
La corruption, la prévarication et les petits arrangements n'ont rien à voir avec la gauche ou même la France, ils sont justes universels et de tous les temps. La nature humaine est capable de tout, dans tous les sens. La seule façon de limiter les abus est qu'il existe des mécanismes institutionnels pour ce faire, et cela c'est bel et bien la responsabilité des citoyens. En France nous acceptons beaucoup, par flemme, mais hurlons quand nous "découvrons"... Cachez ce sein !
 
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luce prima 10/03/2015 - 21h19
Les dirigeants des très grandes entreprises sont plus puissants que l'Etat Fédéral et son Président Dilma Roussef. Responsable ou pas, comment peut-elle réduire une corruption ancienne et généralisée alors que drogue et violences rendent la situation difficile. Pénible impression de manifestations, justifiées par une corruption qu'il faut absolument combattre, mais qui semblent dirigées contre une Présidente non alignée (impeachment). Les conditions d'un appui total font défaut.

 

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Le Brésil à l’heure de la récession et de l’austérité

LE MONDE ECONOMIE | 30.05.2015 à 11h24 | Par Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)
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Manifestation contre le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, devant le Congrès national du Brésil, à Brasilia, le 27 mai.
Le constat est partagé par l’ensemble des spécialistes : l’activité économique de la première puissance latino-américaine va mal et, pire, n’a pas encore touché « le fond du puits ». La publication des résultats du produit intérieur brut (PIB) du premier trimestre 2015, vendredi 29 mai, confirme la panne de croissance qui frappe le Brésil pour la cinquième année consécutive.
Avec un PIB en recul de 0,2 % ces trois premiers mois, soit une chute de 1,6 % par rapport à la même période de janvier à mars 2014, le pays enregistre, en chiffres annuels comparés, son plus mauvais résultat depuis 2009. Même si cette baisse reste inférieure aux prévisions des marchés qui tablaient sur un repli de 0,5 %, elle jette une nouvelle ombre au tableau de la septième économie mondiale. De quoi réduire d’autant l’étroite marge de manœuvre du nouveau et très orthodoxe ministre des finances, Joaquim Levy, auteur la semaine dernière d’un vaste plan d’austérité de 69,7 milliards de reais et confronté, au sein même de la majorité, à une fronde inédite des tenants d’une ligne plus souple.
D’ores et déjà, le gouvernement de Dilma Rousseff a prévu pour cette année un recul de 1,2 % du PIB, supérieur même à la prévision du Fonds monétaire international (FMI) qui table sur une baisse de 1 %. Si un tel scénario se confirme, il s’agirait là du plus mauvais résultat jamais enregistré ces vingt-cinq dernières années. « Tout le monde espérait que le pire moment de l’activité serait au premier trimestre, explique l’économiste Paulo Gala, mais la confiance continue à se détériorer, le flux des transports routiers est en chute libre, tout comme la vente des voitures. La récession semble être en train de s’aggraver. »

Des coupes sombres

Le secteur de la consommation des ménages, en net recul de 1,5 % en trois mois, affiche le plus mauvais résultat depuis 2008 et force l’économie brésilienne à la baisse. La diminution de la consommation d’énergie dans le secteur industriel et la réduction de la consommation d’eau ont également pesé sur ces mauvais chiffres. A cela s’ajoute le recul de 0,7 % des services par rapport aux trois derniers mois de l’année dernière et une baisse des investissements et dépenses du gouvernement de 1,3 %.
A l’exception des exportations, qui ont grimpé de 5,7 %, et du secteur agricole et d’élevage, à + 4,7 %, le Brésil accumule ainsi une longue liste de données macroéconomiques négatives : une inflation élevée de 8,17 % sur douze mois et de 8,26 % prévue pour 2015, alors que l’objectif fixé est de 4,5 % et le plafond de tolérance de 6,5 % ; une baisse ininterrompue depuis près de deux ans de l’investissement productif ; une chute de la production de véhicules, près de 20 % en moins depuis le début d’année. Quant au chômage, s’il se maintenait à un taux très bas, il est désormais lui aussi touché avec 100 000 postes de travail perdus rien qu’en avril.
C’est dans ce cadre d’économie en berne, impactant d’autant l’ensemble des recettes de l’Etat, que M. Levy est parvenu, jusqu’à présent et avec le soutien appuyé de la présidente, à imposer sa politique de redressement des comptes publics avant de relancer la croissance. A peine nommé, il s’était d’ailleurs ouvertement engagé à porter le solde budgétaire primaire annuel à 1,2 % en 2015 et à plus de 2 % en 2016. Des coupes sombres ont touché tous les portefeuilles, y compris ceux des projets et programmes sociaux, une première depuis l’arrivée du Parti des travailleurs (PT) de Luiz Inacio Lula da Silva à la présidence en 2003.
Dans son plan d’ajustement budgétaire, annoncé le 22 mai, le gouvernement a réduit certains des avantages des fonctionnaires retraités et de leurs ayants droit. Après d’âpres négociations au Congrès, il a obtenu un durcissement des conditions d’indemnisation du chômage, a supprimé les subventions aux entreprises d’électricité et annoncé des hausses de certaines taxes. Pour freiner les dépenses publiques, il a également décidé de limiter le versement de l’allocation chômage et de paralyser certains investissements publics. Le programme de financement des grands travaux d’infrastructure, le Programme d’accélération de la croissance (PAC), une des principales vitrines politiques du gouvernement, a vu son budget réduit de 25,7 milliards de reais.

Un trimestre de transition

Lors d’une brève intervention devant les médias, vendredi 29 mai à Rio, le ministre Levy s’est montré malgré tout optimiste, insistant sur le fait que « beaucoup de choses avaient changé » depuis la formation du gouvernement en janvier. Selon lui, le deuxième trimestre sera de « transition », avec déjà de nombreux signes « différents » qui pourraient porter leurs fruits avant la fin de l’année. Et d’ajouter que cette chute du PIB reflète, à ses yeux, les « incertitudes » du début d’année. Une façon de rappeler les tensions et vents contraires qui agitent depuis des mois les membres de la majorité gouvernementale.
Membre d’un gouvernement fragile, dépendant d’un Congrès hostile et d’un secteur privé encore réticent à investir, Joaquim Levy a protesté presque ouvertement contre les réticences du PT, qui n’a pas soutenu de manière inconditionnelle ses initiatives. Figure incontournable du gouvernement Dilma Rousseff, il s’est même plaint des pressions croissantes exercées par des proches de l’ex-président Lula, destinées à flexibiliser l’agenda fiscal.
Le sénateur Lindbergh Farias est un des membres du PT ayant voté contre le projet du ministre destiné à durcir le système des indemnités chômage. Connu pour être un proche de Lula, il a affirmé dans un entretien au quotidien économique Valor que « le gouvernement joue avec le feu » et devait changer sa stratégie économique qui pousse le pays vers la récession. « Une partie de nos acquis obtenus ces douze années (au pouvoir) est menacée, a-t-il insisté. J’aimerais croire à cette politique, mais je n’y arrive pas. » Le rendez-vous est pris après la « transition » du deuxième trimestre.

 Nicolas Bourcier (Rio de Janeiro, correspondant)
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Ulysse 31/05/2015 - 08h34
Quelque soit le pays c'est toujours la même histoire l'inadéquation des ressources au train de vie social du pays, ils allouent des ressources en pleines périodes de vaches grasses et quand il y a une période de vaches maigres ils manifestent contre l'austérité mais c'est une perversité du monde moderne. C'est hallucinant.
 
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Exil Amsud 31/05/2015 - 03h11
Au Senat, 39 votes favorables et 39 votes contraires á la loi qui restreint l'accés et l'indemnité de chômage. Seuls 11 sénateurs des partis de la majorité présidentielle ont voté contre. Dont seulement 3 sénateurs du PT : Paulo Paim (Rio Grande do Sul), Lindbergh Farias (Rio de Janeiro) e Walter Pinheiro (Bahia). La liste complète: http://g1.globo.com/politica/noticia/2015/05/senado-aprova-mp-que-restringe-o-acesso-ao-seguro-desemprego.html
 
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Mensonges du PT et de la Présidente 30/05/2015 - 22h39
La récession qui s'accentue et les mesures d'austérité qui sont adoptées sont exactement l'inverse de ce qu'avait dit et promis Dilma Roussef au cours de sa campagne présidentielle. Il est douteux qu'elle - et le PT - puissent continuer à gouverner sans une reprise de la fronde sociale...Si l'on ajoute à cela les énormes affaires de corruption où le Parti des Travailleurs est largement impliqué, le futur du pays est redevenu sombre.

 

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Au Brésil, la présidente Dilma Rousseff fortement contestée dans la rue

LE MONDE | 17.08.2015 à 06h36 • Mis à jour le 17.08.2015 à 12h59 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)

Pour l’occasion, il a troqué son costume d’avocat pour un jean et un tee-shirt où l’on peut lire, en grosses lettres rouges : « Fora Dilma » (« Dehors Dilma »). Dimanche 16 août, à Sao Paulo, Francisco Godoy, la trentaine, a même sacrifié la traditionnelle feijoada familiale pour arriver à l’heure aux manifestations contre la présidente de gauche, Dilma Rousseff. Le jeune avocat n’a raté aucune des manifestations contre le gouvernement du Parti des travailleurs (PT, socialiste).

Le 15 mars et le 12 avril, il avait déjà manifesté sur l’avenue Paulista. Ce dimanche, il reste près du stand d’Endireita Brasil : un mouvement pour « améliorer le climat des affaires et la vie des Brésiliens, explique-t-il. Un mouvement contre la corruption et les corporatismes ».

Après douze années de présidence PT, sous Luiz Inacio Lula da Silva puis Dilma Rousseff, Francisco est las et s’indigne des multiples affaires de corruption qui secouent le monde politique (parmi lesquels le scandale Petrobras). Il veut plus de liberté et moins d’Etat. Le seul homme politique à trouver grâce à ses yeux, « le moins pire », est Aécio Neves, l’opposant de Dilma Rousseff, du Parti social-démocrate brésilien (PSDB, centre droit), qui a appelé ses militants à se joindre aux cortèges.

Pour comprendre les raisons de cette mobilisation   Comprendre le scandale Petrobras qui secoue le Brésil
La « magie Lula » semble s’éteindre
Des centaines de milliers de Brésiliens ont manifesté pour dénoncer les scandales politiques et la corruption, et demander le départ de leur présidente.

Les centaines de milliers de Brésiliens qui ont défilé ce dimanche dans plus d’une centaine de villes du pays – entre 900 000 personnes et deux millions, selon les sources – partagent ce sentiment de colère et de rancœur envers la gauche. Mais à Sao Paulo, ville riche, l’exaspération est sans doute plus visible qu’ailleurs. Lors d’un programme du PT retransmis à la télévision, le 6 août, les résidents, de quartiers aisés le plus souvent, ont tapé sur des casseroles. Dimanche, les mêmes sont descendus dans la rue. « Lula nunca mais », (« Lula, plus jamais »), pouvait-on lire sur les banderoles. « Le PT veut transformer le Brésil en un pays communiste ! », s’insurge un retraité de la construction civile.

« Je manifeste parce que je suis brésilienne et que j’aime mon pays. Quand on aime son pays, on veut le soigner et ôter le mal qui le ronge », explique Maria Alice, élégante sexagénaire professeure d’université. Priscila Aparecida, une jeune métisse esthéticienne, lassée elle aussi de la corruption, fait mentir l’idée que ces manifestations anti-PT seraient le seul fait de la bourgeoisie et des « yeux bleus ». Reste qu’on a croisé peu de Priscila dimanche.
Francisco aimerait « pouvoir se balader dans la rue avec sa montre sans risquer de se faire agresser »

Les ancien électeurs du PT aussi sont désenchantés. La « magie Lula » semble s’éteindre. En témoigne la cote de popularité catastrophique de la présidente (8 % d’opinions favorables). L’ex-syndicaliste avait sorti de la pauvreté des millions de Brésiliens, et les mêmes observent aujourd’hui avec effroi Dilma Rousseff, sa protégée, se noyer dans la crise économique. Fragilisée, la voilà qui mène une politique de rigueur et renonce à ses promesses. Les factures d’électricité augmentent, l’inflation s’envole, le chômage grimpe. Mais la colère gronde – pour le moment – dans le camp conservateur.

« Lors des grandes manifestations de juin 2013, les mouvements de jeunes progressistes et de gauche prédominaient. Aujourd’hui, ceux qui mènent les manifestations sont davantage issus de la classe moyenne et portent des messages contre la corruption, le socialisme, et exigent le départ de Dilma et la fin du PT. Il s’agit avant tout de Blancs avec une présence rare d’ouvriers », analyse Caio Navarro de Toledo, professeur de sciences politiques à l’université de Campinas, de l’Etat de Sao Paulo.
A Sao Paulo, fief de l’opposition, 350 000 personnes, selon la police, un million selon les organisateurs, ont défilé. Ici l’avenue Paulista.
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A Sao Paulo, fief de l’opposition, 350 000 personnes, selon la police, un million selon les organisateurs, ont défilé. Ici l’avenue Paulista.

PAULO WHITAKER / REUTERS
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Pour Daniel Pereira Andrade, professeur de sociologie à la Fondation Getulio Vargas, à Sao Paulo, la petite bourgeoisie brésilienne a des raisons de protester. Sous le gouvernement PT, les « travailleurs misérables », petits ouvriers, femmes de ménage… sont devenus moins bon marché et plus exigeants. « Ils ont acquis des droits et un statut quand la classe plus aisée a perdu en pouvoir d’achat et en pouvoir tout court », dit-il.

Depuis l’avenue Paulista, Francisco a une lecture différente des choses. « Avant, les riches se préoccupaient des pauvres, il existait une forme de paternalisme. Le PT a rompu cette harmonie, pense-t-il. Avec Lula, les plus pauvres ont pu consommer, acheter des choses, mais à crédit. Cette richesse était artificielle. Ils se sont endettés, et maintenant qu’il n’y a plus d’argent, ils sont envieux. » Parfois violents. Or Francisco aimerait « pouvoir se balader dans la rue avec sa montre sans risquer de se faire agresser ».

Excédés, ils étaient nombreux, dimanche, à plaider pour l’impeachment – la destitution de la présidente. Mais les milieux d’affaires ne veulent pas ajouter à la crise économique une crise politique. Quant aux opposants politiques de Mme Rousseff, « ils préfèrent “saigner” le gouvernement jusqu’à la fin », analyse Caio Navarro de Toledo.

    Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)

 

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Dilma Rousseff sans boussole face à la crise qui secoue le Brésil

LE MONDE ECONOMIE | 31.08.2015 à 09h16 • Mis à jour le 31.08.2015 à 17h06 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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Dilma Rousseff le 27 août 2015 à Brasilia.
Pas un jour, dit-elle, ne se passe sans qu’elle pense au chômage qui s’aggrave et à l’inflation qui s’envole. Mais que faire ? Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, semble impuissante à surmonter la crise économique et budgétaire que traverse son pays.
Lâchée par ses anciens alliés politiques, contestée par les milieux d’affaires et huée dans la rue par les conservateurs et les déçus du Parti des travailleurs (PT) auquel elle appartient, Mme Rousseff navigue à vue. En témoigne sa reculade, le lendemain de l’entrée « officielle » du Brésil en récession : le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 1,9 % au deuxième trimestre, après avoir cédé 0,7 % trois mois plus tôt, selon les données publiées vendredi 28 août par l’Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE). Une première depuis six ans.
L’ex-protégée de Lula a en effet dû renoncer à l’une de ses propositions visant à réduire le déficit, sans couper dans les dépenses sociales. Il s’agissait de ressusciter une taxe créée dans les années 1990 et abandonnée en 2007, visant à ponctionner de 0,38 % les comptes en banque, lors de retraits. Cette « taxe sur les chèques », comme elle est parfois surnommée, avait le mérite de la simplicité. Mais face à la colère des entrepreneurs et consciente de la difficulté à faire accepter le dispositif par un Congrès plus que jamais divisé, Mme Rousseff a fait machine arrière trois jours à peine après avoir émis cette idée.

Impasse

« Le gouvernement est déboussolé, sans stratégie, il ne sait que faire », commente Carlos Alberto de Melo, professeur de sciences politiques à l’institut d’études supérieures Insper à Sao Paulo. « Le gouvernement a de sérieux problèmes budgétaires. S’il ne peut augmenter les impôts, il devra réduire les dépenses », souligne-t-il.
Cet abandon illustre l’impasse dans laquelle se trouve le pouvoir alors que le pays est emporté par les turbulences venues de Chine, son principal partenaire commercial. La plupart des économistes prédisent une chute du PIB de plus de 2 % cette année et n’imaginent pas d’embellie avant 2017. Le taux de chômage a atteint 7,5 % de la population active en juillet contre 4,9 % un an plus tôt, tandis que l’inflation dépasse 9 %. Un climat alimentant l’insatisfaction populaire et l’angoisse des entrepreneurs.
Les difficultés de Pékin ne sont pas seules responsables du plongeon de l’économie brésilienne. A écouter les experts, le pays se serait laissé étourdir par les années de hausse du prix de ses matières premières (soja, pétrole, minerais de fer) sans profiter de la manne pour investir dans les infrastructures et l’industrie.
« Dans les années 1990, avec beaucoup d’efforts, le Brésil a réussi à renforcer son industrie et à réduire sa dépendance aux matières premières, mais quand le prix de ces dernières a explosé, lors de la dernière décennie, le gouvernement n’a pas retenu la leçon », commente l’économiste Michael Pettis, interrogé par la Folha de Sao Paulo dimanche 30 août. C’est grave ? « Très grave, répond-il, le prix des matières premières comme le minerai de fer va encore chuter. D’au moins 30 % à 50 %. »

« Tournant de la rigueur »

Dilma Rousseff, par ailleurs bousculée par le scandale de corruption qui éclabousse son parti, semble incapable de contrôler la situation. Pour contrecarrer la crise, Brasilia ne peut se lancer dans une politique de relance car l’endettement public – soit 66 % du PIB, selon le Fonds monétaire international (FMI) –, le déficit, la crise et l’instabilité politique font frémir les agences de notation. Mi-août, l’américaine Moody’s a abaissé à Baa3 la note de la dette souveraine du Brésil, quelques semaines après que Standard and Poor’s eut revu à la baisse sa perspective à long terme de la note, actuellement fixée à « BBB – ». Le dernier rang avant la catégorie dite « spéculative », ou « junk bond » (obligation « pourrie »).
Pour éviter de voir la dette souveraine brésilienne basculer dans cette catégorie infamante, le gouvernement sait qu’il doit faire des efforts. Mais le « tournant de la rigueur », assumé depuis l’arrivée du ministre de l’économie, Joaquim Levy, en 2015, est considéré comme une trahison par l’électorat du PT, sans, pour autant, donner satisfaction aux milieux d’affaires. « Dilma a essayé de “pactiser” avec le capitalisme comme l’avait fait Lula, son prédécesseur, mais les conditions ne sont plus les mêmes. La crise économique a changé la donne », souligne Daniel Pereira Andrade, professeur de sociologie à la fondation Getulio Vargas à Sao Paulo.
Seule consolation pour Mme Rousseff, les entrepreneurs, bien que mécontents, ne plaident pas pour l’« impeachment », cet appel à la destitution de la présidente réclamée par ses plus féroces adversaires. Le président de la banque Itau, Roberto Setubal, voix influente dans le milieu économique brésilien, s’est même fait l’avocat de la présidente, assurant, fin août, qu’il ne voyait pour le moment aucune raison de retirer le pouvoir des mains de Dilma Rousseff, soulignant qu’une telle action conduirait à « une instabilité néfaste à la démocratie ». Une instabilité malvenue, aussi, pour l’économie du pays.

 Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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luce prima 15/09/2015 - 09h24
Dilma Roussef est déboussolée, écrivez-vous. Cela paraît juste. Mais ne faut-il pas l'interpréter come une alerte pour le monde entier. La boussole désigne le nord; Mais concrètement que représente le nord? Deux guerres mondiales largement imputables à l'hyperpuissance industrielle de l'Allemagne et des Etats-Unis, unis par la Synarchie. Et une troisième qui se développe dans le sud (Brésil -équivalent de l'Europe- et proche Orient). Nous serons engagés malgré nous. Malheur aux vaincus.
 
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julien BERTRAND 31/08/2015 - 21h04
L'économie de cueillette est finie. Tant mieux, elle ruine la planète. Place aux économies libérales, à fort taux d'éducation et de bonne gouvernance. C'est naturel (la Main Invisible commande l'économie des hommes pour reprendre Smith). C'est même salutaire pour nous débarrasser des totalitaires de ce Monde qui vivent sur la seule exploitation des ressources.L'éducation de masse est notre seule matière première durable.
 
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Yoann Dolomieu 31/08/2015 - 18h42
Le Brésil doit déjà gagner en productivité mais surtout faire le nettoyage dans sa classe politique. Des sommes colossales sont détournés par les politiques, on parle de plusieurs milliards de dollars.
 
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Rodolphe Trindade 31/08/2015 - 18h35
Lula a heriter d'un pay sur le bon chemin de la restructuration economique et des reformes administrative. Dilma a heriter de Lula toutes la corruption et du manque d'investissement dans le secteur productif et d'infrastucture du pay!
 
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lava jato 02/09/2015 - 01h18
Comme si la corruption datait de lula... Elle est endémique depuis la dictature...
 
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jerome gonsolin 31/08/2015 - 17h52
Quoi qu'on dise l'économie mondiale dépend des pays avec fort pouvoir d'achat. Qui plus est ces pays sont aussi ceux qui maîtrisent le mieux les technologies, qui innovent et en plus qui tiennent l'industrie de la finance. Dans ce contexte les matières premières ne sont que des composants mineurs. Le Brésil est face à une montagne de dettes, il n'y aura pas de miracle.

 

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 Le brésilien Petrobras dans la tourmente

LE MONDE ECONOMIE | 05.09.2015 à 11h06 | Par Claire Gatinois
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Manifestation des employés de Petrobras, le 24 août à Rio de Janeiro. L'entreprise pétrolière est au coeur d'une affaire de corruption qui touche des membres du PT, le parti de la présidente de la République, Dilma Roussef.
La direction de Petrobras se disait ouverte au dialogue, mais en dépit de longs pourparlers, les syndicalistes n’ont pas plié. A compter de lundi 7 septembre, la compagnie pétrolière brésilienne, emportée par un scandale de corruption monumental et fragilisée par la chute du prix de l’or noir et du réal, la monnaie brésilienne, aura un nouveau problème à gérer : une grève de ses employés.
Décidé par la Fédération unie des travailleurs du pétrole (FUP), le mouvement, d’une durée illimitée, concernera « toutes les unités administratives et opérationnelles de l’entreprise », affirme le syndicat. Il vise à dénoncer les coupes franches dans les dépenses d’investissement et les cessions d’activité rendues nécessaires par la crise que traverse le groupe.

La fin des années fastes

« Des gens ont volé, ils ont mal agi. Aujourd’hui qui paie pour ces méfaits ? Les dizaines de milliers de salariés ! C’est une inversion complète des valeurs. Une absurdité ! », s’étrangle José Maria Rangel, de la FUP. L’entreprise prévoit de céder pour 15,1 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros) d’actifs d’ici à 2016. Un premier pas vers le démantèlement de la compagnie, craint M. Rangel. L’entreprise « n’est pas à vendre », dénonçait aussi le syndicat, vendredi soir, sur son site.
A écouter les médias brésiliens, cette grève ne devrait néanmoins pas affecter l’approvisionnement en pétrole, l’entreprise ayant l’habitude, dans de telles circonstances, de réallouer les travailleurs sur les zones sensibles.
Aux abois, endettée, la compagnie, installée à Rio de Janeiro, cherche désespérément à se renflouer. Les travaux de construction de la raffinerie du complexe pétrolier Comperj, à Itaboraï, à une quarantaine de kilomètres de Rio, ont été stoppés. Les contrats de milliers d’employés en sous traitance sont menacés. Et vendredi, le quotidien brésilien, l’Estado de Sao Paulo, révélait que le géant de l’énergie comptait économiser quelque 12 milliards de dollars d’ici à 2019. Les salariés diront adieu aux fêtes autrefois organisées par l’entreprise, les voyages d’affaires seront réduits, comme le recours aux formations ou aux taxis, tandis que l’octroi de voitures avec chauffeurs sera plus sélectif. La fin des années fastes.

Symbole des difficultés du pays

Hier fierté du Brésil, l’entreprise est devenue le symbole de ses difficultés et de ses dérives. Le scandale de corruption le plus retentissant qu’ait jamais traversé le pays porte le nom de la compagnie : des groupes de BTP, sous-traitants de Petrobras, s’entendaient lors d’appels d’offres lancés par l’entreprise publique, pour définir qui gagnerait le marché. Cette compétition factice était connue par certains dirigeants du groupe, rémunérés en pots-de-vin. Des dessous-de-table parfois partagés avec des personnalités politiques, notamment des membres du parti des travailleurs (PT, gauche), auquel appartient aussi la présidente, Dilma Rousseff. Au total, plusieurs milliards de dollars auraient été versés, visant essentiellement à financer des campagnes électorales.
Petrobras sort dévastée de cette affaire. Le cours de l’action s’est effondré et les déboires de l’entreprise s’accentuent au fur et à mesure de la chute du prix du pétrole. La découverte de grandes réserves, considérées par l’ancien président du Parti des travailleurs Luiz Inacio Lula da Silva, prédécesseur de Dilma Rousseff à la présidence du pays, comme un ticket gagnant au loto, s’est transformé en une « malédiction », estimait, le 21 août, dans une tribune à l’Estado de Sao Paulo, Adriano Pires, économiste et directeur du centre brésilien d’infrastructure.
Petrobras, poids lourd de l’économie brésilienne, semble, de fait, entraîner dans sa descente aux enfers le pays tout entier. Dépendant du pétrole et plus largement du cours des matières premières, le Brésil, dont la croissance dépassait 7,5 % en 2010, s’enfonce, désormais, dans la récession.

 Claire Gatinois
Journaliste au Monde


 

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Le gouvernement brésilien décidé à faire passer des mesures d’austérité

Le Monde.fr | 11.09.2015 à 09h01 • Mis à jour le 11.09.2015 à 09h26 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
Il se dit « plein d’espoir », et assure que le gouvernement brésilien sera en mesure, avec le Congrès, de corriger le tir, d’ici à quelques semaines. Après l’annonce, mercredi 9 septembre, de la dégradation de la note de la dette publique du Brésil par l’agence américaine Standard & Poor’s (S&P) dans la catégorie dite « spéculative », décrite plus explicitement par les experts financiers comme celle des « obligations pourries », le ministre des finances, Joaquim Levy, a tenté de rassurer.
Lors d’une conférence téléphonique accordée à la presse, jeudi, M. Levy a réitéré son objectif de faire accepter par un Congrès pourtant hostile un budget pour l’année 2016 en excédent primaire (avant paiement de l’intérêt de la dette), c’est-à-dire présentant un solde recettes-dépenses positif, équivalent à 0,7 % du produit intérieur brut (PIB).
C’est après avoir constaté que le gouvernement de Dilma Rousseff, divisé sur les remèdes à appliquer au pays, n’avait pas été capable d’atteindre cet objectif, se résignant à afficher un budget en déficit de 30 milliards de reais (7 milliards d’euros), que l’agence américaine a décidé de dégrader la note du géant d’Amérique latine, aujourd’hui secoué par une grave crise économique.
« Nous avons une trajectoire très claire. On sait où on veut aller », affirme M. Levy. Au cours des dernières années, sous la présidence du Parti des travailleurs (PT, gauche), avec Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), puis sous le mandat de Dilma Rousseff, le pays « a atteint un point A », en permettant l’émergence d’une « nouvelle classe moyenne ». « Nous devons maintenant aller de ce point A à un point B, dit-il. En créant des opportunités pour les gens mais aussi pour les entreprises. »

« Tragédie économique annoncée »

Pour parvenir à ses fins, M. Levy, défenseur de l’orthodoxie budgétaire, et qui, de ce fait, est apprécié des marchés financiers, n’exclut pas des coupes dans les programmes sociaux, y compris les plus emblématiques.
Le gouvernement a déjà prévenu que le programme de construction de logements sociaux Minha casa, minha vida (« Ma maison, ma vie ») serait entamé. Des hausses d’impôts temporaires sont également envisagées. « Nous devons renforcer notre compétitivité, notre efficacité, améliorer le climat des affaires », défend le ministre.
Au sein du gouvernement, Nelson Barbosa, ministre du plan, dit avoir été pris « par surprise », par la décision de l’agence américaine. Mais pour l’ex-président de la Banque centrale, Carlos Langoni, il s’agit d’« une tragédie économique annoncée ».
Réélue il y a moins d’un an, Mme Rousseff affronte une crise économique dont elle a sous-estimé l’ampleur. Après les années fastes, liées au boom du prix des matières premières, le pays a plongé dans la récession au dernier trimestre 2014, subissant le ralentissement chinois, son grand partenaire commercial, et la chute du prix du pétrole et des autres « commodities ».

La rue gronde

Le scandale de corruption, lié au versement de pots-de-vin lors d’appels d’offres lancés par Petrobras, la compagnie pétrolière contrôlée par l’Etat (dont la note a aussi été dégradée par S&P), met en cause les différents partis politiques, y compris le PT. Contre la rigueur et la corruption, la rue gronde. Les voix exigeant le départ de la présidente se multiplient.
La décision de S&P fragilise ainsi une femme qui a déjà un genou à terre. Son adversaire lors de la campagne présidentielle, Aécio Neves (du Parti de la social-démocratie brésilienne, PSDB, opposition), prédit désormais la fin toute proche de sa rivale et l’accuse. Dans une tribune au quotidien Folha de Sao Paulo, à la fin d’août, il déclarait, cinglant : « Faisant preuve d’une rare originalité, et d’une médiocrité exemplaire, le premier gouvernement de la présidente Dilma Rousseff a provoqué un dommage considérable dans les comptes publics. »
Depuis l’Argentine, où il a rencontré la présidente Cristina Kirchner, Lula, a, lui, relativisé la dégradation de la note souveraine du pays par S&P. « Cela ne signifie rien », a-t-il soutenu. En 2008, c’est sous son mandat que le pays était sorti de la catégorie des pays à haut risque de crédit. A l’époque, l’ancien syndicaliste avait affirmé qu’il s’agissait d’une conquête du peuple brésilien, rappelle le quotidien O Estado de Sao Paulo.

 Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
Journaliste au Monde
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Manuel 13/09/2015 - 20h45
Je suis surpris de voir à quel point les journalistes, notamment du Monde et de Mediapart, ignorent les règles de placement des virgules, pourtant de bon sens. Dans cette phrase, le placement entre virgules de "Carlos Langoni" est ainsi fautif : "Mais pour l’ex-président de la Banque centrale, Carlos Langoni, il s’agit d’« une tragédie économique annoncée »." Avec cette formulation, la journaliste affirme que l'actuel président de la Banque centrale n'a connu qu'un seul prédécesseur...
 
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Manuel 13/09/2015 - 20h44
Je suis surpris de voir à quel point les journalistes, notamment du Monde et de Mediapart, ignorent les règles de placement des virgules, pourtant de bon sens. Dans cette phrase, le placement entre virgules de "Carlos Langoni" est ainsi fautif : "Mais pour l’ex-président de la Banque centrale, Carlos Langoni, il s’agit d’« une tragédie économique annoncée »." Avec cette formulation, la journaliste affirme que l'actuel président de la Banque central n'a connu qu'un seul prédécesseur...

 

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L’Amérique latine n’en finit plus de ralentir

LE MONDE ECONOMIE | 11.09.2015 à 11h29 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondance) et Claire Guélaud

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Vue sur Santiago au Chili depuis le quartier d'affaires de la ville, le 3 septembre 2015.

Le ralentissement latino-américain n’est plus cantonné à ses trois grands pays en souffrance, le Brésil, le Venezuela et l’Argentine, qui tirent l’économie du sous-continent vers le bas. Même les bons élèves comme la Colombie ou le Pérou accusent désormais le coup.

Si l’Amérique centrale, importatrice nette de pétrole, et les Caraïbes, où le tourisme a redémarré, s’en sortent bien, une véritable crise sévit dans le reste du continent. La croissance en Amérique du Sud, fragile en 2014 (+ 0,7 %), devrait se contracter cette année d’au moins 0,2 %, selon le Fonds monétaire international (FMI). Trois pays sur dix seront en récession, le Venezuela méritant une mention spéciale, avec un produit intérieur brut (PIB) en chute libre (– 7 %) et une inflation qui approche les 100 %. Sur les sept autres économies restées en territoire positif, deux seulement (le Chili et le Pérou) accéléreraient.

L’Amérique latine en est à sa cinquième année consécutive de ralentissement. En juillet, le FMI et la Cepal, une agence de l’ONU, avaient abaissé leurs prévisions de croissance pour cette région à + 0,5 %, soit le niveau le plus bas depuis six ans. Très loin des 5 % ou plus affichés dans la première moitié des années 2000. Sur la durée, les prix bas des matières premières mettent à rude épreuve des économies à la solidité très variable et fragilisées par l’appréciation du dollar.

Lire aussi   Les matières premières souffrent du ralentissement en Asie

La chute du prix du cuivre (– 22 % depuis janvier), qui a atteint son plus bas niveau en six ans, menace directement la reprise au Chili et au Pérou, respectivement premier et troisième producteurs de métal rouge de la planète et principaux exportateurs mondiaux.

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Cargaison de cuivre sur le port de Valparaiso (Chili).

Au Chili, la baisse des prix des matières premières a entraîné la dévaluation du peso, qui a atteint son plus bas niveau face au dollar depuis douze ans, et elle fragilise toute l’économie. Les exportations de cuivre représentent en effet 10,8 % du PIB du pays. Divisée par deux en 2014 à + 1,9 %, soit un plus bas depuis cinq ans, la croissance joue au yoyo : + 1 % au premier trimestre 2015 et 0 % au deuxième.
Phase délicate au Pérou

En annonçant ce mauvais chiffre, le 18 août, le président de la banque centrale chilienne, Rodrigo Vergara, a rappelé que l’investissement relevait de la confiance. Et prévenu que « si celle-ci demeure faible, l’investissement peut être reporté ». Une pierre dans le jardin de la présidente, Michelle Bachelet, dont les projets fiscaux ont entamé la confiance des chefs d’entreprise, selon Patricia Krause, économiste chez Coface.

Le Pérou traverse une phase délicate pour les mêmes raisons. Prévue autour de 4 % en 2014, l’activité aura finalement décéléré à 2,35 %. Peu surprenant quand on sait que 14,4 % du PIB proviennent du secteur des mines et des hydrocarbures.

Même les plus robustes, comme la Colombie, cèdent à la langueur générale. Très dépendant du pétrole, qui représente la moitié de ses exportations et un sixième des ressources gouvernementales, le pays a vu sa production manufacturière se contracter fortement en mai et la croissance ralentir au premier trimestre. Le peso a perdu 52 % face au dollar entre juillet 2014 et juillet 2015. Tous les secteurs importateurs en subissent les conséquences. Mais, en raison d’un investissement très dynamique qui a été dopé par la signature de plusieurs accords commerciaux, la croissance resterait supérieure à 3 %.
Le Brésil en récession

L’Equateur, en fort ralentissement, affronte une situation plus délicate. Ses exportations, constituées à 57 % de pétrole et, pour le reste, de produits agricoles, pèsent 27 % du PIB. En 2009, lors d’une phase précédente de baisse des prix pétroliers, il avait soutenu l’activité en piochant dans son fonds de stabilisation budgétaire. Mais cette cagnotte a disparu, le déficit commercial se creuse, et les réserves de change ne représentent plus que deux mois d’importation.

Le Brésil, qui a plongé dans la récession au dernier trimestre et dont la note a été dégradée par Standard & Poor’s dans la catégorie dite « spéculative », pourrait de son côté se lancer dans un programme d’économies. « Nous devons renforcer notre compétitivité, notre efficacité, améliorer le climat des affaires », a expliqué, jeudi 10 septembre, le ministre brésilien de l’économie, Joaquim Levy. Celui-ci n’exclut pas des coupes dans les programmes sociaux. Des hausses d’impôts sont aussi prévues.

Lire aussi   Le gouvernement brésilien décidé à faire passer des mesures d’austérité

L’horizon est assez sombre et le potentiel de rebond des économies sud-américaines très inégal. Il y a un monde entre le Pérou qui, avec ses finances publiques saines et son fonds de stabilisation budgétaire, a des marges de manœuvre pour soutenir son économie, et l’Equateur, dont le déficit budgétaire atteint 5,3 % du PIB et dont le compte courant est déficitaire. Le gouvernement en est conscient, qui vient d’annoncer coupes budgétaires et hausses d’impôts.

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    Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondance)
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    Claire Guélaud
    Journaliste au Monde

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Brésil : payer ses dettes, laver son nom

LE MONDE ECONOMIE | 10.11.2015 à 11h34 • Mis à jour le 10.11.2015 à 11h36 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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Au pays de Dilma Rousseff, quatre foyers sur dix n’honorent pas dans les délais les échéances de leurs emprunts.
José Eduardo dos Santos n’a jamais été un panier percé, encore moins un flambeur. Pourtant, ce vendredi 30 octobre, à Sao Paulo, sortant de l’agence Serasa de la rue Antonio Carlos, l’établissement brésilien qui liste les personnes en défaut de paiement, le jardinier de 45 ans est soulagé. Son nom est enfin « propre ». Dit autrement, son document d’identité ne mentionne plus qu’il fut un mauvais payeur. Après des années d’attente José Eduardo dos Santos peut enfin espérer acheter à nouveau à crédit. « Mais je ferai attention », promet-il.
L’histoire de ce quadragénaire est presque banale au Brésil. Il y a sept ans, José Eduardo dos Santos a acheté à crédit du matériel de construction pour sa maison. L’investissement était au-dessus de ses moyens et le père de famille s’est retrouvé à découvert. Année après année, les intérêts se sont accumulés et la dette initiale, de 2 000 reais (495 euros), s’est transformée en un gouffre financier de 15 000 reais. Impossible à rembourser. Son nom est entré dans le fichier des « sujos », les noms salis, l’empêchant d’acheter quoi ce soit à crédit. Pour s’en sortir, il a dû utiliser les documents d’identité d’amis. Avant de négocier avec sa banque, Itau, un rééchelonnement de sa dette. Avec succès.
« Depuis un an, nous avons de plus en plus de profils comme celui-là », commente Vitor Oliver, employé chez Serasa à Sao Paulo. Au total 40 % des foyers seraient en retard sur une ou plusieurs de leurs traites, indique Ione Amorim, économiste et chercheuse à l’institut brésilien de défense des consommateurs (IDEC), sans pouvoir distinguer les cas dramatiques des simples accidents.

Les vannes se sont ouvertes

La crise économique, illustrée par une profonde récession, une montée en flèche du chômage et un dérapage de l’inflation, est en partie responsable des cas de surendettement. Mais pour comprendre le phénomène, il faut aussi se pencher sur l’histoire d’amour récente du consommateur brésilien avec le crédit et les pratiques agressives des établissements bancaires.
Lors des « années folles » du Brésil, au début des années 2000, le pays, adoré des investisseurs, a connu une sorte d’euphorie du crédit. Les dizaines de millions de Brésiliens sortis de la pauvreté ont soudain eu accès à un système qui leur était jusqu’ici défendu. Réfrigérateurs, téléviseurs, automobiles… sont devenus accessibles. Le rêve de devenir propriétaire d’une maison pouvait même se concrétiser grâce aux aides mises en place par le gouvernement du Parti des travailleurs (PT, gauche).
Comme dans de nombreux autres pays, les vannes se sont ouvertes. De 2006 à 2015, le crédit est passé de 20% à plus de 50 % du produit intérieur but (PIB). Les Brésiliens n’y étaient pas tous préparés. Certains se sont grisés, multipliant les cartes et les crédits, oubliant ce que l’avenir pouvait leur réserver. « Donnez un paquet de chocolats à un enfant. Pensez-vous qu’il ne va en manger qu’un par jour ? Non, il engloutit le paquet ! », explique Lisandro Moraes, avocat et directeur de l’association SOS consommateurs, qui gère de nombreux cas de faillites personnelles. « La plupart des personnes surendettées qui parviennent à renégocier leur emprunt et à s’en sortir s’endetteront à nouveau », ajoute-t-il, navré.

« L’endettement sert aux achats du quotidien »

Au regard des ménages américains, les foyers brésiliens semblent bien raisonnables. « Mais aux Etats-Unis, la majeure partie de l’endettement représente un gros achat comme un crédit immobilier qui permet d’améliorer la vie future. Au Brésil, l’endettement sert aux achats du quotidien », analyse Ione Amorim, économiste et chercheuse à l’institut brésilien de défense des consommateurs (IDEC). L’écart entre les revenus de la classe moyenne et le coût de la vie oblige à des contorsions pour s’en sortir ou se faire plaisir. Quand ce n’est pas à crédit, les consommateurs morcellent les achats en 3, 5, 10 échéances… La pratique finit par rendre illisible le budget du ménage et facilite les sorties de route financière.
Pour Mme Amorim, les banques sont coupables de ces dérives. « Leur rôle est pervers », dit-elle, dénonçant leurs publicités alléchantes qui incitent les familles à souscrire un crédit sans en connaître les dangers. « Le consommateur n’est pas informé. Quand on lui propose une carte de crédit, il se sent privilégié, flatté », se désole-t-elle.
La flatterie des établissements financiers ne dure qu’un temps. Dès le premier écart, les banques montrent les dents. En cas de découvert après un achat à crédit, c’est-à-dire avec une carte à débit différé, le taux d’intérêt appliqué est en moyenne de 400 %. Un niveau quasi usuraire que ne peut justifier le taux d’inflation (de l’ordre de 10 %). « Incompréhensible et absurde », réagit Francisco Eduardo Pires de Souza, économiste au sein de la Banque nationale de développement économique et social (BNDES).

Presque une faillite par minute

« Il n’existe pas de loi qui impose une limite aux taux d’intérêt, bien qu’ils soient anormalement élevés, sans doute les plus élevés au monde, commente André Nassif, professeur d’économie à l’université Fluminense dans l’Etat de Rio de Janeiro. Mais les économistes ne recommandent pas un seuil limite car cela pourrait entraver le crédit. Ce n’est pas une bonne chose pour une économie capitaliste. »
La raréfaction du crédit qui se fait déjà sentir détériorerait encore davantage la conjoncture. Près de 420 000 petites et moyennes entreprises ont mis la clé sous la porte depuis janvier, essentiellement du fait d’un manque de financement, relatait le magazine Exame du 28 octobre. Presque une faillite par minute. Les difficultés des ménages se répercutant sur les entreprises, en août, 83 milliards de reais de dettes seraient impayés par les sociétés brésiliennes .
Réduire de façon autoritaire le coût du crédit ne serait pas une meilleure option, selon André Nassif. « La crise ne se résoudra pas avec une stimulation du crédit. Il faut d’abord restaurer la confiance, dit-il. Doper le crédit sans rétablir la confiance reviendrait à “sécher un glaçon”, comme on dit au Brésil. Cela n’aurait aucun effet. »

 Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
Journaliste au Monde
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YTour 11/11/2015 - 19h49
Des chaussures (ordinaires) à crédit sur 10 mensualités : Comment ne pas craquer ? D'autant plus que ce type de crédit a également permis d'équiper la population de smartphones qui ont une répercussion importante sur le mode de vie. Quant aux voitures : mutipliées par 2 1/2 en dix ans à Brasilia, comme à peu près partout (+17% par an dans l'état du Para). Et pratiquement tout est produit au Brésil.
 
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rockfeller 10/11/2015 - 18h51
Heureusement que les banques ont les pauvres à traire, sinon il n y aurai plus de riches

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Brésil : une économie en lente déliquescence

LE MONDE ECONOMIE | 10.12.2015 à 11h20 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
image: http://s2.lemde.fr/image/2015/12/10/534x0/4828837_6_f9b4_dans-une-rue-de-rio-le-9-decembre_3f1a2293b00b62e3c6d8f7b12f430296.jpg
Dans une rue de Rio, le 9 décembre.
A la caisse du supermarché Pão de Açucar, dans le centre de Sao Paulo, Ana Godoy ronchonne : « Pour la même somme, mon panier est à chaque fois plus petit ! » Depuis des mois, la jeune femme de 37 ans, salariée pour 4 000 reais par mois (972 euros), observe, résignée, les prix du quotidien s’envoler et son pouvoir d’achat s’atrophier.
Mercredi 9 décembre, l’institut brésilien de géographie et de statistiques a confirmé son ressenti. L’inflation a atteint en novembre son plus haut niveau sur douze mois depuis 2003, à 10,48 %. Du jamais vu depuis 2002. Le pays reste cependant loin de l’hyperinflation des années 1990 quand les prix valsaient à plus de 2 000 % mais « les temps sont durs », résume Juan Carlos Rodado, économiste pour l’Amérique latine chez Natixis. Un euphémisme.
Le Brésil traverse une crise à la fois économique, budgétaire, politique et éthique. Un cocktail dévastateur qui se traduit par une récession historique. En 2015, la chute du produit intérieur brut devrait friser les 4 % et aucun expert ne prédit d’embellie en 2016. La consommation chute, les investissements s’effondrent. Les plus pessimistes pronostiquent un taux de chômage, aujourd’hui à 8 %, à deux chiffres en 2016.

Un pays en « soins intensifs »

Un pays aux urgences en « soins intensifs », selon The Financial Times. Le Brésil a pourtant vécu des années bénies, lors du mandat du président Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula, (2003-2010) avec l’explosion du prix des matières premières. Assis sur un tas d’or, le pays producteur de pétrole, soja, minerais, a profité de la manne pour donner accès aux plus pauvres à la consommation – souvent à crédit. Mais il a manqué les réformes nécessaires afin de moderniser les infrastructures et l’appareil productif.
La chute des cours des matières premières et le ralentissement de la Chine, son partenaire commercial, entraînent désormais le géant d’Amérique latine dans une pénible agonie caractérisée par une croissance déprimée et une inflation galopante. Un scénario cauchemardesque, « qui pénalise d’abord les plus pauvres », s’alarme Carlos Langoni, directeur du centre d’économie mondiale à Fondation Getulio Vargas à Rio de Janeiro. « Les victoires sociales gagnées sous le mandat de Lula sont menacées », s’inquiète-t-il.
En période de récession et de chômage, la logique voudrait que les prix reculent. Mais afin de réduire les dépenses budgétaires, le ministre de l’économie, Joaquim Levy, de l’actuelle présidente Dilma Rousseff a été contraint d’augmenter les prix qui avaient été gelés en 2014. Les factures de gaz, de l’électricité, du pétrole ont grimpé pour les classes moyennes.
La glissade de la devise brésilienne, le réal, a également contrarié le marché. En un an, la monnaie brésilienne s’est dépréciée de l’ordre de 30 % face au dollar, annulant les effets de la baisse des cours des matières premières. Pour compenser cette chute, les importateurs ont augmenté leurs prix, pénalisant les consommateurs.

Le tsunami Petrobras

L’effondrement des cours de l’or noir a lui aggravé la situation du pétrolier Petrobras, pris dans la tourmente d’un scandale de corruption tentaculaire mêlant le groupe et les grandes entreprises du BTP. Cette affaire, qui a conduit à l’incarcération d’une kyrielle d’hommes d’affaires et de dirigeants politiques, aurait provoqué, selon la police fédérale, le détournement de 42 milliards de reais.
Un tsunami pour l’élite brésilienne et pour Petrobras endetté et devenu un repoussoir auprès des investisseurs. L’entreprise, qui ne peut se financer qu’à des taux prohibitifs, a dû réduire drastiquement ses investissements et se séparer de fournisseurs, pénalisant toute l’économie du pays.
Les marchés, que l’incertitude exaspère, en sont à accueillir presque avec soulagement l’annonce du démarrage d’une procédure de destitution visant Mme Rousseff
Malade, le Brésil manque de soins. La présidente Dilma Rousseff, membre du Parti des travailleurs (PT, gauche) éclaboussé par Petrobras, est contestée, dénigrée, isolée. La rue appelle à son départ et le Congrès, qui lui est devenu hostile, l’empêche de gouverner. Aucune loi, aucune réforme ne peut être votée et appliquée. « La situation politique paralyse l’économie. Les investisseurs, les consommateurs sont dans un état d’attentisme », commente Ilan Goldfajn, chef économiste de la banque Itau. La situation est telle que l’agence de notation Moody’s a annoncé, mercredi, envisager d’abaisser la note souveraine du Brésil en catégorie spéculative (« junk »).
Les marchés, que l’incertitude exaspère, en sont à accueillir presque avec soulagement l’annonce du démarrage d’une procédure de destitution visant Mme Rousseff. Accusée d’avoir maquillé les comptes publics en 2014, la présidente pourrait être contrainte de quitter le pouvoir et de laisser la place à son vice-président, Michel Temer.
Charge à lui de faire le « sale boulot » pour remettre le Brésil sur les rails. Mais cette procédure, longue, s’accompagnerait d’une vacance du pouvoir dont le Brésil n’a pas vraiment besoin. Un tout autre scénario peut s’esquisser. La procédure, fondée sur des arguments fragiles, tournerait court. Dilma Rousseff sauverait sa peau. Et si d’aventure elle sortait renforcée de cette épreuve, alors elle pourrait mener les réformes nécessaires pour que le Brésil redevienne la star des pays émergents.

 Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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YTour 10/12/2015 - 17h09
La presse brésilienne implique la présidente dans les scandales, mais à ce jour sans aucun élément précis. Si le PT, son parti, a plusieurs de ses membres impliqués dans le scandale de la Petrobras, il est loin d'être le seul et même pas le plus touché. Les victoires sociales menacées ? Les hausses sont dures pour les pauvres, mais l'irrigation du Nordeste, les maisons neuves au lieu de favelas, l'accès à la santé et aux études, le soutien alimentaire restent acquis et ne sont pas mis en cause.
 
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Istyrl 12/01/2016 - 00h53
Vous n'y avez manifestement jamais mis les pieds...
 
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Précisions 10/12/2015 - 12h21
Cette synthèse est acceptable. Il faudrait ajouter que les maquillages des comptes publics en 2014 continuent en 2015, qu'ils ont faussé l'analyse des budgets et qu'ils ont été rejetés par le Tribunal des Comptes de l'Union (équivalent brésilien de la Cour des Comptes). Enfin le vice- pdt M. Temer vient de dénoncer, dans une lettre, l'absence de confiance de la part de la présidente et du gouvernement. Il est membre du PMDB, parti centriste et charnière des coalitions et sent le vent tourner...
 

 

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Sergio Moro, le juge qui fait trembler le Brésil

Le Monde.fr | 17.03.2016 à 16h36 • Mis à jour le 17.03.2016 à 19h21
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Le juge brésilien Sergio Moro, en octobre 2015.

Le Brésil s’indigne des conditions dans lesquelles l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva est entré au gouvernement de sa successeur, Dilma Rousseff. Des enregistrements divulgués mercredi 16 mars suggèrent en effet que son retour aux affaires est une manœuvre pour lui éviter des ennuis judiciaires. Le juge fédéral à l’origine de la révélation, Sergio Moro, est bien connu des Brésiliens : c’est lui qui a révélé le scandale Petrobras et qui continue de mener les investigations dans cette affaire de corruption qui ébranle le pays.

  • Un juge « héros du peuple »
Sergio Moro, 43 ans, est adulé des citoyens brésiliens depuis qu’il s’est attaqué à un gigantesque système de corruption touchant Petrobras, le géant de l’industrie pétrolière contrôlé par l’Etat, et plusieurs entreprises du bâtiment et des travaux publics (BTP). Mercredi encore, des centaines de personnes se sont réunies devant le tribunal de Curitiba, dans l’Etat du Parana, où il officie, pour lui apporter leur soutien.
Ce « juge de province » dit avoir découvert l’ampleur du scandale au fur et à mesure, en enquêtant d’abord sur une affaire de blanchiment d’argent à Curitiba. Cette investigation initiale a commencé par la surveillance d’une station-service et a donné son nom à l’affaire tentaculaire « Lava Jato » (« lavage express »), qui a rapidement impliqué la société Petrobras.
M. Moro assure ne pas se laisser emporter par la ferveur populaire et rejette fermement toute tentation de basculer dans le monde politique, de même que l’idée d’incarner l’homme providentiel.
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Une banderole en l'honneur de Sergio Moro brandie lors d'une manifestation contre Dilma Rousseff à Rio de Janeiro, le 13 mars.
  • Des fuites orchestrées dans les médias
Sergio Moro parle peu à la presse. Mais on le retrouve fréquemment derrière des fuites sur les rebondissements de l’affaire Petrobras, relayées par les journaux nationaux. Le dernier exemple en date est spectaculaire : le juge a rendu publics mercredi 16 mars près de cinquante enregistrements, dont celui d’une conversation téléphonique entre la présidente Dilma Rousseff et son mentor, Luiz Inacio Lula da Silva. Dans cet échange, enregistré mercredi matin, Mme Rousseff informe son prédécesseur à la présidence qu’elle va lui faire parvenir son décret de nomination au gouvernement. « Ne t’en sers qu’en cas de nécessité », lui glisse-t-elle — une recommandation interprétée comme la confirmation que cette nomination a été imaginée pour protéger M. Lula da Silva d’un éventuel placement en détention dans l’affaire.
En démocratie, « les gens doivent savoir ce que leurs responsables font, même quand ils tentent d’agir dans l’ombre », a justifié M. Moro après la révélation de cet enregistrement.
  • La lutte contre la corruption en Italie comme modèle
Si le juge Moro a fait une partie de ses études de droit aux Etats-Unis, il s’inspire, dans sa pratique, de l’Italie. Il a étudié dans le détail l’opération « Mani pulite » (« Mains propres ») du début des années 1990, a suivi le déroulé de l’affaire, ses polémiques, ses suites politiques, avec notamment l’émergence de Silvio Berlusconi. Il continue de voir dans ce schéma des similitudes évidentes avec le scandale Petrobras-BTP, avec une corruption qui gangrène le monde des affaires et de la politique.
  • Une fine utilisation du droit brésilien
Sergio Moro exploite les possibilités du droit brésilien, qui donne aux juges une grande latitude pour définir la direction et le champ d’une enquête, rappelait le New York Times en août 2015. Cela lui permet notamment de poursuivre toutes les personnes impliquées, y compris les plus haut placées.
Sergio Moro a aussi réussi ce que personne n’avait obtenu avant lui : rompre la solidarité entre inculpés, usant de la loi qui permet à un suspect de voir sa peine réduite s’il collabore avec l’enquête et passe aux aveux. Comme le notait le New York Times, Alberto Youssef, un spécialiste du blanchiment d’argent, impliqué dans l’affaire à différents degrés, n’a ainsi passé que quinze mois en prison grâce à sa coopération renouvelée.
Son autre atout réside dans la possibilité de recourir à la détention provisoire. Dans le milieu, on dit parfois que les juges usent du procédé pour « attendrir la viande », ou disposer d’un vivier avant d’aller à la pêche. « Si c’est le cas, il y a beaucoup de poissons », a plaisanté le magistrat lors d’une conférence organisée en octobre 2015 par l’hebdomadaire britannique The Economist. C’est d’ailleurs le risque que court l’ancien président Lula da Silva, puisque le parquet de Sao Paulo a requis le 10 mars son placement en détention provisoire.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/03/17/bresil-sergio-moro-le-juge-au-c-ur-du-scandale-petrobras_4885091_3222.html#sDGhIUtCoDPfAtUa.99

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Au Brésil, Dilma Rousseff lâchée par un de ses alliés gouvernementaux

Le Monde.fr avec AFP | 13.04.2016 à 03h14 • Mis à jour le 13.04.2016 à 08h31
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Dilma Rousseff à Brasília, le 12 avril.
A quelques jours du vote décisif sur l’avenir de Dilma Rousseff à la tête du Brésil, le Parti progressiste a décidé, mardi 12 avril, de claquer la porte de la coalition gouvernementale. Pis pour la présidente, la formation a par ailleurs fait savoir que la majorité de ses 47 députés voteraient en faveur de sa destitution. Le camp présidentiel avait déjà été lâché à la fin du mois de mars par son principal allié, le Parti du mouvement démocratique brésilien, passé dans l’opposition.
Dilma Rousseff apparaît fragilisée par ce nouveau départ alors que la chambre des députés doit se prononcer dimanche, en séance plénière, sur son devenir à la tête du pays. L’opposition de droite devra réussir à mobiliser deux tiers des voix − 342 sur 513 − pour que la procédure de destitution se poursuive au Sénat, faute de quoi les poursuites seraient définitivement enterrées.

Barrières métalliques devant le Parlement

Le vote, diffusé en direct à la télévision, devrait être retransmis sur un grand écran à l’extérieur du Parlement où les partisans des deux camps seront rassemblés. Les autorités, qui prévoient la présence de 300 000 personnes, ont installé de hautes barrières métalliques devant le Congrès pour séparer les opposants et les partisans de Rousseff.
Si la procédure franchit ce cap, le Sénat devra approuver à la majorité simple la mise en accusation de la chef de l’Etat, soupçonnée de maquillage des comptes publics. Celle-ci serait alors écartée du pouvoir pendant cent quatre-vingts jours au maximum, en attendant le vote définitif des sénateurs quant à sa destitution.
« Ils prétendent renverser sans preuve ni justifications une présidente élue par plus de 54 millions d’électeurs, a dénoncé Mme Rousseff. Mais la vérité prévaudra, le coup d’Etat ne passera pas, l’impeachment sera bloqué. » Pour l’heure, aucun camp n’est assuré de l’emporter : de nombreux de députés n’ont pas encore pris position sur ce dossier.

Le vice-président, « chef de la conspiration »

La présidente a par ailleurs accusé mardi son vice-président, Michel Temer, d’être le « chef de la conspiration » visant à la destituer. La veille, ce dernier avait fait fuiter « accidentellement » l’enregistrement d’un discours à la nation anticipant sa succession à l’impopulaire dirigeante de gauche. Il a été rendu public alors qu’une commission parlementaire votait en faveur de la poursuite de la procédure d’impeachment contre la présidente devant le Sénat, lors de débats particulièrement houleux.
M. Temer succéderait à Mme Rousseff si elle était destituée, jusqu’aux prochaines élections générales prévues en 2018, conformément à la Constitution. A 75 ans, cet homme d’appareil discret, avocat constitutionnaliste de formation, ne cache plus ses ambitions depuis plusieurs semaines.
Accusée de maquillage des comptes publics par l’opposition de droite, la présidente, elle, assure n’avoir commis aucun « crime de responsabilité » susceptible de motiver sa destitution et se dit victime d’un « coup d’Etat » institutionnel.
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YTour 14/04/2016 - 12h07
Dans l'hypothèse d'une destitution de Dilma Rousseff, le vice-président Temer, crédité de 2% à la présidentielle, gouvernerait avec le président de l'assemblée, Eduardo Cunha, corrompu, cité dans les papiers du Panama, dont 76% des brésiliens souhaitent qu'il démissionne. Temer a déjà demandé aux brésiliens de se préparer à faire des sacrifices. Le premier d'entre eux serait certainement la lutte contre la corruption.

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Brésil : le vice-président, Michel Temer, voit son heure venue

LE MONDE | 14.04.2016 à 10h51 • Mis à jour le 19.04.2016 à 07h17 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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Avocat et homme politique né à Tietê (Etat de Sao Paulo) en 1940, Michel Temer est vice-président du Brésil depuis 2011.
Les Brésiliens le connaissent à peine. Discret, élégant, un brin glacial, Michel Temer fait partie de ces aristocrates qui s’adossent rarement à leur chaise. C’est cet homme de l’ombre, fils d’immigrés libanais, professionnel de la politique et des intrigues parlementaires qui, demain, pourrait gouverner le Brésil. Presque par accident. « Si le destin m’y conduit, je serai prêt à assumer la fonction », a-t-il assuré au quotidien O Estado de Sao Paulo, le 13 avril.
En cas de vote défavorable, Dilma Rousseff sera écartée du pouvoir pendant 180 jours
En tant que vice-président, l’ancien chef du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre) qui n’atteint pas 3 % dans les sondages, grimperait sur la première marche du pouvoir si la présidente Dilma Rousseff, membre du Parti des travailleurs (PT, gauche), venait à être destituée.
Dimanche, lors d’une session plénière, la Chambre des députés s’est prononcée pour la procédure de destitution (impeachment) engagée contre l’ancienne guerillera. Les élus ont considéré qu’elle avait bien commis un « crime de responsabilité » : on lui reproche d’avoir eu recours à une astuce comptable pour minimiser l’ampleur du déficit public.
Il revient maintenant au Sénat de former une commission pour analyser la demande de destitution puis de décider, à une majorité simple, de la poursuite ou de l’arrêt du processus. En cas de vote défavorable, Dilma Rousseff sera écartée du pouvoir pendant 180 jours, jusqu’à un vote final du Sénat à la majorité des deux tiers.

Indignation de la présidente

Michel Temer croit son heure venue et le fait savoir. Lundi 11 avril, un discours « d’union nationale » censé être prononcé en cas d’éloignement de la présidente, a fuité opportunément, relayé par les médias brésiliens. On y découvre un homme solennel qui se pose en réconciliateur de la nation, prévenant des « sacrifices » à accomplir pour renouer avec la croissance et promettant les réformes nécessaires au pays, tout en garantissant la pérennité des programmes sociaux.
Pas une fois n’apparaît le terme de « corruption », fléau du pays, souligne Elio Gaspari dans un éditorial titré « Le discours du trône de Temer », publié le 13 avril dans la Folha de Sao Paulo.
Michel Temer n’est pas l’homme que les Brésiliens attendent, mais l’expert en droit constitutionnel croit en son destin
Qualifié d’« éjaculateur précoce » dans les couloirs du Planalto, M. Temer a aussi suscité l’indignation de Dilma Rousseff. Ecœurée, la présidente qui, par deux fois, fit campagne à ses côtés, voit dans son ex-allié le « chef des conspirateurs ». Le rôle de traître adjoint étant, à ses yeux, occupé par Eduardo Cunha (PMDB), président de la chambre des députés, proche des évangéliques, accusé de corruption et blanchiment d’argent.
Chef d’orchestre du vote de dimanche, M. Cunha veut transformer le suffrage en un spectacle grand public, diffusé sur la Globo, la chaîne télévision populaire qui a, pour l’occasion, demandé à décaler les matchs de football prévus ce jour-là.
Michel Temer n’est pas l’homme que les Brésiliens attendent, mais l’expert en droit constitutionnel croit en son destin. Les uns après les autres, les partis alliés au PT abandonnent le gouvernement, se positionnant en faveur de la destitution.
Après le PMDB fin mars, le Parti progressiste (PP, droite), le Parti républicain brésilien (PRB, droite), le Parti socialiste brésilien (PSB, gauche) et le Parti social démocrate (PSD, droite) se sont prononcés en faveur du départ de Dilma Rousseff.

Le temps des enchères

L’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) a beau batailler en coulisses pour sauver le gouvernement de sa protégée, offrant des ministères en échange de l’appui des parlementaires, l’hémorragie continue. Car, face à lui, le clan Michel Temer fait monter les enchères, promettant une carrière aux députés opportunistes.
« Les indécis se positionnent dans le camp qui a le plus de chances de l’emporter. Plus les démissions s’accumulent, plus le gouvernement est fragilisé », observe Marco Antonio Carvalho Teixeira, politologue à la fondation Getulio Vargas de Sao Paulo.
« L’impeachment est consommé », en conclut Duarte Nogueira, député du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB) opposé depuis toujours au gouvernement. « Le Brésil en sera soulagé », pense-t-il, déjà séduit par le discours de Michel Temer.
« Dilma Rousseff a déjà été enterrée avant de ressusciter plusieurs fois »
En cas de défaite du gouvernement de Dilma Rousseff, Michel Temer pourrait toutefois être lui-même inquiété par les développements de l’enquête Lava Jato qui a mis au jour le scandale de corruption lié au groupe pétrolier Petrobras. Son nom a été cité et une procédure d’impeachment a été lancée contre lui.
Et quel que soit le résultat du vote, la rue devrait à nouveau gronder, opposant défenseurs et adversaires du PT. Devant la crainte d’affrontements, un mur a été érigé sur l’esplanade des ministères, pour séparer les deux camps de manifestants. Le « mur de Brasilia », symbole de la barrière qui divise déjà profondément la société brésilienne.
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Gérard Mentor 19/04/2016 - 00h08
Ce pays court au désastre avec la prise de pouvoir par des personnages pas du tout propres sur eux, qui n'ont aucune légitimité électorale, et sont convaincus de corruption là où Dilma fait, par comparaison, figure d'innocente (ça n'est pas peu dire) !
 
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Joachim Carreira 18/04/2016 - 23h52
Enfin une série d'articles du Monde invitant quelque peu à s'alarmer de la situation politique brésilienne. Encore manque-t-il un semblant d'analyse au sujet d'un élément absolument déterminant pour mieux saisir les enjeux du processus en cours : le rôle honteux et révoltant du consortium médiatique de la Globo dans la fomentation de ce coup d'Etat juridique. Il est urgent d'organiser une mobilisation internationale pour faire pression sur les responsables politiques brésiliens.
 
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YTour 19/04/2016 - 10h05
+1, j'apprécie également l'amélioration de la qualité des enquêtes du Monde. D'accord aussi sur la situation anachronique de la Globo dirigée comme au XIXe par la famille Marinho.
 
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YTour 18/04/2016 - 23h48
Le show d'un humoriste dit que Temer est l'homme qui réconcilie tous les brésiliens : Ses ennemis comme ses amis s'accordent pour le considérer incompétent.
 
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Allez lisez! 18/04/2016 - 22h29
Ceux qui s'apprêtent à renverser D. Rousseff sont tout aussi voire plus corrompus de D. Rousseff elle-même! Les scandales politicos-financiers mouillent la gauche et la droite au Brésil. C'est vrai que pour un "parti des travailleurs" cela fait tâche et c'est inacceptable. Mais quand on lit certains noms -ceux-là mêmes qui aspirent à reprendre le pouvoir (sans élections?) on ne peut être qu'inquiet... L'étiquette ne doit pas être plus grande que le sac!
 
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Pythéas 18/04/2016 - 21h31
Imaginez vous Hollande destitué pour des broutilles orchestrées par la droite et Jean-Vincent Placé, arriviste sans aucune légitimité, accéder au trône. C'est ce qui se passe au Brésil. Temer, c'est 3%. Bien plus que Placé, c'est vrai.

 

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Au Brésil, l’ennemi de Dilma Rousseff suspendu de ses fonctions

LE MONDE | 06.05.2016 à 12h44 • Mis à jour le 06.05.2016 à 19h24 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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Brazil’s President of the Chamber of Deputies Eduardo Cunha speaks during a press conference on the Supreme Court decision, in Brasilia, Brazil, Thursday, May 5, 2016. Chamber of Deputies Speaker Eduardo Cunha, one of the most powerful politicians in Brazil, is accused of corruption and obstruction of justice. Brazil's top court voted unanimously Thursday to suspend the scandal-tainted and controversial leader of the lower house of Congress from his duties. (AP Photo/Eraldo Peres)
Quelques heures avant de perdre son mandat de président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha a, comme à son habitude, publié un de ses tweets tirés des Evangiles : « Que le Dieu de paix soit toujours avec vous. Amen. Epître aux Romains 15:33. » Mais cette fois-ci, point de miséricorde pour le député évangélique ultraconservateur, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre).
Jeudi 5 mai, la Cour suprême du Brésil a décidé à l’unanimité de suspendre le mandat de parlementaire et de président de la Chambre basse de M. Cunha, accusé de corruption et de blanchiment d’argent, détenteur d’un compte en Suisse où seraient logés au moins 5 millions de dollars (4,38 millions d’euros) aux origines douteuses, et cité dans le scandale Petrobras et dans les « Panama papers ». Remplacé par son allié, le député Waldir Maranhao, du Parti progressiste (PP, droite), M. Cunha, chef d’orchestre de la procédure de destitution lancée contre la présidente Dilma Rousseff, a décidé de faire appel.
Teori Zavascki, le juge chargé, au sein de la Cour suprême, de l’enquête « Lava Jato » (« lavage express ») sur le réseau tentaculaire de pots-de-vin liés à l’octroi frauduleux de marchés publics lancés par le groupe public Petrobras, a répondu à une demande transmise en décembre 2015 par le procureur de la République, Rodrigo Janot. Dans son rapport, ce dernier qualifie M. Cunha de « délinquant », jugeant qu’il a « dépassé toutes les limites acceptables » de l’Etat de droit. Le maintien du président de la Chambre basse à ses fonctions,...
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Dominique Dallaire 08/05/2016 - 16h13
C'est bien Me la Présidente. Maintenant il faut s'occuper de tous les complices ! Encore !
 
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Richard NOWAK 06/05/2016 - 23h09
Pourrions-nous avoir des informations sur nos dirigeants européens y compris français. Pourquoi les panama papers n'en parlent - ils pas? Les membres des cabinets et du deuxième cercle sont concernés aussi.
 
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@YTour 06/05/2016 - 22h03
Temer inéligible, pourquoi pas. Mais sur quoi vous fondez-vous ?
 
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YTour 07/05/2016 - 16h58
http://g1.globo.com/sao-paulo/noticia/2016/05/temer-e-ficha-suja-e-fica-inelegivel-por-8-anos-diz-promotora-eleitoral.html
 
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Joachim Carreira 09/05/2016 - 05h59
Sans compter que la principale rédactrice (Janaina Pascoal) du Parecer soumis au vote du Sénat concernant l'impeachment de Dilma s'est aussi publiquement prononcée en faveur de celui de Temer... contre son gré. La fameuse avocate - payée 45 000 R$ par le PSDB pour réaliser cette tâche - s'est en effet faite piégée par un sénateur qui lui a demandé son avis sur un ensemble de décrets autorisant des crédits supplémentaires... alors que ceux-ci avaient été pris par le vice-président - et non Dilma.
 
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Précision 06/05/2016 - 14h34
Avant même d'examiner - sous peu - le recours du parti Rede Sustentabilidade plusieurs des juges du STF ont évoqué, dans leur argumentation individuelle, le danger potentiel de trouver un tel personnage sulfureux dans la "ligne successorale" de la présidence vacante.
 
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YTour 06/05/2016 - 17h29
Ils ont bien pris leur temps pour laisser Cunha organiser la destitution de Dilma Rousseff avant de se débarrasser de lui. On a le sentiment que l'oligarchie qui voulait écarter la présidente se sépare maintenant des protagonistes Cunha, Neves afin de laisser un pouvoir présentable. Le vice-président Temer est maintenant inéligible, le remplaçant de Cunha à la chambre inculpé. Seront-ils les prochains dans la charrette ?
 
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YTour 06/05/2016 - 17h29
Ils ont bien pris leur temps pour laisser Cunha organiser la destitution de Dilma Rousseff avant de se débarrasser de lui. On a le sentiment que l'oligarchie qui voulait écarter la présidente se sépare maintenant des protagonistes Cunha, Neves afin de laisser un pouvoir présentable. Le vice-président Temer est maintenant inéligible, le remplaçant de Cunha à la chambre inculpé. Seront-ils les prochains dans la charrette ?

 

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Au Brésil, l’ennemi de Dilma Rousseff suspendu de ses fonctions

LE MONDE | 06.05.2016 à 12h44 • Mis à jour le 06.05.2016 à 19h24 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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Des manifestants à Brasilia se réjouissent de la décision de la Cour suprême du Brésil de suspendre le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, accusé de corruption, jeudi 5 mai 2016.
Quelques heures avant de perdre son mandat de président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha a, comme à son habitude, publié un de ses tweets tirés des Evangiles : « Que le Dieu de paix soit toujours avec vous. Amen. Epître aux Romains 15:33. » Mais cette fois-ci, point de miséricorde pour le député évangélique ultraconservateur, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre).
Jeudi 5 mai, la Cour suprême du Brésil a décidé à l’unanimité de suspendre le mandat de parlementaire et de président de la Chambre basse de M. Cunha, accusé de corruption et de blanchiment d’argent, détenteur d’un compte en Suisse où seraient logés au moins 5 millions de dollars (4,38 millions d’euros) aux origines douteuses, et cité dans le scandale Petrobras et dans les « Panama papers ». Remplacé par son allié, le député Waldir Maranhao, du Parti progressiste (PP, droite), M. Cunha, chef d’orchestre de la procédure de destitution lancée contre la présidente Dilma Rousseff, a décidé de faire appel.
Teori Zavascki, le juge chargé, au sein de la Cour suprême, de l’enquête « Lava Jato » (« lavage express ») sur le réseau tentaculaire de pots-de-vin liés à l’octroi frauduleux de marchés publics lancés par le groupe public Petrobras, a répondu à une demande transmise en décembre 2015 par le procureur de la République, Rodrigo Janot. Dans son rapport, ce dernier qualifie M. Cunha de « délinquant », jugeant qu’il a « dépassé toutes les limites acceptables » de l’Etat de droit. Le maintien du président de la Chambre basse à ses fonctions, écrit-il encore, « est une atteinte à l’honneur de l’institution qu’il dirige. Rien, absolument rien dans la Constitution ne peut justifier son maintien ».

« Mal » absolu

Il aura donc fallu plus de cinq mois pour que la Cour suprême agisse contre un homme que le magazine Veja, dans son édition du 27 avril, qualifiait, entre autres, de « mal » absolu. Les critiques rappellent qu’Eduardo Cunha a lancé la procédure d’impeachment (destitution) contre Dilma Rousseff… en décembre. « Cunha n’était sans doute pas la priorité à l’époque », souffle le politologue Marco Antonio Carvalho Teixeira.
Une demande déposée mardi par le parti écologiste Rede a sans doute poussé la justice à agir. Vendredi, la commission du Sénat doit se prononcer sur la recevabilité de la demande de destitution de la présidente, membre du Parti des travailleurs (PT, gauche), avant un vote en plénière, le 11 mai. En cas de vote favorable d’une majorité des sénateurs mercredi, Dilma Rousseff sera éloignée du pouvoir pendant cent quatre-vingts jours, remplacée par son vice-président, Michel Temer (PMDB). Le suivant dans la ligne de succession étant Eduardo Cunha. Inadmissible, selon le parti de l’écologiste Marina Silva.
La Cour suprême soigne aussi son image. Elle doit prochainement examiner les cas de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et de Dilma Rousseff, suspectés d’avoir fait obstruction à la justice dans l’affaire « Lava Jato ». Les juges pouvaient difficilement s’attaquer à l’un des mythes du PT en laissant de côté un homme politique indéfendable aux yeux de l’opinion publique. Selon un sondage Datafolha, 77 % des Brésiliens sont en faveur de la fin du mandat d’Eduardo Cunha.
A gauche, à droite, comme au centre de l’échiquier politique, du côté des pro comme des anti-impeachment, la décision de la Cour suprême a été applaudie. « Une bonne nouvelle pour le Brésil. La loi vaut pour tout le monde », s’est réjoui Duarte Nogueira, député du Parti social-démocrate brésilien (PSDB, opposition). « Brasilia, 5 mai 2016. Une chaise vide, la possibilité pour le Parlement de retrouver son honneur », a tweeté Luiza Erundina, députée du Parti socialisme et liberté (PSOL, gauche).
Membre du PT, Givaldo Vieira regrettait toutefois ces cinq mois d’attente : « Une humiliation pour les Brésiliens et les députés », a-t-il dit, tandis que la blogosphère se déchaînait autour du mot-clé « Tchau querido » (« ciao, chéri »), détournant le slogan « Tchau querida ! » (« ciao, chérie ») que les manifestants en faveur de l’impeachment avaient brandi à l’adresse de Dilma Rousseff.

Unanimement qualifié de bandit

Economiste entré en politique en 1989 travaillant pour le trésorier de la campagne du futur président Fernando Collor (poussé à la démission après un processus d’impeachment en 1992 à la suite d’un scandale de corruption), Eduardo Cunha, 57 ans, a laissé derrière chacune de ses fonctions des soupçons de malversations, à commencer par une affaire de surfacturations lors de sa présidence de la société de télécommunication de Rio de Janeiro Telerj (1991-1993).
C’est dans cette société qu’il croisera sa seconde épouse, la journaliste Claudia Cruz, soupçonnée d’avoir utilisé les sommes détournées par son mari pour s’offrir des cours de tennis à 59 700 dollars en Floride avec Nick Bollettieri, l’ex-entraîneur d’Andre Agassi. Joueur de batterie à ses moments perdus, fan de rock, Eduardo Cunha se découvre tardivement une foi évangélique « sur les conseils d’un allié politique », raconte le magazine Veja, se mettant à prier contre l’avortement et l’homosexualité.
Décrit comme un « cleptomane pathologique », Eduardo Cunha a, selon les analystes, le profil d’une crapule ordinaire de la politique brésilienne destinée à grenouiller dans le « bas clergé ». L’arrivée au pouvoir de Dilma Rousseff, en 2010, aurait paradoxalement permis son ascension. La présidente, qui a toujours répugné à parlementer et marchander avec les députés, a contribué à faire naître un groupe de frondeurs dont Eduardo Cunha aurait pris la tête. Sa ruse et sa connaissance parfaite des règlements de la Chambre basse lui permettront d’en prendre la présidence le 1er février 2015.
Sa disgrâce pourrait être une aubaine pour le clan de Dilma Rousseff. Le PT estime possible de contester la légitimité des décisions prises par un homme aujourd’hui unanimement qualifié de bandit. Y compris le lancement de l’impeachment. « Au regard de la Constitution, c’est peu probable », admet toutefois une source à Brasilia.
Aux portes du pouvoir, Michel Temer peut, lui, être soulagé d’être débarrassé d’un allié gênant. Mais, avant de mourir politiquement, Eduardo Cunha pourrait décider de ne pas tomber seul. Avec vingt ans d’expérience en manigances parlementaires et de financement de diverses campagnes, il aurait, dit-on, accumulé des dossiers sur une centaine de députés. « Il a une grande partie du PMDB entre ses mains », s’inquiète aussi une source proche du vice-président. A la manœuvre pour former son équipe gouvernementale qui pourrait prendre ses fonctions dès le 12 mai, Michel Temer peut se méfier du pouvoir de nuisance de M. Cunha.

 Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
Journaliste au Monde
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Vos réactions (8) Réagir
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Dominique Dallaire 08/05/2016 - 16h13
C'est bien Me la Présidente. Maintenant il faut s'occuper de tous les complices ! Encore !
 
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Richard NOWAK 06/05/2016 - 23h09
Pourrions-nous avoir des informations sur nos dirigeants européens y compris français. Pourquoi les panama papers n'en parlent - ils pas? Les membres des cabinets et du deuxième cercle sont concernés aussi.
 
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@YTour 06/05/2016 - 22h03
Temer inéligible, pourquoi pas. Mais sur quoi vous fondez-vous ?
 
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YTour 07/05/2016 - 16h58
http://g1.globo.com/sao-paulo/noticia/2016/05/temer-e-ficha-suja-e-fica-inelegivel-por-8-anos-diz-promotora-eleitoral.html
 
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Joachim Carreira 09/05/2016 - 05h59
Sans compter que la principale rédactrice (Janaina Pascoal) du Parecer soumis au vote du Sénat concernant l'impeachment de Dilma s'est aussi publiquement prononcée en faveur de celui de Temer... contre son gré. La fameuse avocate - payée 45 000 R$ par le PSDB pour réaliser cette tâche - s'est en effet faite piégée par un sénateur qui lui a demandé son avis sur un ensemble de décrets autorisant des crédits supplémentaires... alors que ceux-ci avaient été pris par le vice-président - et non Dilma.
 
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Précision 06/05/2016 - 14h34
Avant même d'examiner - sous peu - le recours du parti Rede Sustentabilidade plusieurs des juges du STF ont évoqué, dans leur argumentation individuelle, le danger potentiel de trouver un tel personnage sulfureux dans la "ligne successorale" de la présidence vacante.
 
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YTour 06/05/2016 - 17h29
Ils ont bien pris leur temps pour laisser Cunha organiser la destitution de Dilma Rousseff avant de se débarrasser de lui. On a le sentiment que l'oligarchie qui voulait écarter la présidente se sépare maintenant des protagonistes Cunha, Neves afin de laisser un pouvoir présentable. Le vice-président Temer est maintenant inéligible, le remplaçant de Cunha à la chambre inculpé. Seront-ils les prochains dans la charrette ?
 
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YTour 06/05/2016 - 17h29
Ils ont bien pris leur temps pour laisser Cunha organiser la destitution de Dilma Rousseff avant de se débarrasser de lui. On a le sentiment que l'oligarchie qui voulait écarter la présidente se sépare maintenant des protagonistes Cunha, Neves afin de laisser un pouvoir présentable. Le vice-président Temer est maintenant inéligible, le remplaçant de Cunha à la chambre inculpé. Seront-ils les prochains dans la charrette ?

 

 

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Brésil : comprendre la chute de Dilma Rousseff en 8 épisodes

LE MONDE | 11.05.2016 à 18h08 • Mis à jour le 12.05.2016 à 12h17
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Des manifestants appelant à la destitution de Dilma Rousseff, le 9 mai 2016 à Sao Paulo.

La procédure de destitution de la présidente brésilienne sera « longue et traumatisante », a prévenu le président du Sénat, Renan Calheiros. Sauf coup de théâtre de dernière minute, les sénateurs devraient se prononcer en faveur de l’ouverture officielle du procès en destitution de Dilma Rousseff, mercredi 11 mai. La dauphine de l’ancien président « Lula » serait alors remplacée à la tête de l’Etat par son vice-président, Michel Temer, le temps de la procédure. Avant d’être, peut-être, définitivement chassée du pouvoir.

Retour sur les grandes étapes qui ont conduit à la chute de la présidente du Brésil.
Les étapes de la destitution de Dilma Rousseff
Oct. 2010
Episode 1 :
Dilma Rousseff arrive au pouvoir
Première femme présidente de l’histoire brésilienne, dauphine de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, Dilma Rousseff arrive au pouvoir en 2010 avec la ferme intention de poursuivre le travail de « Lula » : réduire la pauvreté et de relancer l’économie de la puissance émergente brésilienne.
Pendant son premier mandat présidentiel, Dilma Rousseff consolide sa réputation d’incorruptible, en se séparant très vite des ministres soupçonnés d’indélicatesses. La candidate du Parti des travailleurs (PT) est réélue en 2014, dans un contexte économique et social difficile. Malgré une situation de quasi plein-emploi, la croissance du pays flanche, oscillant entre 0 et 1 % tandis que l’inflation commence à rogner directement le pouvoir d'achat de la classe moyenne.
Le Brésil est entré officiellement en récession mi-2014 et la cote de popularité de Dilma Rousseff a atteint des profondeurs records. Le produit intérieur brut (PIB) du pays a chuté de 3,8 % en 2015 et pourrait plonger d’autant en 2016, selon le Fonds monétaire international (FMI). Ce serait la première fois que le Brésil enregistre deux années consécutives de récession depuis les années 1930.
Mar. 2014
Episode 2 :
L’onde de choc du scandale Petrobras
C’est une affaire tentaculaire, aux proportions inédites. En mars 2014, l’enquête « Lava Jato » (« lavage express ») révèle un gigantesque scandale de corruption lié au groupe pétrolier public Petrobras.
De quoi s’agit-il ? Les géants du BTP brésilien auraient formé un cartel pour se partager des marchés publics de grands chantiers d’infrastructure et pour les surfacturer. En contrepartie, des pots-de-vin auraient été versés aux différents partis politiques, en particulier au sein de la coalition gouvernementale, au pouvoir depuis la prise de fonction du président Lula, en 2003. Les malversations et dessous de table auraient eu pour principal objectif de financer des campagnes électorales, sans exclure que certains dirigeants d’entreprise ou hommes politiques se soient servis au passage.
La présidente n’a pas été citée par le procureur général de la République parmi les personnalités suspectées. Elle n’aurait pas bénéficié directement de l’argent de ces pots-de-vin, mais ceux-ci auraient pu servir à financer ses campagnes présidentielles de 2010 et 2014. Une bonne partie de l’opinion estime toutefois qu’elle est « responsable » à défaut d’être « coupable ». Ministre de l’énergie – le ministère de tutelle de Petrobras – de 2003 à 2005 puis présidente du conseil d’administration du géant pétrolier, Dilma Rousseff peut difficilement plaider l’ignorance.
déc. 2015
Episode 3 :
Dilma Rousseff visée par une procédure d’« impeachment »
Le 2 décembre 2015, le président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), lance une procédure de destitution contre Dilma Rousseff, son ancienne alliée, devenue sa meilleure ennemie.
Cette procédure d’impeachment est réclamée par trois juristes. Ils reprochent à Dilma Rousseff d’avoir maquillé les comptes publics en 2014, un an avant sa réélection, en ayant recours à une mécanique dite de « dribble» ou de « pédalage budgétaire » : faire financer des dépenses budgétaires par des emprunts auprès d’établissements bancaires publics permettant d’en retarder le débit. La manipulation aurait été poursuivie en 2015, première année de son mandat.
Eduardo Cunha agirait avant tout par vengeance personnelle, le Parti des travailleurs lui ayant refusé son soutien alors qu’il est accusé de corruption et de blanchiment d’argent dans l’affaire Petrobras. A l’époque, divers experts estiment le fondement de la demande d’impeachment fragile. D’autres présidents y ont déjà eu recours, mais à plus petite échelle.
mar. 2016
Episode 4 :
La rue contre la présidente
Plus de trois millions de Brésiliens manifestent dans quelque 400 villes du pays, le 13 mars, pour réclamer le départ de la présidente. Une mobilisation historique. « Dilma dehors ! », crie-t-on dans les cortèges. L’exaspération des Brésiliens, qui ont déjà défilé à plusieurs reprises contre la chef de l’Etat, a été ravivée par les derniers développements dans l’affaire Petrobras, qui se rapproche maintenant de Lula. Suspecté d’avoir bénéficié de cadeaux de groupes de BTP, l’ancien président a vu son domicile perquisitionné, le 4 mars, avant d’être contraint à faire une déposition devant les policiers.
Le 16 mars, Dilma Rousseff appelle Lula à la rejoindre au gouvernement. Officiellement, l’ancien président du Brésil est censé l’aider à rétablir la situation économique du pays. Mais Dilma Rousseff est suspectée de lui offrir une protection judiciaire lui permettant d’échapper aux poursuites du juge fédéral Sergio Moro, chargé de l’enquête Petrobras.
Enragé, ce dernier diffuse, outrepassant les fonctions d’un juge, un enregistrement d’une conversation téléphonique entre les deux protagonistes, qui accentue les soupçons : on y entend Mme Roussef conseiller à Lula de n’utiliser le décret de nomination au gouvernement qu’en cas « d’absolue nécessité ». Comprendre : s’il est cerné par la justice et n’a plus aucune échappatoire. Cette révélation provoque l’explosion de nouvelles manifestations d’indignation le 16 mars au soir.
29 mar. 2016
Episode 5 :
Dilma Rousseff perd son principal allié
Le 29 mars, la présidente brésilienne perd son principal allié au sein de la coalition gouvernementale. En trois minutes à peine, les députés du PMDB ont décidé de quitter le gouvernement, espérant préserver l’image de leur formation en se désolidarisant du pouvoir. Un départ qui signifie aussi un appui à la procédure de destitution lancée contre Dilma Rousseff.
mar.-avr. 2016
Episode 6 :
« Crime de responsabilité » contre « coup d’Etat »
Une commission parlementaire a été mandatée pour examiner la « pertinence » de la procédure de destitution : celle-ci doit évaluer si la présidente s’est rendue coupable, ou non, d’un « crime de responsabilité », et rendre son avis le 14 avril. Dilma Rousseff est accusée d’avoir eu recours à un « pédalage budgétaire », et les députés sont influencés par les derniers événements laissant croire qu’elle aurait fait obstruction à la justice en nommant au gouvernement son mentor, l’ancien président Lula, soupçonné lui aussi de corruption. Accusations contestées par la présidente.
Lula et les défenseurs du PT en appellent à la sauvegarde de la jeune démocratie brésilienne contre un impeachment aux allures de « coup d’Etat ». Ils dénoncent des prétextes fallacieux utilisés par les ennemis du parti pour éloigner Mme Rousseff du pouvoir, au mépris du droit constitutionnel.
Alors, « crime de responsabilité » de la présidente ou « coup d’Etat » ? Le motif de l’impeachment, fondé sur les « pédalages budgétaires » – une astuce à laquelle ont eu recours tous les présidents – n’est sans doute qu’un prétexte. Dilma Rousseff n’a fait l’objet d’aucune investigation témoignant d’un enrichissement personnel, à la différence d’Eduardo Cunha, qui sera d’ailleurs démis de ses fonctions par la cour suprême, le 5 mai, pour entrave aux enquêtes anticorruption. La grande majorité des députés qui l’ont sanctionnée sont, eux aussi, soupçonnés, voire accusés, de charges bien plus lourdes.
Dilma Rousseff paie aussi pour ses erreurs diplomatiques, économiques et politiques, qui ont contribué à faire d’elle la chef d’Etat la plus impopulaire de l’histoire de la jeune démocratie brésilienne. Arrivée après un Lula qui a sorti de la misère des dizaines de millions de Brésiliens, confrontée à une sévère crise économique qu’elle n’a pas su juguler, coupée d’un Congrès avec lequel elle n’a pas su dialoguer, elle a déçu, notamment, les attentes des classes moyennes.
17 avr. 2016
Episode 7 :
Les députés votent la destitution
Le 17 avril, après l’avis favorable de la commission d’enquête, 367 élus de la chambre basse approuvent, en séance plénière, la recevabilité de la procédure de destitution. Un score bien supérieur aux deux tiers requis (342).
Pour les députés, voter en faveur de l’impeachment répond avant tout à une logique politique. Ils savent la rue exaspérée par les affaires de corruption et par la gestion de la crise ; ils savent aussi que les milieux d’affaires voient dans cette destitution le seul moyen de redresser une situation économique désastreuse. Soutenir Dilma Rousseff, épauler le PT à quelques mois des élections municipales d’octobre, aurait été pour eux un mauvais calcul électoral.
11 mai 2016
Episode 8 :
Cent quatre-vingts jours loin du pouvoir
Après un dernier coup de théâtre en début de semaine – le nouveau président de la chambre des députés, Waldir Maranhao, qui vient de remplacer M. Cunha, a décidé d’annuler lundi 9 mai le vote des députés du 17 avril, avant d’être démenti par le président du Sénat, puis de revenir lui-même sur sa décision –, le Sénat devrait voter à la majorité simple, le 11 mai, l’ouverture formelle d’un procès en destitution de Dilma Rousseff. Une décision qui éloignera automatiquement la présidente du pouvoir durant la durée de la procédure, soit cent quatre-vingts jours.
En cas de vote positif, la présidente serait remplacée à la tête de l’Etat par Michel Temer, son vice-président, ancien chef du PMDB, qu’elle accuse de traîtrise et qui est, lui aussi, cité dans l’affaire Petrobras.
Il restera ensuite une étape, plus incertaine : le vote final d’une majorité des deux tiers du Sénat visant à chasser définitivement Dilma Rousseff de Brasilia, probablement en octobre. Mais aussi une question, celle de l’après. La destitution de la présidente peut-elle suffire à contenter une opinion brésilienne atterrée par ses élites, alors que le scandale Petrobras n’épargne quasiment aucun parti ?
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Le Sénat a suspendu la présidente Dilma Rousseff
  • Brésil : l’avenir de Dilma Rousseff...
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Brésil : l’avenir de Dilma Rousseff suspendu au vote du Sénat
  • Brésil: « ambiance lourde » et «...
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Brésil: « ambiance lourde » et « désenchantement » après la suspension de Dilma Rousseff
  • Les Brésiliens fêtent la mise à l'écart de...
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Les Brésiliens fêtent la mise à l'écart de Dilma Rousseff
  • BRÉSIL - Destitution de Dilma Rousseff -...
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BRÉSIL - Destitution de Dilma Rousseff - La présidente appelle à se mobiliser contre "le coup d'État"
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Juliette Robichez 13/05/2016 - 14h45
Rodolphe Trindade: vous vivez où ? Dans le monde d'Alice au pays des merveilles apparemment. Je pensais que la vision idyllique et totalement fausse de Stefan Zweig d'un Brésil où règne la mixité sociale avait été dépassée. Je suis professeure universitaire dans une ville composée de 80% d'afro-descendants et mes collègues sont à 90% blancs, bien blancs. Vive la mixité ! Et notre nouveau gouverment ? Un modèle de représentation de la société également, M. Trindade ?
 
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YTour 11/05/2016 - 20h29
On peut penser qu'il y a eu une préparation minutieuse et des accidents marginaux. E. Cunha comme le jeune leader ultralibéral Kim Kataguiri ne cachent pas leurs liens avec des financiers américains. Les wikileaks ont révélé que depuis 2009, le juge Moro collabore avec l'ambassade des USA à RIO. Les média ont joué un rôle capital en soutenant à l'extrême ce mouvement principalement blanc dans un pays à majorité noire.
 
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Rodolphe Trindade 11/05/2016 - 22h53
Le chemin facile du discours misérabiliste d'une gauche dépasser, discours chaviste du grand complot international contre le Brésil, le temp de la guerre froid est passer, la CIA a d'autre chats a fouetter. Vous connaissez mal le Brésil il n'y a pas de majorité noire ni blanche, le Brésil est le pays du métissage et de la mixité raciale. Le discours facile quand on a plus quoi dire de nous contre eux, des noires contre les blanc et des pauvres contre les riches. Lula est riche et blanc!
 
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Tellement crédible 11/05/2016 - 22h56
L'ambassade des USA au Brésil est à ....Brasilia et non à Rio de Janeiro. Le reste doit être à l'avenant !
 
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Joachim 12/05/2016 - 00h42
@Rodolphe Trindade. Si vous pensez qu'il n'y a "pas de majorité noire ni blanche" et que "le Brésil est le pays du métissage et de la mixité raciale", c'est TRES PROBABLEMENT que... vous êtes blanc. Discours libéral qui se complait dans son fantasme d'une égalité de tous à la naissance au mépris de la sociologie la plus élémentaire. Le Brésil n'a fait un travail de mémoire ni au sujet de son passé esclavagiste ni au sujet du coup d'Etat militaire de 1964. Vos propos s'en ressentent.
 
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YTour 12/05/2016 - 10h07
@ Tellement crédible : les conférences se faisaient à Rio. https://www.wikileaks.org/plusd/cables/09BRASILIA1282_a.html
 
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YTour 12/05/2016 - 15h01
@ Rodolphe Trinidade : Allez voir le film d'Anna Muylaert, "Une seconde mère" (Que Horas Ela Volta?). Je crois bien qu'elle ne partage pas vos certitudes, bien qu'elle connaisse le Brésil. C'est aussi le cas de la plupart des artistes, de la majorité des universitaires, de la quasi-totalité des recteurs d'université, et d'une grande partie de la population, et pas seulement des minorités. Voir l'accueil de Cunha et de Bolsonario quand ils se déplacent.
 
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YTour 14/05/2016 - 10h36
@ Rodolphe Trinidade : les accusations viennent des USA, et pas de n'importe qui : Paul Craig Roberts a travaillé dans quatre des meilleures universités et sous la responsabilité de deux prix Nobel d'économie. http://www.foreignpolicyjournal.com/2016/04/23/washington-launches-its-attack-against-brics/

 

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Brésil : Michel Temer, un intérim à risque en attendant la destitution de Dilma Rousseff

LE MONDE | 12.05.2016 à 11h54 • Mis à jour le 12.05.2016 à 15h10 | Par Claire Gatinois (Brasilia, envoyée spéciale)
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Dilma Rousseff et Michel Temer en mars 2016 au palais du Planalto.

Son entourage le dit prêt « au sacrifice ». Michel Temer, vice-président de Dilma Rousseff, devait s’installer, dès jeudi 12 mai, au palais du Planalto, à Brasilia, à la place de son ex-alliée, pour redresser un pays en déroute. Ainsi en ont décidé les sénateurs, qui, dans la nuit de mercredi à jeudi, ont approuvé la procédure d’impeachment (« destitution ») de la présidente, suspendue pendant 180 jours, le temps de son procès. L’homme, pur produit du système politique brésilien, fin connaisseur des intrigues parlementaires, décrit par l’entourage de la présidente brésilienne comme un « comploteur », un « traître » et un « éjaculateur précoce » qui se croyait sur le trône depuis des mois déjà, s’apprête à atteindre la plus haute marche du pouvoir.

·         Un quasi inconnu à la tête d’un pays en crise

Sa fonction n’est à ce stade que celle d’un président par intérim. Il lui faudra attendre encore six mois, peut-être moins, et le vote final du Sénat, pour espérer devenir officiellement président du Brésil. Mais son sacre est déjà dans les esprits d’une grande partie des observateurs, persuadés que ni Dilma Rousseff ni le Parti des travailleurs (PT, gauche) ne parviendront à retourner la tendance. Président du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), Michel Temer ne dépassait pas jusqu’ici 3 % des intentions de vote.
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C’est cet inconnu du grand public, fils d’immigrés libanais aux manières délicates, qui incarne l’espoir d’une sortie de crise. Michel Temer sait qu’il hérite d’une situation dramatique. Le pays traverse une récession historique (– 3,8 % en 2015), le chômage est au plus haut (10,2 % au premier trimestre), l’inflation (plus de 9 %) mine le pouvoir d’achat, les épidémies de Zika et de grippe H1N1 font des ravages et la rue est en colère contre un monde politique gangrené par la corruption.

·         Des décisions difficiles à prendre

Ses défis sont immenses, mais « Michel Temer a un atout. Il bénéficie d’un “vote de confiance’’ de la part des marchés financiers », observe André Nassif, professeur d’économie à l’université fédérale Fluminense. En témoignent l’envolée de la Bourse et de la monnaie à l’approche de l’impeachment et leur plongeon quand cette perspective s’éloignait.
L’ancien président de la Chambre des députés dispose d’une autre carte maîtresse : sa connaissance approfondie du Congrès, de ses protagonistes et de ses coulisses. Une expertise qui manquait cruellement à Dilma Rousseff, cruciale pour faire accepter des mesures impopulaires.
Le futur président doit faire le « sale boulot » : réduire la dette publique et le déficit budgétaire. « Michel Temer veut restaurer la crédibilité du pays. Il y aura des coupes, une réduction des ministères et des dépenses, une baisse des investissements publics. Le pays vit à un moment où il doit faire des sacrifices. Michel Temer ne sera pas populaire à court terme, mais plus tard, l’Histoire se souviendra », explique son entourage.
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Michel Temer, 75 ans, prend l’interim de Dilma Rousseff.

·         Virage libéral et sacrifices annoncés

Celui qui fut deux fois coéquipier de la candidate du Parti des travailleurs (PT, gauche) entend opérer un virage libéral pour faire du Brésil, réputé pour son protectionnisme et sa bureaucratie, un territoire business friendly bienveillant avec les entrepreneurs et les investisseurs. Pour renflouer les caisses de l’Etat, il est question de privatisations et de concessions, d’une réforme des retraites, d’une simplification du système fiscal et d’une réduction drastique d’une mesure sociale emblématique du PT, la Bolsa Familia (« bourse famille ») versée aux plus miséreux.
Son équipe n’est pas encore tout à fait prête, mais le nom d’Henrique Meirelles, ancien banquier central lors des deux mandats de Lula, comme ministre de l’économie, est avancé par certains. Un choix consensuel.

·         Une prise de fonction dans un climat de défiance

Le reste sera plus délicat. M. Temer est tenu de distribuer des ministères à ceux qui ont contribué à son ascension, parfois au mépris de leurs compétences. Il affronte aussi les premières résistances sur la baisse du nombre de ministères et a pris envers le patronat de Sao Paulo l’engagement de ne pas augmenter les impôts, une promesse qui semble difficilement tenable. « A court terme, Michel Temer peut s’en sortir. Il peut stabiliser les choses. Mais, à long terme, il n’a pas de projet. Pas de plan pour réindustrialiser le Brésil et le défaire de sa dépendance aux matières premières », commente M. Nassif.
Michel Temer est-il l’homme de la situation ? Sera-t-il capable de réconcilier une société qui s’est déchirée lors du lancement de la procédure de destitution ? A 75 ans, trois fois président de la Chambre des députés, le futur chef de l’Etat appartient à un monde politique dont une grande partie des Brésiliens ne veut plus. Un monde où règnent l’entre-soi et les arrangements avec la loi. Le vice-président est lui-même susceptible de faire l’objet d’une demande d’impeachment, accusé d’une partie des torts reprochés à Dilma Rousseff. Il est aussi cité dans l’enquête Lava Jato (« lavage express ») qui a mis au jour un tentaculaire réseau de corruption mêlant le groupe public Petrobras, des entreprises du BTP et des dirigeants politiques.
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Jean 13/05/2016 - 08h02
Maintenant que les maîtres du pays ont repris le pouvoir, ils ne le lâcheront plus. L'information est blindée : les chaînes ne montrent pas la répression mais le discours de Temer. Celui-ci promet la continuité des plans sociaux - on peut y croire comme à la promesse "pauvreté 0" de son voisin Macri.
 
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Inconnu ? 12/05/2016 - 18h17
M. Temer a été élu 3 fois député fédéral. Ecrire comme YTour qu'"il n'a jamais connu de succès électoral" paraît peu exagéré, non ? C'est une chose, et même un droit, de ne pas apprécier le personnage (c'est même mon cas) mais à trop forcer les choses on risque de se perdre soi-même et de manquer de crédibilité.
 
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YTour 12/05/2016 - 23h34
J'étais partiellement en erreur : en 1986 et 1990, il n'a été que suppléant, mais il a réussi à être élu à la constituante de 1986.
 
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Illégitime 12/05/2016 - 18h15
Les personnes qui voient clair dans la scandaleuse destitution de Dilma Roussef - et elles sont très nombreuses au Brésil, en dépit du peu d'espace qu'on leur accorde dans les médias si ce n'est pour les dénigrer - n'accepteront JAMAIS la légitimité de Michel Temer.
 
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Un illustre inconnu ? 12/05/2016 - 15h45
Je n'ai aucune sympathie particulière pour M. Temer mais dire qu'il n'a que 3% des intentions de vote, c'est oublier qu'il a été élu avec Dilma Rousseff par une majorité d'électeurs; et laisser croire qu'il serait un quasi inconnu des Brésiliens c'est oublier qu'il a été plusieurs fois secrétaire d'Etat de l'Etat de São Paulo (le plus puissant et le plus peuplé), qu'il a été ministre à Brasilia et, comme le rappelle (enfin !) l'article plusieurs fois président de la Chambre des députés.
 
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YTour 12/05/2016 - 16h27
Temer n'a jamais eu de succès devant des électeurs, il a été nommé par un jeu d'appareils permis par la constitution brésilienne.
 
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Super_Alpaka 12/05/2016 - 15h34
Le Brésil en gros titre lors du passage en force de la loi travail... C'est vrai que la presse française n'est pas la plus libre du monde occidentale mais quand même...
 
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francais moyen 12/05/2016 - 17h23
Bien vu, Super_Alpaka, c'est un complot de Vals et Hollande .. les senateurs Bresiliens (sous pression du gouvernement francais) ont voté la destitution de Dilma Roussef le jour du vote de la loi travail en France pour detourner l'attention... Excellent!
 
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etienne 12/05/2016 - 17h29
Personnellement, j aurais aimé que la Loi Travail passe sous sa 1e mouture. Qu il y ait moins de grévistes (qui couleront notre pays). Et qu on nous parle plus du Brésil, qui, lui, coule réellement ! Mais un journal dénommé Le Monde n aurait selon vous pas le droit de parler et du Brésil et de la Loi Travail dans une même édition, sans que cela relève du complot ?!

 

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Au Brésil, le gouvernement par intérim rattrapé par le scandale de corruption Petrobras

Le Monde | 24.05.2016 à 12h05 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
Le président par intérim, Michel Temer (à droite) avec son ministre de la planification, Romero Juca, à Brasilia, lundi 23 mai 2016.
Après moins de quinze jours d’existence, le nouveau gouvernement brésilien est à son tour pris dans la tourmente du scandale de corruption Petrobras. Lundi 23 mai, Romero Juca, ministre de la planification et proche du président intérimaire, Michel Temer, est venu allonger la liste des personnalités politiques brésiliennes sans scrupule, semant le malaise au sein de l’équipe au pouvoir depuis le 12 mai et l’ouverture d’une procédure d’impeachment (destitution) lancée contre la présidente de gauche, Dilma Rousseff.
Dans une écoute téléphonique datée du mois de mars, rendue publique lundi par le quotidien Folha de Sao Paulo, M. Juca, cadre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre droit), explique sans ambiguïté à son interlocuteur qu’il est nécessaire d’effectuer un « changement » de gouvernement pour « endiguer l’hémorragie » provoquée par l’enquête « Lava Jato » (« lavage express »), cette opération qui a mis au jour le scandale de corruption triangulaire orchestré entre le groupe public Petrobras, les sociétés du BTP et des dirigeants politiques de tout bord. L’homme converse avec Sergio Machado, ex-président de Transpetro,...

 

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Proche de Dilma Rousseff, le patron de Petrobras quitte la tête du groupe pétrolier

LE MONDE ECONOMIE | 31.05.2016 à 10h52 • Mis à jour le 31.05.2016 à 15h42 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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Aldemir Bendine aura siégé moins de dix-huit mois à la tête de Petrobras.
Aldemir Bendine, directeur général de Petrobras, a présenté sa démission, lundi 30 mai, d’un simple e-mail, affirme le quotidien brésilien O Globo. Un message bref, sans rancœur mais mâtiné de dépit, adressé en début d’après-midi aux membres du conseil d’administration du groupe public pétrolier Petrobras, au cœur d’un tentaculaire scandale de corruption.
Certain d’avoir remis l’entreprise sur la bonne voie, celle qui lui permettra de « tourner la page de la plus grande crise » du monde des affaires au Brésil, pour redevenir « la fierté de tous les Brésiliens », M. Bendine dit renoncer à ses fonctions de président pour ne pas nuire au groupe et permettre que soit mené sans encombre le changement de direction proposé par l’actionnaire principal, l’Etat.
Le 19 mai, Michel Temer, le président intérimaire du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), avait annoncé la nomination de l’ingénieur Pedro Parente, à la tête de l’entreprise. Ne manquait que l’aval, lundi, du conseil d’administration pour rendre effective cette transition.
image: http://s1.lemde.fr/image/2016/05/31/534x0/4929501_6_3f7c_le-president-bresilien-michel-temer-a_631814141a81596c72de4972890a0cc5.jpg
Le président brésilien Michel Temer, à gauche avec Pedro Parente,le nouveau patron de petrobras, à Brasilia en mai.

Réputation de bureaucrate

M. Bendine, proche de la présidente Dilma Rousseff du Parti des travailleurs (PT, gauche), éloignée du pouvoir à la suite de l’ouverture d’une procédure d’impeachment (destitution), aura siégé moins d’un an et demi à la tête de Petrobras. Ancien président de la banque Banco do Brasil à la réputation de bureaucrate, « dans le mauvais sens du terme », glisse une source à Brasilia, le quinquagénaire a dû gérer la « tempête parfaite » qui s’est abattue sur la société. Une conjonction de malédictions et de malversations qui ont fait passer la major pétrolière du statut d’orgueil à celui de honte nationale.
Au plongeon des prix du pétrole et à la chute de la monnaie (le real) s’est ajoutée une affaire de corruption mise au jour en 2014 par l’enquête « Lava Jato » (« lavage express ») : un système permettant aux groupes de BTP de se partager les appels d’offres de Petrobras, moyennant surfacturations et arrosages de cadres du groupe et de dirigeants politiques. Selon la police fédérale, les détournements pourraient atteindre 42 milliards de reais (10,5 milliards d’euros).
En février 2015, M. Bendine a pris la tête d’une entreprise démolie par ce scandale. Prenant la suite de la « Dame de fer du pétrole », Graça Foster, qui avait eu la charge d’un programme d’investissement supérieur au budget consacré par la NASA dans les années 1960 pour envoyer un homme sur la Lune, il eut à imposer économies, licenciements et baisse des investissements.
Une tâche que le président par intérim, M. Temer, a saluée, affirmant que M. Bendine avait accompli quelques « succès » dans l’amorce du redressement de Petrobras.

Dilma Roussef, ennemie jurée

Mais le nouveau président ne pouvait maintenir à la tête de l’entreprise phare de l’économie brésilienne un proche de Mme Rousseff, devenue son ennemie jurée. Arrivé au pouvoir en suscitant l’espoir de redresser, ou pour le moins de stabiliser, une économie brésilienne à la dérive, M. Temer devait aussi choisir un dirigeant mieux apprécié des marchés.
M. Parente a acquis une réputation de dégourdi talentueux, sorte de MacGyver des affaires.
M. Parente, jusqu’ici président de la Bourse de Sao Paulo, « est un nom excellent. Adéquat pour restaurer la crédibilité de l’entreprise », acquiesce André Nassif, professeur d’économie à l’université fédérale Fluminense, à Rio de Janeiro. L’homme a acquis une réputation de dégourdi talentueux, sorte de MacGyver des affaires, après son passage dans le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre gauche) où il sut gérer avec doigté la « crise do apagao » de 2001, une grave crise d’approvisionnement électrique. Son retour dans la sphère privée lui permet aujourd’hui de ne pas être étiqueté comme un politique. Un soulagement.
En pleine décrédibilisation des élites au pouvoir, son arrivée, soumise à la condition d’être en mesure de désigner ses équipes « sans recommandation politique », fut perçue positivement Sous sa direction, le paquebot Petrobras, surendetté, poursuivra sa cure : le 12 mai, la compagnie a dévoilé une perte de 318 millions de dollars (285 millions d’euros) pour le premier trimestre 2016, contre un bénéfice de 1,862 milliard un an plus tôt.
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Juan 31/05/2016 - 22h49
Le fond de cette affaire : privatiser Petrobras et le pétrole brésilien...
 
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YTour 31/05/2016 - 12h23
Titre d'un article précédent : "...le gouvernement par intérim rattrapé par le scandale de corruption...". Il est maintenant avéré que la destitution avait pour but de protéger des parlementaires des poursuites, le gouvernement n'a pas été "rattrapé", il est parti de là. La vente de Petrobras était programmée par les américains : http://pensabrasil.com/bilionarios-americanos-com-objetivo-de-roubar-a-petrobras-estao-por-tras-dos-protestos/
 
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YTour 31/05/2016 - 12h13
Curieux titre : pourquoi un "proche de Dilma quitte le groupe" et non "Temer nomme un proche à Petrobras pour vendre les réserves du PreSal, ce qui déclenche une grève" ? Voir la promesse de concessions à Chevron http://oilprice.com/Energy/Energy-General/Brazils-New-Foreign-Minister-Suspected-Of-Dubious-Dealings-With-Chevron.html et http://www.brasil247.com/pt/247/economia/235201/Petroleiros-anunciam-greve-contra-Temer-e-abertura-do-pr%C3%A9-sal.htm
 
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Bigodinho 03/06/2016 - 22h31
"Curieux titre" ? Non ! Seulement un article honteux de plus à mettre au palmarès de Claire Gatinois, golpista qui feint de s'ignorer. J'ai de plus en plus la nausée du Monde.
 

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L’implosion du système brésilien

LE MONDE | 07.06.2016 à 11h12 • Mis à jour le 30.06.2016 à 16h43 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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L’immeuble accueillant les bureaux de Michel Temerle, président intérimaire du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), est occupé par des militants du parti de Dilma Roussef. Le mercredi 1er juin à Sao Paulo (Brésil).

La terre tremble au Brésil. Après avoir éloigné temporairement du pouvoir la présidente, Dilma Rousseff, à la suite de l’ouverture, le 12 mai, d’une procédure d’impeachment (destitution) pour manipulation comptable, une partie de la société espérait un répit salutaire pour le pays englué dans une récession historique. Il n’en est rien. Le gouvernement du président par intérim, Michel Temer, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), affronte une société toujours en ­colère. La gouvernabilité reste fragile. Et, surtout, le discrédit continue de frapper une élite politique ­engloutie dans l’opération « Lava Jato » (« lavage ­express »), cette enquête sur le scandale de corruption lié au groupe public Petrobras.

En moins de trois semaines, l’ancien coéquipier de Mme Rousseff, qui prétendait former un gouvernement de « salut national », a dû se séparer de deux ­ministres. Romero Juca, l’un de ses proches en charge de la planification, tombé le 23 mai après la divulgation d’écoutes compromettantes où on l’entend ma­nœuvrer pour démettre Mme Rousseff, espérant échapper aux poursuites de Lava Jato. Puis Fabiano Silveira, ministre de la transparence, qui a démissionné le 31 mai après avoir été confondu tentant de perturber l’enquête. Lundi 6 juin, la Folha de Sao Paulo révélait que le ministre du Tourisme, Henrique Eduardo Alves, était à son tour visé par Lava Jato. « Le système est en train de pourrir sur place », commente Laurent Vidal, historien du Brésil et des Amériques, professeur à l’université de La Rochelle.

Prouesse acrobatique

La corruption n’est pas inhérente au Parti des travailleurs (PT, gauche). Tout le système est gangrené. Les charges s’accumulent contre l’ancien président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha (PMDB), les soupçons se multiplient contre le président du Sénat, Renan Calheiros (PMDB), les doutes grandissent vis-à-vis du candidat de l’opposition à la présidentielle de 2014, Aecio Neves, du Parti social-démocrate brésilien (PSDB). Plus d’un tiers des parlementaires font l’objet de poursuites ou d’investigations judiciaires, selon le site Congresso em Foco. La probité de la Cour suprême elle-même est questionnée.
L’image est désastreuse. M. Temer, apôtre de la présomption d’innocence, a nommé une dizaine de ministres cités dans l’enquête Lava Jato. « Il a créé un gouvernement avec des pratiques à l’ancienne. Mais la société brésilienne a évolué. Certains comportements ne passent plus », observe Bruno Brandao, de Transparency International au Brésil.
A Brasilia, le nouveau président rêve d’une embellie qui gonflerait sa popularité. « Il n’est pas à l’aise, mais tranquille », assure son entourage. Tranquille ? Les dirigeants d’Odebrecht (Marcelo Odebrecht, condamné à plus de 19 ans de prison) et OAS (Leo Pinheiro, condamné à 16 ans), deux groupes du BTP impliqués dans le scandale Petrobras, ont accepté de collaborer avec la justice pour obtenir des réductions de peine. Leurs aveux inquiètent. « Odebrecht peut faire sauter le pays », indique une source à Brasilia.
« Il faut une purge. Changer les personnes, mais aussi les pratiques » Carlos Melo politologue
A ce jour, cette opération contre la ­corruption a infligé des peines cumulées de 1 133 années de prison, mettant à mal le sentiment d’impunité qui régnait chez les cols blancs. La paranoïa hante les coulisses du pouvoir. Et c’est le front en sueur que Sergio Machado, ancien directeur de Transpetro, filiale de Petrobras, se sachant menacé par l’enquête, a enregistré ses conversations avec MM. Juca et Silveira. Les retranscriptions de ses entretiens ont donné une allure théâtrale à la procédure d’impeachment. Mme Rousseff, hier considérée comme politiquement morte, voit grandir les chances de retrouver son ­mandat à la suite du procès que lui feront les ­sénateurs. Mais son retour n’apparaît pas comme une issue. « Il faut une purge, estime le politologue Carlos Melo, professeur à l’institut d’études supérieures Insper, à Sao Paulo. Changer les personnes, mais aussi les pratiques. »

L’urgence d’une réforme politique

La crise au Brésil n’est plus seulement politique et morale, elle est aussi institutionnelle. Exercer le pouvoir relève de la prouesse acrobatique : « Trente-cinq partis sont recensés par le Tribunal supérieur électoral, 27 sont représentés à la Chambre des députés et 17 au Sénat », énumère Roberto Dias, professeur de droit constitutionnel à la Fondation Getulio-Vargas, à Sao Paulo. Comment construire une majorité à partir d’un tel puzzle ? Les affinités idéologiques ou les accords programmatiques n’ont jamais été le critère privilégié. Depuis vingt ans, les chefs d’Etat ont préféré « monnayer » avec le Congrès des arrangements, voire plus explicitement de l’argent, pour faire passer leurs lois. En témoignent les affaires de « Mensalao », l’achat de voix sous le gouvernement Lula (PT) et sous la ­présidence de son prédécesseur, Fernando Henrique Cardoso (PSDB).
Le financement des campagnes, ainsi que le mode de scrutin qui surreprésente les Etats peu peuplés, doit être révisé, pense M. Vidal. Norman Gall, directeur de l’Institut Fernand-Braudel, à Sao Paulo, s’étonne, lui, de la persistance du statut de « foro privilegiado ». Une disposition qui permet aux ministres et parlementaires de n’être justiciables que devant la Cour suprême, débordée. « Une énorme protection », qui encourage les baronnies, souligne M. Gall.
Une réforme politique devient chaque jour plus ­urgente. Mais est-elle faisable ? Par qui ? En 2006, la Cour suprême avait révoqué une loi visant à limiter l’entrée au Congrès de petits partis redoutant le « despotisme de la majorité », raconte M. Dias. Et le Congrès actuel, décrédibilisé, ne peut endosser la tâche. « Le système doit imploser. Mais il ne pourra se reconstruire qu’avec les survivants [de Lava Jato] », estime Fernando ­Gabeira, écrivain et ancien député du Parti vert. Reste à savoir qui survivra à ce tsunami.

 Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
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EDSON DE RESENDE 08/06/2016 - 20h31
Il y a plus que des doutes, il y a de nombreuses preuves de la corruption de Aécio Neves, le candidat malheureux de l’opposition à la présidentielle de 2014. Le problème est que à chaque fois que son nom surgissait dans les dénonciations il était vite écarté par la Police fédéral et par les juges. Dernièrement, Gilmar Mendes, ministre du STF, plus connu par ses accointances avec les putschistes, a réfusé de recevoir deux dénonciations contre M.Neves sans même prendre le temps de les lire !
 
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EDSON DE RESENDE 08/06/2016 - 20h08
Je me permets de conseiller à l'auteur du texte ci-dessus de lire l'Editorial 'Maiores riscos" (Dangers majeurs), écrit par Silvio Caccia Bava, son collègue Directeur du Monde diplomatique - Brésil (nº 106), pour se convaincre que la Presidente Dilma Rousseff a été victime d'un coup d'Etat et non pas "d’une procédure d’impeachment (destitution) pour manipulation comptable", comme elle insiste à répéter.
 
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YTour 08/06/2016 - 22h33
Je crois la journaliste bien informée et compétente, mais soit de mauvaise foi, soit empêchée d'écrire ce qui est. Je connaissais le parti-pris atlantiste du journal, mais il a dépassé les bornes lors de cette crise. Sa crédibilité en est affectée, et pas seulement en France.
 
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YTour 07/06/2016 - 18h40
"La corruption n’est pas inhérente au Parti des travailleurs." (J'imagine "exclusive"). Est-ce un euphémisme, une litote ou de l'humour ? La corruption séculaire étendue de la distribution électrique aux repas scolaires sans besoin du PT, qui est peut-être le moins corrompu (?). Le Procureur Général de la République (pas à gauche) vient de demander l'incarcération des présidents des deux chambres et domiciliaire pour un ancien président, ceux qui ont fait tomber Dilma Rousseff.
 
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De plus 07/06/2016 - 14h58
Dans le même temps où cet article est publié le procureur général de la République a demandé la prison préventive de R. Calheiros pdt du Sénat, de J. Sarney, ex-président du Brésil et de Juca, ex-ministre de Temer. Jusqu'au fils cadet de Lula, dit Lulinha, poursuivi pour corruption (lobbying et énormes rétrocommissions lors de l'achat des avions de chasse suédois alors que les avions français voire américains étaient favoris). La corruption a gangrené le pays et nul dirigeant échappe à ce fléau.
 
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Marc Colomb 07/06/2016 - 14h38
Il faut être clair.. la France est dans la même situation Besoin de réformes, y compris de la constitution, et de nettoyage de la législation Besoin de remplacer les partis politiques traditionnels et de renouveler 90% de la classe politique qui depuis bien trop longtemps se partage pouvoir, privilèges et argent.
 
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luce prima 07/06/2016 - 23h03
Oui. Mais l'histoire du Brésil ne commence qu'en 1500 et l'esclavage, très direct , n'a, en principe, disparu que récemment. La domination est clairement compréhensible par chacun, et est plus facile à contrer. En France il y a une bien plus ancienne pratique de la corruption et la situation apparaît d'autant plus désespérée que nous sommes, comme l'Europe du Sud, dépendants des volontés des hyper-puissances anglo-saxonnes.

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Des milliers de manifestants contre les Jeux olympiques à Rio de Janeiro

Le Monde.fr avec AFP | 07.07.2016 à 05h42 • Mis à jour le 07.07.2016 à 10h28
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Manifestation contre les Jeux olympiques à Rio de Janeiro, le 6 juillet.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, mercredi 6 juillet à Rio de Janeiro, pour appeler au « boycott » des Jeux olympiques qui se dérouleront du 5 au 21 août et demander plus d’investissements dans les services publics.

Les manifestants sont principalement des professeurs en grève depuis trois mois. Ces derniers ont bloqué une grande avenue du centre-ville pour exiger le paiement des arriérés de salaire par le gouvernement, au bord de la faillite, qui a reçu récemment une aide fédérale de 870 millions de dollars.

« On est dans la rue pour se battre pour nos droits »

« Ce gouvernement dit qu’il n’a pas d’argent pour la santé, pour l’éducation, mais il a l’argent pour les JO. C’est absurde ! C’est pour ça que nous, les fonctionnaires, nous sommes dans la rue, pour nous battre pour nos droits », a déclaré Edson Cunha, un professeur de 41 ans.
Des anarchistes ont aussi manifesté, portant des autocollants et des pancartes appelant au « boycott » des Jeux olympiques. Les critiques visaient également le gouvernement régional et le président par intérim Michel Temer.
En juin 2013, en pleine Coupe des confédérations, le Brésil a été secoué par des manifestations massives pour réclamer l’amélioration des services publics et critiquer l’argent investi dans la Coupe du monde en juin et juillet 2014. Le mouvement avait débuté par une protestation étudiante contre la hausse du prix des transports publics.
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😡😡😡😡😡🇫🇷🐷🐷🐷🐷 il y a 5 semaines
Réaction encore censurée ou fête de fin de Ramadan ...excessive , il faut s'attendre à tout avec vous 😡😡😡😡😡😡😡😡😡
 
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perhaps😡😡😡😡😡😡😡 il y a 5 semaines
Oui, ces JO vont être une catastrophe , ils le sont déjà sur les sommes engagées, les retards de chantiers, les lignes de métro pas terminées, les lieux nautiques pestiférées, pollution, poubelles, même l'eau est polluée, il y a eu un article du monde à ce sujet, des athlètes américains ont bu la basse dans les bassins et se sont retrouvés à l'hosto, les favelas non sécurisées, les gens qui n'ont plus d'endroit , ni de nourriture pour vivre, le moustique Zika les préservatifs brésiliens fêlés😡
 
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YTour il y a 5 semaines
Le retard des chantiers est pratiquement résolu. En revanche, la qualité de l'eau, les égouts, les rues et les transports en mauvais état, c'est le quotidien des gens dans la plupart des pays du monde, c'est-à-dire chez les pauvres (Poutine avait résolu le problème en les expulsant). On ne devrait faire des jeux qu'entre riches pour ne pas avoir de problèmes. Et en plus, on aurait plus de médailles.
 

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Brésil : Eduardo Cunha, meneur de la destitution de Rousseff, démissionne de la présidence de l’Assemblée

Le Monde.fr avec AFP | 07.07.2016 à 20h40
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Eduardo Cunha à Brasilia, le 7 juillet.

Eduardo Cunha, fer de lance de la procédure de destitution de la présidente du Brésil Dilma Rousseff, a annoncé jeudi 7 juillet sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale, acculé par des soupçons de corruption.

M. Cunha s’est adressé à la presse en larmes :
« Il est public et flagrant que la maison [la Chambre des députés] est acéphale, fruit d’un intérim étrange, qui ne cadre pas avec ce que le pays attend de la nouvelle ère ouverte par la suspension de la présidente de la République [Mme Rousseff], et seule ma démission pourra mettre fin à cette instabilité. »
Le député évangélique ultraconservateur était suspendu de ses fonctions de président de la chambre basse depuis le début de mai pour entrave à la justice.
Eduardo Cunha, 57 ans, est visé par de multiples accusations de corruption dans le cadre du scandale Petrobras, soupçonné notamment d’avoir alimenté un compte secret en Suisse avec des pots-de-vin de plusieurs millions de reais.

L’aile dure du parti centriste PMDB

M. Cunha, qui avait été élu président de l’Assemblée en février 2015, a tiré depuis décembre les ficelles de la procédure d’impeachment de la présidente Dilma Rousseff, dont il est le plus farouche adversaire. Il incarne l’aile dure du grand parti centriste PMDB, du vice-président Michel Temer, qui a claqué en mars la porte de la coalition présidentielle dirigée depuis 2003 par le Parti des travailleurs (PT, gauche).
L’explosion de la coalition gouvernementale a favorisé l’ouverture du procès en destitution de Mme Rousseff, accusée de manœuvres budgétaires et écartée du pouvoir le 12 mai au profit de M. Temer.
La décision finale sur la destitution de la présidente suspendue est attendue pour la fin d’août. Une majorité qualifiée des deux tiers des sénateurs sera nécessaire pour la destituer définitivement.
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Complément il y a 5 semaines
Ce n'est pas que pour entrave à la justice qu'E. Cunha a chuté (c'était une demande du Suprême Tribunal Federal), c'est aussi pour avoir menti en ayant nié avoir des comptes hors du pays lors de la Commission d'enquête sur le scandale Petrobras. Or les autorités suisses ont envoyé au Ministère Public fédéral du Brésil les preuves que E. Cunha possédait des avoirs dans au moins un trust (+ sa femme et sa fille). Avant qu'il renonce la Commission d'éthique de l'Assemblée l'avait suspendu.
 
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YTour il y a 4 semaines
En revanche, la commission d'enquête du sénat a montré qu'il n'y avait pas eu de "manœuvres budgétaires" (pedaladas) reprochées à Dilma Rousseff. Cette affaire est inique.
 
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JACQUES ANGLADE il y a 5 semaines
Quelle phrase alambiquée pour dire : "je suis encore plus corrompu que les autres, et je me tire, parce que ça commence à se savoir "
 
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YTour il y a 5 semaines
Eduardo Cunha a été utile pour organiser la destitution de Dilma Rousseff, et reste le conseiller du président Temer, mais il est trop corrompu et a été lâché par la TV Globo. Il pourrait s'agir d'une stratégie pour mettre le PMDB en difficulté et favoriser la candidature de Jose Serra, l'homme des américains, aux présidentielles de 2018.
 
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Françoise BARRET il y a 5 semaines
Evangélique et conservateur, ça va assez bien ensemble. Mais évangélique et politique, ça sent très fort son Tartuffe!!
 
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Jacques il y a 5 semaines
"Évangélique et conservateur": je pense que cela pourrait même être un pléonasme.
 

 

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Au Brésil, l’ex-président Lula inculpé pour tentative d’entrave à la justice

Le Monde | 29.07.2016 à 22h55 • Mis à jour le 30.07.2016 à 16h37 | Par Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)
L’ancien président de gauche du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), en juin, à Rio de Janeiro.

Cette fois-ci, l’icône du peuple brésilien a retenu ses larmes. Combatif, Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil de 2003 à 2010, a réagi avec sarcasme, vendredi 29 juillet, à l’annonce de son inculpation, la veille, pour tentative d’« entrave à la justice » dans l’opération « Lava Jato » (« lavage express »). Cette enquête sur le scandale de corruption lié au groupe pétrolier Petrobras implique dirigeants politiques, cadres et patrons d’entreprise du BTP.

« Si le but de tout ceci est de retirer Lula de la campagne [pour l’élection présidentielle de 2018], cette provocation me donne déjà des démangeaisons », a assuré l’ancien chef de l’Etat, figure du Parti des travailleurs (PT, gauche), lors d’un séminaire organisé par la Confédération nationale des travailleurs du secteur financier (Contraf-CUT) à Sao Paulo, vendredi.
« Lula a déjà tout expliqué au procureur général de la République (…). Il n’a jamais interféré ou tenté d’interférer dans des déclarations liées à Lava Jato », ont ajouté Roberto Teixeira et Cristiano Zanin Martins, ses avocats. « Lula » est accusé, à l’instar de l’ancien sénateur Delcidio do Amaral, d’avoir tenté d’acheter le silence de l’ex-directeur de Petrobras, Nestor Cervero. Il risque entre trois et huit ans de prison. Cinq autres personnes ont également été inculpées.

« Rôle central »

Cette décision fait suite à l’arrestation, en novembre 2015, de Delcidio do Amaral, trahi par un enregistrement dans lequel il proposait d’organiser la fuite de M. Cervero, détenu dans le cadre de « Lava Jato ». S’autoproclamant « prophète du chaos », M. do Amaral, déchu de son titre de sénateur, a accepté de collaborer avec la justice afin de minimiser sa peine. A en croire aujourd’hui la justice de Brasilia, Lula aurait joué « un rôle central » dans la tentative de sabotage de l’enquête par M. do Amaral.
L’inculpation de celui qui a quitté son second mandat auréolé d’une popularité de plus de 80 % n’est pas une surprise. La justice rôde autour de Lula depuis des mois, le suspectant d’avoir bénéficié des sommes détournées de Petrobras. Il est plus surprenant, en revanche, que l’attaque émane d’un juge de Brasilia, Ricardo Augusto Soares Leite, et non de son ennemi juré : le juge Sergio Moro.
Le magistrat de Curitiba, en charge de « Lava Jato », est connu pour ses méthodes cavalières. Il a, le premier, osé s’en prendre à l’ancien président, en lançant le 4 mars un mandat d’amener contre lui, sous l’œil des caméras. Furieux à l’idée de voir Lula occuper un poste de ministre qui aurait pu le mettre à l’abri des enquêteurs, le juge a rendu publiques des écoutes de conversations téléphoniques avec la présidente Dilma Rousseff – éloignée du pouvoir depuis le 12 mai à la suite de l’ouverture d’une procédure de destitution – montrant, selon lui, que la nomination de Lula à un poste exécutif était un subterfuge pour lui éviter la prison.

« Les gens veulent la fin de la “telenovela” »

Jeudi, Lula a présenté une requête auprès de Comité des droits de l’homme de l’ONU, dénonçant des « abus de pouvoir » du juge. « Il ne s’agit pas d’un sentiment abstrait de persécution, mais d’actions concrètes, illégales. Lula n’a pas de problème à être entendu par un juge, du moment qu’il est impartial », explique l’attaché de presse de l’Institut Lula.
L’inculpation de Lula, un mythe politique dans son pays pour avoir contribué à sortir des dizaines de millions de Brésiliens de la pauvreté, témoigne des bouleversements de la justice brésilienne. « Les juges n’ont plus de pudeur », constate une source à Brasilia. « Lula est considéré par certains comme un Dieu, mais il devra s’expliquer », abonde le politologue Carlos Melo, professeur à l’institut d’études supérieures Insper à Sao Paulo.
Les ambitions politiques du septuagénaire, pressenti pour être à nouveau le candidat du PT lors de la présidentielle de 2018, pourraient être compromises. D’autant que, selon M. Melo, en dépit de la popularité encore significative de l’ancien président, la mobilisation pour soutenir Lula pourrait s’essouffler. Après des mois de crise politico-judiciaire, « les gens en ont marre. Ils veulent la fin de la telenovela », se désole un proche du PT.

 

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La crise politique brésilienne s’invite aux JO

LE MONDE | 29.07.2016 à 10h48 • Mis à jour le 05.08.2016 à 17h35 | Par Claire Gatinois (Rio de Janeiro, envoyée spéciale)

Dilma Rousseff n’acceptera pas un second rôle. La présidente brésilienne, éloignée temporairement du pouvoir à la suite de l’ouverture, le 12 mai, d’une procédure d’impeachment (destitution), ne devrait pas se rendre à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 5 août au stade Maracana de Rio de Janeiro.

La dauphine de Luiz Inacio Lula da Silva (« Lula », président de 2003 à 2010) refuse de figurer dans l’ombre de celui qu’elle considère comme un traître et un comploteur : Michel Temer, son vice-président désormais chef d’Etat en exercice, qui devra prononcer la phrase symbolique déclarant les Jeux ouverts. « Tout d’abord parce que ces Jeux sont le fruit d’un grand travail réalisé par l’ancien président Lula, pour qu’ils aient lieu au Brésil », a-t-elle expliqué lors d’un entretien accordé lundi 25 juillet à Radio France internationale (RFI).
« Dilma Rousseff a perdu tout son capital politique », analyse le politologue Marco Antonio Carvalho Teixeira, professeur à la fondation Getulio-Vargas de Sao Paulo. « Tout ce qui ne fonctionnera pas lui sera reproché », pense-t-il. Alors que les contretemps s’accumulent, l’ancienne guérillera préfère sans doute, aussi, rester discrète.
Le comité d’organisation des Jeux olympiques pensait pourtant avoir trouvé une solution pour permettre de faire cohabiter au stade Maracana les deux ennemis. L’idée était d’entourer Michel Temer de tous les anciens présidents brésiliens, ce qui aurait permis de faire apparaître Dilma Rousseff dans une position honorable.
Mais Lula, du Parti des travailleurs (PT, gauche), comme Dilma Rousseff, et son prédécesseur Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), du Parti social-démocrate brésilien (PSDB, étiqueté centre gauche mais dont l’idéologie est de plus en plus marquée à droite), déclinaient l’invitation du CIO.

Climat tendu

L’absence de la présidente ne manquera pas d’étaler au grand jour la crise politique au Brésil. Michel Temer, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), peine à asseoir sa légitimité. Le motif invoqué pour la destitution de Dilma Rousseff – des manipulations comptables – est jugé fallacieux par une partie des Brésiliens qui qualifie son entrée au pouvoir de « golpe » (« coup d’Etat »).
La démission de plusieurs de ses ministres quelques semaines, voire quelques jours, après la formation de son gouvernement, pour des soupçons de corruption ou d’obstruction à la justice dans l’opération « Lava Jato », scandale de corruption lié au groupe pétrolier Petrobras, n’a guère aidé à le faire accepter.
Les JO se dérouleront donc dans un climat politique tendu. Les équipes de Michel Temer redoutent que la rhétorique du « putsch », employée par les militants du PT et leurs soutiens, ne prenne avec ces Jeux une ampleur internationale. Pour éviter tout incident, le président intérimaire aurait exigé que ses ministres suivent une formation de média-training menée par la société de communication CDN pour parler à la presse.
En dépit de ces efforts, des manifestations avec pour mot d’ordre « Fora Temer » (« dégage Temer ») pourraient perturber le déroulement de la compétition à l’approche du jugement définitif de l’impeachment lors d’un vote au Sénat attendu fin août. Selon un sondage Ipsos cité par BBC Brasil réalisé entre le 1er et le 12 juillet, seuls 16 % souhaiteraient que Michel Temer reste au pouvoir jusqu’à l’élection présidentielle prévue en 2018. Parmi les personnes interrogées, 52 % voudraient la convocation d’élections anticipées, option pourtant encore utopique.

 Claire Gatinois (Rio de Janeiro, envoyée spéciale)

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/jeux-olympiques-rio-2016/article/2016/07/29/jo-la-crise-politique-bresilienne-s-invite-a-la-ceremonie-d-ouverture_4976180_4910444.html#ByYS533G0icAR7qz.99

 

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Brésil : une nouvelle étape vers la destitution de Dilma Rousseff

Le Monde.fr avec AFP | 04.08.2016 à 10h49 • Mis à jour le 04.08.2016 à 18h09
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La président brésilienne, Dilma Rousseff, a été supendue le 12 mai.

Au Brésil, le début des Jeux olympiques à Rio ne fait pas oublier la crise politique qui secoue le pays depuis des mois. Jeudi 4 août, une commission spéciale de vingt et un sénateurs s’est prononcée en faveur de la poursuite de la procédure de destitution contre la présidente Dilma Rousseff. La dirigeante de gauche, suspendue depuis le 12 mai, est accusée de maquillage des comptes publics.

Ce n’est qu’une étape, non contraignante, avant le vote en assemblée plénière du Sénat, le 9 août. Ce jour-là, si la majorité simple des quatre-vingt-un sénateurs se prononce pour la poursuite de la procédure d’« impeachment », une nouvelle séance sera organisée à la fin d’août, au cours de laquelle l’avenir de Mme Rousseff sera décidé. Soit elle est destituée, et perd donc ses droits politiques pour huit ans, soit elle retrouve son mandat, qui va jusqu’à la fin de 2018. Selon des projections, au moins cinquante-quatre des quatre-vingt-un sénateurs voteront contre Dilma Rousseff pour la destituer après plus de cinq ans au pouvoir.

Michel Temer veut se rendre au G20 en tant que président

C’est le président de la Cour suprême, Ricardo Lewandowski, qui présidera la séance du vote du 9 août. Un groupe de juristes qui a demandé la destitution de Mme Rousseff en 2015 formera l’accusation, et la défense de la présidente sera assurée par son ancien ministre de la justice Eduardo Cardozo. Chaque partie aura quarante-huit heures pour présenter une liste de cinq témoins au maximum.
La date du jugement final sera ensuite fixée. Sûr du résultat, le PMDB, parti du président par intérim Michel Temer, fait désormais pression pour que le vote de destitution ait lieu à partir du 25 août. Cela permettrait à M. Temer, qui deviendrait chef de l’Etat jusqu’aux élections de 2018, de se rendre au sommet du G20 en Chine, au début de septembre sans le qualificatif de président « par intérim ». Mme Rousseff, elle, accuse son probable successeur d’avoir ourdi un « coup d’Etat parlementaire ».
Avec la pire récession économique de ces quatre-vingts dernières années, un gouvernement et un parti éclaboussés par le scandale géant de corruption Petrobras et un Parlement qui la boycottait, la présidente Rousseff est devenue impopulaire au fil des mois. Elle ne semble plus disposer de marge de manœuvre.
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boubloin Hier
Les USA commencent à bouger leur pièces sur leur échiquier de l’Amérique latine. Une chasse gardée qu'aucun membre de l'europe n'a le droit d'approcher. La belle politique américaine.
 
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Petrojambes Hier
Pas un mot sur le dernier rapport qui exonère Rousseff ? Cette destitution est une comédie. Quelle honte.
 
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YTour Hier
Dans la version électronique du journal, l'article est suivi par des videos retraçant les manifestations blanches contre Dilma au printemps, et des manifestations pro- et anti- ce dimanche. On y apprend que Temer est prêt à être hué. On comprend mal : pourquoi le serait-il après tant de ferveur populaire contre Dilma ? On a appris entretemps que les mouvements de jeunes qui organisaient les manifs (et offraient le repas) étaient rétribués par l'opposition (PSDB) et des fondations américaines.
 
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YTour Hier
Le 23/04, le médiateur répondait sur la partialité du Monde sur la crise du Brésil dénoncée par des brésiliens de France et Belgique (on peut ajouter par des français qui connaissent un peu ce pays). Il défendait le journal qui avait "mis l’accent sur le fait que « le motif de la demande de démission de Dilma est tout à fait spécieux »" et que "les responsables politiques qui vont assurer l’intérim « sont accusés de [...] fraudes fiscales bien pires [...] »." Où est passé cet esprit critique ?

 

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Les JO s’ouvrent dans un Brésil déprimé

LE MONDE | 04.08.2016 à 06h40 • Mis à jour le 06.08.2016 à 05h06 | Par Claire Gatinois (Rio de Janeiro, envoyée spéciale)
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Le maire de Rio, Eduardo Paes, porte la flamme olympique sous bonne escorte, le 3 août 2016.

Rares sont les chefs d’Etat à avoir confirmé leur présence, échaudés par le contexte d’instabilité politique qui règne au Brésil. Vendredi 5 août, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Rio, la gêne pourrait envahir le stade Maracana.

Mais Michel Temer est « preparadissimo » (« fin prêt »), a-t-il assuré. Le président par intérim est à la tête du pays depuis l’éloignement du pouvoir de la présidente de gauche, Dilma Roussef, contre laquelle une procédure d’« impeachment » (destitution) a été ouverte le 12 mai. M. Temer ne craint ni l’ostracisme ni les huées.
Considéré comme illégitime par les soutiens du Parti des travailleurs (PT, gauche) de Mme Rousseff et de son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva, accusé par une frange de la population d’avoir fomenté un coup d’Etat institutionnel pour s’emparer du pouvoir, le très impopulaire Michel Temer fait front, « convaincu » que les JO permettront au Brésil de se réconcilier.
L’événement sera capable de « faire en sorte que le Brésil fraternise (…) mais aussi de révéler le Brésil encore une fois aux yeux du monde entier », a-t-il déclaré lors de l’inauguration, le 30 juillet, de la ligne 4 du métro, le chantier le plus coûteux et l’un des plus en retard de ces XXXIes Olympiades de l’ère moderne.

La torche olympique brièvement éteinte

La fraternité attendue ne s’est guère traduite dans les faits. Le lendemain de son intervention, des manifestations ont eu lieu à Rio, Sao Paulo, Recife, Salvador ou Belo Horizonte, réclamant soit la fin de son gouvernement, soit l’accélération de la procédure de destitution de Mme Rousseff – elle devrait être acquise lors d’un vote au Sénat programmé pour fin août. Dans ce contexte, la torche olympique est devenue une cible. Elle a même été brièvement éteinte, le 27 juillet, lors de violents affrontements entre manifestants et policiers à Angra dos Reis, une station balnéaire au sud-ouest de Rio.
Quant aux regards du monde entier, ils sont, pour le moment, tournés vers les diverses polémiques, retards et malfaçons observés sur les chantiers. La colère de la délégation australienne, décrivant un village olympique insalubre, aux murs suintants et aux toilettes bouchées, s’est ajoutée au dépit des défenseurs de l’environnement constatant que des détritus flottent encore dans la baie de Guanabara, où doivent se dérouler les épreuves nautiques.
« Tout est sous contrôle », ironise l’écrivain Antonio Prata dans le quotidien Folha de Sao Paulo, expliquant avec sarcasme que si les JO ne se passent pas correctement, on pourrait en conclure que « le pays a traité les gringos [étrangers] au cours de ces semaines comme il traite ses citoyens tout au long de l’année ».

Moins de passion que lors du Mondial de football

En proie à l’une des pires crises économiques de leur histoire, les Brésiliens s’apprêtent aux JO avec frustration et mélancolie. Après le Mondial de football en 2014, l’événement était censé couronner l’ascension du pays et son assise diplomatique internationale. Désigné en 2009 par le Comité international olympique (CIO), le Brésil, encore gouverné par Lula (2003-2010) et gorgé de pétrodollars, se croyait béni des dieux. Les Jeux sont désormais perçus comme le point final de ce cycle euphorique. Et le maire de Rio, Eduardo Paes, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), a beau marteler que les JO ont été majoritairement financés par le secteur privé, les Cariocas enragent contre les millions dépensés à nouveau pour des infrastructures sportives.
« Il n’est pas exagéré de dire que le Brésil traverse une période exceptionnelle. La crise politique et économique est sans précédent. Tout ceci fait que la préparation des JO est pleine de défis », a reconnu Thomas Bach, président du CIO, le 1er août. La veille, il avait aussi dû admettre que le CIO pourrait renflouer plus tôt que prévu le comité organisateur de Rio, endetté par les réparations d’urgence nécessaires dans le village olympique et le surcoût des mesures de sécurité liées à la menace des attentats.
Le pays se présente donc aux JO la tête basse, malmené et honteux de sa classe politique et du spectacle offert par le scandale de corruption lié à l’affaire Petrobras. « Le Brésil a toujours eu un complexe d’infériorité vis-à-vis des pays développés, le complexe de “vira-lata” [du cabot], qui pourrait se renforcer », pense la sociologue Esther Solano, professeure à l’université fédérale de Sao Paulo. Les JO n’ont pas le pouvoir de la Coupe du monde, qui avait réussi, en 2014, à faire taire la grogne sociale naissante, étourdissant la population par la passion du ballon rond.

51 % des Brésiliens n’y voient aucun intérêt

Selon un sondage Datafolha réalisé les 13 et 14 juillet, 50 % des Brésiliens s’opposent aux JO ; 51 % n’y voient aucun intérêt ; et 63 % en attendent plus d’inconvénients que de bénéfices. Les calculs de la banque Goldman Sachs corroborent ce sentiment : dans une note du 29 juillet, les économistes jugent que les 10 milliards de dollars (9 milliards d’euros) investis dans les infrastructures et la logistique sont trop modestes pour stimuler l’économie. Selon les calculs de l’établissement de Wall Street, le pays pourrait en revanche profiter de son statut d’hôte pour décrocher 30 % de médailles supplémentaires par rapport aux JO de 2012, et rafler vingt-deux récompenses.
Mais les performances sportives des athlètes brésiliens auront peu de prise sur la sinistrose ambiante. Eduardo Paes, qui pensait faire de ces JO un tremplin politique, s’est résigné à ce constat : la « mauvaise humeur » provoquée par les crises économique et politique empêche les Brésiliens d’avoir une bonne perception des Jeux, a-t-il confié au quotidien Folha de Sao Paulo, et la distribution de médailles, dans l’immédiat, n’y changera rien.
Lire l’analyse de l’historien Laurent Vidal :   La mascarade olympique pour faire oublier le théâtre politique

 Claire Gatinois (Rio de Janeiro, envoyée spéciale)
Journaliste au Monde
Vos réactions (11) Réagir
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Maryse ESPINET 06/08/2016 - 04h50
@dugland tant mieux plus on s'en fout plus il y a de chances qu'on aille enfin faire du sport ou activité physique ..
 
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Kayahan Uygur Hier
C'est quand-même mieux que la France déprimée
 
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Ambroise Paré il y a 2 jours
Consultants et autres parasites ordinaires, mon dieu !
 
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ALLEZ SAVOIR il y a 2 jours
On aimerait bcp que les medias - audiovisuels en particulier dont l'information - proposent plus de programmes hors JO, déjà que ce qui est proposé aux non-partants (en vacances) est assez pauvre (du pauvre pour les pauvres ?). A propos , tous ceux qui sont payés des ponts d'or, malgré souvent une grande médiocrité, illustrent à quel point on peut se passer d'eux : tout l'été ils plantent leur auditoire pendant deux mois. Saluons Arte qui a eu la délicatesse de maintenir 28'.
 
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Pepef- le-Brun il y a 2 jours
"51% des brésiliens n'y voient aucun intérêt": pas sur que les Français soient plus nombreux a voir un intérêt aux JO a Paris.
 
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Marie L. il y a 2 jours
Entièrement d'accord...
 
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Vellave il y a 2 jours
Déjà, ce sont les jeux de Paris, pas ceux de la France. On ne pose donc pas la question aux provinciaux, ça fait 40 millions de sondés en moins.

 

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Les Jeux olympiques de Rio sont officiellement ouverts

Le Monde.fr avec AFP | 05.08.2016 à 20h31 • Mis à jour le 06.08.2016 à 09h05
Lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Rio.

Le président brésilien par intérim Michel Temer a déclaré vendredi 5 août ouverts les Jeux olympiques de Rio, les premiers de l’histoire organisés en Amérique du Sud. L’intervention de celui qui a remplacé Dilma Rousseff à la tête du pays a été accueillie par les huées d’une importante partie du public du stade Maracana où se déroulait la cérémonie d’ouverture.

Michel Temer, président non élu du Brésil, déclare les Jeux ouverts sous les huées. #Rio2016
— AWG_P (@Adrien Pécout)
Quatre ans après le spectacle inventif et décalé des JO de Londres, le réalisateur brésilien Fernando Meirelles, un des trois directeurs artistiques à la manœuvre, avait prévenu : dans un pays plongé dans une récession économique aiguë assortie d’une sévère crise politique, il fallait composer avec un budget limité.
Oubliée donc « l’approche high-tech », la « grande fête » proposée par M. Meirelles, qui promettait de mettre à l’honneur « la richesse de la culture populaire », a donné le premier rôle à la musique du pays dans toute sa diversité. C’est sur les notes d’Aquele abraço, une mélodie parmi les plus célèbres de Gilberto Gil – qui fut le ministre de la culture de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva –, qu’a débuté la cérémonie d’ouverture des Jeux cariocas.
Le feu d’artifice de la cérémonie d’ouverture des Jeux.
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Le feu d’artifice de la cérémonie d’ouverture des Jeux.
YASUYOSHI CHIBA / AFP

Un voyage musical

Une introduction immédiatement suivie par l’entrée d’un millier de figurants agitant des feuilles de papier métallique soudainement transformées en coussins géants faisant office de tambours. Puis par une touchante version acoustique de l’hymne brésilien, chanté par Paulinho da Viola, un des plus grands musiciens auriverde, qui s’est accompagné à la guitare.
A suivi un voyage d’une quinzaine de minutes à travers les multiples tendances de la musique brésilienne, part constitutive de l’identité du pays. A commencer par la bossa, et l’incontournable A Garota de Ipanema de Tom Jobim, jouée par son petit-fils Daniel. Au son de celle-ci, l’ex-mannequin vedette Gisele Bündchen, vêtue d’une longue robe dorée, a pu défiler en toute quiétude. Loin de la polémique que son apparition annoncée avait fait naître dans la semaine, quand la presse locale avait bruissé de fuites selon lesquelles elle subirait un simulacre d’agression par un gamin des rues.
Se sont élevées ensuite des voix issues des favelas, comme celle du tout jeune Cristian Do Passinho, 13 ans, interprétant le passinho, mélange de hip-hop et de capoeira. Puis celles d’un duo de rappeurs, avant Pais tropical de Jorge Ben Jor, qui a réussi à enflammer les quelque 70 000 spectateurs du Maracana, chantant en chœur et applaudissant en rythme.

Une graine pour chaque sportif

Entre-temps, figure imposée du genre : l’évocation des étapes marquantes de l’histoire du pays hôte. Insectes en structures métalliques vivant dans l’épaisse forêt amazonienne, caravelles européennes bravant la tempête sur l’océan Atlantique avant d’accoster sur les côtes brésiliennes, esclaves venus d’Afrique œuvrant dans les plantations de canne à sucre, urbanisation chaotique... Avant le vol du pionnier de l’aviation Alberto Santos-Dumont à bord de son 14 Bis, qui s’est envolé dans les airs au-dessus du Maracana dans la nuit de Rio, survolant les interminables plages cariocas, sous le regard de la statue du Christ rédempteur du haut du Corcovado.
En conclusion de la cérémonie, le Brésil, qui héberge avec la forêt amazonienne « le plus grand jardin de la planète », selon les organisateurs, a lancé un appel à protéger la Terre du réchauffement climatique. Un message prolongé lors du défilé des 207 délégations, traditionnellement lancé par la Grèce : chaque sportif a reçu une graine destinée à être plantée. Et détail original, chacune des équipes était précédée par un triporteur aux couleurs acidulées, à la remorque fleurie à foison !
Point d’orgue de la cérémonie, la flamme est entrée dans le stade Maracana portée par le triple vainqueur de Roland-Garros Gustavo Kuerten. Elle a été amenée jusqu’à la vasque par l’ancien marathonien Vanderlei Cordeiro, médaillé de bronze à Athènes en 2004, après que le « roi » Pelé y a renoncé en invoquant des raisons de santé.
Les coulisses des JO 2016 :   « Il est temps que ça commence »
Vos réactions (4) Réagir
Sophie 06/08/2016 - 06h03
Vraiment pénibles les commentaires des journalistes sur France 2 pendant la cérémonie, on entend pas la musique... 😁 insupportables !!!
 
Jef 974 06/08/2016 - 03h14
Je ne suis pas abonné au journal Le Monde pour me croire sur Twitter : est-ce trop demander aux journalistes que de nous écrire des articles (même dans le français parfois approximatif du journal) ? Ou s'agit-il pour vous de battre le record olympique du poil dans la main ? Puxa vida !
 
Andre Angle 06/08/2016 - 02h02
La plus grande reunion de dopes au monde. Bel exemple pour nos enfants.
 
Lorenzo Bosc 05/08/2016 - 23h42
Les Brésiliens, dans leur très grande majorité, se foutent éperdument de ces jeux. La crise est là, politique et économique.

 

 

 

En images

Les Jeux olympiques sont censés fédérer la population d’un pays hôte ; mais les JO de Rio ne cessent au contraire de révéler les fractures du Brésil. Certes, une crise politique frappe le pays, mais c’est bien le « coût pharaonique » des Jeux pour les Brésiliens qui fait que la moitié des habitants de Rio n’adhèrent pas à cet événement. Les dépassements systématiques des budgets prévisionnels des JO récents posent la question de la possibilité réelle d’organiser des Jeux olympiques « à taille humaine » et remettent en cause l’idéal de l’olympisme.
Vos réactions (4) Réagir
Eric Boudry 06/08/2016 - 13h16
Panem et circenses... Arrêtons d'élire des pseudos empereurs !
 
Jean-Pierre Welemane 05/08/2016 - 14h07
D'ailleurs et pour la première fois je ne regarderai pas vraiment les JO. Je pense qu'il en sera de même de beaucoup.:
 
indignité 05/08/2016 - 13h55
Un idéal depuis longtemps bafoué par le CIO, une institution corrompue au plus haut niveau, dévorée par la cupidité. Il est plus que jamais nécessaire de faire un grand ménage dans ce monde sportif prisonnier de l'argent roi et le dopage.
 
Jean Pierre 05/08/2016 - 19h08
Ne nous faisons pas trop d'illusions à ce sujet Il suffit d'entendre actuellement les politiques et les membres de la délégation française faire preuve d'une grande prudence qui confine à de la mansuétude à l'égard du CIO pour comprendre que les choses ne sont pas là de changer

 

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